― Le Veritaserum est le sérum de vérité le plus puissant de tous, enseignait le professeur Slughorn devant sa classe de sixième année. Trois gouttes seulement suffisent à vous faire révéler vos secrets les plus intimes. On reconnaît cette potion à son aspect incolore et inodore, ainsi qu’à ses effets immédiats, soit une incapacité de mentir et une élocution plus ou moins monocorde.
Il plongea une louche dans le chaudron sur son bureau, dont le feu éclairait sa grosse moustache de morse, quand James et Remus, dans le fond du cachot, ricanèrent silencieusement.
― Chut ! souffla Lily à côté d’eux, tandis qu’elle prenait des notes.
― C’est parce qu’ils se moquent de Patmol, expliqua Peter à voix basse.
― Pourquoi ? Parce qu’il a laissé tomber les cours de potions pour pouvoir baiser plus souvent ? railla-t-elle d’un ton amer. Je vous l’accorde. Ces derniers temps, Sirius Black a grimpé des échelons dans le crétinisme.
James cessa de sourire.
― Sirius Black est mon meilleur ami ! protesta-t-il avec une indéfectible loyauté. Bon, c’est vrai qu’il a changé un peu depuis que les filles lui courent après, mais malgré tout...
― Malgré quoi ? s’emporta Lily en plantant sa plume dans l’encrier. Malgré les nombreux mensonges qu’il te balancent tout le temps pour justifier ses retards et ses absences ?
― Est-ce qu’il y a un problème, Miss Evans ? demanda le professeur Slughorn qui se redressa derrière son bureau, son gros ventre menaçant de renverser le chaudron devant lui.
Lily se détourna immédiatement des Maraudeurs.
― Non, ça va, désolée, répondit-elle en repoussant ses cheveux roux derrière ses oreilles.
Le professeur Slughorn lui accorda un sourire indulgent et reprit son cours comme s’il n’avait pas été interrompu.
― Le Veritaserum est une potion très complexe à réaliser. C’est pourquoi nous commencerons par l’élaboration d’un philtre de Mort Vivante, plus simple. La liste des ingrédients figure à la page 167.
― D’accord, murmura James en ouvrant son Manuel avancé de préparation des potions. Tu as raison, Lily. Patmol a un sérieux problème de mensonges. J’étais justement en train de dire à Lunard que ce serait bien de lui faire boire un peu de Veritaserum...
Dans la pénombre d’un placard à balais, Sirius soumettait une jolie Poufsouffle blonde, dont il avait oublié le nom, à de grands coups de reins effrénés. Retournée devant lui, la jupe relevée jusqu’à la taille, elle s’agrippait aux tablettes en étouffant de discrets soupirs entre ses dents. Sirius s’immobilisa dans le plus profond de ses chairs, puis déchargea tout le contenu de sa jouissance dans un long râlement.
― C’était bon ? demanda timidement la Poufsouffle, haletante, avant de redescendre sa jupe.
― Excellant, mentit Sirius.
En réalité, il aurait préféré qu’elle se libère davantage dans les cris de plaisir. Après tout, il n’avait pas jeté le sort d’impassibilité sur la porte pour rien.
― Mais là, je ferais mieux d’y aller tout de suite, dit-il en remontant son pantalon. J’ai promis à Cornedrue de le rejoindre après le cours de potions.
― Tu ne vas plus aux cours de potions ?
― Non, je ne supporte plus Slughorn. Si après toutes ces années, il ne s’est pas encore rendu compte que j’étais mieux que mon frère...
Il chassa une araignée sur sa ceinture et rattacha sa braguette.
― Enfin, bon. Je dois vraiment y aller. Je pense même être en retard. La cloche est sonnée depuis combien de temps ?
La Poufsouffle, les cheveux en désordre, sortit sa baguette magique, prononça la formule du Lumos et consulta sa montre.
― Depuis trente minutes déjà...
― Merde ! Tant que ça ?
