Il y avait en elle des sentiments qu'elle n'avait rarement ressenti jusqu'à présent. Elle s'était déjà sentie démunie, seule, apeurée, triste ou même n'avait parfois rien ressenti du tout. C'était désormais face à des flots de haine et des envies de vengeance qu'elle devait faire face. Dorcas avait beau essayé, mais rien ne pouvait lui enlever de la tête Mulciber, et ce qu'il leur avait fait, à elle et Cassidy. Elle savait pertinemment que si elle en avait parlé à quelqu'un, ses émotions se seraient taries. Mais elle ne pouvait décemment pas l'avouer à voix haute. C'était impossible, elle se sentait piégée, et elle en voulait énormément au garçon pour cela. Si leur histoire l'avait toujours d'une certaine manière faite souffrir, car elle s'était toujours sentie déconnectée des autres, au moins le garçon était-il gentil lorsqu'ils se trouvaient les deux. Cet autre jour, dans les couloirs de Poudlard, Dorcas avait vu pour la première fois le vrai visage du garçon. Celui auquel elle s'interdisait de penser lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. Et, depuis, une seule question taraudait son esprit : jusqu'où serait-il capable d'aller ? Elle en était obsédée. Elle avait même fait des cauchemars à ce sujet. Elle avait toujours su sa propension de cruauté, mais ne l'avait jamais pensé capable de l'étendre jusqu'à elle, ou ses amis. Cependant, elle n'était plus sûre de rien du tout. Et cette incertitude lui brûlait l'estomac, et étourdissait tous ses sens.
-Dorcas ! Dorcas ! Tu m'écoutes ? Qu'est-ce que tu as mis comme conclusion dans ton parchemin ?
La jeune femme revint brutalement à elle. Elle se trouvait dans la Grande Salle, en compagnie de Cassidy, un dimanche matin pluvieux de la fin du mois de mars, en train de faire ses devoirs. C'était face à un parchemin de cinquante centimètres en métamorphose qu'elle se trouvait, l'encre coulant de sa plume et y laissant de grosses tâches. « Mcgonagall va me détester ! » pensa-t-elle en catastrophe avant que Cassidy, qui la voyait paniquer, ne prenne sa baguette et n'efface d'un seul coup la tâche.
-Je crois que tu oublies parfois que tu es une sorcière !
Elle regarda son amie et rougit. Si leur relation était plus superficielle qu'elle l'avait été, Dorcas était heureuse de l'avoir retrouvée. Car elle se rendait compte que Cassidy avait été sa seule et unique amie dans sa scolarité. Et, si elle ne lui avouait pas tout de sa vie, cela n'avait rien avoir avec la confiance qu'elle pouvait lui porter, mais plutôt avec la honte tenace qu'elle ressentait face à ses émotions.
-Alors ?! Cette conclusion ?
Dorcas secoua la tête : elle avait à peine terminé son introduction. Cassidy le remarqua :
-Tu n'as pas l'air présente. Qu'est-ce qu'il se passe, tu as des problèmes ?
« Oui, j'ai envie de savoir si le Serpentard avec qui j'ai eu une histoire depuis plusieurs mois serait capable de me tuer ou non ». Elle mourrait d'envie de dire ses mots à voix haute, les rendait peut-être plus réels que jamais, mais aussi plus supportables, car elle pourrait enfin les partager. Mais elle se tut, et secoua la tête :
-Je dors mal ces temps.
-C'est le stress, dit Cassidy en haussant la tête.
Dorcas approuva. Cependant, elle remarqua que son amie n'en démordait pas, et la regardait toujours avec inquiétude :
-Tout va bien chez toi ?
Dorcas soupira : les événements de Poudlard l'avait complétement déconnectée de ce qu'il se passait chez elle, à la maison, alors que sa mère, qui élevait seule sa fille, faisait parfois face à des épisodes de longues léthargies, incapable d'affronter ses ressentis depuis que son père les avait quittées. « On dirait que c'est de famille », pensa Dorcas, soudain morose. Elle haussa les épaules :
-La dernière fois qu'elle m'a écrit, ma mère semblait aller bien.
C'était le cas : elle s'était inquiétée pour sa fille lors de l'attaque de Pré-au-Lard, et lui avait recommandé toute sorte d'exercices de relaxation pour combler le stress. Elle lui avait même envoyé des gouttes spécial « détente » concocté par son apothicaire. Soudain, Dorcas aurait eu envie de voir sa mère, et qu'elle la prenne dans ses bras. Cassidy sourit :
-Tant mieux, je suis contente si elle va bien.
Pour chasser les larmes qui lui montaient aux yeux, elle dit :
-Et toi ? Comment vont tes parents ?
-Oh tu sais, la routine. Papa travaille toujours beaucoup, et je crois que maman est de plus en plus inquiète, mais elle le cache.
Dorcas hocha la tête : elle ne pouvait que comprendre la mère de Cassidy, après la prise d'otage de Monsieur Potter. Soudain, elle pensa à quelque chose et n'y tint pas :
-Au faite, tu sais ce que Wilkes voulait dire l'autre jour ?
