C'était un désastre. Pourtant, tout semblait jouer en leur faveur : ils avaient trouvé une nouvelle salle grâce à Alice, James avait concocté avec l'aide de Lily les différents sorts à travailler, ils avaient pu trouver une date qui convenait à tout le monde pour leur première séance d'entrainement. Lorsque tous les élèves étaient présents, la Salle-sur-Demande paraissait moins vide. Sirius avait tenu à prévenir ses amis : il ne servait à rien d'ameuter trop de monde. Ils avaient fait signer une clause de confidentialité à toutes les personnes présentes. Seuls les Maraudeurs étaient au courant de ce qu'il se passerait réellement si jamais quelqu'un venait à trahir leur secret. Motivés comme jamais, lui et James avaient pris la parole et avaient préparé un discours empli d'entrain et de promesses. Cela faisait quarante minutes que la séance avait commencé et Sirius devait se rendre à l'évidence : il s'agissait bien d'un désastre. Deux élèves de Serdaigle, dont il avait déjà oublié les noms et qui avaient été convié par Benjamin se tenaient sur le canapé dans le coin de la salle et discutaient bruyamment entres elles. Ce dernier, quant à lui, semblait plus intéressé par prétendre aider Cassidy en la tenant par la taille que par les sorts que proposaient James, ce qui rendait Sirius hors de lui. Ils avaient décidé de commencer par un sort facile : celui de l'Expelliarmus. Cependant, les personnes présentes semblaient trouver cela dérisoire et personne ne prenait réellement le cours au sérieux. Il voyait James courir de tous les côtés pour aider les plus démunis ou tenter de reprendre à l'ordre ceux qui se dissipaient. Peter le suivait, lui demandant sans arrêt de l'aide avec sa baguette. Remus avait complètement perdu le sens du cours. Dans d'autres circonstances, Sirius ne lui en aurait pas voulu. Il voyait en effet que son ami se rapprochait considérablement de Nelly. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils auraient bien eu besoin de son aide pour reconcentrer le groupe sur leur tâche principal : apprendre à se défendre. Mais la catastrophe la plus visible était sans nul autre Alice : elle avait déjà cassé trois des cobayes, que Lily s'évertuait à rabibocher de sa baguette. Elle avait les joues rouges, et Sirius se demandait jusqu'à quand Emmeline allait pouvoir être dans la même pièce qu'elle sans prendre un sort de plein fouet. Il la comprenait : plus les jours avançaient, plus il nourrissait une haine profonde envers ce groupe de Serdaigle, et Franck menaçait grandement d'en faire aussi partie.
-Mec, ça ne peut pas durer, s'exclama-t-il lorsqu'il réussit enfin à intercepter James, et Peter qui le suivait de près.
-Je sais, répondit son ami, essoufflé. Mais c'est le premier cours, on ne pouvait pas s'attendre à mieux.
L'optimisme légendaire de son meilleur ami l'attendrit un instant, mais Sirius fut vite rappelé à la réalité lorsqu'un sort lui passa si près de l'oreille qu'il la sentit siffler.
-Alice, s'écria-t-il. Contrôle-toi bon sang !
La jeune femme ne lui accorda pas un regard, et fit exploser un quatrième cobaye. Lily, derrière elle, semblait aux bords des larmes.
-On doit faire quelque chose, dit Sirius d'un ton ferme auprès de James.
Il vit son ami regarder la salle, complètement démuni. Puis il comprit que c'était à lui de prendre le lead. Il n'en avait pas l'habitude. James était le leader dans tout : auprès des professeurs, au Quidditch, dans leur groupe. Et c'était une situation qui convenait parfaitement à Sirius, car il ne s'était jamais senti au-dessous de son ami. Pourtant, il se rendit compte à l'instant même que c'était à lui de prendre le relai. Il s'éclaircit la voix, empêcha d'un geste Alice de lancer un nouveau sort et monta sur le canapé en poussant les Serdaigles - qui protestèrent - au loin :
-Ecoutez-moi tous ! dit-il d'une voix forte qui fit cesser toute activité au petit groupe. Je sais bien qu'en venant ici, vous pensiez apprendre des sorts dont les professeurs ne sont même pas au courant. Je préfère être clair : ça n'arrivera pas. Si vous n'êtes même pas capables de vous concentrer pour lancer des Expelliarmus correct, alors je ne crois pas que vous devriez être ici. Il en va de même pour les personnes qui préfèrent parler - son regard se tourna vers les Serdaigles - ou qui préfèrent draguer - il lança un regard noir à Benjamin et n'aperçut que plus tard les joues roses de Remus, ce dont il ne se formalisa pas. Si vous voulez prendre ces cours au sérieux, c'est maintenant. Sinon, la porte est de ce côté.