Aussitôt, Sirius se rua dans le couloir et se dirigea vers les portes arrière du château. Une fois dans la cour baignée de soleil, il repéra rapidement James et Lily près du lac. Il s’avança vers eux en recoiffant ses mèches brunes sur son front et en reboutonnant sa chemise.
― Hé ! lança-t-il en adoptant une allure désinvolte. Salut !
― Patmol ! s’écria James en s’élançant joyeusement vers lui. Enfin, tu es là ! Écoute, il faut que je te raconte un truc ! La potion de Queudver, tout à l’heure, était si ratée qu’elle a explosé ! Mais ne t’inquiète pas, il va bien. Lunard l’a accompagné au dortoir pour qu’il change de vêtements. Il y avait de la potion partout autour de lui !
― Ha ha ! s’esclaffa Sirius dans un rire qui ressemblait à un aboiement. Queudver est trop bête ! Comment avez-vous fait pour éviter les éclaboussures ?
― Lily a agi aussi vite que l’éclair avec un sort de protection, pas vrai, Lily ? En tout cas, tu aurais dû voir la tête de Slughorn. Et meilleur encore, la tête des Serpentard à la table juste devant lui !
Et tandis qu’ils rigolaient, Lily se croisa les bras d’un air hostile. Sirius cessa de rire.
― Quoi ? interrogea-t-il sur la défensive. Qu’est-ce qu’il y a ?
― Où étais-tu pendant que nous t’attendions, Black ? demanda-t-elle. Tu avais promis à James que tu serais là sans aucun retard.
― Et alors ? Puisque je suis là quand même...
― Tu n’as pas de parole, Black !
― Mais si ! affirma Sirius pendant que James roulait les yeux. C’est juste que... que j’ai eu un empêchement de dernière minute.
― Oui, c’est ça, comme d’habitude, dit Lily, méprisante. Qui est-ce qui était l’heureuse élue, cette fois, qui a pu passer du bon temps avec toi dans ce superbe placard ?
Sirius se sentit rougir jusqu’aux oreilles.
― Ce n’est pas grave ! intervint James qui s’empressa d’entraîner son ami plus loin. Allez, viens, Patmol. Allons s’étendre un peu à l’ombre du hêtre.
Mais à peine ils firent trois pas, qu’une petite gargouille de pierre surgit devant le nez de Sirius qui poussa un cri.
― Queudver ! s’exclama-t-il. Mais ôte ça de là, c’est laid !
― Cette gargouille a pris les traits de ta tronche, dit Peter, furieux, en agitant la statuette dans sa main. Tu peux m’expliquer un peu pourquoi ?
― Hein, quoi ?
Sirius examina plus attentivement le visage de la gargouille. En effet, la sculpture avait modifié magiquement ses traits pour lui ressembler de façon grossière.
― Mais qu’est-ce que... ? balbutia-t-il, perplexe. Qu’est-ce que... heu... c’est ça... ?
― Qu’est-ce que ça veut dire ? articula plus intelligiblement James. Pourquoi cette... chose a le nez de Patmol ?
― Parce qu’il a mis son doigt dans sa bouche ! s’emporta Queudver, les joues cramoisies. Il ne fallait pas faire ça ! Maintenant que ses lèvres se sont scellées, un contrat magique les lie, tous les deux ! Tu lui as demandé quelque chose ?
― Mais non ! s’écria Sirius, pendant que des élèves curieux autour tournaient le regard dans leur direction. J’ai mis mon doigt là, d’accord, mais c’est parce que l’inscription sous les pieds me promettait des plaisirs divins si je le faisais ! Mais je ne lui ai rien demandé !
C’était faux. Il avait évoqué le souhait de conquérir en un clin d’œil la fille la plus canon de l’école, Fanny Karline, la Serdaigle qui lui résistait encore. Mais ça, Peter n’était pas obligé de le savoir.
