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Sélections du mois


 

Nous affichons sur la page d’accueil de HPFanfiction les textes de Les Nerles et Catie qui ont remporté la Sélection Drago Malefoy de juin 2023 !

Pour le mois de septembre, venez lire la Sélection Eté des Fiertés LGBQTIA+ ! Vous pouvez découvrir six histoires bienveillantes et voter jusqu'au 30 septembre ici.

Et pour continuer dans une bulle de douceur, rien de tel que la sélection Feelgood, qui attend vos propositions de textes jusqu’au 30 septembre sur cette page ou en commentaire de cette news ! Vous aurez ensuite le mois d’octobre pour lire les textes et voter.

Intéressé.e par un projet de changement de format des Aspics ? Venez postuler auprès de l'Équipe, par MP à Lilychx, CacheCoeur, Tiiki ou PititeCitrouille, en réponse à cette news, ou par mail à podiums[at]herosdepapierfroisse.fr !

 

 

 

 


De L'équipe des podiums le 10/09/2023 15:53


135e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 135e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Samedi 30 septembre à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et à vous inscrire !

Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.

A très bientôt !


De L'équipe des Nuits d'HPF le 05/09/2023 20:21


Mise à jour du règlement d'HPFanfiction


Afin de continuer de vous proposer du contenu de qualité et de renforcer notre position concernant le traitement des violences sexistes et sexuelles, le règlement du site HPFanfiction a été mis à jour ! Ces modifications sont avant tout faites pour faire du site un espace le plus sécurisant et agréable possible pour le plus grand nombre.

Les modifications concernent les points 24, 25 et 27.

Les Trigger Warnings (TW) et Content Warnings (CW) sont désormais obligatoires et les avertissements doivent être ajoutés dans les warnings de la fic et en début de chapitre. Nous comptons sur vous pour bien relire les points concernés (et pourquoi pas tout le règlement, tant qu'à faire !), ainsi que pour veiller à appliquer ces consignes.

Nous avons également créé un nouveau warning Relation toxique / abusive, et nous vous invitons à en lire la définition sur la page de définition des ratings et warnings.


De Equipe de modération d'HPFanfiction le 14/08/2023 16:59


134e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 134e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 25 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !

Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.

A très bientôt !


De L'équipe des Nuits d'HPF le 01/08/2023 12:14


133e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,


Nous vous informons que la 133e édition des Nuits d'HPF se déroulera le samedi 22 juillet à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les Nuits d'écriture en vous inscrivant ici !


Pour en savoir plus sur les Nuits, on vous explique tout sur ce topic.
A très bientôt !


De L'équipe des Nuits d'HPF le 06/07/2023 18:54


Sélections du mois


Félicitations à Amnesie et Wapa qui remportent la Sélection Personnages secondaires et tertiaires de mai 2023 !

Pour le mois de juin, venez lire la Sélection Drago Malefoy ! Vous pouvez découvrir sept histoires sur notre Serpentard préféré, et voter jusqu'au 15 juillet (prolongation de 15 jours) ici.

Pour faire suite au TransHPF Month, les Podiums vous proposent une sélection LGBTQIA+ sur trois mois. Cette sélection été des Fiertés attend vos propositions de textes jusqu’au 31 août sur cette page ou en commentaire de cette news ! Vous aurez ensuite le mois de septembre pour lire les textes et voter.


De L'équipe des Podiums le 03/07/2023 22:20


Bellezza par Bloo

[8 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Les personnages appartiennent à J.K. Rowling.
Note de chapitre:

Ce texte a été écrit pour Catie dans le cadre de l'Echange de Noël 2017.

C'était pas le plus facile à écrire parce que les Delacour-Weasley sont clairement les enfants de la Next-Gen sur lesquels je suis la plus indécise et la moins arrêtée concernant leur histoire, mais j'espère que vous aimerez autant le lire que j'ai aimé l'écrire.

Encore joyeux Noël Catie, et bonne lecture à toutes et à tous !

Louis avait toujours été avare de mots : quand Dominique était rentrée un soir à la Chaumière et qu’elle n’avait trouvé qu’un simple « au revoir » griffonné sur un vieux morceau de parchemin, elle ne s’en était pas formalisée plus que de raison. Cela faisait alors quelques temps que Louis leur racontait ses rêves de voyage et elle savait qu’Albus et Scorpius lui avaient proposé de partir avec eux en Russie. Sans doute avait-il pris sa décision sur un coup de tête, comme d’habitude, même si elle aurait pu s’étonner que le raisonnable Albus ait fait de même et soit parti sans qu’un grand repas ne soit préalablement organisé au Terrier.