Pendant quelques secondes, personne ne pipa mot. Tout le monde le regardait, certains honteux, d'autres énervés, d'autres encore comme s'ils ne se sentaient pas le moins concernés du monde. James lui lançait un regard implorant, puis regardait les autres avec anxiété. Lily avait les joues rouges et respirait bruyamment. Puis, les deux Serdaigles amenées par Benjamin firent quelques pas et sortirent de la classe en marmonnant des excuses.
-Très bien. D'autres volontaires ?
Certains firent non de la tête.
-Parfait. Alors on reprend, avec les instructions de Lily et de James. On essaye d'éviter trop de casse - son regard rencontra celui d'Alice, qui se renfrogna. Et si l'on veut amener de nouvelles personnes, c'est à regarder avec moi avant de faire venir des gens qui croient que nous sommes au café du coin.
Il pouvait sentir Benjamin fulminer à ses côtés, et ce n'était pas pour lui déplaire. Il descendit du canapé et James lui tapa sur l'épaule :
-Merci mec, tu m'as sauvé.
-Pas de quoi. A toi de jouer maintenant.
Il vit son ami prendre une grande respiration et annoncer :
-Très bien. Alors, pour faire un Experlliarmus de qualité...
Sirius sourit : ça n'allait peut-être pas être facile, mais il était certain que ce qu'ils étaient en train de faire à présent allait compter à l'avenir.
-Eh bien, quel cours, c'était génial !
-Mouais... Je n'ai pas appris grand-chose. Disons que ton frère ne sera pas professeur.
-Je l'ai trouvé bon dans son rôle.
-C'est parce que tu n'as aucun bon sens face à lui.
Dorcas se sentait gênée d'avoir entendu ce bout de conversation entre Cassidy et Benjamin, mais elle était décemment trop près pour pouvoir se défiler sans qu'ils ne la voient. Elle s'éclaircit la gorge timidement et se sentit rougir :
-Cassidy, est-ce que l'on peut parler ?
Elle évita de s'attarder sur le regard méprisant de Benjamin. Elle vit son amie se tendre, puis regarder son petit-ami avec dureté :
-Ne m'attends pas, je rentre à la Salle commune.
-Et mon bisou ?
Il sembla à Dorcas que Cassidy s'approcha de Benjamin à contrecœur, mais elle se rendit compte qu'elle était la dernière personne qui pouvait juger une relation de couple. Alors qu'ils sortaient par groupe de deux de la Salle-sur-Demande et que Remus et Peter faisaient le guet, Dorcas sentit un malaise grandissant s'installer. Cassidy ne semblait pas prête à passer l'éponge, et la jeune femme comprenait pourquoi. Dans le silence, elles passèrent la porte et prirent la direction de droite, pour éviter de suivre les deux personnes sorties avant elles. Elles prirent les escaliers, qui changèrent de direction et les emmenèrent dans l'aile ouest de Poudlard, au quatrième étage. Lorsqu'elle comprit que le bruit des escaliers ne couvrirait plus le silence pesant, Dorcas prit la parole :
-Cass', je voulais te dire que j'étais vraiment désolée. Ce soir-là, quand j'étais énervée, tu n'y étais pour rien. Et tu as raison, j'aurais dû venir à la fête, même si en effet je crois que Lily ne m'apprécie pas beaucoup. Et j'aurais dû être là pour toi. Avec Benjamin.
Elle avait dit le tout rapidement, après l'avoir répété des milliers de fois dans sa tête. Son amie ne la regardait pas, mais elle la vit faire la mou :
-C'est vrai, je n'ai vraiment pas compris ton attitude. Pourquoi tu as attendu tout ce temps pour venir me parler ?
Dorcas sentit son cœur battre contre ses tempes : comment lui avouer ? Quels étaient les bons mots ? «J'ai eu une aventure avec Mulciber qui m'a faite renoncer à tous mes principes, et j'avais honte de t'en parler car je n'ose plus me regarder dans la glace ». Elle savait pertinemment que Cassidy ne pourrait comprendre, et elle ne lui en voulait pas. Elle-même ne se comprenait pas. A la place, elle dit :
-J'étais horriblement stressée par les cours, le rendez-vous d'avenir avec Mcgonagall, le transplanage. Et puis, il y a eu l'attaque à Pré-au-Lard et... J'ai compris que si je ne faisais rien, je pourrais te perdre.
Dorcas eut les larmes aux yeux. Il lui sembla que Cassidy s'était détendue, mais restait relativement distante.
-Bien. J'accepte tes excuses, finit-elle par dire.
Dorcas se rendait compte que le malaise persistait, mais elle était contente d'avoir partiellement retrouvé sa meilleure amie. Elles parlaient du cours et des conseils de James lorsque tout ce que Dorcas redoutait depuis toujours se produisit devant ses yeux. A quelques mètres d'elles, au fond du couloir du quatrième étage, se trouvaient Mulciber, Avery et Wilkes. Dorcas sentit Cassidy se tendre. Par réflex, elle sortit sa baguette, même si la partie d'elle qu'elle détestait lui intimait qu'il ne lui ferait pas de mal.
