Elle ne se sentait pas bien. Elle se leva, et la sensation dans son ventre lui fit tourner la tête. C'était plus que ce qu'elle ne pouvait supporter. Elle courut dans la salle de bain, en pensant au premier abord qu'elle allait vomir. Mais elle n'en fit rien. Elle n'avait à réellement parler rien à vomir, étant donné qu'elle n'avait pas avalé un morceau depuis la veille au matin. « Ça doit être ça », se dit-elle en se passant un filet d'eau glacé sur le visage et la nuque. Elle se regarda : elle avait incroyablement mauvaise mine. Elle était blanche, avait de grosses cernes violettes sous les yeux et sa peau était terne et grise. Elle eut soudain l'impression d'avoir perdu beaucoup de poids. Cassidy n'aimait pas le reflet qu'elle vit dans le miroir, de la même manière qu'elle ne s'aimait actuellement pas du tout. Elle se détestait. Elle avait passé la plus grande partie de la nuit à se détester, à se maudire, même. Comment pouvait-elle être si nulle ? Elle avait tout gâché, elle le savait. Benjamin ne lui avait même pas proposé de rester dormir, et avait été très froid lorsqu'ils s'étaient dit au revoir. Et, pourtant, bien qu'elle savait qu'elle avait tout fait faux, qu'elle avait sans doute été pitoyable, qu'elle avait laissé ses blocages prendre le dessus, elle lui en voulait. Elle lui en voulait, car elle aurait eu besoin de la part de son petit-ami qu'il la comprenne, qu'il la prenne dans ses bras, qu'il lui demande comment ça allait. Cassidy savait que tout était sa faute : elle ne serait jamais comme les autres filles, elle serait toujours décevante aux yeux des garçons. Elle eut à nouveau envie de vomir. Le dortoir était calme : tout le monde dormait encore. Elle regarda Dorcas, dont le torse se soulevait doucement, qui semblait en paix avec elle-même. Bien qu'elle en aurait eu besoin, elle ne raconterait jamais à sa meilleure amie ce qu'il s'était passé. Pas parce que Dorcas était célibataire - elle était sûre qu'elle en savait beaucoup sur les relations entre hommes et femmes - mais parce que Cassidy en avait trop honte. Elle n'avait pas réussi à se détendre une seule minute, et, bien qu'il ne l'ait pas dit, la jeune femme savait que Benjamin était déçu. Qu'elle n'était pas à la hauteur. Qu'elle ne le serait sans doute jamais. En essayant de cacher ses cernes à grand coups de maquillage qu'elle ne maîtrisait pas et qu'elle avait piqué à Alice, elle s'habilla de manière la plus féminine possible, mit du parfum et sortit du dortoir avant même que les autres ne se réveillent. Elle déboula les escaliers de la salle commune de Gryffondor, passa le portrait de la Grosse Dame et, en essayant de penser le moins possible pour ne pas ressentir la même peur que le soir précédent, se rendit devant la salle commune de Serdaigle. Une fois devant, elle se sentit stupide : il n'était à peine que sept heures du matin, il n'y avait aucune chance pour que Benjamin soit déjà debout à cette heure-ci. Devait-elle l'attendre ? Ou frapper à la porte en espérant que quelqu'un veuille bien lui ouvrir ? Elle sursauta lorsqu'un Serdaigle de quatrième année passa la porte, et rougit lorsqu'il la regarda de manière suspecte. En secouant la tête, elle décida de rejoindre la Grande Salle et d'attendre une demi-heure avant de retenter sa chance. Elle voulut manger, mais chaque bouchée qu'elle prenait de pain perdue lui retournait le ventre. Afin de se changer les idées, elle s'essaya à ses devoirs, mais ce fut peine perdue. La Grande Salle commençait à se remplir d'autres élèves, et Cassidy ne se sentait pas à l'aise toute seule. Surtout, elle avait peur de voir son frère ou, pire, Sirius, et de devoir s'expliquer sur son petit-déjeuner matinal. Que pourraient-elle bien raconter ? « Hier j'ai fait l'amour avec mon petit-ami et c'était tellement catastrophique que je tiens à savoir s'il me hait pour toujours ou pas ? ». C'était impossible : James s'étranglerait dans son café et voudrait tuer Benjamin, et Sirius serait probablement content de la voir en peine. Pire, il penserait secrètement que ce n'était rien de nouveau à ses yeux. Le cœur battant, elle regardait nerveusement les portes à chaque fois que quelqu'un les passait. Soudain, son cœur manqua un battement : Benjamin était là. Accompagné de ses amis de Quidditch, de Marlene - que Cassidy détestait de plus en plus - et d'Emmeline. Sans se laisser le temps de réfléchir mais en menaçant de dégobiller à tout moment, la jeune femme se leva, prit ses affaires à la volée et, avant que le garçon ne puisse s'asseoir, l'intercepta. Elle l'attrapa par le bras, et lui sourit gentiment :
-Salut, dit-elle en essayant de se composer une tête détendue.
