Il y a maintenant quelques années déjà,
A l'école de sorcellerie arriva
Une jeune fille, son don n'était que d'eau,
Et personne ne prédit ses actes, beaux.
La baguette en bois clair et d'un bleu pur, les yeux,
Son esprit était vif et son art merveilleux,
D'une simple geste elle créa des arcs, des palais,
D'eau uniquement et d'air, scintillants en mai.
Mais le temps passa et la Philene grandit,
De son ruisseau calme et doux un torrent naquit,
Et voici son histoire telle qu'elle fut,
Sans enjolivement et sans que rien n'est tu.
En une belle matinée, un prétendant
Pour elle refusa la main de son amie.
L'innocente aimée du désespoir qu'elle vit,
Retrouva l'amoureux malheureux dans les champs,
Près de la superbe fontaine en pierres dorées.
L'eau d'un turquoise clair reflétait le ciel bleu,
Des gouttes jaillissaient un arc-en-ciel joyeux,
Le sol était de fleurs, blanches et lilas, orné.
« Pourquoi fis-tu du mal à son cœur, Erico ?
Demanda fort naïvement la jeune fille.
Jamais Charis ne t'a blessé ou de toi ri.
Tu ne trouveras pas de ta vie aussi beau.
Comme si une telle femme te repousse,
Tu brisas sans plus de cérémonie son cœur.
Mais ne t'attendras pas à mon amour, malheur !
Tu refusas le sien, que l'eau devienne mousse,
Je ne t'accorderais jamais que mon dédain. »
Sur ces mots rageurs elle voulut l'ignorer,
Mais Erico, assez courageux, agacé,
Se plaça devant elle en plein dans son chemin.
« Tu as beau parlé là, ta toge si pure,
Tu ne caches comme moi rien qu'un cœur cruel !
Et si dehors on te croit toujours tout miel,
Je t'affirme je vois autour du cœur le mur.
Tu parles de mes actes, alors que toi aussi
Des cœurs tu brises autant, crois-moi, j'en suis certain,
Jamais tu ne me laisseras tenir ta main
Alors que je regrette, l'amour tu me le pris.
Tu ne critiques que ce que tu fais toi-même,
Occupe-toi plutôt de l'arbre dans tes yeux,
Que de la brindille qui me rend amoureux.
Je ne comprends même pas pourquoi, si fort, je t'aime. »
La jeune sorcière n'apprécia pas ces mots,
L'insulta de tous noms, et sortit sa baguette,
Le garçon l'imita, les sorts tels des fléchettes
Fusaient de l'un à l'autre, lorsque d'un bassin l'eau
Après un sort coulait à flots ininterrompus.
Si dans un premier temps les sorciers rien ne virent,
Puis ne purent ignorer qu'il leur fallait d'agir.
L'eau de la fontaine, dès qu'elle fut aperçue,
Sembla s'écouler plus rapidement, magie,
Et son pouvoir finit d'achever le travail,
Les bassins se brisèrent à partir de l'entaille
Que le sort avait fait. La source d'eau jaillit
À l'air libre depuis des siècles une première,
Le marbre par terre s'éparpille en morceau,
Les statuettes s'en vont, emportées par l'eau,
L'eau, libérée, retomba sur les fleurs et pierres,
Et les adolescents regardèrent, effarés,
Ecarquillés les yeux, la bouche grande ouverte,
Ne pensant pas à temps qu'il faut donner alerte,
Où leur absurde dispute les a menés.
Le torrent liquide trempait déjà le sol,
Des flaques se formaient, la terre devint molle,
Et des petits ruisseaux innocents furent nés.
Si tout cela n'était pas inquiétant en soi,
Ce qui effrayait n'était que la direction.
En effet le liquide eut cette réaction
De couler selon de la gravité la loi,
Ainsi se dirigeait vers leur aimé lycée.
Les flaques s'agrandirent, déjà gigantesques,
Et les petits ruisseaux changèrent en fleuves presque.
