La première fois que Dorcas eu le droit de mettre une robe aussi blanche que la cire des bougies que confectionnaient sa mère, c’était pour mettre les pieds à Godric’s Hollow. Dans cette prestigieuse demeure qui surplombait la plus haute des collines. Celle aux colonnes torsadées sur le perron, et dont les murs étaient si remplis de fenêtres qu’il n’existait plus aucune barrière entre l’intérieur et l’extérieur. Ce manoir avait toujours été féérique pour la fillette qu’était Dorcas. Elle s’imaginait que de jolies fées vivaient au sein de cette habitation, et que tout n’était que silence et fragilité. Alors qu’elle ne fut pas sa surprise lorsque ces fées imaginaires laissèrent leur place à un petit garçon des plus agités, qui passait plus de temps à courir qu’à marcher.
La première fois que James fût obligé de mettre une chemise et une cravate, il venait d’avoir six ans, et ses parents l’y avaient contraint pour accueillir convenablement un collègue de son père. Celui-ci venait pour prendre le thé, en compagnie de son épouse et de leur jeune fille, du même âge que James. L’enfant turbulent qu’était le fils Potter s’était imaginé cette fillette comme une empotée récalcitrante qui passerait plus de temps à rêvasser dans les jupons de sa mère qu’à grimper aux arbres avec lui. Alors qu’elle ne fût pas sa surprise lorsque cet esprit délicat fut remplacé par une effronterie nuancée en un joli sourire malicieux et en deux grands yeux bleus obscurs.
La première fois que James Potter et Dorcas Medaowes s’étaient rencontrés, c’était un dimanche de printemps. Jamais une journée de mai n’avait été aussi ensoleillée et les deux enfants avaient disparus une bonne partie de l’après-midi, s’adonnant à des courses poursuites dans les champs voisins, bouchonnant les chevaux dans les écuries, grimpant dans les arbres, pour finir dans les cuisines en grignotant des choux à la mélasse en quantité indéfinissable. Aucun des deux enfants n’avaient l’habitude de jouer avec d’autres personnes que leur ami imaginaire ou que leurs elfes de maisons, et ils étaient plus que ravies de pouvoir partager quelque chose avec quelqu’un qui leur ressemblait un tant soi peu.
James était vif là où Dorcas était raisonnée. Elle était minutieuse, là où il était bordélique. Il était impulsif là où elle était timorée. Mais malgré ces différences, leur amitié n’avait cessé de croitre au fil des années, si bien que leur arrivée à Poudlard n’avait rien changé à cette relation qu’ils avaient construit avec le temps. L’un à Gryffondor, l’une à Poufsouffle, ce n’était plus aussi évident que lorsqu’ils avaient six ans, mais les bases d’une amitié solides étaient toujours présentes.
Puis d’autres amis arrivèrent, les pendants masculins et féminins de chacun. Sirius Black pour James et Emmelie Vance pour Dorcas. Et les saisons délavèrent ces bases… les transformèrent en quelque chose de différent, de plus subtil. Ils ne passaient plus tout leur temps ensemble, mais ils savaient que leurs attaches resteraient toujours aussi profondes, toujours aussi ancrés en eux.
En tout cas jusqu’à ce jour… jusqu’à cette fameuse nuit où tout bascula de l’autre coté de la barrière.
Cette fameuse nuit où James et Dorcas se séparèrent pour toujours.