Benjamin ne lui répondit pas. A sa manière de la regarder, elle comprit qu'il y avait un problème. Son cœur se mit à battre, d'une manière qui n'augurait rien de bon. Il regarda sa main posée sur son bras, et Cassidy l'enleva immédiatement. Avec un air supérieur, il l'interrogea du regard :
-On peut parler ? dit la jeune femme d'une petite voix, qu'elle sentait trembler de plus en plus.
A la manière dont Marlene et Emmeline s'échangèrent un regard entendu et un sourire ironique, Cassidy savait qu'il leur avait parlé d'elle. Qu'avait-il pu bien dire ? Ce qu'il s'était passé, c'était entre eux. Et, bien que la Gryffondor était consciente qu'elle n'avait pas été assez détendue, elle ne pensait pas que Benjamin puisse pour autant être fier de sa performance à lui. Avec un soupir et en traînant des pieds, il la suivit hors de la Grande Salle. Elle choisit un coin reculé, et, lorsqu'elle se tourna vers lui, elle sut : elle sut que ce qu'elle craignait allait se produire. Elle sut que c'était perdu d'avance. Sa voix tremblait et s'étranglait plus que jamais lorsqu'elle dit :
-Je... On n'a pas reparlé depuis hier et... Je voulais savoir...
Benjamin la regardait en faisant celui que ça n'intéressait pas, mais, petit à petit, elle voyait un sourire se former sur ses lèvres. Elle en perdit d'autant plus ses moyens :
-Eh bien... On est toujours ensemble, pas vrai ?
Elle se détestait. Elle se détestait parce qu'une toute petite partie d'elle-même, qui n'était pas assez forte au moment présent, aurait eu envie de dire à Benjamin à quel point elle ne voulait plus être avec lui. A quel point elle avait détesté ce moment passé entre eux. A quel point il ne pouvait pas se permettre d'adopter cette attitude avec elle. Mais cette partie était noyée par celle qui se sentait stupide, nulle et pas assez bien. Cassidy avait envie de pleurer, mais contractait tous les muscles de son corps pour se retenir de le faire. Benjamin la regarda encore un moment avec une surprise feinte, puis il éclata de rire. D'un rire sans joie, cruel. Il remit son sac en place et dit :
-Désolé, je ne pouvais pas faire semblant plus longtemps. Tu es donc bien aussi idiote que tu en as l'air, à ce que je vois.
Chaque mot qu'il prononçait, chacun de ses rires lui donnait l'impression qu'on lui poignardait le ventre. Cassidy n'arrivait plus à maîtriser ses tremblements. Les larmes lui montèrent aux yeux, mais elle resta. Elle écouta, impuissante.
-Bon... Je veux bien t'expliquer ce qu'il se passe, car en réalité, je crois que tu me fais un peu pitié. Tu pensais vraiment que l'on était ensemble... Ensemble ? Enfin je veux dire... Toi... Et... Moi.
Benjamin disait le tout sur un ton complaisant, moqueur, comme s'il la plaignait vraiment. Cassidy sentit toute forme de force la quitter. Elle ne ressentait plus que de la douleur. De la pure et simple douleur.
-Non, désolé, mais ça ne se serait jamais fait. T'étais assez cool, c'est vrai. Tu changeais un peu des autres filles. Moins féminine, garçon manqué. Je pensais en réalité que tu serais un bien plus gros défi que ça ! Tu imagines... la sœur du phénomène James Potter ? La vérité tu vois c'est que... Je m'embêtais avec toi. Et puis bon... J'ai quand même voulu te donner une chance, voir ce dont tu étais capable... Bon, pas la peine de te dire que j'ai été déçu.
Il voulait lui faire mal, et ça marchait. Cassidy ne disait rien, mais les larmes coulaient à flot. Elle avait envie de vomir tellement son ventre la torturait. Elle était à terre, mais il continuait de la battre.
-Écoute, tu es une gentille fille et tout et c'est dommage que tu le prennes comme ça mais... Bien sûr que non, on n'est plus ensemble, rajouta-t-il avec un petit rire. Bon... eh bien... A plus !
Cassidy ne dit pas un mot. Lentement et avec douleur, elle ramassa son sac, en étant incapable de s'arrêter de pleurer silencieusement. Les jambes lourdes, la vue brouillée par son torrent de larmes, elle se mit en route avec peine.
-Au faite ! dit-il en se tournant soudainement comme s'il avait oublié de lui dire quelque chose.
Elle ne put que se retourner, en sachant qu'il allait lui mettre un coup fatal.
-Je me demandais quelque chose : est-ce que Sirius aussi t'a trouvée fade et décevante ? C'est pour ça qu'il est avec Marlene maintenant ? J'imagine que je le lui demanderai moi-même, lorsqu'il viendra avec ton frère défendre ton honneur !
Puis il s'en alla. Pendant quelques secondes, Cassidy s'arrêta de pleurer. Son cœur s'arrêta presque de battre. Il savait. Il savait pour Sirius et elle. C'était sa manière à lui de dire : ne dis rien à ton frère, je te tiens. Comme si le monde alentour n'existait pas, la jeune femme regagna faiblement la salle commune de Gryffondor puis monta dans son dortoir, où Dorcas se préparait.
-Hé Cassy ! Je te cherchais. J'ai dormi comme un bébé cette nuit et j'ai failli ne pas me révei...