Elle vit Cassidy faire une rature sur son parchemin, et la corriger immédiatement de sa baguette avant de poser sa plume :
-Eh bien... Je crois que c'est à cause de lui que mon père a été pris en otage.
Dorcas haussa les sourcils : reparler de cet événement lui faisait un étrange bien. Non seulement car cela resserrait les liens d'avec sa meilleure amie, mais aussi car elle pouvait indirectement parler de ce qu'il s'était passé avec Mulciber.
-Comment ça ? dit-elle en posant à son tour sa plume et en mettant son parchemin de côté - elle était incapable de se concentrer sur sa pile de devoirs de toute manière.
Cassidy soupira :
-Lorsque Nelly était à l'infirmerie, mon frère a parlé de la cachette de mon père. Et je me suis souvenue qu'à ce moment-là, Wilkes était aussi à l'infirmerie. Peut-être faisait-il semblant d'être dans le coma ? Je n'en sais rien...
-Tu en as parlé à ton frère ?
Son amie fit « non » de la tête avec véhémence :
-C'est du passé. Et puis, il a assez à faire actuellement.
Dorcas n'insista pas, et comprit que c'était à Cassidy de décider. Soudain, elle pensa à autre chose :
-Mais alors, qui t'aurait envoyé le message pour te prévenir qu'ils avaient ton père ?
Dorcas faisait référence à la pierre qui avait été jetée sur Cassidy lors de son entrainement de Quidditch.
-C'est ce que je n'arrête pas de me dire ! Forcément que c'est l'un des Serpentards : ils étaient les seuls au courant pas vrai ? Mais qui...
Elle ne voulut pas y penser, mais Dorcas sentit son ventre faire un bond. Et si son intuition avait été réelle ? Et si Mulciber n'était pas le monstre dont tout le monde parlait ? Sans pouvoir l'expliquer, elle se sentit fébrile.
-J'imagine qu'on ne le saura jamais vraiment, marmonna-t-elle pour faire diversion.
Cassidy hocha la tête et reprit son parchemin. Alors qu'elle-même tentait de se concentrer sur les consignes du professeur Mcgonagall, son esprit divaguait : il fallait qu'elle sache. Il fallait qu'elle sache de quoi Mulciber était capable contre elle, ou pour elle.
Il l'embrassait, la main posé dans ses cheveux délicats, l'autre dans le creux de ses reins. Il pouvait ressentir sa réticence jusque dans ses gestes, qu'elle gardait distants. Il pensait pouvoir contrer cela : il descendit la main le long de son bras, puis vint caresser ses cuisses. En même temps, il déplaça sa tête vers son cou, et vint la titiller avant de la mordre gentiment. Il pensait avoir réussi, lorsqu'il la sentit se tendre et le repousser. Il respira bruyamment, vexé :
-Je peux savoir ce que tu as ?
Narcissa ne le regardait pas, mais se détacha de lui et prit son sac.
-J'ai rendez-vous avec Erin.
Lucius leva les yeux au ciel : cette fille commençait sincèrement à rendre sa vie difficile. Depuis que Rosier avait décidé de mettre leur plan à exécution et qu'il l'avait quittée, la jeune femme refusait tout bonnement d'adresser la parole à quiconque faisait partie de leur bande. Lucius n'aimait pas la voir en compagnie de sa copine. Il n'aimait pas l'influence qu'elle avait sur elle.
-Je t'ai déjà dit, je trouve que tu es différente depuis que tu traines avec elle. Et puis, ça fait longtemps qu'on n'a pas été que tous les deux, dit-il en tentant une nouvelle approche.
A nouveau, Narcissa le repoussa, et Lucius sentit la colère monter :
-Tu vas m'en vouloir encore longtemps ?
-Je ne t'en veux pas, répondit-elle, implacable.
Alors qu'elle voulut partir, il lui bloqua le passage :
-Oh, c'est pour ça que tu m'évites depuis plusieurs jours et qu'à chaque fois, ton excuse c'est que tu dois voir Erin pour réviser si ou pour parler de ça ?
-C'est mon amie, et elle a besoin de moi.
-Eh bien je te dis que je ne l'aime pas. Je n'aime pas que tu sois amie avec elle.
-C'est drôle, il me semble que nous avons déjà eu le même genre de conversation, lorsque je te disais que je détestais certains de tes amis. Qu'as-tu fait ? Oh, je m'en souviens bien : absolument rien. Alors tu m'excuses, mais je compte retrouver mon amie avec qui j'ai rendez-vous.
Elle fit un nouveau un geste pour partir mais il lui attrapa le bras, cette fois-ci plus brusquement :
-Narcissa, les gens parlent. Je crois que tu oublies que nous n'avons pas le choix. Une fois sortie d'ici, tu seras ma femme.
-Oui, nous n'avons pas le choix de nous marier, c'est vrai. Et je serai ta femme, que je le veuille ou non. Mais ici, j'ai le choix de te dire que je préfère aller voir mon amie plutôt que de passer du temps avec toi lorsque tu décides que ta bande t'ennuie. Au revoir.