-Tiens, tiens, tiens. Ce n'est pas très prudent de se retrouver toutes seules dans les couloirs à des heures si tardives. Et surtout, aussi loin de la salle commune de Gryffondor. Ton frère n'est pas dans les parages ?
Dorcas regarda le regard de Cassidy s'assombrir et son amie sortir sa baguette aux paroles de Mulciber. Le garçon ne lui accordait pas un regard. Ils approchaient de plus en plus, tandis qu'elles restaient figées sur place.
-Dommage, j'ai déjà eu des entrevues avec Potter. Je n'aurais pas été contre une de plus. Mais enfin, on va dire que Potter...Junior, c'est comme ça qu'ils t'appellent pas vrai ? ça peut aussi faire l'affaire.
Dorcas sentait son cœur s'affoler : elle n'était plus du tout sûre de ce dont Mulciber était capable. Elles étaient à deux contre trois, et pas des moindres. Personne ne les entendrait crier depuis ce couloir-ci. Elle entendit Cassidy déglutir et vit sa main trembler.
-Alors, tu as perdu ta voix ? C'est vrai ce qu'on dit : ton frère est vraiment plus intéressant que toi. Dis-moi : ça fait quoi d'être constamment dans son ombre comme ça ?
-La ferme, dit Cassidy d'un ton dur avec un regard meurtrier.
-Oups. On dirait que j'ai touché une corde sensible. Je suis désolé.
Dorcas voyait le vrai visage de Mulciber, celui qu'elle s'empêchait de regarder lorsqu'ils n'étaient que tous les deux : il maîtrisait à la perfection la torture psychologique, et ne reculait devant rien. Elle sentit une colère intense augmenter dans sa poitrine. Elle avait le regard figé sur lui- qui lui l'avait sur Cassidy - mais ça ne l'empêchait pas de sentir les yeux répulsifs d'Avery sur sa personne. Wilkes se tenait en retrait, sa baguette bien levée.
-On va passer notre chemin, nous n'avons plus rien à vous dire, lança Dorcas d'un ton plus ferme qu'elle n'aurait pensé.
Mulciber daigna enfin se tourner vers elle. Dans ses yeux, le même air moqueur et dénigrant, mais aussi une espèce de surprise.
-Partir ? On commence tout juste à s'amuser.
C'était officiel : elle le détestait. Elle se souvenait parfaitement des mêmes mots qu'il avait utilisé pour l'amadouer. Elle leva sa baguette et avança de quelques pas :
-J'ai dit : on va passer notre chemin.
Mulciber ne souriait plus du tout et ses yeux s'étaient teinté de colère. Dorcas aurait normalement ressenti de la peur, mais c'était une toute autre émotion qui l'animait : elle ne lui céderait pas.
-Vas-y Mulciber, dégomme-la, siffla Avery de sa voix de serpent, les yeux avides.
-Mec, rappelle-toi ce que l'on a dit : pas de débordement, dit Wilkes qui regardait son compair avec inquiétude.
Dorcas fronça des sourcils : qui ça « on » ?
-Dégagez de notre vue, dit Cassidy qui avait aussi levé sa baguette.
Mulciber respirait bruyamment, sans lâcher Dorcas des yeux. La jeune femme soutint son regard. Puis il se mit à rire, d'un rire sans joie, qui résonnait dans les murs.
-Considérez-vous chanceuses, leur dit-il finalement.
Puis, avec un dernier regard à Dorcas qui en disait long, il les poussa de l'épaule et passa entre elles, Avery à ses trousses qui détailla Dorcas de haut en bas d'une manière qui donna à la fille l'envie de vomir. Puis Wilkes passa enfin. Alors que les garçons s'apprêtaient à tourner dans l'angle du couloir, ce dernier se tourna et dit :
-Aufaite, dis à ton frère d'être plus discret la prochaine fois qu'il parle des planques de ton père à tout va. Il ne faudrait pas qu'il arrive un autre malheur à papa Potter.
Dorcas eut juste le temps d'attraper la main de Cassidy pour l'empêcher de lancer les hostilités. Puis les filles attendirent quelques minutes afin d'être sûres qu'ils étaient bien partis et, à vitesse grand v, rejoignirent sans un mot la salle commune de Gryffondor, les deux probablement aussi apeurées l'une que l'autre. Dorcas prit conscience d'une chose qu'elle savait enfaite depuis longtemps : elle n'était pas en sécurité avec Mulciber.
