Le monde des Serpents est sombre.
Le monde est sombre. Si sombre. Il a toujours eu cette couleur d’obsidienne ou de fumée, une couleur envoûtante qui n’admet pas de futurs, pas de passés, juste la noirceur de son âme. L’opacité de ce monde obscur enveloppe tout et dévore avidement toute trace de lumière ou de bonté.
Dans ce monde ont grandi deux hommes, deux corps décharnés par une lutte sans merci. Ils sont à la recherche de la reconnaissance de ceux qu’ils aiment. De celle que qu’ils aiment. De celle qu’ils veulent protéger, par tous les moyens, envers et contre tout, quitte à offrir ce qu’il reste de leur âme à un autre corps décharné, un corps qui n’a plus d’humain que la forme.
Dans ce monde, ce monde qui peut pourtant tout, la peur, la colère et la noirceur sont régies par un homme, ou du moins ce qu’il en reste, ce corps blanchâtre aux yeux couleur de sang, à l’apparence d’un serpent, qui parle et maudit toute vie sur terre. Il a divisé son âme, offert sa vie à la Mort. Pourtant il envoûte les foules comme le monde et sa couleur de fumée. Et les deux corps décharnés lui jurent tout, servitude et fidélité.
Il offre au monde une inspiration morbide, une angoisse étouffante, une atmosphère imprégnée de douleur.
Il ôte avec minutie toute trace de lumière, toute ombre de couleur.
Il dépossède chaque être de son âme, afin de mieux les faucher dans leur malheur.
Il louvoie avec la Mort, de ce pacte qu’il a envoyé brûler au fond de ses peurs.
Il traque tout ce qui pourrait s’apparenter à la fin de son heure.
Il a bâti ce monde empli de souffrance et de terreur, lui, corps décharné à qui ils ont juré sacrifice et fidélité, eux que la Mort aurait pu épargner.
Il y a chez Severus Rogue un sentiment dont il pourrait avoir honte, qui le hante. C’est de l’Amour, et il en a beaucoup à revendre.
Mais son âme est noire, noire comme ses cheveux gras couleur corbeau, noire comme ses capes qu’il joue à faire tourbillonner pour susciter la crainte, la peur, l’effroi, noire comme la Magie dont il use, noire comme la nuit où il erre sans fin à la recherche d’une vie nouvelle qui ne lui sera jamais offerte.
Et pourtant, c’est une âme charitable qui a perdu son honneur, sa droiture et sa fierté le jour où il a perdu l’amitié de sa moitié, l’amitié de cette diablesse aux cheveux flamboyants qu’il aime tant.
Il y a chez Lucius Malefoy un sentiment étrange et prenant, qu’il ne peut comprendre, dont il ne peut se séparer. Un sentiment qui pourrait lui saper toute sa fierté qui fait de lui tout ce qu’il est.C’est de l’Amour, et il en a beaucoup à revendre.
Mais son âme est noire et torturée, blessée et abimée, acide et malavisée, violente et manipulée. Son âme est aussi amère que ses cheveux sont clairs et son prénom empli de Lumière.
Et pourtant, quand il regarde Narcissa les yeux rongés de terreur, les cheveux ternis par l’horreur, le visage émacié par la peur, il voit et regrette ses erreurs.
Les deux amis se serrent la main, et boivent cul sec. Ils se regardent et se comprennent. Ils ont fait les mêmes choix, et se sont tous deux trompés, au nom de quoi ?
Ils n’ont jamais su apercevoir la lumière des beaux jours, la beauté de leur amour : ils se sont égarés.
Leur monde est sombre. Si sombre. Il a toujours eu cette couleur d’obsidienne ou de fumée, une couleur envoûtante qui n’admet pas de futurs, pas de passés, juste la noirceur et le trépas de son âme. L’opacité de leur monde obscur enveloppe tout et dévore avidement toute trace de lumière ou de bonté. Leurs erreurs les condamnent, mais pour elles ils vont les rattraper.