― Cette gargouille appartient à mon père ! dit Peter en la fourrant dans sa poche, les yeux humides. Et maintenant, je ne pourrai plus la lui redonner à cause du visage modifié. Il ne savait pas que je la lui avais empruntée.
― Il n’y a pas moyen de la ramener comme avant ? demanda Lily qui les écoutait en fronçant les sourcils.
― Je ne sais pas, pleurnicha Peter. Si oui, je ne sais pas comment. Mais mon père sera furieux ! Pourquoi fallait-il que tu mettes ton doigt dans sa bouche, Patmol ?
― Eh bah, tu n’avais qu’à ne pas la laisser traîner ! répliqua Sirius.
― Elle était cachée sous mon lit !
― Ça va, ça suffit ! s’impatienta James. Va voir à la bibliothèque, Queudver. Tu trouveras peut-être des informations là-dessus. Maintenant, j’aimerais bien profiter de ma pause avec Patmol avant le prochain cours !
― C’est quoi, déjà, le prochain cours ? interrogea Sirius.
― Métamorphose.
― Oh, Merlin !
Sirius se frappa le front du plat de la main.
― Je n’ai pas encore terminé le devoir !
― Comment ça ? dit James avec incrédulité. Tu avais une période libre entière pour le faire tout à l’heure ! Et puis tu m’avais promis que tu finirais ton devoir pour qu’on puisse passer du temps ensemble aujourd’hui !
― Je sais, mais... mais il était plus long que prévu et... et j’ai aussi eu quelques empêchements et... Enfin, bref, je dois y aller, désolé !
Le portrait de la grosse dame pivota et Sirius entra dans la salle commune d’un pas vif. Assises devant le feu de la cheminée, trois filles le fixèrent d’un regard envieux. Sirius leur adressa des sourires séducteurs et, en passant devant elles, question d’entretenir sa réputation d’irrésistible charmeur, leur lança des compliments d’une voix suave :
― C’est beau, tes cheveux. Et toi, ton maquillage est juste parfait. Wouaoh, jolie taille ! C’est moi ou tu as perdu du poids ?
Les filles rougirent en gloussant.
Sirius s’engouffra dans l’escalier et ouvrit la porte du dortoir. Remus y était présent, occupé à retirer ses livres de son sac.
― Bonjour, Patmol, salua-t-il d’un ton tranquille. Ta période libre s’est bien passée ?
― Ouais, pas mal, je bossais fort sur mon devoir de métamorphose, mentit-il. Mais je ne l’ai pas terminé. Il faut vite que je le finisse avant le cours de tout à l’heure.
― Ah, dommage. C’est Cornedrue qui sera encore déçu. Il s’attendait à passer du temps avec toi aujourd’hui, avant la fête de ce soir.
― La fête... ?
― Mais oui ! s’exclama Remus avec découragement. Patmol, ne me dis pas que tu as oublié l’anniversaire de ton meilleur ami !
Sirius eut l’impression de recevoir un coup de poing dans l’estomac.
― Son anniversaire ! répéta-t-il en s’effondrant sur le lit, les mains sur la tête. Ah non ! C’était aujourd’hui ? J’ai oublié ! Qu’est-ce que je vais faire ? Je ne lui ai même pas acheté de cadeau ! Je suis nul !
― Ce n’est pas grave, soupira Remus. Tu n’as qu’à lui donner le mien en lui disant que c’est de toi. Tu comptes plus pour lui que moi.
Il se dirigea vers sa table de chevet dont il ouvrit le tiroir et se saisit d’un petit paquet rectangulaire, emballé dans du papier à imprimé de vifs d’or.
― Voilà, dit-il en lui tendant le cadeau. Il sera heureux de recevoir ça de toi.
― Oh, merci, Lunard, tu me sauves la vie ! dit Sirius en rangeant le paquet dans sa poche. Tu es un ami en or ! Mais toi, qu’est-ce que tu vas lui offrir ? Tu n’as plus rien !