Puis elle partit. Il se sentit bouillonné. « Que je le veuille ou non » : qu'est-ce que c'était censé vouloir dire ? Il avait toujours pensé que Narcissa était ravie de devenir sa femme. Au départ, elle semblait plus enthousiasmée que lui-même, pour qui s'amuser était primordiale face à une relation de couple. Cependant, les rôles semblaient s'inverser, et il détestait cela. Il n'aimait pas perdre le contrôle. Frustré et déstabilisé, il sortit de son dortoir peu après et passa la porte de la salle commune en trombe, pour faire comprendre à quiconque que ce n'était pas le moment de lui adresser la parole. Il avait besoin de prendre l'air, de réfléchir à tout ce qu'il s'était passé depuis des semaines. Malgré la pluie battante et le vent, il sortit dans l'enceinte du château et respira longuement. Soudain, il se sentit étrange. Comme s'il voyait les environs pour la première fois. Il regarda au loin, qui se distinguait difficilement à cause de la brume, et aperçut les nombreuses collines. Malgré le fait que la neige avait complètement fondu, excepté sur les hauteurs et que désormais les champs étaient boueux et bruns, ça restait un paysage à couper le souffle. Soudain, Lucius prit conscience que c'était peut-être l'unique fois depuis sept années qu'il se retrouvait seul dehors, sans but précis, à simplement regarder le paysage. D'ordinaire, il était accompagné d'au moins deux ou trois membres de sa bande, si ce n'était plus. Il passait son temps à jongler entre les cours, les devoirs, les lettres à sa famille pour les rassurer quant à son futur établi, les moments avec Narcissa, les complots avec ses camarades de Serpentard. Il ne prenait jamais le temps de simplement regarder le paysage, et de faire un point sur sa vie. Et, désormais qu'il se retrouvait seul, dans le froid piquant du mois de mars, il comprenait pourquoi. Il se sentit étrangement vide, et sentit son cœur taper contre sa poitrine d'une manière qui n'augurait rien de bon. Il ne se sentit pas bien. Ses mains devinrent moites et il sentit des gouttes perler sur son front. En prenant une grande respiration, il décida de partir : il trouverait sans doute quelqu'un avec qui comploter, ou aller s'entrainer au Quidditch malgré la météo. Alors qu'il s'apprêtait à passer la grande porte de Poudlard, il faillit se cogner dans quelqu'un. Soudain, son malaise s'atténua et laissa place à l'habituel sensation de suffisance qui le caractérisait. Il se sentit à nouveau comme le Serpentard tout-puissant qu'il avait toujours été, sur qui sa famille plaçait toutes ses attentes. Son air se transforma, et devint moqueur, presque cruel. Face à lui se trouvait Peter Pettigrow : rouge, comme à son habitude, de la sueur perlant sur son front brillant. Il semblait essoufflé d'avoir marché jusque-là. Si Lucius était rarement seul, ça en était de même pour Pettigrow : jamais il ne l'avait vu sans la compagnie de Potter, Black ou Lupin. Et Lucius comprenait parfaitement pourquoi : Pettigrow, sans eux, n'était absolument rien. Il comptait bien en profiter :
-Tiens tiens tiens. Où sont donc tes petits-amis ? Lupin aurait-il trouvé un autre petit-copain ?
Il vit le garçon devenir encore plus rouge, et cela ne faisait qu'accentuer le gras de son visage. Lucius jubilait : c'était la cible la plus facile qu'il connaissait.
-Je... Je vais les rejoindre.
Le blond savait que c'était un mensonge. Cependant, il devait avouer qu'il se demandait sincèrement ce que le Gryffondor pouvait bien ficher un dimanche matin seul au-dehors de l'enceinte de Poudlard.
-Laisse-moi passer, dit Pettigrow d'une toute petite voix.
Il n'était même pas sûr de l'avoir déjà entendu parler. Tout au fond de lui, Lucius pouvait ressentir une certaine forme de pitié. Cela devait être invivable d'être à ce point-là dépendant de la protection des autres, d'être à ce point-là faible. Mais cette pitié était largement compensée par le plaisir malsain qu'il ressentait à l'humilier. Et puis, cela lui permettait d'évacuer le mauvais début de journée qu'il venait de passer.
-« Laisse-moi passer », dit-il en imitant la ridicule voix du Gryffondor. Et si je n'ai pas envie de te laisser passer, qu'est-ce que tu vas faire ?
Il vit Peter maladroitement sortir sa baguette de sa robe et la pointer vers lui, la main tremblante. Lucius éclata d'un rire cruel.
-Oh dis donc, ça devient sérieux ! Mais dis-moi, as-tu déjà lancé un sort sans que Potter et Black soient là pour rattraper les dégâts que tu fais ? D'ailleurs, j'ai besoin d'une explication, continua-t-il comme s'il lui parlait sincèrement, dis-moi très exactement comment est-ce que c'est possible que le Choixpeau t'ait envoyé à Gryffondor ? C'est la maison du courage, non ?