Elle aurait dû s’étonner, et même ils auraient tous dû le faire, elle, Victoire et leurs parents. Mais les lubies du petit dernier des Delacour ne surprenaient ni n’intéressaient plus grand-monde. Elles intéressaient Dominique, parfois, souvent peut-être et sans doute un peu tous les jours. Mais entre Victoire et Louis, Dominique avait depuis longtemps fait son choix.

Louis avait toujours été avare de mots, comme il avait toujours été un peu rêveur, un peu ailleurs, en décalage dans une famille terriblement conformiste qui faisait de l’extraordinaire son quotidien. On avait écrit sa vie pour lui avant même qu’il ne soit en mesure de s’exprimer. Dès qu’il l’avait pu, il s’était cependant détaché de ce schéma tout tracé qui l’attendait. Louis ne voulait pas les grandes fêtes d’anniversaire, ramenait à ses parents des remarques de professeurs regrettant qu’il ne prononce pas le moindre mot en cours et n’aimait rien de plus que d’écouter les histoires de son grand-père Arthur sagement blotti sur ses genoux, silencieux toujours. Il n’avait jamais fait de grosse bêtise que l’on se racontait à chaque réunion familiale, n’usa pour la première fois de magie spontanée que la veille de ses onze ans en changeant simplement la couleur de l’un des dessins qu’il passait des après-midis entières à esquisser calmement dans sa chambre, loin des pièces communes et des éclats de voix de ses aînées. Elles, en revanche, monopolisaient l’attention chaque dimanche au Terrier de par leurs innombrables talents. Le charisme de Victoire lui valait d’être la déléguée de sa classe depuis sa plus tendre enfance et d’avoir les plus grands goûters d’anniversaire lors desquels elle rayonnait, au centre de toute l’attention dont celle de leurs parents, et quant à Dominique, son habileté et sa force lui valaient l’admiration de tous ses cousins et les grands espoirs de ses parents quant à son avenir. Elle s’en était d’ailleurs montré digne, Dominique, fondatrice du premier club de duel à Poudlard depuis le temps de ses oncles et tantes, un club où elle avait terrassé d’années en années le moindre concurrent pour finalement embrasser la prestigieuse carrière de duelliste au sortir de l’école – le tout vivement appuyé par Victoire, alors toute jeune diplomate, dont le réseau ne connaissait pas les frontières.

Elle avait parcouru la planète au gré de ses envies et au fil des défis qui s’offraient à elle, se forgeant un nom qui imposait de lui-même le respect au point qu’elle n’avait même plus besoin d’y accoler le patronyme des Weasley. Elle était Dominique, la plus grande duelliste britannique faisant la fierté de ses parents et les affaires de sa sœur, tous si heureux, tous si bienveillants, tous exactement comme elle avait toujours voulu qu’ils soient avec elle, comme elle avait toujours craint qu’ils ne soient pas.

- Dom ! s’exclama Albus en ouvrant la porte de son minuscule appartement londonien. Ça alors, je… je ne m’attendais pas à te voir.

Il lui adressa un regard gêné et elle comprit tout de suite qu’il ne parviendrait pas à ignorer la profonde entaille qui lui défigurait le côté droit du visage. Cette blessure avait défrayé la chronique quelques semaines auparavant, du moins jusqu’à ce que Dominique n’annonce officiellement mettre un terme à sa carrière de duelliste et fasse ainsi perdre à l’Angleterre toutes ses chances de remporter pour la cinquième année consécutive les championnats du monde de duel qui devaient, ironie du sort, enfin avoir lieu à Londres.

Elle s’était entraînée si dur pour ce qu’elle pensait être l’aboutissement de toute une vie.

- Je ne savais pas que tu étais sortie de Sainte-Mangouste, ajouta Albus en se faisant violence pour ne pas laisser transparaître la moindre émotion sur son visage.

Peine perdue, il avait toujours été un livre ouvert au plus grand bonheur de son frère.

- Je ne suis pas venue pour ça, répondit-elle en rabattant une grosse mèche de ses épais cheveux roux sur son visage.

- Je n’ai pas vu Victoire cette semaine, mais avec le bébé qui arrive, j’ai cru comprendre qu’elle ne sortait plus beaucoup…

- C’est Louis.

Elle s’était imaginé le silence plombant qui leur broierait les épaules à elle et Albus toutes les fois où elle s’était préparée à cette conversation dans sa triste chambre d’hôpital. Étrangement, il ne le fut pas autant qu’elle l’avait craint et elle se rappela alors que son frère n’avait jamais été plus avare de mots qu’avec sa propre famille.