Elle s'arrêta en voyant la tête de sa meilleure amie. Et alors, sans ne plus pouvoir se retenir, Cassidy lui tomba dans ses bras et pleura jusqu'à ce qu'il n'y ait humainement plus de larmes dans son système.
La semaine avait passé à une vitesse folle. Alors que le mois de mars avançait bien trop vite à son goût - car cela voulait dire que la fin de l'année approchait tout autant rapidement - Nelly fut tout de même ravie d'arriver enfin au vendredi soir. Car elle ne comptait pas reprendre ses devoirs avant le dimanche après-midi, mais aussi et surtout car cela voulait dire que c'était le moment de son rendez-vous d'avec Remus. Elle avait mangé plus vite que jamais, et avait éludé les questions de Lily et d'Alice lorsqu'elle était remontée rapidement dans la salle commune. Principalement car elle n'avait pas envie de dire à la première ce qu'elle allait faire le soir même. En effet, Nelly avait remarqué que la rousse s'était à nouveau rapprochée d'elle, et la soupçonnait de le faire uniquement car sa relation avec James n'était pas au beau fixe. Plus elle avançait, plus la brune en voulait à sa meilleure amie. Ou l'était-elle réellement encore ? Elle ne le savait même pas. Le fait était qu'elle se sentait bien à prendre de la distance avec elle, car elle n'avait plus envie de faire semblant. C'était pourquoi elle était remontée seule dans la salle commune afin de s'apprêter. Nelly était stressée, c'était indéniable. Mais moins que les fois précédentes. Peut-être parce qu'elle comprenait que Remus tenait réellement à elle. Qu'elle n'avait rien à prouver, qu'elle n'était pas autant peu à la hauteur que ce qu'elle ne croyait. Alors, la jeune femme avait remplacé la boule au ventre tortueuse qu'elle ressentait d'habitude par de l'excitation, d'enfin passer du temps seul à seul avec le garçon. Remus lui avait manqué. Elle se regarda une fois dans le miroir : elle se trouvait jolie. Elle s'était maquillée simplement, avait mis des habits chauds mais qui la mettaient en valeur. Ses cheveux sentaient le nouveau parfum qu'Alice lui avait prêté. En sentant son cœur battre un peu plus fort, elle descendit les marches du dortoir des filles et se rendit sur l'un des fauteuils de la salle commune, près du feu, afin d'éviter de devoir se sentir stupide en attendant Remus. Le stress commençait à la gagner un peu plus fort lorsqu'elle sentit une main se poser sur son épaule. C'était Remus. Elle lui sourit gentiment : il était beau, et il sentait bon. Elle se sentit immédiatement bien en sa présence. C'était l'effet que lui faisait le garçon : elle se sentait bien avec lui. Elle espérait que ç'en était de même pour lui. Mais, au vue du sourire qu'il lui faisait, elle savait que c'était actuellement le cas.
-Ça te dit qu'on aille se promener ? lui demanda-t-il.
Nelly regarda au-dehors : cela faisait des jours qu'ils n'avaient pas vus le soleil. Si la neige était définitivement partie et qu'il n'en restait que quelques traces sur les hauteurs, le temps ne s'était pas pour autant amélioré. Il était lugubre, morose, froid et pluvieux. Elle acquiesça tout de même pour ne pas le vexer, et surtout pour éviter les nombreux regards qui s'étaient déplacés vers eux. Elle se souvenait avoir été l'une de ces élèves de troisième et de quatrième année qui observaient les plus grands et les enviaient. Elle se sourit intérieurement : elle n'aurait jamais pensé que quiconque ne l'envie un jour. Pourtant, c'était aussi l'effet que Remus lui faisait : elle était fière d'être à ses côtés. Non seulement était-il un Maraudeur populaire, mais il avait de plus excellente réputation : tout le monde appréciait Remus. Indifférents aux personnes alentours, les deux jeunes traversèrent les couloirs et, bien emmitouflés dans plusieurs couches, sortirent dans l'enceinte du château. Nelly eut immédiatement froid, mais le grand air lui fit du bien : avec les cours et les devoirs, elle ne sortait que rarement. La nuit tombait déjà gentiment, et ça donnait à l'endroit un côté mystique qu'elle aurait en temps normal trouvé dérangeant mais, avec Remus, cela ne faisait que rajouter à son sentiment de sécurité. Ils parlaient de tout et de rien. Nelly sentit que lui comme elle étaient plus détendus qu'à l'ordinaire. Lorsqu'elle était sortie avec lui pour la première fois, leurs échanges étaient parfois superficiels. Bien que les sujets de leur conversation n'aient que peu changé, elle sentait qu'ils le faisaient de manière plus authentiques, en étant moins mal à l'aise. Ils longeaient l'enceinte du château afin d'éviter la pluie battante et rigolaient des tentatives du professeur Binns pour se rendre autoritaire lorsque Nelly sentit soudain son cœur battre. Fort, de manière désagréable. La boule dans son ventre était à nouveau revenue. Et ça n'était pas une sensation qu'elle appréciait. Au contraire, elle avait l'impression de perdre le contrôle, que le bien-être que Remus lui apportait s'envolait en fumée. Une bande de Serpentards s'avançaient vers eux. Remus les avait vu aussi, et s'était arrêté, en se rapprochant machinalement de Nelly. Elle sentit qu'il prenait sa baguette. Elle-même voulut en faire de même - au vu des têtes particulièrement contentes de Lucius et Mulciber elle savait que ce serait plus sûr- mais elle n'y arriva pas. Peut-être car une petite voix au fond d'elle-même, qu'elle détestait, lui intimait qu'il ne se passerait rien du tout. Car Lucius et Mulciber n'étaient pas seuls. Non seulement étaient-ils accompagnés de Crabbe et de Goyle - mais jamais Nelly ne pourrait les trouver un tant soit peu effrayants - mais il y avait aussi Rosier. Et elle sut lorsqu'elle croisa son regard que c'était à cause de lui que cette sensation dans son ventre était réapparue. Elle se colla à Remus, les tempes battantes. Il ne la regardait qu'elle, avec ce même air qu'il avait depuis plusieurs semaines désormais lorsqu'il la voyait. Elle pouvait le sentir : quand elle entrait dans la Grande Salle, quand ils se croisaient dans les couloirs, quand ils avaient les cours de potions. Et, bien qu'elle se haïssait à le ressentir, ça la déstabilisait.