A vrai dire, Lucius se le demandait réellement. S'il haïssait plus que tout la maison rouge et or, il devait avouer que, bien qu'ils soient pour lui les plus stupides de Poudlard, ils n'en possédaient pas moins une certaine forme de courage. Pour lui, courage rimait souvent avec bêtise. Ce dont il était certain, c'était que Peter Pettigrow en était clairement dépourvu.
-Ta famille l'a payée ? Bien que, à voir tes habits, ça m'étonnerait qu'elle ait de quoi te payer quoi que ce soit.
Il vit Peter trembler encore plus, et en ressentit une joie inexplicable. Il se sentait à nouveau tout-puissant, et c'était la sensation qu'il préférait.
-Vas-y, lance-moi un sort. Montre-moi ce que tu as dans le ventre.
De son poing, il tapa dans l'estomac du garçon, tout gassouillait. Il vit aux larmes qui perlaient dans ses yeux qu'il lui avait fait mal. Lucius tournait autour de lui comme autour d'une proie :
-Allez, fais preuve de courage Pettigrow. Montre-toi digne d'un Gryffondor. Lance-moi un sort. Bien entendu, ne viens pas pleurer si je dois t'en lancer un en retour.
Le garçon tremblait :
-Je veux juste passer.
Cette fois-ci, de réelles larmes coulaient sur ses joues boudinées. Lucius éclata d'un rire sans joie, méchant :
-Eh bien, tu fais vraiment honneur à ta maison. Parce que tu n'as aucune chance sans tes maitres, je vais te laisser passer. Cette fois-ci.
Alors que Peter rangeait fébrilement sa baguette et tentait de passer, Lucius lui fit un croche-patte et le garçon s'étala de tout son long, sa robe lui remontant jusque sous les bras, laissant apparaître son dos, aussi potelé que le reste de son corps. Lucius rigola encore un peu plus, humiliant :
-Que ce soit la dernière fois que je te croise seul, Pettigrow.
Revigoré par cet échange, le blond se dit qu'il était temps qu'il retrouve sa bande pour leur raconter cette entrevue.
Le fait de faire ses devoirs avec Dorcas, comme si rien d'autre ne comptait que de rendre un parchemin de qualité au professeur Mcgonagall lui avait fait du bien. Elle avait bien senti que son amie n'était pas dans son assiette, mais elle-même étant perdu dans son flot de pensées ininterrompues, elle ne pouvait lui en vouloir. Elle avait beau essayé de se concentrer sur autre chose, de se donner l'illusion que la vie à Poudlard était ce qu'elle avait toujours été, ça n'était pas le cas. Elle avait essayé de les éviter le plus qu'elle pouvait. Par les, elle entendait pratiquement tout le monde : son frère, parce qu'à chaque fois qu'elle le voyait en coup de vent, il semblait accaparé par le Quidditch, par les cours de défense, par les devoirs ou par Lily. Elle aurait eu besoin de lui parler de ce que Wilkes lui avait confié, des menaces de Mulciber, mais il ne semblait pas enclin à l'écouter. Elle évitait par tous les moyens de voir Sirius, et cela s'avérait plutôt facile puisqu'il passait ses journées à l'infirmerie avec Marlene. A chaque fois qu'elle y pensait, c'était comme si une lame de couteau venait s'enfoncer dans son ventre. Mais, principalement, elle essayait d'éviter de se retrouver seul à seul avec Benjamin. Depuis que sa congénère de Serdaigle s'était réveillée, le jeune homme s'était mis en tête de voir le plus souvent possible Cassidy. La jeune femme comprenait que cela avait un rapport avec Sirius, et mettait cela sur le compte de la stupide compétition qu'il s'était établi entre eux depuis plusieurs semaines. Cependant, cela devenait de plus en plus difficile de prétendre qu'elle avait des devoirs à faire, un entrainement de Quidditch strict à respecter, ou des amies à aller voir. Benjamin devenait de plus en plus insistant, et la jeune femme ne savait réellement pas comment agir avec lui. C'était pourquoi elle se dirigeait près de la salle commune de Serdaigle, où il l'avait conviée, pour le voir. Elle ne savait même pas ce qu'elle voulait lui dire. « Au fond de toi, tu le sais », lui intima une voix qu'elle détestait, mais qu'elle arrivait de moins en moins à contrôler. Elle ne se sentait pas particulièrement bien, et appréhendait de le voir. Lorsqu'elle arriva au lieu de rendez-vous, il n'était pas encore là. Elle se mit à faire les cent pas, les bras croisés, évitant le regard des Serdaigles inquisiteurs qui sortaient de leur salle commune. Puis il arriva, passant par la porte, riant avec des garçons de sa maison.
-A bientôt ! leur intima-t-il en riant.
Puis il se tourna vers elle, l'attrapa par le bassin et l'embrassa à pleine bouche. Ça la mettait mal à l'aise. Elle se souvenait avoir apprécié ses baisers. Mais cela faisait désormais quelques temps que ce n'était plus le cas. Elle ne se sentait plus bien en sa présence. Mais Benjamin ne semblait pas s'en rendre compte.