― Ne t’inquiète pas. J’avais prévu lui donner un deuxième cadeau en bonus. Je lui donnerai celui-là et ça suffira.
― D’accord. Super. Merci encore.
Ragaillardi, Sirius se leva et alla chercher son devoir au pied de son lit dans sa pile de livres et de papiers pêle-mêle. Sa dissertation sur la métamorphose humaine était à peine entamée. Il s’installa sur son lit, en s’efforçant de cacher à Remus son rouleau de parchemin presque vide d’écriture, s’appuya le dos contre l’oreiller et s’activa à la tâche.
― Au fait, reprit Remus après un moment de silence, debout près de la porte. Sibylle Trelawney... tu sais, la Serdaigle un peu... dingue ? Eh bien, elle m’a demandé de te faire parvenir un message...
― Et... ? dit Sirius sans lever les yeux de son devoir, la plume à la main.
― Comme elle a eu vent que tu te donnais pour mission de coucher avec toutes les filles de l’école avant la fin de l’année prochaine, elle se demandait quand ce serait son tour...
Sirius s’étrangla d’un fou rire en rabaissant son parchemin.
― Toutes les filles sauf les moches, rectifia-t-il.
― Tu te donnes vraiment pour mission de coucher avec toutes les filles avant la fin de l’année prochaine ? s’indigna Remus, les yeux ronds.
― Mais non ! se rattrapa rapidement Sirius. Ce n’est qu’une rumeur débile qui court sur moi !
― Ah, oui, ouf ! Quand même... Et qu’est-ce que je lui dis, alors ? Elle attend une réponse. Je lui dis qu’elle est moche ?
― Absolument pas ! Sinon elle va venir me prédire ma mort à chaque occasion ! Dis-lui que... que je la garde pour la fin, c’est bon ? Comme un dessert. Comme ça, ça va la tenir tranquille pendant un bon bout de temps.
― D’accord..., répondit Remus, incertain. Et il y a aussi ton frère. Il dit qu’il en a marre de recevoir des beuglantes de votre mère en colère parce que tu ne réponds jamais à ses lettres.
― Qu’elle aille se faire voir ! Si j’ai fui la maison, c’est justement pour avoir la paix !
― Je lui dis ça ?
― Non ! Je n’ai pas envie qu’elle vienne en personne à Poudlard pour m’étrangler ! Dis à mon frère que je suis trop occupé dans mes études pour lui répondre.
Remus hocha la tête.
― D’accord... Et une dernière chose...
― Quoi ?
― Karline souhaite te voir. Elle t’attend devant la tapisserie de Barnabas le Follet.
Aussitôt, Sirius bondit de son lit en laissant tomber son parchemin, sa plume et son encrier, et se rua hors du dortoir en manquant de bousculer Remus au passage.
La gargouille avait fonctionné. Depuis tout ce temps à avoir fantasmé sur Fanny Karline, voilà enfin qu’elle frétillait d’envie pressante de lui arracher son pantalon. Rien qu’à y penser, tandis qu’il parcourait les couloirs à toute vitesse, un sang chaud pulsait dans son bas-ventre.
Devant la tapisserie, qui représentait quelques trolls en tutu, Fanny l’attendait patiemment, une main sur la hanche. De longs cheveux noirs retombaient en cascade sur ses épaules. Ses yeux brillaient d’un vert profond. Sirius ralentit l’allure et finit de s’approcher d’un air décontracté.
― Salut, dit-il en s’efforçant de maîtriser son halètement. Tu voulais me voir ?
― On a besoin de toi, dit-elle d’un air hautain, un peu froid. Tu peux venir au sommet de la tour d’astronomie après dîner ?
― Heu... Qui ça, on ? demanda Sirius, déçu d’être accueilli sans plus de chaleur que ça.
― Tu verras. Sois au sommet de la tour à huit heures tapantes, sans faute.