Elle était sur un petit nuage. La neige avait enfin laissé place à un temps plus humide, plus morose aussi, moins froid mais venteux. La pluie torrentielle du mois de mars ne suffisait à la déloger de son sentiment d'allégresse. Bien qu'elle sut ce mois difficile, de par sa longueur, sa météo et les tonnes de devoirs qui ne faisaient qu'augmenter, Nelly ressentait depuis longtemps le plaisir d'être à Poudlard. Son amitié avec Lily était redevenue presque intact. Bien qu'elles se voyaient moins du fait de la nouvelle relation de son amie, la jeune femme n'était pas dérangée par ce fait. Elle-même avait de quoi s'occuper : elle prenait les cours plus au sérieux, passait plus de temps avec Alice, apprenait à entrer en contact avec de nouvelles personnes et, surtout, elle avait retrouvé une certaine complicité avec Remus. Il lui avait fallu du temps, mais son sentiment de malaise quant à leur première fois s'était dissipé, pour ne laisser qu'un vague souvenir qui parfois venait lui chatouiller le ventre lorsqu'elle y pensait. La vie à Poudlard était redevenue ce qu'elle était : hectique, brouillon mais surtout agréable. De plus, le cours de défense avec James lui avait redonné confiance en ses capacités de sorcière. C'était dans cet état d'allégresse qu'elle rejoignait le cours de potions, Remus à ses côtés. Ils parlaient de cours, comme ils le faisaient souvent, et Nelly se demandait quand le garçon oserait l'inviter à un nouveau rendez-vous. Ou peut-être était-ce à elle de faire le premier pas ?
-Je ne saurai jamais comment vous faites pour vous en sortir en arithmancie. Ça me parait tellement abstrait !
-Je dois t'avouer que si c'était à refaire, je ne reprendrais pas forcément cette matière, dit Remus. Heureusement que Lily me donne des coups de main.
Nelly mentirait si elle disait qu'elle ne ressentait pas une certaine jalousie à voir son amie se rapprocher d'autant plus de Remus maintenant qu'elle sortait avec James. Mais elle décida de ne pas le laisser transparaître :
-Oui, elle nous sauve dans beaucoup de matières !
Remus lui sourit :
-Il me semble que tu t'en sors plutôt bien par toi-même.
Nelly rougit : le garçon avait l'art de savoir exactement quoi dire pour la réconforter. Pendant un instant, il lui sembla qu'il allait lui proposer de sortir ensemble. Mais il se ravisa, et elle sentit ses épaules s'affaisser.
-Eh bien, c'est parti pour une heure de souffrance. Fort heureusement, je suis à côté de quelqu'un qui me semble avoir qu'une parole limitée. Bonne chance !
Nelly éclata de rire et le regarda s'asseoir à côté de Goyle. Depuis les remontrances et menaces de Slughorn, les cours de potions étaient devenus platoniques. Les Gryffondor et Serpentard s'ignoraient avec aplomb, et aucun d'eux n'osaient ne serait-ce que s'adresser la parole, de peur des conséquences. Elle prit donc place à côté de Rosier, qui était déjà assis et faisait mine de lire un livre, comme s'il n'était pas là. Alors qu'elle fouillait pour regarder les consignes de la potion que Slughorn avait noté au tableau, elle entendit :
-On peut la faire ensemble si tu veux.
Elle crut d'abord avoir rêvé. Ou que Remus était resté à côté d'elle. Cependant, lorsqu'elle leva les yeux et qu'elle vit son voisin la regarder en attendant une réponse, elle se rendit compte que c'était bien Rosier qui venait de lui adresser la parole. Elle s'était tellement habituée à une présence indifférente et presque invisible de sa part qu'elle avait de la peine à croire qu'il ait daigné lui parler. Sans trop savoir pourquoi, son cœur se mit à battre et ses joues se teintèrent. Puis elle se souvint de qui elle avait en face, et répondit sèchement :
-Non merci, je me débrouille bien toute seule.
-A vrai dire, c'est plutôt moi qui ai besoin d'aide. Je sais que tu es douée en potions.
Nelly ne put s'empêcher de lancer de gros yeux à Rosier. Si elle avait eu le caractère à Lily, elle lui aurait demandé pour quelle raison il jouait à ce jeu-là. Mais quelque chose l'en empêchait. Jamais elle ne se l'avouerait, mais Nelly était intimidée par Rosier. Il lui avait toujours semblé quelque peu différent des autres Serpentards : plus en retrait, plus mystérieux, plus dangereux peut-être aussi. Elle lança un regard furtif à Remus, et, elle ne sut pour quelle raison, se sentit d'autant plus gênée. Mais le garçon était déjà pris par la fabrication de sa potion. Puis elle tourna la tête vers Lily : la jeune femme et sa compair se tenaient le plus loin possible l'une de l'autre, et Nelly savait bien que plus jamais elles ne s'adresseraient la parole pour quoi que ce fut. C'était la même chose pour tous les autres Gryffondors : aucun n'adressait la parole à son homologue. James et Lucius s'étaient mis tellement loin l'un de l'autre que le blond menaçait de tomber de sa chaise. Même Sirius avait arrêté ses remarques envers Rogue, qui, Nelly le voyait, en profitait pour finir sa potion plus vite que tout le monde. Le malaise de la jeune femme s'agrandit, et elle comprit : elle avait l'impression de trahir les siens. Mais pourquoi Rosier en faisait-il de même ?
