Lorsque Peter se leva il n'était pas moins de midi, il avait dormi toute la matinée et n'avait entendu ni Remus se lever à huit heure puis revenir à 10h, ni James trébuchant sur un livre à neuf heures trente et encore moins Sirius qui s'était levé à onze heure. Non rien n'avait pu le tirer de son sommeil. Il avait dormi à poings fermés et lorsqu'il se réveilla aux alentours de midi il était tellement somnolant qu'il mit plus de trente minutes à chercher le livre de James. Il lui avait prêté et Peter tenait absolument à le lui rendre. Ainsi perdu dans son bazar il s'assit, posa les yeux sur sa baguette et s'écria :
« Mais oui ! Par Merlin réfléchis un peu ! Tu es un sorcier ! »
Il prit sa baguette et essaya de se rappeler de la formule « Alors on a dit le livre de James, comment est-ce la formule déjà ? C'est Oubliette, oui je crois que c'est ça lorsqu'on a oublié quelque chose ! Il ne faut pas dire quelque chose avant ? Peut-être Accio ! Oui je crois que c'est ça ! Donc Accio le livre et oubliette ? Non pas oubliette ?! Si ! De James il ne faut pas que j'oublie de dire l'oubliette euh... Le livre de James ! Quel idiot je suis ! » Il se concentra, du moins autant que cela lui était possible essayant de refreiner l'envie irrésistible qu'il avait de courir au buffet. C'est avec son ventre grassouillet qui gargouillait qu'il prononça le sort :
« Accio le euh... l'oublie... lettre de James ! balbutia-t-il ! »
Il jura en se traitant d'idiot d'être incapable de jeter un sort correctement, il observa la chambre et vit le sac de Remus bouger, le sort avait-il fonctionné ? Un morceau de papier froissé qui semblait avoir vécu de drôles de choses vola jusqu'à atterrir dans les mains de Peter. Ce dernier resta tétanisé pendant quelques minutes. Etait-ce la fameuse lettre dont tout le monde parlait ? Poussé par un instinct particulièrement curieux, il l'ouvrit et fut surpris par l'écriture étonnement soigné de James qui était habituellement illisible, mais Peter fut plus spécialement touché par les mots, ces mots doux, ces mots qui lui auraient donné l'impression d'être important si cette lettre lui était destinée, comment est-ce que James pouvait penser et écrire ce genre de choses ?
« J'ai hâte que tu retournes à Poudlard, Lily. C'est notre dernière année et je t'avoue que j'ai peur, j'ai peur de ne pas avoir le temps. J'ai peur de ne pas avoir le temps de te dire ce que je ressens, je t'aime et je veux retourner à Poudlard lorsque nos enfants auront battu le record d'heures de retenue accumulées (record détenu par Sirius et moi-même) ! J'ai envie de passer le restant de mes jours à tes côtés. J'aimerais tellement que tu puisses juste une seule seconde imaginer notre futur. Toi, moi et nos enfants jouant avec le chat dans le jardin, des sourires béats sur nos visages. Lily je me répète, je me perds mais j'aimerais tellement que tu saches à quel point je t'aime ! »
Peter resta abasourdi par ce passage, c'était un mélange de James et d'une autre personne que seule Lily pouvait connaître, James était devenu une sorte d'inconnu qui vivait avec lui. Il se sentait quelque peu jaloux de tout cet amour, jamais il ne connaîtrait une telle histoire il en était persuadé. Il ne voulait pas que Lily lise ça, il voulait garder James pour lui, c'était son ami, il le partageait déjà avec Remus et Sirius et à eux trois ils lui étaient déjà amplement suffisants.
Peter décida donc de jeter cette lettre, il descendit discrètement les escaliers même si les alentours étaient vides, en effet tout le monde était en train de déjeuner et tant mieux, il ne souhaitait croiser personne. Sa prière silencieuse ne fut pas exaucée lorsqu'il tomba sur le Professeur Dumbledore. Peter regarda autour de lui, cherchant une issue de secours, le directeur était toujours au courant de tout. Il devait savoir, Queudver était sûr qu'il allait lui prendre la lettre pour la remettre à James voire pire, à Lily :
« Monsieur Pettigrow, puis-je vous demander pourquoi vous n'êtes pas en train de manger comme tout le monde ?
-Euh... Je ... Je n'avais pas faim, bredouilla-t-il.
Dumbledore soupira, il paraissait amusé, Peter ne comprenait pas pourquoi, il était sûr qu'il savait pour la lettre et si James l'apprenait il ne lui pardonnerait jamais.
-Nous savons tous les deux que cela n'est pas la vraie raison, déclara le directeur d'un ton espiègle.
Ce fut comme un coup de poing dans le cœur effrayé du Gryffondor, ce cœur courageux et peureux à la fois. Pour la première fois de sa vie il décida de la jouer franc jeu, il sortit alors la lettre froissée,
-Tenez professeur, j'avoue. J'ai peur que James ne nous laisse tomber pour cette... Lily ! Faites-en ce que vous en voulez ! »
Et il partit rapidement en direction de la Grande Salle, laissant là Dumbledore les bras ballants et la main refermée sur l'objet le plus recherché de tout le château. Il fronça les sourcils et se demanda ce qu'il allait faire du bout de papier donné par Pettigrow alors qu'il voulait juste lui reprocher de s'être levé si tard.
Lorsque Peter entra dans la Grande salle, il découvrit ses trois amis en grande discussion, Sirius faisait de grands gestes, Remus était calme et James ne disait rien, il avait l'air vraiment énervé :
« Je te promets Remus je n'y ai pas touché ! s'écria Sirius
-Je te crois mais comment est-ce qu'elle a pu disparaître ?
-Je n'en sais rien Lunard ! Crois-moi j'ai déjà eu assez de problèmes à cause de ce bout de papier pour le restant de mes jours !
Aux mots « bout de papier » le cerveau de Peter sonna l'alarme, vite il fallait qu'il trouve une excuse.
-Tu n'as rien vu Queudver ? demanda Remus, d'ailleurs où est-ce que tu étais passé ?
-Euh... J'étais avec Dumbledore et non je n'ai rien vu, enfin j'ai entendu du bruit mais j'ai supposé que c'était l'un d'entre vous donc je n'ai pas ouvert les yeux, baragouina-t-il.
-Tu crois que quelqu'un d'autre l'a prise ? demanda alors James d'un air inquiet.
-Cela me paraît un peu gros, raisonna Remus, ne t'inquiète pas j'ai sans doute mal cherché et le bruit provenait probablement de l'un d'entre nous. »
James hocha la tête et finit le reste de son assiette. Peter se sentit un peu coupable mais se dit que la lettre était entre de bonnes mains et que même si James et Lily finissaient ensemble, il réussirait bien à les séparer un jour.