Elle le darda d’un regard appuyé, puis ses yeux se baisèrent sous sa ceinture.
― Tiens donc..., railla-t-elle avec malice. C’est moi qui te fais cet effet ? Jolie bosse...
Dans un sursaut, Sirius replaça son érection dans son pantalon.
― Heu... ouais... merci..., balbutia-t-il en rougissant.
― Six heures tapantes, répéta-t-elle d’un ton ferme. Et sois à l’heure !
Sirius revint au dortoir, l’esprit envahi d’interrogations. Que lui préparait Fanny avec ce rendez-vous improvisé ? Qui est-ce qui représentait ce on ? Avec un peu de chance, elle lui préparait une délicieuse partouze au clair de lune. Cette perspective lui fut si excitante qu’il eut de la difficulté à se concentrer sur son devoir.
James entra à son tour au dortoir et vint s’asseoir au bord de son lit, près de celui de Sirius.
― Tu as presque fini ? demanda-t-il avec espoir.
― Non, j’en ai encore pour toute la pause, désolé.
― Ah...
James baissa la tête, les doigts jouant avec un pan de draps. Derrière son parchemin, Sirius l’observa du coin de l’œil, mal à l’aise.
― Tu... heu..., hésita-t-il. Tu n’as pas des devoirs à faire, toi aussi... ?
― Je me suis couché tard hier pour tout finir avant aujourd’hui, expliqua James d’un ton morne. Je voulais vraiment passer ce temps avec toi, mais... Ce n’est pas grave. Une autre fois...
Sirius se sentit encore plus mal. Une amère culpabilité lui nouait les entrailles. James paraissait si triste. Pour lui remonter un peu le moral, il décida alors de lui donner son cadeau tout de suite.
― Hé, vieux, tu sais quoi ? dit-il en affichant une mine joyeuse. J’ai quelque chose pour toi !
Il posa son parchemin et sa plume sur le lit et se redressa en position assise devant James. Il sortit le petit paquet de sa poche et le lui tendit avec un sourire.
― Joyeux anniversaire, Cornedrue !
― Wouaoh ! s’exclama James avec bonheur. Tu y as pensé !
― Mais oui ! dit Sirius avec une fausse dignité. On n’oublie pas l’anniversaire de son meilleur ami, quand même !
― C’est quoi ?
― C’est... heu... bah, ouvre-le et tu verras !
James s’exécuta. Les déchirures du papier à imprimé de vifs d’or volèrent en tous sens, puis il s’écria, encore plus heureux :
― C’est un nouveau jeu de bataille explosif ! Génial !
― Super !
― Justement, j’en voulais un neuf !
― Moi aussi ! Je veux dire, j’avais hâte de pouvoir jouer une nouvelle partie avec toi ! L’ancien a cramé à force d’exploser.
― On joue tout de suite ?
― Oui ! Heu... non, je ne peux pas...
James perdit instantanément son sourire et son air morose lui revint.
― C’est bon, je comprends, dit-il tristement. Tu as encore ton devoir à terminer...
― C’est ça..., dit Sirius avec douleur. Mais je te promets que ce soir, pendant ta fête, on jouera plusieurs parties !
― Ça serait cool...
― Je te le promets !
Pendant le cours de métamorphose, chacun s’exerçait, avec sa baguette magique, de transformer leur main gauche en sabot de cheval. Celle de Severus Rogue se changea en tentacule visqueux et Sirius s’esclaffa si ouvertement qu’il reçut les ventouses en pleine face. Pendant que James vengeait son ami en brandissant son sabot de bœuf, Lily se tourna vers Peter et l’aida à se débarrasser de la pince de homard qu’il s’était fait pousser par maladresse.
― Merci, dit Peter en se frottant la main.
― Tu dois effectuer des cercles avec ta baguette, conseilla-t-elle gentiment. Pas des ovales. Les ovales, c’est pour les crustacés.
