Louis.
J'étais à ce bal, moi aussi.
J'avais une robe, moi aussi.
Je te regardais, moi aussi.
Mais toi, tu ne me regardais pas. Tu ne regardais qu'elle, tu ne regardes plus qu'elle, maintenant.
Cette fille, qui t'as pris, qui t'as ensorcelé, qui m'a enlevé la seule personne au monde que j'aimais plus que le monde lui-même, plus que de raisons.
Tu es vraiment amoureux d'elle ? Mais pourquoi ? Tu la trouve belle, c'est ça ? Plus belle que moi. C'est facile, tu me diras. Et normal surtout, tu es beau et elle aussi, elle est belle. C'est dans l'ordre des choses n'est-ce pas ? Qu'est-ce que tu ferais avec une pauvre gigue, trop rousse, trop maigre, trop grande ? Un pauvre fille sans intérêt si ce n'est qu'elle est la fille du célèbre Harry Potter. Et encore, elle ne lui ressemble même pas.
Je sais que tu ne me crois pas quand je te le dis mais je suis amoureuse de toi, Louis. Quand est-ce que tu vas enfin le comprendre ? Le voir ? Je ne t'aime pas comme un frère, non, je ne t'aime pas comme j'aime Albus ou James. Peut-être que toi tu m'aimes comme une sœur, je ne sais pas. Ou peut-être que tu ne m'aimes pas du tout.
Je ne saurai pas te dire pourquoi j'en suis là, à t'aimer toujours un peu plus à chaque fois que je te regarde, ça c'est fait tout seul je pense, peu à peu. Un peu comme toi avec Alice, tu ne l'as pas aimé d'un coup, mais petit à petit. Tu l'as aimé longtemps sans retour mais tu a réussi à l'avoir finalement, je devrais te féliciter mais je n'y arrive pas. On a fait le même combat : moi pour toi, toi pour elle, pourquoi est-ce toi qui a gagné ? Pourquoi est-ce elle que tu a choisi ? Qu'a-t-elle de si spécial à tes yeux ?
Pourquoi pas moi, Louis ?
T'ai-je fait quelque chose ? Si oui, je suis désolé. Profondément.
T'ai-je dit quelque chose ? Si oui je suis désolé aussi. Profondément.
Je n'ai pas dû m'en rendre compte, tu comprends ?
Pardonne moi, je t'en prie. Je sais ce que tu me dirais si tu pouvais lire en moi, "tu poses trop de questions Lil's, essaie juste de profiter, simplement". Mais profiter de quoi, Louis ? Je ne suis rien sans toi, rien que la petite fille d'avant. La petite fille de première année aux cheveux emmêlés que tu étais venu voir dans un compartiment du Poudlard Express alors qu'elle pleurait parce que ses frères lui avaient dit qu'elle allait se faire taper par McGonagall si elle n'arrivait pas à refaire les lacets de ses chaussures. La petite fille perdu, futile et ridicule.
Et je ne veux pas être cette petite fille, je voudrais être forte mais là, c'est trop dur, Louis.
Elle est là, devant toi, rayonnante avec son verre à la main. Vous riez. Et puis tu lui prends le bras, elle pose son verre sans te lâcher des yeux et tu l'entraînes sur la piste. Et moi je suis debout, adossé contre une table, en retrait. Je ne danse pas, mon partenaire est juste derrière moi, il parle avec un autre garçon qu'il m'a présenté tout à l'heure mais dont je ne me souviens ni le nom, ni la forme du visage. Je te regarde, mon énième verre de bière-au-beurre à la main, depuis trop longtemps sans que personne ne s'en soucie. Je t'épie mais j'ai mal à la tête, j'ai mal partout en fait, ce n'est pas lié a l'alcool non, j'ai mal depuis un bon moment, depuis le jour où tu m'a raconté que tu l'aimais. Je crois que je ne m'en suis jamais remis. Jusqu'en quatrième année j'ai toujours cru que toi et moi, c'était comme une évidence. Alors, ce jour là, ça m'a fait mal, Louis, vraiment. Et depuis je n'ai jamais cessé d'avoir mal. À différents degrés, seulement. Mais ce soir, je crois que le degré n'a jamais été aussi élevé de ma vie. Si c'est ça l'amour, alors je préférerais avoir un cœur dur comme de la pierre. Mal de crâne, mal au ventre, mal à la poitrine, mal aux jambes qui semblent pouvoir lâcher à tout instant tant elle tremblent.
Mais est-ce que tu vois tout ça ?
Est-ce que tu vois mon visage qui se tord de douleur quand tu danses avec elle ?
Est-ce que tu vois ma main serrer fort ce verre, trop fort, quand tu rapproches ton visage du sien ?
Est-ce que tu vois mes yeux se remplirent d'eau quand tu l'embrasses ?
Est-ce que tu vois ces bouts de verres à mes pieds ? Est-ce que tu vois mes larmes couler le long de mes joues ?
PUTAIN LOUIS REGARDE
Regarde-moi. Je t'en prie. Regarde-moi.
Juste une fois.
Juste une première et dernière fois.