C’était différent avec les gens qu’il aimait vraiment.

Et qui l’aimaient vraiment.

- Tu sais où il est ? s’enquit-elle.

- Dominique… ce n’est pas une bonne idée. Et puis on ne devrait pas avoir cette conversation, tu… dans ton état…

- Ils ne voulaient pas me laisser sortir à l’hôpital. Ils m’ont attaché les poignets pour que je ne puisse pas m’en aller. J’ai réussi à me libérer ce matin et je l’ai fait seulement pour retrouver Louis. Si tu ne me dis pas où il est, je vais me laisser m’effondrer, et ce sera de ta faute, parce que tu ne m’auras pas aidé.

Cela fonctionnait toujours avec Victoire. Mais à chaque mot qu’elle prononçait, Dominique pouvait sentir comme elle n’était simplement pas douée pour cela.

Louis avait-il ressenti cela toute sa vie à leurs côtés ?

- Tu es… viens t’asseoir, répondit Albus en poussant un profond soupir. Sur le canapé. Tu t’assois et tu ne bouges pas, d’accord ? Je vais faire du thé.

Elle avait espéré ne pas avoir à franchir le seuil de son appartement, mais il était évident qu’il ne l’aurait jamais laissée sur le palier avec sa blessure. C’était Albus, le doux, le gentil Albus, l’un des très rares de la famille à n’être brouillé avec personne et à jouer les médiateurs entre ses nombreux cousins et leurs histoires encore plus nombreuses.

Dominique se laissa s’enfoncer dans son canapé, ignorant soigneusement les mille et une photographies qui ornaient les murs du petit salon. Scorpius y apparaissait un peu trop souvent à son goût, son éternel sourire toujours accolé à celui d’Albus. Il lui rappelait qu’elle n’avait pas mené la vie dont elle rêvait enfant, celle à laquelle elle avait renoncé pour devenir duelliste, et même cette vie-là, elle n’avait pas su la mener jusqu’au bout.

Comme elle regrettait, Dominique, de ne pas avoir suivi Louis.

- C’est à la cannelle, c’est ton préféré je crois ? demanda Albus en posant une tasse de thé fumante sous les yeux de sa cousine.

- Quand j’étais petite, répondit-elle en s’en saisissant.

- C’est toujours le parfum préféré de Louis.

Dominique manqua de s’étouffer avec la gorgée qu’elle venait d’avaler. Elle prit une bonne minute pour reprendre son souffle, les yeux fermés, comme elle en avait pris l’habitude avant chaque duel pour détendre la boule qui lui nouait toujours la gorge avant de se mettre en scène. C’était une routine parmi un millier d’autres qu’elle avait adoptée des années auparavant déjà, qui avait rythmé sa vie tout ce temps mais n’aurait plus jamais le même sens désormais.

Dominique n’avait pas simplement perdu un duel ce jour maudit où l’inattention avait mis à mal son bouclier.

Elle avait perdu une vie dont elle n’avait même pas voulu et qui pourtant était tout ce en quoi elle avait cru.

- J’ai cru que Louis était parti en voyage avec vous quand j’ai vu le mot, lâcha-t-elle en évitant le regard de son cousin. On a tous cru ça, avec Victoire et les parents. On n’a… on n’a même pas vraiment cherché à en savoir plus. C’était tellement Louis, de s’en aller comme ça sans nous prévenir !

- Mais vous nous avez vu le dimanche suivant au Terrier avec Scorpius. On ne s’attendait pas à t’y voir, d’ailleurs, avec la finale du championnat d’Europe le lendemain…

Le dernier mot d’Albus resta un suspens tandis que le regard de Dominique se figeait encore un peu plus sur le sol comme si elle aurait voulu y disparaître.

Bien évidemment qu’ils s’étaient inquiétés pour Louis, ce fameux dimanche. Ils n’étaient pas sans cœur, tout de même, c’était leur fils, leur frère, ils l’aimaient et ne souhaitaient que son bien. Ils n’avaient juste jamais vraiment su comment l’exprimer.

Évidemment que c’était à Louis qu’elle pensait lorsqu’elle avait laissé ce sortilège l’atteindre en pleine figure.

- Tu… tu ne vas vraiment pas pouvoir reprendre ta carrière ? demanda Albus en reposant très lentement sa tasse sur la table basse.