-Comment tu vas ? lui demanda-t-elle.
-Plutôt bien, on a mis au point notre prochaine tactique de Quidditch. Aucun chance pour que vous nous battiez.
Cassidy eut un petit rire. Elle qui d'habitude était la plus compétitive, avec Benjamin, elle avait toujours l'impression d'avoir des réponses qui n'étaient pas à la hauteur.
-Alors, qu'est-ce que tu veux faire ? lui demanda-t-elle.
Elle n'avait plus d'excuse en stock pour ne pas passer du temps avec lui. Elle se dit que ça lui ferait sans doute du bien : d'oublier tout ce qu'il s'était passé. D'oublier ses doutes, ses angoisses, ses peurs. De faire en sorte que tout redevienne comme avant. Après tout, Benjamin restait son petit-ami. Il la regarda d'un air entendu, et se mordit la lèvre. En temps normal, elle aurait sans doute trouvé cela sexy, mais sur lui, ça sonnait faux.
-Eh bien... Figure-toi qu'actuellement, il n'y a personne dans mon dortoir.
Il la poussa dans un coin du couloir, contre un mur et se mit à l'embrasser dans le cou. Cassidy sentit son corps se tendre en entier. Elle n'aimait pas cela. Son cœur s'affola : ça n'était absolument pas ce qu'elle avait prévu. Cela faisait un certain temps que Benjamin lui mettait la pression à ce sujet, et qu'elle répliquait n'être pas encore prête. Ce qui était vrai : elle n'était pas prête à se donner à lui, parce qu'elle n'était pas sûre de ce qu'elle ressentait à son encontre. Il lui fallait une excuse, et rapidement.
-Benjamin... On est en pleine journée. Ça me gêne...
-Détends-toi, lui dit-il à l'oreille avant de continuer ses baisers.
Il la pressa un peu plus contre le mur, et tenta de soulever une de ses jambes. Cassidy entendit des rires lointains de filles et cela ne fit que la mettre plus mal à l'aise :
-Arrête, s'il-te-plait, lui dit-elle en tentant encore de se détacher de lui.
Il lui prit la main et la plaqua contre le mur. Puis il passa une main sur son ventre. Lorsqu'il souleva sa chemise pour atteindre sa poitrine, Cassidy se tendit tellement qu'elle le repoussa.
-Arrête maintenant, lui dit-elle plus durement.
Il la regarda comme si elle venait de le gifler.
-On est en pleine journée, je t'ai dit que j'avais beaucoup de travail et... On ne peut pas faire ça comme ça dans les couloirs, tenta-t-elle d'expliquer, se sentant devenir rouge.
-Ecoute, dit-il en la regardant avec mépris, en sortant avec toi je pensais sortir avec une personne mature. Je me rends compte que j'ai choisi une enfant. Et ça ne me convient vraiment pas. Si tu sais ce que tu veux, et si tu es prête à te comporter comme une fille de ton âge, rejoints-moi demain soir à vingt heures ici même. Sinon, c'est terminé. Il faut que tu fasses un choix Cassidy.
Puis il partit, la laissant pantelante et tremblante.
Lui qui passait son temps à donner de sages conseils à ses amis, il ne comprenait pas comment il pouvait lui-même se laisser aller à autant de stress. Alors qu'il planchait depuis trente bonnes minutes sur un problème d'arithmancie qui lui semblait impossible à résoudre, Remus soupira longuement et ferma son livre avec véhémence. Madame Pince le regarda sévèrement, et il se sentit rougir. La bibliothèque n'était peut-être pas le meilleur endroit pour travailler. Cependant, à la Salle commune, il devait faire face aux discussions animées de James et Sirius qui mettaient en place le prochain cours de défense, et, à la Grande Salle, il était sans arrêt coupé par Peter qui lui demandait son aide ou par Alice, qui venait voir comment il allait. Il aurait aimé demander son aide à Lily, mais, lorsqu'il l'avait vu le matin même, il lui semblait qu'il valait mieux la laisser gérer avec ses propres angoisses. Il pouvait le reconnaître à ses cheveux qui - d'ordinaire parfaitement coiffés - avaient l'air ébouriffés tant elle passait la main dedans. C'était pourquoi il avait choisi la bibliothèque. Mais, avec Madame Pince qui semblait épier ses moindres faits et gestes (elle l'avait fortement réprimandé lorsqu'il avait voulu manger un carré de son chocolat préféré), il ne se sentait pas beaucoup mieux. Décidant qu'il ferait ce devoir le soir même lorsque tout le monde serait couché, il prit ses affaires et, en saluant poliment la bibliothécaire, il se dirigea machinalement vers les portes de Poudlard, en quête d'un calme que l'air frais pourrait lui procurer. Alors qu'il passa dans la Grande Salle, il s'arrêta brusquement : désormais, Alice n'était plus la seule présente à la table. Nelly se trouvait avec elle. Les deux avaient l'air de s'entraider pour un devoir, et riaient alors que l'un ratait son sortilège et que l'autre traçait pour la seconde fois ce qu'elle était en train d'écrire sur son parchemin. Puis il réfléchit : peut-être n'était-ce pas de solitude dont il avait besoin. Peut-être que c'était exactement le contraire qui pourrait l'aider à remettre ses idées en place. Fort d'une détermination qu'il ne connaissait que rarement, Remus entra dans la salle et, le plus naturellement qu'il réussit à le faire, les salua :
-Comment vous allez ? Je vois que ça travaille dur, dit-il en pointant du doigt les ratures de Nelly et le rat qu'Alice venait de métamorphoser, qui devait à la base être une souris blanche.