-Tu vas bien ?
La jeune femme se savait rouge comme une pivoine, mais, sans répondre, adressa un regard noir à Rosier avant de plonger la tête dans son livre de potions. S'il voulait l'humilier, elle n'allait pas lui en donner la possibilité. Le jeune homme avait raison : elle était douée, et elle comptait bien le lui prouver.
Bien qu'elle fut contente que la neige soit enfin partie pour de bon, Lily n'aimait que moyennement le paysage brun et pluvieux du mois de mars. Sans compter la pile humainement inadmissible de devoirs à laquelle elle devait faire face. Entre ses cours, ses révisions, les moments volés passés avec James, le groupe de défense et ses devoirs de Préfète-en-Cheffe, Lily avait l'impression de ne vivre qu'en surface, dans un stress permanent qu'elle camouflait par un agenda parfaitement organisé et un entrain surjoué. Ses amis semblaient ne rien remarquer, et pour le moment présent, cela lui convenait. Elle n'avait pas envie de s'avouer vaincue devant les autres, ou de devoir admettre que tous les soirs, elle pensait à ce qu'il se passerait si jamais elle venait à rater un de ces cours. Jamais elle n'avait ressenti un stress aussi intense : de devoir gérer ses révisions, de devoir prendre des décisions pour son futur et surtout, de devoir bientôt affronter l'extérieur de Poudlard. Le château avait été son seul refuge, le seul endroit où elle se soit jamais senti réellement elle-même. Elle y avait trouvé des amis, et même un petit-ami. Dans l'enceinte des murs, elle était Lily Evans, la Préfète-en-Cheffe Gryffondor meilleure de sa promotion et courageuse de surcroit. Mais que serait-elle au-dehors ? Là où des milliers de personnes se réunissaient pour voir les personnes comme elles réduites à néant ? C'était face à ses pensées quotidiennes qu'elle devait faire face alors qu'elle sortait de son cours d'arithmancie, en compagnie de Remus. Les autres avaient eu l'heure de libre et, bien que Lily adorât cette matière, elle les enviait amplement. Elle aurait voulu la passer avec James, qu'elle avait l'impression de ne voir que par bribe de dix minutes. Le garçon semblait moins gêné par ce fait-ci, et continuait son train de vie à Poudlard comme il l'avait toujours fait. Une autre chose que Lily lui enviait.
-Ton cours de potion s'est bien passé ? interrogea le garçon.
La rousse se tourna vers son ami : Remus avait été l'un des premiers à la traiter comme une sorcière à part entière, et à lui faire réellement confiance. Bien qu'ils se voyaient moins régulièrement, et que les événements de la vie les avaient poussés à s'éloigner, Lily se rendait compte d'à quel point son amitié comptait pour elle. Il avait les traits tirés, comme à son habitude, mais semblait plus serein et enjoué que les mois précédents, et la rousse en fut ravie.
-Plutôt bien, maintenant qu'elle a compris qu'elle ne devait plus m'adresser la parole.
Les cours de potions, autrefois sa matière favorite, étaient devenus pour Lily une excuse pour ne plus parler et se concentrer amplement sur son chaudron une heure durant. L'avantage était qu'elle avait fait des progrès considérables, mais elle savait pertinemment qu'une seule personne la battait dans ce domaine...
-Et toi ? se précipita-t-elle pour éviter de laisser ses pensées fourmiller là où elle n'était pas sûre de gérer ses émotions.
Elle vit Remus hausser des épaules :
-Je crois bien que j'ai de la chance avec Goyle. Il est... Réellement limité.
Lily éclata de rire.
-C'est vrai que tu peux te tarder de faire une expérience humaine... Différente !
Ce fut au tour de Remus de rire.
-Et le reste, comment va ta vie ?
Lily regarda son ami : elle ne connaissait personne d'aussi doux et avenant que Remus. Il savait ce que c'était que de se sentir à part, et faisait son possible pour que personne ne se sente ainsi en sa présence. Elle l'appréciait réellement pour cela. Elle se rendit compte à l'instant même que sa relation avec Remus avait pâti dès le moment où Nelly et elle avaient commencé à fréquenter les Maraudeurs. Peut-être à cause de James, et de la révulsion que Lily ressentait à ses côtés autrefois. Ou peut-être à cause de Nelly, dont la relation avec Remus avait connu plus de remous que le ventre de Madame Chourave. La rousse se rendit compte qu'elle s'était empêchée d'être ami avec lui, et que leur relation avait glissé vers quelque chose de superficiel. Elle ne voulait plus de cela. Elle soupira et haussa les épaules :
-Eh bien, tu es la première personne à qui je le dis, mais je dois t'avouer que j'ai l'impression que je vais couler...
