Assis dans un bar moldu, Marcus buvait son cinquième whisky. Il était arrivé là un peu par accident. Il errait, ne savait pas trop où aller pour oublier sa peine ou au moins l'atténuer. Il finit son verre d'une traite. Il lui avait parlé deux jours plus tôt, tout semblait aller bien. Elle paraissait heureuse et souriait beaucoup. Elle n'avait jamais été une gamine triste et n'était pas devenue une adulte mélancolique mais Marcus se rappelait que ce jour-là précisément son sourire était spécial. Il ferma les yeux dessinant derrière ses paupières closes les traits de son visage. Ses yeux aussi verts que les siens et son nez droit qu'elle tenait de lui. Les taches de rousseur parsemaient ses joues, et ses cheveux bruns et indisciplinés encadraient son visage.
— Un autre ! lança Marcus en reposant son verre sur le bar.
— Vous êtes sûr, Monsieur ? questionna le barman.
— Un autre, insista-t-il.
L'homme attrapa la bouteille de whisky et lui remplit son verre. Marcus le prit et l'amena à hauteur de son visage. Il esquissa un sourire triste tout en observant le liquide ambré.
— Elle a toujours détesté le whisky, déclara-t-il soudainement.
— Ah bon ? demanda le barman.
— Elle n'aime pas l'odeur et le goût non plus. Par contre, le rhum ça elle aime ! Elle adore même ! Avec un peu de jus d'orange...
— Un punch, vous voulez dire ?
— Ouais ! Un punch, c'est ça ! Un punch ! C'est quoi ce nom de toute manière ? Ça vous ressemble bien à vous les Moldus de donner des noms improbables aux boissons. Comment il s'appelle déjà l'autre-là... ? Ah oui ! Sex on the beach ! Sex on the beach ? Vous avez déjà essayé de faire l'amour sur la plage vous ?
Il posa son regard sur le barman. Ce dernier secoua la tête négativement tout en essuyant ses verres.
— Eh bien moi je peux vous dire que ça craint ! Ça craint vraiment beaucoup ! Le sable c'est pas un truc qui rigole ! Ça s'infiltre partout ce truc-là... même dans des endroits que vous n'auriez jamais cru possible.
Marcus porta sa boisson à ses lèvres et en but une gorgée.
— Vous savez faire les mojitos ?
— Euh... Oui bien sûr. Vous en voulez un ?
Marcus secoua la tête négativement tandis qu'un sourire étirait ses lèvres.
— Elle aime ça aussi le mojito. Moins que le punch mais quand même.
— Elle va venir vous rejoindre ?
— Non, elle peut pas.
— Ah elle vous a quitté ? questionna le barman d'un air compatissant.
— Comment tu sais ça ?
— Vous n'êtes pas le premier fraîchement divorcé à venir ici, rétorqua l'homme.
— Hein ? De quoi tu me parles ? Je suis pas divorcé ! s'écria Marcus. Je suis pas divorcé, ok ?
— Ok... Ok... Pardonnez-moi, je ne souhaitais pas...
Le barman s'arrêta dans sa phrase en voyant que Marcus était en train de sangloter. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait un homme pleurer sur son bar mais cela restait tout de même rare. Son frère avait toujours été bien plus doué que lui lorsqu'il s'agissait de résoudre ce genre de situation.
— Allez Monsieur ! Je suis sûr que ça va s'arranger avec votre femme.
Marcus n'était pas beau à voir. Les larmes coulaient le long de ses joues et se perdaient dans son cou. Les yeux rouge, les cernes sous ces derniers donnait l'impression qu'il avait pris dix ans en une journée.
— Ma femme ? Pourquoi tu me parles de ma femme ? C'est ma fille dont je te parle moi ! Ma petite fille chérie ! bredouilla-t-il tandis que les sanglots le reprenaient.
Sa fille ? Ok ! Le barman se retint de pousser un soupir. Il ne savait pas ce que sa fille avait bien pu faire à son vieux père mais cela semblait assez grave.
— Elle... Elle... Comment on va faire ? C'est pas normal ! marmonna Marcus entre deux sanglots. C'est pas normal. C'est... C'est pas aux enfants de partir les premiers. Non !
Marcus secoua la tête et le barman écarquilla les yeux. Avait-il bien compris ce que le vieil homme avait dit ?
— Elle s'appelle comment votre fille ? questionna-t-il essayant de ne pas montrer son hésitation.
— Eu... Eurydice, rétorqua-t-il. J'ai une photo, dit-il en attrapant son portefeuille.
Il en sortit une photographie de sa fille lors de son mariage et la posa sur le bar. Le barman se pencha pour regarder et cligna plusieurs fois des yeux. Devenait-il fou ? Il aurait juré que les gens sur la photo bougeaient. Avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, Marcus récupéra le cliché et le regarda en souriant.
— Elle l'aime vraiment son Weasley vous savez ! Elle l'aime, ça se voit... Je pourrais avoir un autre verre ? demanda-t-il après avoir fini le sien d'une traite.
— D'accord, rétorqua le barman en lui en versant un.
Marcus le porta à ses lèvres. L'alcool ne l'aidait pas à oublier autant qu'il l'aurait souhaité, mais il avait l'impression qu'au moins la douleur dans son cœur était un peu moins violente.

Tout l'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling, je ne touche donc pas une seule mornille pour mes écrits.
Nuit du 28 janvier 2017.
Thème : Atténuer
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