Les deux filles arrêtèrent de rire. Nelly lui sourit timidement et Alice les regarda d'un air entendu. Ce fut elle qui prit la parole :
-Exact. Ça fait des heures que l'on planche sur nos devoirs, je crois qu'ils nous sont montés à la tête. Tiens, regarde, j'ai essayé de métamorphoser cette souris comme me l'a montré Mcgonagall, mais impossible ! D'ailleurs, j'ai mon cours particulier avec James qui va commencer dans quelques minutes. Je vous laisse, à bientôt !
Remus n'avait même pas eu le temps de la saluer qu'elle avait déjà filé dans un gloussement qui aurait sans doute dû être plus discret. Se sentant soudain idiot, les bras ballants, et comme si on l'avait piégé, ce fut à son tour de sourire timidement à Nelly :
-Et toi, comment ça se passe ? lui demanda-t-il.
La jeune femme montra ses devoirs :
-Comme tu peux le remarquer, c'est une catastrophe ! Je crois que mon cerveau vient de griller.
-Eh bien... J'étais sur le point d'aller prendre l'air. Tu veux m'accompagner ?
-C'est d'accord, dit-elle en souriant.
A chaque fois qu'elle le faisait, Remus sentait son ventre se tortiller. C'était à la fois exaltant mais aussi angoissant. Il se sentait incroyablement intimidé face à Nelly mais, plus il la voyait, plus il lui semblait difficile de se séparer d'elle. Seulement, il avait l'impression qu'une barrière de non-dits s'était établi au fil du temps entre eux, et le jeune homme ne savait pas comment briser la glace, pour que le malaise qu'il ressentait ne laisse place à ce qu'il y avait eu autrefois entre eux. Ils sortirent du château, relativement en silence, puis s'arrêtèrent quelques mètres plus loin, à l'abris des trombes d'eau qui leur tombaient sur la tête. Remus huma l'air, et sentit l'électricité accumulé au cours de la journée retomber gentiment. Il lui sembla que Nelly faisait la même chose.
-Ça fait du bien, lui dit-il.
Elle acquiesça. Le silence était gênant. Remus se rendait compte que la jeune femme ne ferait pas le premier pas en sa direction. Il se rendait compte que c'était à lui de prendre les rênes. Il se rendait compte que si elle l'avait suivi jusqu'ici, c'est qu'elle n'était pas insensible à son charme. Le cœur battant, il lui demanda à brûle-pourpoint :
-Tu voudrais que l'on sorte ensemble un de ces quatre ?
Il l'avait fait aussi rapidement que lorsque l'on enlève un pansement particulièrement coriace. Il n'osait pas la regarder de suite, et il lui sembla qu'elle prenait plus de temps qu'il n'en fallait pour répondre. Alors, il croisa son regard, qui semblait surpris, mais ravi :
-Avec plaisir, finit-elle par dire dans un grand sourire.
Il lui sourit à son tour. Puis, pris par l'excitation du moment et la soudaine confiance qui lui était monté, il lui posa une main sur la joue et l'embrassa. Simplement, rapidement, il posa ses lèvres sur les siennes et ils échangèrent un baiser innocent. Lorsqu'il se décolla d'elle, il se sentit à nouveau gêné :
-Désolé, je ne sais pas ce qu'il m'a pris.
Elle souriait, les joues roses :
-Ne t'en fais pas, lui dit-elle.
-Eh bien... Une sortie alors. Vendredi prochain ? lui demanda-t-il maladroitement. J'essayerai de te faire découvrir d'autres recoins de Poudlard que tu ne connais peut-être pas.
Elle eut un petit rire et acquiesça.
-Eh bien... Je dois aller voir Hagrid. Ça fait... ça fait un moment.
-Oui, et je ferais mieux de ... D'aller voir Lily. On doit s'aider pour des devoirs enfin... Tu comprends.
Il hocha la tête et lui fit un vague signe de la main en adieu, auquel elle répondit par un hochement de tête en sa direction. Il regarda sa main comme si c'était la cause du sentiment de honte qu'il ressentait face à son geste. Puis il se mit en marche vers la cabane de Hagrid, se demandant quelle excuse il allait bien pouvoir trouver pour justifier sa visite, un sourire niais postiché sur les lèvres, qui n'allait pas le quitter de sitôt.