-Tiens tiens tiens. Il semblerait que les Gryffondors soient de plus en plus courageux. Se balader seuls à des heures aussi tardives. Quelle imprudence.
C'était Lucius. Elle le fusillait du regard : il se croyait tellement fort, mais elle savait pertinemment que sans sa bande il ne valait rien du tout. James et Lily l'avaient prouvé. Soudainement, elle aurait eu envie que son amie soit là. La rousse était l'une des rares qui arrivait aussi bien à tenir tête au Serpentard : elle l'admirait pour cela. La vérité, c'est qu'elle n'était pas certaine qu'elle et Remus ne fassent le poids face à la bande. Elle prit sa baguette et la serra bien fort.
-On n'a pas envie de causer de problèmes. Passez votre chemin et on en fera de même, dit posément Remus.
Nelly enviait son calme, mais elle pouvait sentir son bras trembler légèrement. Ainsi, lui-même n'était pas aussi rassuré qu'il n'en avait l'air. Les Serpentards, au contraire, avaient des sourires carnassiers sur leur visage, se savant numériquement supérieurs. Lucius s'avança du groupe : il n'avait même pas sorti sa baguette, mais Crabbe, Goyle et Mulciber l'avaient fait. Rosier, lui, avait les mains dans les poches et Nelly pouvait sentir son regard comme s'il la transperçait. Le blond se mit à leur tourner autour et dire :
-Et pourquoi est-ce qu'on ferait ça ? On arriverait à vous prendre, ici, maintenant. Je ne peux qu'imaginer les réactions de Potter et de sa chère et tendre. Il me semble que tu n'es pas grand-chose sans la sang-de-bourbe, pas vrai ? dit-il en murmurant à l'oreille de Nelly.
Elle sentit une fureur la gagner. En faisant un geste dans sa direction, Remus la retint. Lucius l'aperçut et éclata de rire :
-En effet, ce serait vraiment drôle de voir à quel point vous n'êtes rien sans vos petits-amis.
-Que tu crois, lança Remus avec une assurance que Nelly avait rarement vu chez lui. Ce dont je me souviens, c'est que l'unique fois où tu as osé te promener sans ta bande qui te suit partout à la trace, Lily et James ont bien failli t'avoir, si Slughorn n'était pas arrivé. Il me semble que c'est pareil pour toi non ? continua le garçon en regardant Mulciber, qui le fusilla. Quant à nous, nous avons affronté de vrais Mangemorts, pas des petits garçons de pacotille qui jouent à qui sera le plus fort. Et tu vois, on est encore là.
Nelly regardait Remus comme si elle le voyait pour la première fois. Il était resté calme, posé, comme à son effigie. Mais il avait dit le tout avec assurance, et même avec un petit sourire qui venait appuyer ses propos. Elle-même souriait aussi. Lorsqu'elle regarda Rosier, ce fut avec un air de défi. Mais le garçon ne semblait pas le moins du monde contrarié, au contraire, il avait le même air suffisant et continuait de la regarder avec insistance. Les autres, cependant, fulminaient. Mulciber et Lucius s'avancèrent dangereusement, secondés de Crabbe et de Goyle.
-Oh tu crois ? Et tu ne crois pas que ça ait aidé d'avoir ce vieux Dumbledore qui est venu à votre rescousse ? Ils étaient six, ils vous auraient dégommé !
Remus s'avança vers Lucius - les deux garçons n'étaient plus qu'à quelques centimètres :
-Ah oui ? Et comment tu sais ça ?
La tension était palpable. Elle vit Mulciber lancer un regard à Rosier, qui perdit pendant quelques secondes son assurance. Remus et Lucius s'affrontaient du regard. Le blond n'avait toujours pas sa baguette dehors mais, au moindre mouvement, le Gryffondor serait assailli par les sorts des trois autres Serpentards. Nelly ne voulait pas que ça en vienne à ce point-là. Soudain, Lucius éclata de rire, fort et comme si quelque chose lui revenait en mémoire :
-Au faite, tu parles d'être seul dans les couloirs. Tu devrais dire à ton petit-copain que ce n'est vraiment pas prudent de se balader à Poudlard lorsqu'on ne sait pas se défendre.
-Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Remus rapidement.
Nelly sentait qu'il perdait du terrain et elle serra fort sa baguette. Lucius se rapprocha encore plus et susurra :
-Ce que je veux dire, c'est que l'unique raison que Pettigrow marche encore est dû à ma pitié.
La jeune femme sentit Remus se tendre et vit ses yeux changer considérablement. Lucius avait l'air de celui qui avait gagné. Remus le poussa, et, avant que le blond ne put faire quoi que ce fut, Nelly s'interposa :
-Arrêtez vous deux ! On ne va pas se battre ici. Ce ne serait bon pour aucun d'entre nous.
Ils étaient tous sur le qui-vive : Mulciber s'était dangereusement approché, Crabbe et Goyle entouraient Lucius qui avait cette fois-ci sorti sa baguette. Rosier avait enlevé ses mains de ses poches, et retenait désormais le blond qui regardait Nelly avec mépris.
-Oui, écoute ta petite-amie, Lupin. Ce ne serait pas bon pour toi. Vous autres Maraudeurs avez une sacrée habitude de vous cacher derrière vos copines, cracha-t-il en poussant Nelly.
Rosier l'avait retenu, et Lucius le regardait désormais en l'interrogeant du regard.
-Pas ici mec, dit gentiment Evan, que Nelly n'osait plus regarder.
Lucius s'enleva brusquement, et après un dernier regard meurtrier et en bousculant violemment Remus de l'épaule, il s'en alla. Mulciber suivait, tout autant menaçant. Crabbe et Goyle les suivirent. Sans un regard pour Remus, Rosier s'extirpa aussi, et passa tellement près de Nelly qu'elle sentit son cœur s'emballer. Pendant quelques secondes, les deux Gryffondors restèrent collés l'un à l'autre, la respiration haletante, leur baguette en mains.
-Je suis désolé, fit Remus d'une petite voix.
-D'avoir fermé le clapet à Malefoy ? Sûrement pas !
Ils se regardèrent et se mirent à rire. D'un rire difficile à contrôler. Après la tension qu'elle avait ressentie, ça faisait du bien à Nelly. Elle rangea sa baguette, et il en fit de même. En essuyant les larmes qui leur perlaient aux yeux, Remus dit :
-Est-ce que tu aimerais retourner au château ? Apparemment, être dehors ne nous réussit pas.
Nelly s'affola : elle ne souhaitait réellement pas arrêter le rendez-vous à présent. D'une part car elle avait peur de retomber sur les Serpentards - qu'elle s'efforçait de garder loin de son esprit - mais surtout car elle avait vu une autre facette de Remus, une facette qui lui avait plu. Et cela ne lui donnait pas envie de le quitter de sitôt. En sentant ses joues rougir, elle avala sa salive et dit timidement :
-Eh bien... On pourrait peut-être aller à l'intérieur, mais pas dans le château ?
Remus sembla ne pas tout de suite comprendre, et l'interrogea du regard, les sourcils froncés. Nelly se sentait rougir de plus en plus. Elle laissa échapper un rire nerveux :
-Eh bien... Tu connais plus d'endroits cachés que moi, non ?
Il sembla comprendre, et elle vit ses joues rosir à leur tour. Il la regarda cependant dans les yeux et dit :
-Suis-moi.
Ce ne fut pas une semaine agréable pour lui. Plusieurs choses étaient en jeu : les cours de Défense lui prenaient un temps tellement fou qu'il avait oublié de rendre à temps deux devoirs, ce qui lui avait fallu un simple avertissement de la part du professeur Binns, mais une retenue d'une demi-journée de la part du professeur Mcgonagall. Pour une raison qu'il était le seul à connaître, il ne voulait pas décevoir sa professeur, celle-là même qui avait mis en exergue le fait que pour être un Auror de qualité, il fallait être assez sérieux. Il avait envie de se montrer assez sérieux, mais trouvait de plus en plus difficile de gérer son emploi du temps, désormais que les entraînements de Quidditch avaient eux aussi commencé. Il devait avouer qu'il n'avait jamais connu une période aussi chargée à Poudlard, et n'avait l'impression de voir ses amis que pour parler des cours et des différentes stratégies. Les blagues lui manquaient, se moquer gentiment des professeurs lui manquaient. Il avait l'impression de devenir tout ce qu'il voulait éviter et, plus il essayait de lutter, pire ça devenait. Il aurait aimé pouvoir compter sur le soutien de Lily, mais ça n'était pas le cas. Depuis plusieurs jours, la rousse ne lui adressait plus la parole. Il n'avait absolument aucune idée de pourquoi c'était le cas, mais il en souffrait. Il aurait aimé pouvoir compter sur son soutien, mais elle l'évitait de toutes les manières possibles. Et, à réellement parler, bien que cette situation lui fut insupportable, il ne comptait pas revenir vers elle. Car il en avait assez d'être celui qui devait tirer les autres à lui. Personne ne lui demandait jamais comment ça allait pour lui, admirant probablement sa capacité à faire de tout une blague. Mais pour James, tout n'était pas drôle. Et, désormais, il le ressentait plus vivement que jamais. Bien entendu, il avait le soutien de Sirius, de qui il était désormais plus proche qu'il ne l'avait été les mois précédents. Mais son ami aussi avait ses propres problèmes, et, lorsqu'ils se voyaient, c'était justement pour essayer de faire de leur vie une base solide plutôt que pour tout oublier. Et c'était ce dont il aurait eu besoin : tout oublier. Car, à chaque fois qu'il voyait Lily, il avait envie de lui demander ce qu'il avait fait, pourquoi elle pouvait bien réagir de cette manière-ci.
