Bien du temps depuis ma dernière publication a passé...
Enfin, si ça vous dit d'écouter ce que j'écoutais pendant l'écriture de ce truc qui est venu perturber la rédaction de mon dossier (:mg:), j'ai ces deux titres qui sont passés en boucle pour les trois histoires :
https://youtu.be/EMsTSdHIJds : After the storm, Mumford and Sons
https://youtu.be/_hXLyIh9pX4 : Un automne à Paris, texte d'Amin Maalouf, musique d'Ibrahim Maalouf, interprétation de Louane.
- Quand ? Pour quoi ?
- Après... Après la guerre. T'as fait comment pour revivre ?
Hermione sent le coup de poing dans son ventre. Les rides se creuser autour de ses yeux, ses mains se serrer, la bile dans sa bouche. Elle sent les larmes vieilles et parcheminées. Elle sent l'estomac qui lui remonte dans la gorge.
- Il le fallait bien. Puisque nous étions vivants, il a bien fallu réapprendre.
C'est un flash. Une lumière aveuglante soudaine. C'est un bruit sourd, une explosion qui fait briller le monde, qui fait mal jusque dans le fond de l'âme. Elle souffre, chaque fois qu'elle y pense. Un mois après la guerre, un an après la guerre, dix ans après la guerre, elle a souri à nouveau. Ils étaient tous tombés qu'elle souriait déjà. Ils n'étaient pas encore en terre, qu'elle avait ri. C'était jaune, oh oui, c'était avec le goût de cendres dans la bouche. C'était avec la chaleur de l'été, avec la sensation glacée de la sueur aigre et les chants des enterrements. Mais elle avait ri, elle avait souri.
Et elle s'en était voulue, chaque fois.
Elle avait survécu, elle. Sourire, n'était-ce pas danser sur la tombe de Tonks ? Avoir un enfant, n'était-ce pas un affront à Lupin ? Exercer sa passion, au nom de quoi avait-elle le droit de le faire et non Colin ?
Aux souvenirs reste attachée l'odeur de mort de la bataille, l'odeur terrible des corps tombés qui se raidissent déjà. Odeur tatouage, odeur identitaire. C'est le nerf de la guerre qui faisait le grain de leur peau. Celle aussi des vêtements sales, des corps trop peu lavés, des souffles infâmes. L'odeur de soi, de l'autre, l'odeur de souffrance, l'odeur de cachots. L'odeur de torture. Le bruit d'un homme qui tombe. Le bruit d'un os qui se brise. Le bruit d'une nuque qui signe la fin.
Lorsque Hermione avait essayé de vivre, chaque fois, elle s'était retournée d'un bond, croyant que soudain, quelqu'un s'était effondré.
- Oui. Il a fallu réapprendre. Mais je ne sais toujours pas trop comment faire.
- Ça doit être terrible.
Et puis, doucement, les larmes sont là.
-Non, ça va. J'ai foi en l'avenir, et c'est ce qui m'a permis de survivre pendant cette guerre ; ce qui me permet de vivre aujourd'hui. Demain, tu seras belle, Ron m'aimera, Harry rira. Je rirai, je vivrai, je danserai. Je croirai en l'avenir demain encore. Rien ne sera plus dur que l'apocalypse, alors je me battrai toujours pour qu'elle ne revienne jamais. Et je me soulèverai, je vibrerai pour nous, pour ce que nous avons, et j'aurai peur de mourir mais je vivrai et je défendrai ce que j'aime. J'ai foi en l'avenir, j'aime notre monde, et c'est ce qui me permettra toujours d'être plus forte que ceux qui veulent nous opprimer. Sois forte, Rose, et aime. C'est ce qui est juste.