Il était tard, mais, comme souvent ces derniers jours, il n'arrivait pas à trouver le sommeil. Alors, il montait au dortoir, se mettait en pyjama, prétendait s'endormir, puis, lorsque ses amis étaient endormis, il descendait dans la salle commune, près du feu en robe de chambre, la carte du Maraudeurs sur les genoux, puis il pensait. Il pensait à toutes les erreurs qu'il avait commises. A ce qu'il deviendrait lorsque Poudlard serait fini. Au fait que, comme chaque jours depuis une semaine, il passait sa journée à aider James à concocter les cours de défense, puis faisait ses devoirs rapidement et filait à l'infirmerie retrouver Marlene, avec qui il se comportait comme le petit-ami le plus parfait du monde. Enfin, il retournait à la salle commune et se sentait comme le pire être-humain au monde. Puis, épuisé par ses ruminations, il finissait par remonter dans son dortoir, des heures plus tard, et s'endormait. Alors que sa routine ne différait pas ce soir-là, son cœur se mit à s'emballer lorsqu'il vit un point entrer dans sa direction. Il murmura fébrilement : « Méfait accompli » et rangea maladroitement la carte et sa baguette dans la poche de sa robe de chambre. Puis il s'affala dans le fauteuil, et se donna la mine de celui qui avait observé le feu depuis trop longtemps. Elle sursauta lorsqu'elle le vit. Alors qu'il voulait feindre la surprise, il s'arrêta net en voyant qu'elle avait pleuré. Beaucoup pleuré au fond des traces qu'il restait sur son visage. Sirius se leva prudemment.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il en se rapprochant d'elle, qui était resté pantelante au milieu de la pièce.
Lorsqu'il arriva devant elle, Cassidy fondit en larmes dans ses bras. D'abord pris de cours, il finit par l'entourer de ses deux bras et vint gentiment lui caresser les cheveux. Elle sanglotait. Comme rarement il ne l'avait vu sangloter. Cassidy était une personne qui ne montrait que peu d'émotions et, celle qu'elle avait le plus de la peine à cacher était sans autre la colère. Jamais il ne l'avait vu aussi vulnérable, et cela lui fendit le cœur. Un moment, il eut presque envie de s'excuser. Il était persuadé qu'il n'y était pas pour rien dans son malheur actuel.
-Tu peux tout me dire, lui dit-il gentiment, sincère.
Sirius ne faisait pas partie des gens à qui l'on venait se confier facilement, particulièrement car lui-même n'avait jamais reçu de réconfort tout au long de sa vie. Il ne savait pas comment s'y prendre. Mais, alors que Cassidy s'accrochait à lui désespérément, ça lui semblait naturelle de la réconforter. De la faire se sentir en sécurité. Car la jeune femme semblait en avoir cruellement besoin. Ils restèrent ainsi quelques instants, lui la berçant presque jusqu'à ce que ces sanglots ne se calment. Puis elle se détacha de lui. Son visage était enflé et ses yeux rouges. Elle semblait gênée et voulait se cacher. Il lui sourit gentiment :
-Même quand tu pleurs tu es jolie.
Elle eut un petit rire :
-Arrête, je suis ridicule.
-Ne dis pas ça. Tu ne veux pas me dire ce qu'il se passe ?
Il vit qu'elle hésitait. Puis elle secoua la tête et reprit ses esprits :
-C'est une accumulation de choses. Je... Ce n'est rien, vraiment. Je suis désolée.
Sirius savait au fond qu'elle ne disait pas la vérité, mais il n'avait pas envie de la brusquer. Il n'avait pas envie de perdre le lien qu'ils étaient en train de reconstruire. Pendant quelques instants, ils restèrent ainsi, les bras ballants, en se regardant par intermittence. Puis, Cassidy se frotta les bras, et Sirius se souvint de la dernière fois qu'elle avait fait cela. Il se souvint de ce qui s'en était ensuivi, dans la cabane du jardin des Potter. Il se souvint n'avoir jamais ressenti cela. Alors, sans crier gare, il lui attrapa le bras et l'embrassa. Il l'embrassa comme si son baiser lui redonnait l'oxygène qu'il lui manquait. Il l'embrassa comme si c'était la dernière fois, comme s'il en avait besoin. L'esprit brouillé, il crut percevoir un bruit dans la salle commune, mais ce fut lorsque Cassidy le repoussa qu'il reprit complètement ses esprits. Essoufflé, il murmura :
-Je suis désolé je...
-Ce n'est rien, dit-elle en secouant la tête. Je crois que l'on est les deux très fatigués.
Il acquiesça. Il savait pertinemment que ce n'était pas la fatigue qui l'avait poussé à agir. Il se sentait perdu, car il ne contrôlait pas ce qui était en train de lui arriver. Pour la première fois de sa vie peut-être, il eut mal en regardant Cassidy. C'était un sentiment inédit. Il se sentait blessé, de savoir qu'elle appartenait à quelqu'un d'autre, qu'elle ne le considérait plus comme autrefois. Il se sentait lésé. Cassidy, qui semblait plus à même de réfléchir que lui à l'instant même, dit avec raison :
-Tu es avec Marlene, je suis avec Benjamin. Et... Et c'est ce que je veux. Être avec Benjamin. On est fatigué, on a dérapé, ça arrive. Faisons comme si ça n'était jamais arrivé, tu veux bien ?