Elle vit le garçon la regarder avec la même douceur habituel, mais froncer légèrement les sourcils :
-Je te connais bien Lily. Si tu m'avais dit que tu étais sereine, je ne t'aurais pas crue.
« Tous les autres le croient pourtant... » songea-t-elle avec amertume en évitant de penser à James.
-Ecoute, je ne vais pas te dire ce que tu sais déjà. Enfaite, si, je vais te le dire. Tu es la meilleure élève de cette école, tu n'as plus rien à prouver. Je ne me fais aucun soucis pour tes ASPICS, ou pour ton futur, c'est évident. C'est aussi normal que tu t'en fasses. Tu sais, on dit que le stress permet d'être le plus performant possible. Tu vas casser tous les records !
Lily rigola. Remus avait toujours les mots qu'il fallait. Il avait raison, elle le savait au fond d'elle-même : il n'y avait pas de risque qu'elle rate ses études, et son futur était presque tracé. Mais se l'entendre dire lui faisait un bien fou, surtout de la part d'un ami qui semblait la connaître mieux que quiconque.
-Merci Remus. Et toi, comment ça se passe ta vie à Poudlard ?
Il sembla marqué un temps de pause. Lily savait que malgré tout ce que tout le monde pouvait vivre, personne ne pourrait jamais se mettre à la place du garçon. C'était peut-être pour cela parfois qu'elle évitait les grandes conversations avec lui : comment le réconforter en sachant qu'elle ne pourrait jamais comprendre ce qu'il vivait ?
-Eh bien, ça a été difficile un temps. Mais je dois t'avouer que je me sens mieux que jamais ! Les cours se passent bien, je passe du bon temps avec mes amis et... J'ai même envie de penser au futur !
Lily fut touchée. Elle savait combien il coûtait à son ami de se confier sur ce genre de choses.
-Tu feras un merveilleux journaliste !
-Comment sais-tu que c'est ce que je veux faire ?
-Eh bien, moi aussi je te connais bien !
Il lui sourit. D'un sourire sincère, qui voulait dire : « Je suis content de t'avoir retrouvé ».
-Et alors, Miss Evans, ou devrais-je dire, Miss Potter ? Peux-tu exactement m'expliquer comment tu es passé d'un dégoût intense envers une personne à lui fourrer ta langue dans sa bouche dès que tu le croises ?
Lily devint rouge et bouscula son ami de l'épaule, qui se bidonna. C'était étrange de parler de ce genre de sujets avec Remus, mais ça lui faisait aussi du bien. Après tout, le garçon était le mieux placé pour lui donner des conseils.
-Je ne le détestais pas... Pas vraiment.
-De la haine à l'amour il n'y a qu'un pas !
Remus semblait se donner à cœur joie et Lily choisit d'en rire, bien qu'elle se savait aussi rouge que sa cravate. Elle haussa les épaules :
-Je ne sais pas quoi dire... ça m'est... tombée dessus. Il n'est pas si terrible au final.
-Il ferait mieux ! Vu le temps que vous passez ensemble. Blague à part, je crois que je l'ai toujours su. Je n'ai même pas été surpris. Tu sais, c'était évident que tu étais la cible de James et... Disons que s'il y a bien quelque chose qui le caractérise, c'est qu'il obtient toujours ce qu'il veut !
La rousse se renfrogna : était-ce réellement comme cela que tout le monde la voyait ? Comme un prix remporté par James ? Remus sembla le remarquer :
-Il tient énormément à toi tu sais... Il ne le dira pas, c'est James. Il préfère faire des blagues stupides sans penser aux conséquences. Mais c'est le cas.
Lily sourit gentiment à Remus. Elle aussi tenait beaucoup au garçon, et cela lui faisait de plus en plus peur.
-Et toi ? Où en es-tu... De ce côté-là ?
Remus soupira, mais Lily vit qu'il devait faire un effort pour ne pas sourire.
-Eh bien... ça avance... Gentiment.
-Nelly ? demanda-t-elle tout de même.
Ce fut au tour du garçon de rougir.
-Pour ma part, oui. Quant à elle... Je ne sais pas trop.
Lily ressentit une pointe dans le ventre : ce qui lui faisait mal, c'était de se dire qu'elle non plus, ne savait pas. Nelly et elle s'étaient considérablement éloignées et, bien qu'elle essayait de se dire que ce n'était qu'une passade, qu'il n'y avait rien de plus normal, la rousse en souffrait.