Jamais ne se vide la source de la fée,
Et par conséquence l'eau se multipliait.
La grande quantité fut alors menaçante
Pour l'école grecque de magie, nommée Xanthe
D'après le dernier roi de Thèbes, que liait
À la magie le feu sacré qui ne s'éteint.
Il fallait empêcher l'eau d'atteindre l'école,
Sans utiliser le théorème de Rolle,
Dévier le cours d'eau, cette eau claire, argentin.
La dispute interrompue, les deux sorciers cherchent
Une solution à leur énorme problème.
« Faisons disparaître l'eau, toute entière même »
Proposa la garçon. « Ou alors on l'assèche. »
« Comment t'imagines-tu cela, imbécile ?
Nous n'en avons même ensemble pas le pouvoir.
Nous ne pouvons qu'attendre le bon vouloir
De Poséidon, des nymphes et être bien docile. »
« Fataliste que tu es ! Ainsi t'abandonnes
Le lycée qui est tant, qui nous a tout appris,
Qui t'a montré ton don, qui n'a jamais de prix,
Qui s'occupe de nous, qui toujours tant nous donne.
Alors ne reste pas sans même essayer.
Ne donne pas tord à tes pouvoirs magiques,
Et réfléchit à ces conséquences tragiques
Qui arrivent sinon, de la carte rayée
Sera notre école. Tu ne peux vouloir ça ! »
Convaincue de tenter vainement l'impossible,
La fille sa baguette lève vers la cible,
Mais déjà elle la baisse : « Et maintenant ? C'est ça ! »
S'exclama-t-elle pleine de joie. « Aquafons. »
Quelque peu du fluide éclaboussa alors
Mais cela ne faisait que mouiller les boutons d'or,
Un regard échangé, Erico sans une once
De bon sens érigea là un bassin en terre,
Tandis que son aimée tentait de contrôler
Toute cette quantité d'eau pas moins gelée.
Le lycée pour l'instant protégé, de la pierre
Fit apparaître le garçon pour la fontaine.
Il l'imagina en marbre blanc et rosée.
Dès que la dernière ... fut posée,
Il l'enchanta avec l'aide de la Philene,
La source magique fut satisfaite enfin
Et la nouvelle fontaine en pierre adoptée.
Il ne resta alors plus l'eau qu'à disperser.
La fille s'en chargea à recours de sorts fins,
Aussitôt s'étendaient des canaux par les champs.
Erico fit alors disparaître la terre,
L'eau partit comme prévu direction la mer,
Aux berges où elle passe, apparurent en rang
Céréales et fleurs, et même quelques baies.
De la mésaventure ne resta que boue.
Philene se dressa droite et fière debout,
Et sans utiliser son bâton en bois vrai,
Elle ordonna à l'eau de partir sans tarder,
De sécher les herbes, et de s'évaporer.
Ses pouvoirs semblaient lui échapper, l'eau monter,
Le garçon eut déjà peur que tout soit gâché,
Mais dans le ciel bleu clair soudain l'eau éclata
Et les champs tout entier furent arrosés de gouttes
Scintillantes au soleil, alors plus aucun doute,
Elles retombèrent sur le sol où poussa
À chaque impact une tige de sarrasin.
Pendant que les sorciers jubilaient de l'exploit,
Le directeur de Xanthe arriva par les bois.
Alors qu'ils le craignaient, il tapa dans ses mains,
Et les félicita avec enthousiasme.
« Rarement je n'ai vu de tels sorts magnifiques,
Et toute cette eau est surtout bénéfique,
Ne me regardez pas ainsi, pas de sarcasme !
L'eau est un don des dieux, surtout celle d'ici,
Elle nous permet d'aider les moldus qui ont faim,
Ces plantes ne sont là que grâce à l'eau soudain.
Cette fontaine est tout pour eux, pour nous. Merci. »