-A quoi tu penses mec ?
La tête dans les nuages, James sursauta. Il se trouvait avec Sirius dans la salle commune, près du feu. Ils venaient d'être allés s'entraîner pour le Quidditch. James avait froid, et les deux se réchauffaient dans l'ambiance douillette des fauteuils près de la cheminée.
-A tout ce qu'il me reste encore à faire.
-Tranquille, c'est le weekend.
Sirius avait dit cela sans conviction. James le regarda de plus près : il était affalé sur le fauteuil, les yeux à moitié fermés. Lui non plus n'avait pas une mine exceptionnelle.
-Ouais, sans doute. Comment ça va avec Marlene ? demanda-t-il.
S'il passait un temps inconsidéré avec Sirius, les deux ne se confiaient plus autant de choses qu'auparavant. James remarquait que cela avait changé depuis qu'il était en couple avec Lily. S'il l'était encore. Il comptait changer cela.
-Elle va mieux. Elle a pu sortir de l'infirmerie et reprendre les cours.
-Cool, répondit James. Mais je voulais savoir comment ça allait avec elle ?
James vit son ami se redresser de quelques centimètres et inhaler bruyamment. Il connaissait trop bien Sirius.
-Ben... Tu vois. Je ne crois pas être la bonne personne pour elle.
James acquiesça. En effet, s'il adorait plus que tout son meilleur ami, il devait avouer que Sirius avait un côté sombre que lui-même ne comprenait pas. Bien entendu que James avait toujours apprécié la compagnie des filles, et s'était senti fier de leur plaire en retour. Mais il n'avait réellement été plus loin qu'avec deux filles, et il trouvait déjà que c'était assez compliqué sans en rajouter. Pour Sirius, c'était différent. Son ami semblait avoir un pouvoir d'attraction qui parfois fascinait James. Il comprenait ces filles, et à la fois ne les comprenait pas : comment pouvaient-elles penser qu'il changerait ?
-Ou peut-être qu'elle n'est pas la bonne pour toi, lui dit-il pour lui remonter le moral.
En effet, Sirius ne semblait pas se délecter de la situation, comme il le faisait à chaque fois. Et James ne pouvait pas s'empêcher de se demander pourquoi son ami avait tenu à s'embarquer dans une relation, au moment-même où lui-même gagnait enfin le cœur de Lily.
-Peut-être, éluda Sirius en haussant des épaules. Et toi ?
James comprit que son meilleur ami ne souhaitait pas s'étaler sur sa vie. Lui-même aurait aimé en faire autant, mais il avait tellement l'habitude d'être celui pour qui tout allait bien qu'il répondit :
-La routine : je l'énerve, elle s'en va avec son tempérament, et on se réconcilie.
Sirius rigola :
-Tu vas donc retourner vers elle ?
James réfléchit : il ne savait pas ce qu'il ferait si Lily lui annonçait que c'était terminé entre eux. Surtout qu'il était incapable de comprendre ce qu'il avait fait.
-Pas cette fois-ci.
Sirius hocha la tête, signe qu'il approuvait. James avait dit le tout sur un ton détaché, qui n'était absolument pas réel. Puis les deux amis se perdirent à nouveau dans la contemplation du feu, perdus chacun dans leurs pensées, incapables de les avouer à voix haute. Alors que James sentait ses yeux dangereusement se fermer, il sursauta lorsqu'il sentit Sirius lui taper sur l'épaule. Il l'interrogea du regard et suivit son doigt, qui montrait Lily qui, debout à côté d'eux, souriait timidement.
-Salut Lily ! lança Sirius.
-Salut, répondit-elle. James, je pourrais te parler un moment ?
En répondant par un sourire au regard entendu de son ami, James la suivit, en évitant de penser au fait qu'il était mort de peur par la conversation qu'ils allaient avoir.