-Eh bien, se reprit-elle, il n'y a pas mille façons de le savoir : tu lui proposes un rendez-vous, et tu vois si elle accepte ou non.
Malgré leur histoire, Lily savait que Nelly tenait énormément à Remus et vice-versa, et rien ne lui ferait plus plaisir que de les voir ensemble, une bonne fois pour toute.
-Je crois que tu as raison, sourit Remus, plein d'entrain. Après tout, si James a réussi, je devrais aussi n'est-ce pas ?
-Ça c'est sûr, dit Lily en éclatant de rire.
Alors qu'ils continuaient à plaisanter, ils virent qu'au loin Nelly les avait repérés. Lily avait promis de faire ses devoirs en compagnie d'elle et d'Alice. Les deux se dirigèrent vers la jeune femme. Remus semblait content de la voir. Lorsqu'ils s'arrêtèrent devant elle, la rousse sentit immédiatement que quelque chose n'allait pas. Elle le sentait à la posture de Nelly, au fait qu'elle ne la regardait pas dans les yeux, qu'elle avait les bras croisés et que son sourire semblait forcé. Elle connaissait trop bien son amie, et comprenait que Nelly était jalouse de sa relation avec Remus. Lily soupira : quelque chose était définitivement cassé entre elles.
Ça avait été quelques jours éprouvants, mais si Sirius devait être honnête, il ne pouvait attendre l'arrivée du printemps pour une seule chose : le retour du Quidditch. Avec les centimètres de neige et le froid ambiant, le Quidditch avait été suspendu durant un bon mois. Sirius avait bien essayé de s'entrainer avec James, mais même eux avaient dû déclarer forfait. Pourtant, c'était bien vers le terrain qu'il se dirigeait avec l'équipe de Quidditch de Gryffondor pour leur premier entrainement de reprise. Bien que Sirius fut extrêmement content de remonter sur un balai, il le fut cependant moins de l'ambiance au sein de son équipe. Il fallait avouer qu'avec les événements récents, peu de place avait été accordé au sport, et Sirius pouvait sentir la tension palpable entre les joueurs, particulièrement entre Franck et James. Son meilleur ami se tenait quelques centimètres en avant, afin de reprendre sa place de capitaine attitré. Sirius savait pertinemment qu'avec l'attaque de Pré-au-Lard, le début des cours de défense, la pile de devoirs, son poste de Préfet-en-Chef et sa nouvelle relation avec Lily, James n'avait trouvé que peu de temps à accorder au Quidditch. Il comprenait donc le stress qu'il pouvait ressentir, mais se sentait à même à l'épauler dans cette épreuve. Il fallait pertinemment qu'ils remportent la coupe. Ils ne pouvaient laisser les événements de l'extérieur tarir leurs derniers mois à Poudlard : la coupe de Quidditch et la coupe des maisons devaient être leurs premiers soucis. Ils arrivèrent dans les vestiaires, se changèrent puis se rejoignirent au milieu du terrain.
-Très bien, commença James avec une voix plus forte qu'à l'ordinaire - Sirius remarqua que le poignet avec lequel il tenait son balai tremblait. Je sais parfaitement que nous avons tous eu une vie compliquée ces temps-ci, et que le Quidditch est passé à la trappe. Je le comprends. Cependant, ça prend fin aujourd'hui. Les Serpentards ont fait une remonté incroyable dans le classement, et il est impératif que nous gagnions la coupe de Quidditch cette année ! Est-ce que vous êtes avec moi ?
Un timide « oui » s'éleva de l'équipe. Sirius pouvait sentir le malaise palpable dans tout son être. Il se forçait à ne pas regarder à sa droite, là où se trouvait Cassidy qui, il le savait, avait son éternel air renfrogné. Ça lui manquait. Sirius sentit une pique dans le ventre et se ressaisit.
-Ce n'est pas avec ce genre de détermination que nous allons y arriver ! cria-t-il en se mettant à côté de son ami qui, encore une fois, sembla le remercier silencieusement. Alors, est-ce que vous êtes avec nous ?
-OUIII ! répondit l'équipe au complet.
Sirius ne put s'en empêcher et la regarda : elle souriait à son frère et semblait plus détendue qu'à l'ordinaire. Il sourit faiblement puis se mit de côté pour laisser James reprendre la parole :
-Je sais bien que nous avons vécu des événements traumatisants, qui laissent des séquelles. Je sais aussi que nos relations ne sont pas toujours au beau fixe.
Sirius vit Franck lancer un regard noir et se retint de ne pas le lui rendre. Puis il regarda Cassidy, qui détourna rapidement la tête. Il sentit son ventre faire un looping.
-Mais peu importe. Nous ne sommes pas là pour faire ami-ami. Nous sommes là pour gagner ! Alors, Gryffondors, est-ce que vous êtes prêts à mettre une raclée à ces Serpentards de malheur et à repartir de Poudlard avec la coupe ?