― De toute façon, je suis nul en métamorphose, marmonna-t-il tandis que le professeur McGonagall se précipitait entre James, Sirius et Rogue pour les séparer. En plus, mon père me le dit souvent, que je suis nul. Je lui ai pris sa gargouille dans l’espoir d’avoir un peu de succès, mais il a fallu que Patmol me la prenne avant moi.
Rogue tomba par terre et essaya ensuite de se relever. Mais son bras, à présent entièrement changé en tentacule, rendit le mouvement difficile. Dans le tumulte de rires qu’il déclencha dans la classe, Lily resta cependant concentrée sur Peter.
― C’est quoi, cette gargouille ? murmura-t-elle d’un air grave. Je me suis informée à la bibliothèque. Dans la réserve, plus précisément, et... Peter, cette gargouille est une Garbouillie, un objet de magie noire !
― Ah oui ? dit Peter d’un air perdu. Tu es sûre ?
― Quand on lui insère un doigt dans la bouche, la Garbouillie promet, en quelque sorte, de nous offrir les plaisirs les plus divins, mais aux dépens des autres et de façon très malsaine. Elle a réduit la vie de plusieurs sorciers en bouillie à travers les siècles. Pour la soumettre à un autre maître, il faut lui dévisser la tête.
― Alors, dévissons-lui la tête ! dit Peter, le visage illuminé. Mon père vient de m’envoyer une lettre. Il dit que si je ne lui redonne pas sa gargouille avant demain soir, il viendra en personne à Poudlard pour me donner des coups de balai. Je ne peux pas la lui redonner avec le visage de Patmol, tu comprends, sinon je recevrai pire que des coups de balai !
― Mais on ne peut pas non plus lui dévisser la tête ! Le risque est mortel ! Je ne sais pas trop ce qui sortira de la Garbouillie si on la décapite, mais c’est certainement très dangereux. Il faudrait un sorcier expérimenté pour faire ça.
― Je vais demander à Dumbledore...
― Pas question ! s’affola Lily. Dumbledore va reconnaître Sirius sur le visage de la Garbouillie et puisque c’est un objet de magie noire et donc interdit à Poudlard, il le renverrait sûrement de l’école ! Et James serait effondré...
― Mais qu’est-ce que je fais, moi, alors ? gémit Peter. Je ne veux pas recevoir des coups de balai !
― Je... je vais réfléchir à une solution...
Lorsque la cloche sonna, Lily rangea ses affaires dans son sac et sortit dans le couloir derrière Sirius qui plaisantait avec James et Remus.
― Vous avez vu la tronche de Servilus, quand mon sabot a écrasé son tentacule ? On a perdu quelques points, mais bon. Ça en valait la peine.
― Black ? dit Lily en l’arrêtant d’un geste. Je peux te parler ?
― Quoi ça ?
Elle s’excusa auprès des autres et entraîna Sirius plus loin.
― Écoute, dit-elle à voix basse. Peter et moi devons te parler de quelque chose d’important. Est-ce qu’on pourrait se voir ce soir ?
― Ce soir ? Hum, je ne crois pas que je serai là...
― Comment ça ? s’indigna-t-elle. Ce soir, c’est l’anniversaire de James ! Ne me dis pas que tu as oublié !
― Ah oui ! Bien sûr ! Mais non, je n’ai pas oublié ! mentit-il.
Depuis que Fanny lui avait donné ce rendez-vous au sommet de cette tour, il n’avait pensé qu’à ça.
― Je vais être là, ne t’inquiète pas.
― Tu as intérêt !
Elle le foudroya du regard, puis repartit à grandes enjambées, ses longs cheveux roux se balançant derrière son dos.
Un peu plus tard, à huit heures juste, Sirius montait l’escalier en colimaçon de la tour d’astronomie. Il se résignait à l’idée de ne pas rester longtemps, malgré son désir fou de profiter de la partouze toute la nuit. Si seulement l’anniversaire de James était tombé un autre jour...