C'était extatique. Et c'était la seule chose qu'elle pouvait ressentir. L'empressement, la chaleur, la gêne parfois aussi, mais qui était vite éclipsée par cette tension à combler qui émanait de la pièce. Remus avait compris son sous-entendu, et l'avait emmenée à nouveau dans la cabane des Maraudeurs. En entrant dans la pièce, la jeune femme s'était souvenue. Elle s'était souvenue du même empressement qu'elle avait ressenti la première fois, mais de la boule au ventre qui avait suivi. De l'impression d'anormalité, de solitude qui l'avait torturée des semaines durant. Nelly était pratiquement certaine qu'il n'en serait pas de même cette fois-ci. Car elle se sentait d'une certaine manière plus forte, mieux dans sa vie et dans sa peau que les semaines précédentes. Et elle pouvait ressentir qu'il en était de même pour Remus. Il l'embrassait comme s'il avait attendu cela depuis toujours. Comme si chacun de ses baisers lui redonnait l'oxygène qui lui manquait. Et Nelly lui rendait ses baisers. Elle ne comprenait finalement pas la sensation qui l'avait habitée après sa première fois. Mais dans tous les cas, elle se rendait compte que cela n'avait rien avoir avec Remus. Car elle avait envie du garçon. Lorsqu'elle regardait dans ses yeux, elle pouvait y percevoir une lueur que d'autres ne verraient sans doute jamais. Elle pouvait voir au-delà de l'élève sage et discret, aux traits toujours épuisés. Il y avait quelque chose dans le jaune de ses yeux qui attirait inexplicablement la fille, qu'elle avait envie de connaître, de comprendre. Et, dans ces moments, il semblait à Nelly que Remus se livrait au moins autant qu'elle-même. Dans ces moments où ils n'avaient pas besoin de parler, pas besoin de faire face aux silences gênants, ils se montraient sous leur vrai jour. Et c'était de cela dont Nelly avait besoin. C'était pour cela qu'elle avait été si perturbée la première fois. Car elle avait tellement l'habitude de jouer le rôle de celle qui ne dépassait jamais les limites, qui restait dans son coin, timide et renfermée, que cela l'avait déstabilisée que de se montrer - littéralement comme réellement - à nue devant quelqu'un. Mais, ce qu'elle appréciait cette fois-ci, c'était que Remus en faisait de même. Il n'essayait pas de se contrôler, de lui demander sans arrêt si tout allait bien pour elle, de s'excuser lorsqu'il faisait un geste maladroit. Il osait. Et Nelly aimait cette partie-là de lui. Elle se rendait compte qu'elle avait une confiance absolue en Remus. Qu'elle n'avait pas peur de lui. Qu'elle se sentait protégée, et une fille bien à ses yeux. Elle aimait la manière dont il la faisait ressentir. Et elle espérait être cette personne-là pour lui. Ces pensées s'arrêtèrent lorsque le garçon passa sa main sous son pull et le lui enleva prestement. Il la regarda dans les yeux, et Nelly perçut la lueur jaune - presque sauvage - qu'il avait. Ainsi, elle s'abandonna à l'instant présent. Elle l'agrippa par la nuque et accentua le baiser. Lui la tenait pas la taille en donnant l'impression qu'il ne la laisserait jamais partir. Et elle aimait cela. Elle-même passa sa main froide sur son ventre et sentit qu'il se contractait. Elle sourit :
-Désolée, murmura-t-elle en un souffle.
-Surtout pas, lui sourit-il.
De la même manière qu'il l'avait fait la première fois mais avec plus d'assurance, le garçon plaça leurs vestes sur le sol, et allongea la jeune femme. Il continua ses baisers, il continua à parcourir son corps de ses mains puissantes. Elle l'incita à venir plus près d'elle et se laissa complètement aller au moment. A l'instant même, Nelly se sentait bien. Elle se sentait séduisante, confiante, et, surtout, avait l'impression de redevenir normale.
Elle marchait, et espérait que le parcours allait durer longtemps. Seulement, il ne s'agissait que de quelque pas, pour se trouver dans le coin de l'entrée du local des Préfets-en-Chefs. Pour une raison qui lui échappait, elle n'avait pas envie d'y pénétrer. Peut-être parce qu'elle savait pertinemment ce qui allait se passer si c'était le cas, et qu'elle se sentait bien trop fatiguée pour cela. Alors Lily s'arrêta et, le cœur battant, regarda James.
-Eh bien... Je crois que je te dois des excuses, dit-elle.
Sa voix tremblait et elle devait respirer profondément pour être sûre d'avoir assez de souffle pour ne pas tomber dans les pommes. James semblait plus serein. Il avait les mains dans les poches et la regardait simplement. Il n'avait pas l'air de lui en vouloir, juste de ne pas comprendre. Lily sentit son cœur battre encore plus fort. Elle n'arrivait pas à le regarder dans les yeux, car elle savait pertinemment ce qui allait s'en suivre.
-Je... Je crois que ces temps je me suis sentie...
Elle craqua. Tout ce qu'elle retenait depuis bien trop longtemps, ce qu'elle n'osait pas montrer aux autres de peur qu'ils ne l'utilisent contre elle, ou parce qu'elle pensait que c'était une faiblesse que de se montrer vulnérable, implosa. Elle se mit à pleurer, les sanglots rendant ses explications difficiles :
-Je... Je me suis sentie vraime...Vraiment seule ces temps. Et... Et toi tu... Tu n'étais pas là... Et personne n'était...
James sortit ses mains de ses poches et l'enlaça. Et là, Lily se mit à pleurer pour la première fois devant lui. Une partie d'elle se détestait de le faire, mais elle était en même temps tellement soulagée de voir sa réaction, qu'elle se laissa aller complètement. Elle pleura pendant il lui sembla des heures et, sans un mot, il lui caressait les cheveux gentiment. Soudain, elle sentit qu'elle se calmait. Elle se détacha de lui pour se moucher et s'essuyer les yeux. Il n'arrêtait pas de la regarder, le même air compatissant et d'incompréhension sur le visage.