-OUIIIII !
-Parfait, allons nous entraîner !
Pendant une heure, ils revirent ensemble les figures de base, volèrent pour se dégourdir sur leur balai, firent la course et s'entrainèrent à lancer des buts, que McKigan arrêta presque au complet, excepté ceux de Cassidy. Sirius avait remarqué que la jeune femme semblait être la seule qui n'avait pas souffert de cette pause de Quidditch. Elle était plus précise qu'à l'ordinaire, plus rapide et, comme toujours, réussissait à canaliser sa rage et son envie de vaincre dans le jeu. Pour Sirius, c'était sans conteste la meilleure joueuse de l'équipe. Après que James eut lancé le coup de sifflet final pour dire que l'entrainement était fini, les joueurs au complet atterrirent et se retirèrent dans les vestiaires, là où la pluie battante et le vent ne pourrait plus les atteindre. Le jeune homme vit Franck se dépêcher, sans doute pour ne pas avoir à parler aux autres membres de l'équipe. Il était content de voir que tous les autres joueurs de Gryffondor se parlaient avec convivialité, et remarqua que James et Cassidy étaient en grande conversation pour aborder le thème des prochains entrainements : la stratégie. Il était tenté de les rejoindre, mais ne savait pas comment la jeune femme allait réagir et ne souhaitait pas mettre son meilleur ami dans l'embarras. Soudain, James se fit accaparer par Léane, et Sirius, la boule au ventre, tenta une approche :
-On ne peut pas dire que le manque d'entrainement t'ait coûté ! Tu es encore plus douée qu'avant.
Il vit Cassidy se tendre. Elle sursauta lorsqu'il l'approcha, puis détourna la tête. Il la vit prendre une discrète respiration et répondre d'un ton neutre :
-J'ai continué à m'entrainer.
Sirius sentait qu'elle était moins fermée à la conversation qu'à l'ordinaire. Il se sentit soulagé, et son ventre se mit à le chatouiller.
-Je crois que tu es la plus motivée de cette équipe.
Elle haussa les épaules :
-Ça m'aide à faire le vide. Je ne pourrais pas vivre sans le Quidditch !
Sirius lui sourit puis la regarda, pour de vrai depuis des semaines : elle était toujours aussi jolie, particulièrement lorsqu'elle venait de s'entrainer au Quidditch, que ses joues étaient roses, ses cheveux en bataille et sa respiration haletante. Elle semblait en effet fatiguée, comme la plupart des élèves de Poudlard. Mais Sirius lui trouvait quelque chose de changé : Cassidy avait toujours été plus discrète que son frère, mais elle portait en elle une force que Sirius n'avait ressenti que chez peu de personnes. Il la trouvait à ce moment-ci plus éteinte et soucieuse. Il avait aussi remarqué qu'elle semblait faire plus attention à son apparence. « Sûrement pour Benjamin », pensa-t-il, l'aigreur au ventre venant remplacer les chatouillements. Il secoua la tête, refusant de penser à son compair de Serdaigle :
-Sinon, comment se passent les cours ?
Pendant quelques minutes, ils bavardèrent sur les différentes matières et la folie passagère des professeurs qui doublaient de volume leurs devoirs. Ils abordèrent les cours de défense, mais Sirius coupa court à la conversation lorsque Cassidy prononça le nom de « Benjamin ». Puis ils parlèrent des nouvelles blagues que les Maraudeurs avaient prévu de mettre en place à la fin de l'année, dont l'une que Rusard ne serait pas prêt d'oublier de sitôt. Alors qu'il avait réussi à la faire éclater de rire, Sirius se sentit soudainement bien. Comme si ces derniers mois ne s'étaient pas passé. Comme s'ils étaient temporairement retournés à ce fameux été, ou rien d'autre qu'eux ne comptaient... Sans réellement réfléchir à ce qu'il faisait, il lui poussa l'épaule de son balai et dit :
-On testera notre bombabouse sur toi !
Cassidy lui rendit sa tape sur l'épaule et dit :
-Vu la vitesse à laquelle tu peinais sur ton balai, je ne crois pas que tu réussirais à m'attraper.
-Ne me défie pas.
Il ne fallut que d'une seconde à Sirius pour ressentir à nouveau cet électricité qu'il y avait eu entre eux, avant que les remords et la rancœur ne viennent prendre la place. Il regarda Cassidy dans les yeux, et une petite voix vint lui dire que la bête qu'il tentait de maîtriser depuis plusieurs semaines menaçaient de revenir à la charge. Il sembla lire dans les yeux de Cassidy qu'elle pensait exactement la même chose, mais elle ne délogea pas son regard du sien. Perdu dans le fourmillements de ses ressentis, Sirius sursauta - comme pris en faute - lorsque James vint les interrompre :
-Sirius ! Marlene s'est réveillée !