Arrivé au sommet, il poussa la porte de bois et avança sur le balcon. Adossée aux remparts crénelés, baignée des lueurs du soleil couchant, Fanny Karline l’attendait avec son air hautain, ses longs cheveux tombant dans son sublime décolleté plongeant.
― Bonsoir, Black, susurra-t-elle, les yeux brillants.
― Salut, répondit Sirius, un peu nerveux.
Il regarda autour pour découvrir les autres filles avec qui il jouirait également. Une seule autre fille accompagnait Fanny. Une silhouette dotée d’une crinière ébouriffée par le vent surgit de l’ombre du mur. Ses paupières étaient lourdes, enduites de maquillage épais, et ses lèvres s’étiraient en un sourire sadique.
― Bonsoir, cousin, dit Bellatrix Black, d’une voix dure.
― Aaaaargh ! cria Sirius en reculant de plusieurs pas. Mais qu’est-ce qu’elle fait là, elle ? Tu... tu ne veux quand même pas qu’on fasse ça avec ma cousine ?
― Qu’on fasse quoi ? interrogea Fanny en levant un sourcil. Je t’ai donné rendez-vous ici parce que Bellatrix a des ennuis.
― J’ai besoin de ton aide, vois-tu, dit Bellatrix d’un ton sarcastique. La petite garce, là, Macdonald, vient de me surprendre en plein ébat sexuel avec Rodolphus.
― Ah oui ? dit Sirius sans savoir quoi dire exactement. Et alors ? Elle a aimé ça ?
― Elle nous a dénoncés à la McGo, imbécile ! pesta Bellatrix. Et là, la vieille bique nous convoque à son bureau demain ! Si je veux éviter le renvoi, il faut que je trouve une histoire en béton pour la convaincre de mon innocence. Et c’est pour ça que tu es ici, mon cher cousin adoré...
Elle réafficha son sourire cruel et s’approcha d’un pas menaçant.
― C’est vrai que tu es plutôt habile dans le mensonge ? demanda-t-elle d’une voix chantante.
― Heu... je ne sais pas trop..., marmonna Sirius avec appréhension.
― Selon ma nouvelle amie Serdaigle, il paraît que oui, alors tu vas mentir pour moi, très cher.
Elle lui agrippa le collet et l’attira vers elle, le nez tout près du sien.
― Quelles sont tes idées pour faire croire à la McGo que Rodolphus et moi n’étions pas dans cette salle de classe abandonnée en train de s’offrir la baise du siècle ? Tu as une minute pour me répondre, sinon je t’écrase une couille.
― Heu... J’étais avec Rodolphus à ce moment-là, ici, dans cette tour, et on jouait aux échecs ! inventa rapidement Sirius.
― Parfait ! dit Bellatrix en le relâchant. Je t’attends demain, dans le bureau de la McGo. Sois présent, sinon je t’écrase les deux couilles en même temps.
Elle fit mine de presser un scrotum invisible, presque avec passion, puis elle disparut derrière la porte de bois. Sirius se frotta la gorge en déglutissant.
― Je hais cette fille, confia-t-il à Fanny, qui n’avait pas bougé du rempart. Elle m’a toujours fiché la trouille. Pourquoi tu lui as parlé de moi ?
― Peu importe, coupa Fanny. Parlons plutôt de ce qu’on pourrait bien faire ici, au sommet de la tour, tous les deux, devant ce merveilleux coucher de soleil.
Surpris, Sirius la regarda s’approcher de lui. Un air salace se dessinait à présent sur son visage. Elle le poussa contre le mur, descendit la main le long de sa chemise et lui attrapa le sexe à travers son pantalon.
― Je ne sais pas pourquoi, murmura-t-elle tout près de ses lèvres, mais j’ai soudain un furieux désir de te baiser comme un animal.
― Ah... ah oui... ? balbutia Sirius en s’enflamment sous ses paroles.
― Ouvre la bouche.
― Quoi ?
