Étoiles et Écureuils de Josy57

Étoiles et Écureuils par Josy57

[71 Reviews]
Imprimante

Chapitre ou Histoire
Table des matières

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Note de chapitre:

Texte écrit au cours de la nuit du 20 janvier 2024 au réponse au défi scénaristique "une glace est brisée dans votre récit"

TW: allusions potentiel TCA

Dans le rêve, elle s’approchait de la coiffeuse de sa mère. La chambre était plongée dans la pénombre mais une lueur étrange s’accrochait à chaque flacon dont elle avait longtemps contemplé les merveilles liquides et secrètes lorsqu’elle était enfant, par l’entrebâillement de la porte interdite.

Dans le rêve, il n’y avait personne pour l’arrêter. Alors, elle laissait glisser ses doigts sur les petites bouteilles taillées comme des diamants, sur le poudrier en argent, sur les boîtes serties, pleines d’onguents et de lotions, ces précieux écrins qui brillaient de reflets de lune entre ses mains. Toutes ces choses qu’elle avait tant désirées autrefois.

Lorsque sa mère était de particulièrement bonne humeur, elle l’asseyait parfois sur ce siège molletonné, trop haut pour que ses pieds touchent le sol. Elle brossait ses cheveux avec la belle brosse au manche ouvragé, elle lui laissait se mettre un peu de son parfum au creux des poignets et la plus infime ombre rose sur les joues.

Dans le rêve, il n’y avait personne pour dire qu’à trop flatter la jeunesse, on la flétrit. Alors, elle ouvrait tous les pots, toutes les crèmes et tous les fards. Elle se mettait mille nuances de rouge et de rose, tracées en lignes insensées au travers de son visage. Elle redessinait les contours de ses yeux en cercles incertains, concentriques, comme les rides d’un vieil arbre. Elle le faisait sans penser. Comme elle avait vu Andromeda, adolescente, se pencher au-dessus de la table déserte encombrée des restes d’une réception et prendre, à l’aveugle, des cuillères de chaque plat, vite, vite, avant que les elfs finissent de débarrasser. Vite, vite, combler le néant pour ne pas qu’il la rattrape. Vite, vite, alors même qu’elle sentait déjà son souffle contre sa nuque.

Comme pour Andromeda, sans doute, il y avait la brève euphorie de la chute libre. Libre. L’instant suspendu où on ne sait pas bien si on s’envole ou si on sombre. La poignée de secondes de répit où ça n’a pas d’importance. Et puis, inévitablement, l’impact. La transe se brise et tout se brise avec elle.

Dans le rêve, elle finissait toujours par lever les yeux. Lentement, terrifiée à l’idée de découvrir son œuvre. L’étendue des dégâts. Mais ce n’était jamais son reflet qu’elle croisait. À la place du miroir, il n’y avait que des morceaux. Des morceaux de sa mère, tout fêlés de dégoût. Elle n’aurait pu imaginer comportement pareil et certainement pas de sa part. Des morceaux de ses sœurs qui, elles, n’avaient jamais eu droit d’accès au sanctuaire de la chambre et de la coiffeuse. Ses sœurs à qui elle n’avait ressemblé et qui, chacune à sa manière, étaient si loin maintenant. Des morceaux de son mari, qui se détournait toujours pour ne pas soutenir son regard. Des morceaux de toute sa laideur, ancrée si profondément sous la peau qu’aucune poudre ni pommade ne saurait la couvrir.

Note de fin de chapitre :

Si ce texte vous a plu et que vous souhaitez en lire davantage sur Narcissa telle que je l'imagine, je suis conseille ma fanfiction Frigide.

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