Sirius acquiesça, silencieux et de plus en plus perdu.
-Eh bien... Bonne nuit, lui dit-elle gentiment avant de monter les escaliers.
Sans un bruit, il revint s'asseoir sur le fauteuil et contempla le feu sans le voir. Cette nuit-là, il était persuadé qu'il ne fermerait pas l'œil.
La journée avait été éprouvante et longue. Ses yeux se fermaient presque tout seuls alors qu'elle rejoignait la salle commune de Gryffondor. Puis une petite voix lui rappelait ce qu'il lui était arrivé la dernière fois qu'elle s'était égarée lors de ces moments de ronde. En s'agrippant fortement à sa baguette magique, Lily lutta pour garder ses yeux et son esprit bien vifs. Au fond d'elle, elle avait peur. Elle se souvenait parfaitement de ce qu'il s'était passé avec Mulciber, et ce qu'il aurait pu se passer si jamais elle s'était retrouvée seule à ce moment-là. Cependant, James n'avait pas pu l'accompagner à la ronde. Il n'avait pas pu l'accompagner nulle part ces derniers jours. Elle ne pouvait pas réellement lui en vouloir : il était tellement pris par les cours de défense et les cours qu'il donnait à Alice - sans compter l'aide qu'il procurait chaque jours à Peter - qu'il avait de la peine à lui-même suivre avec ses propres devoirs. Cependant, il semblait le faire avec plaisir, avec engouement même. Lorsqu'il la voyait, elle sentait qu'il était heureux, presque léger. Les moments passés ensemble, bien que trop courts pour elle, lui faisait du bien. Alors, elle ne disait rien, par peur de tout gâcher. Elle ne disait rien du stress qui menaçait de l'engloutir et de la faire flancher. Elle ne disait rien du fait qu'elle avait penser à tricher au prochain test d'histoire, car elle n'avait pas eu le temps de réviser la matière. Elle ne disait rien du fait qu'elle maîtrisait la Défense contre les Forces du Mal de moins en moins bien, et que cela lui faisait perdre toute confiance en elle. Elle ne disait rien du fait qu'elle n'arrivait plus à suivre entre les cours qu'elle aussi donnait à Alice, l'aide qu'elle procurait à tous ceux qui venaient lui demander des explications, les options qu'elle avait choisies, les devoirs interminables et toujours plus compliqués à rendre, les rondes et les rapports qu'elle devait rendre au professeur Mcgonagall. C'était d'ailleurs de son bureau qu'elle revenait, le cœur battant. Car elle n'avait rien dit non plus à James sur le fait qu'il l'avait à nouveau laissé livrée à elle-même dans leurs devoirs de Préfets-en-Chef, et qu'elle avait une peur bleue à l'idée de traverser le château toute seule à une heure pareille pour aller rendre le rapport du mois à son professeur. Elle ne disait pas non plus à quel point elle se sentait seule, désormais qu'Alice et Nelly s'étaient rapprochées, et que ses rapports avec la deuxième se résumait à de telles banalités que ça lui faisait mal au ventre. Désormais que James passait de moins en moins de temps avec elle, et qu'elle se sentait comme si ses journées se résumaient désormais à être en cours, faire ses devoirs, aider les autres, faire ses rondes et aller se coucher. Cependant, c'était ce qu'elle s'apprêtait à faire, un goût amer, une peur tenace au ventre et avec l'angoisse de ne plus y arriver, de complètement craquer. Une fois arrivée devant le portrait de la Grosse Dame, elle se sentit rassurée. Elle dit rapidement le mot de passe, et fut ravie de voir que la Grosse Dame ne semblait pas d'humeur à lui faire la conversation. Une fois la porte refermée, elle put enfin détendre ses muscles. Ce fut de courte durée. Son souffle se coupa net face à la scène qui s'imposait à elle. Son cœur se mit à battre plus fort que jamais et, par réflex sans doute, elle se cacha et fit le moins de bruit possible. Sirius et Cassidy s'embrassaient. Elle pouvait voir à la manière dont ils le faisaient que ce n'était pas la première fois. Elle pouvait le sentir jusqu'à chez elle. Elle resta ainsi quelques secondes, ou peut-être quelques minutes, elle ne savait pas, avant de décider de passer à nouveau le portrait de la Grosse Dame et de prendre ses jambes à son cou. Son cœur s'accéléra encore plus, effrayée qu'ils l'aient vue. Sirius et Cassidy. Au fond d'elle-même, elle n'était pas choquée. Cette révélation n'avait pas des goûts d'inexplicable, il lui semblait plutôt que les réponses d'une énigme venait de s'étaler sous ses yeux. Elle comprenait désormais. Elle comprenait beaucoup de choses. Paniquée et se sachant pas que faire, Lily marcha, le cerveau brouillé vers le local des préfets-en-chef, donna le mot de passe et décida d'y passer la nuit sur le canapé, si jamais elle pourrait trouver le sommeil. C'était un nouvel élément qui venait s'ajouter aux autres choses dont elle ne pourrait jamais parler.