-Je... Je suis vraiment désolé Lily.
Il était sincère. Il était mal à l'aise, elle le voyait et elle-même se sentit soudainement stupide. En évitant son regard par une pensée infantile qu'il allait moins remarquer ses pleurs, elle haussa des épaules.
-C'est moi. J'étais à cran et... Je n'arrive pas à gérer mon stress, dit-elle les sanglots étant passé.
-Tu sais, tu peux me dire ces choses-là. C'est vrai... Je t'avoue que tu donnes tellement l'impression de réussir partout que... Je ne me suis pas posé la question de savoir comment tu gérais cela. Tu as l'air tellement... Sûre de toi.
Ce fut au tour de Lily d'hausser les sourcils.
-Et j'ai été égoïste, continua-t-il. Parce que moi aussi j'avais l'impression de couler complètement, et j'avais honte face à toi... Car toi tu gères tout : tes cours, les problèmes des autres, et même les devoirs de Préfets-en-Chefs... Et moi je ne fais les choses qu'à moitié : je rends mes devoirs au dernier moment, mes stratégies de Quidditch sont de plus en plus faibles et je mets toute mon énergie dans les cours de Défenses, auxquels j'ai l'impression de ne rien apporter. Alors je suis vraiment désolé Lily. J'aurais dû être là pour toi. Car non seulement tu as plus de choses en tête, mais tu fais les choses mieux que moi. Alors tu mérites que quelqu'un soit là pour toi.
Lily se mit à rire. D'abord doucement, puis de manière incontrôlable. James semblait déstabilisé mais, par contagion, se mit à rire lui aussi.
-On est stupide pas vrai ? dit-elle le nez bouché.
-Absolument, affirma-t-il avec un sourire qui se rapprochait plus du James qu'elle connaissait.
-Car toi aussi tu donnes l'impression d'être parfait, de gérer tout à la perfection. Si tu savais comme j'envie le fait que tu oses faire tes devoirs à la dernière minute, rendre des rapports bâclés mais qui passent au professeur Mcgonagall et que tu te sois lancé dans des cours de Défenses... Qui soit dit en passant sont absolument géniaux !
Ce fut au tour de James de rire doucement :
-Eh bien tu l'as dit, on est stupide... On pensait les deux la même chose mais de notre côté. Je suis désolé Lily.
-Moi aussi, dit-elle, gênée.
Soudain, le malaise entre eux s'intensifia. Ils avaient le regard fuyants. Lily se rendit compte que c'était la première fois qu'ils osaient se montrer vulnérables l'un envers l'autre. De plus, elle sentait que tous les deux voulaient se dire quelque chose. Quelque chose qu'ils ne s'étaient jamais dit. Mais aucun des deux n'en trouva le courage. A la place, James fit le premier pas et la prit encore dans ses bras, avant de déposer un baiser chaste sur ses lèvres.
-Il faut que tu m'expliques quelque chose Lily Evans.
-Dis-moi, sourit-elle.
-Comment fais-tu pour être aussi belle même quand tu pleurs ?
Elle rigola et le poussa gentiment. Puis, parce qu'aucun des deux ne sut trouver les mots, ils s'embrassèrent encore. D'abord gentiment, puis avec plus d'empressement. James la tenait proche de lui et il sembla à Lily qu'il voulait lui montrer par ses gestes à quel point il tenait à elle. Elle-même le lui rendait, en appuyant tellement fort sur sa nuque qu'ils semblaient ne plus pouvoir se décoller. Alors que la rousse se dit qu'ils allaient finalement finir dans le local des Préfets-en-Chefs, un bruit sourd dans le coin du couloir se fit entendre. Elle sursauta tellement fort qu'elle laissa échapper un petit cri. Ça lui rappelait un épisode qu'elle ne souhaitait revivre sous aucun prétexte. Et si Mulciber était dans le coin ? James, plus vif qu'elle, sortit sa baguette et elle en fit de même.
-Qui est là ? dit-il d'une voix qui se voulait rassurée, mais d'où elle perçut une pointe de nervosité.
Soudain, quelqu'un sortit de l'ombre. C'était bien un Serpentard. Le cœur de Lily se mit à battre fort, mais d'une manière qui lui faisait mal. Elle n'était absolument pas prête à ce qui allait s'en suivre. Pourtant, elle abaissa quand même sa baguette.
-Qu'est-ce que tu fais là ? dit-elle froidement.
-Je suis allé à la volière.
Severus avait le regard haineux, mais Lily pouvait y percevoir une telle souffrance qu'elle en eut immédiatement pitié. Il tenait ses fameux livres contre sa poitrine, mais lui aussi avait sorti sa baguette. Elle voyait que son poignet tremblait. Elle regarda James, qui lui avait perdu toute once de crainte, et n'abordait plus qu'un demi-sourire ironique.
-Eh bien Servilus, ça fait longtemps que l'on ne s'était pas croisé. Je vais me faire un plaisir de te rappeler des bons souvenirs.