― Ouvre la bouche !
Perplexe, Sirius s’exécuta et Fanny lui versa alors le contenu rosé d’un petit flacon. Il avala de travers en toussant.
― C’est quoi ? demanda-t-il.
― Du Sexumtentia. Une potion qui te fera durer toute la soirée entière.
― Toute la soirée ?
Fanny jeta le flacon par terre, qui se brisa, et s’empara brusquement de ses lèvres comme une affamée. Sirius étouffa un gémissement contre sa bouche. Pendant quelques secondes, il s’abandonna aux caresses brûlantes de sa langue contre la sienne, puis il la repoussa dans un sursaut.
― Je ne peux pas ! s’affola-t-il. Je ne peux pas toute la soirée ! C’est l’anniversaire de mon meilleur ami ce soir et...
― Trop tard ! Tu es à moi ce soir ! ricana Fanny en lui détachant la ceinture. De toute façon, la potion ne te donnera pas le choix. Je te hanterai tant et aussi longtemps que tu ne m’auras pas remplie de ton superbe foutre.
― C’est bon ! dit Sirius en s’attaquant à son décolleté. Dans ce cas, on va faire ça vite.
― On va faire ça lentement ! C’est moi qui suis aux commandes !
Elle ouvrit sa braguette d’un geste brusque et se baissa devant lui sans le quitter de ses yeux avides. Sirius retint son souffle. Elle était si appétissante. Il aurait volontiers passé la nuit entière avec elle, mais il ne le pouvait pas. James l’attendait.
― Joyeux anniversaire, Cornedruuuuue ! Joyeux anniversaiiiiiiire ! terminaient de chanter ses amis autour de James dans la salle commune.
Une grosse bougie trônait au milieu du gâteau au chocolat. Des Pétards mouillés du Dr Flibuste explosaient autour. Tous les élèves riaient et plaisantaient joyeusement ― hormis James, qui gardait une mine triste sous son chapeau de fête. En le voyant, Lily réprima une envie de pleurer.
― Je suis désolée, James, mais Sirius n’arrive pas.
― Mais il m’avait promis qu’il serait là...
― Je sais, mais...
Le cœur serré, elle se retourna vers Peter.
― Tu ne l’as vraiment retrouvé nulle part ? demanda-t-elle.
― Non, vraiment nulle part. Si seulement Rusard ne nous avait pas confisqué notre carte du Maraudeur...
― Mais où est-il, bon sang ? s’exclama-t-elle en se prenant la tête à deux mains.
Les élèves autour cessèrent de sourire. Peu à peu, un silence de malaise s’installa dans la salle.
― Lily... ? dit alors timidement Remus.
Il s’avança en lui montrant un petit mot sur un papier plié en forme d’oiseau.
― Ça vient d’arriver...
Lily s’empara du message qu’elle déplia dans un geste tremblant d’appréhension, puis lut à voix haute les mots qui s’y inscrivaient :
― Cornedrue. Je m’excuse sincèrement de ne pas pouvoir être là, mais j’ai un important empêchement de dernière minute. J’espère que tu comprendras. Pour me faire pardonner, je te promets de passer tout l’après-midi avec toi demain. Joyeux anniversaire !
Le mot glissa des doigts de Lily. Lorsqu’elle releva la tête, elle vit une mince larme couler le long de la joue de James. Mais il l’essuya rapidement du dos de la main en reportant son attention sur le gâteau.
― Ce n’est pas grave, dit-il d’une voix qu’il s’efforçait de tenir égale. Il a sûrement une bonne raison... Comment elle fonctionne, déjà, la bougie que tu m’as donnée, Lunard ?
― Ferme les yeux, formule un souhait dans ta tête et souffle, répondit Remus en échangeant un regard chagriné avec Lily. Et espérons qu’il se réalise.
James ferma alors les paupières, les serra étroitement comme s’il y mettait tout son cœur, puis souffla la flamme.