- Je n’en ai pas envie. Je n’en ai jamais eu envie, en fait. J’ai perdu tellement de sang, ce jour-là, les médecins ont dit que j’aurais pu mourir si je n’avais pas été prise en charge rapidement. Et tu sais ce que je me suis dit, quand tout le monde est parti et que je me suis retrouvée seule sur mon lit d’hôpital ?

- Tu as pensé à Louis ?

- Non, même pas. Ou peut-être un peu, oui. Je me suis dit que je n’avais pas vécu. Que si je devais me retourner sur ma vie aujourd’hui et m’en aller, alors celle-ci n’avait été qu’un immense gâchis. Je suis défigurée à vie, et tout ça, même pas pour une bonne raison, même pas pour quelque chose qui me tenait réellement à cœur. J’aurais…

Elle dut reposer sa tasse à son tour tant ses mains tremblaient. Elle ferma les yeux un instant, inspirer, expirer, se détendre, inspirer, expirer, mais ça ne marchait plus. Ça n’avait jamais vraiment marché, de toute façon, ça ne l’avait aidé qu’à se construire une vie qui était un mirage.

- J’aurais voulu, je… j’ai pensé à Louis, oui. À ses peintures, ses dessins, ses histoires, tout ce qu’il savait créer de ses dix doigts, son imaginaire débordant, toutes ces choses que nos parents n’avaient jamais vraiment valorisées, ces choses qui… qui me plaisaient tellement. Je trouvais ça… c’était beau, c’était bien ce qu’il faisait. J’aurais voulu, moi aussi, peindre mes rêves et coucher mes idées et donner un sens à tout cela. Voyager pour visiter les musées et trouver l’inspiration, pas pour courir derrière une gloire qui ne pouvait être qu’éphémère mais qui était si rassurante pour tout le monde, pour tout le monde sauf pour… pour moi, et pour… et pour Louis.

Elle éclata en sanglots lorsque le nom de son petit frère lui échappa une nouvelle fois et cette fois, elle ne parvint pas à contenir la moindre de ses émotions : sa tristesse, cette peine qui lui faisait comme un trou béant au cœur, ses regrets, sa culpabilité de n’avoir pas su mieux aimer Louis, mieux le comprendre, mieux le soutenir. À deux, ils auraient pu se dresser face aux ambitions de leurs parents, faire face à la perfection de leur grande sœur, ils auraient pu trouver leur place eux aussi, c’était toujours plus simple ensemble.

Mais elle avait fait son choix. Elle avait bien vu les louanges que leurs parents réservaient à Victoire, et au contraire leurs inquiétudes, parfois même leur lassitude concernant Louis. Elle avait préféré les louanges. C’était plus simple d’être proche de Victoire et de lui ressembler, bien plus simple de laisser Louis endurer les attentes déçues de la famille. C’était simple, appréciable même, de se sentir aimée, valorisée, reconnue. Elle avait laissé ses rêves de côté pour ces doux sentiments, elle avait privilégié ce qui était rassurant à ce qui était excitant, et elle avait même pris goût à ce qu’elle faisait. C’était si gratifiant de gagner un nouveau duel, de lire toujours plus de fierté sur le visage de ses parents, sur le visage de sa propre sœur pourtant si parfaite ! Elle n’avait jamais connu plus beau jour que celui où Victoire avait fondu en larmes d’émotion et de fierté lorsqu’elle avait gagné sa première grande compétition. Sa sœur à laquelle tout réussissait, pour laquelle tout semblait être si facile, sa sœur pleurait pour elle et l’étreignait et l’admirait et cela valait bien tous les sacrifices du monde.

Louis avait grandi pendant ce temps. Il était entré à Poudlard, avait été réparti à Poufsouffle, s’était lié d’amitié avec une musicienne et avait finalement confronté leurs parents, leur faisant comprendre qu’il ferait de sa vie une œuvre d’art quoi qu’ils puissent en penser et que c’était peut-être bien moins sûr, bien moins assuré et bien moins reconnu que les carrières de ses sœurs, que peut-être ça ne valait pas des héros de guerre, une ancienne championne et un aventurier, que ça ne nécessitait sans doute pas autant de courage et d’abnégation, mais que c’était la vie qu’il avait choisie. Les mots avaient été prononcés avec un tel calme que ses parents n’avaient rien osé répondre, mais il était toujours resté depuis de terribles non-dits dans la famille. Parce que derrière l’affirmation, derrière la passion du fils cadet, tous avaient senti beaucoup de reproches pour les années de tristesse infligées, pour les comparaisons incessantes aux aînées, pour les visites au psychomage imposées et la déception constamment insinuée.

Et tous s’étaient tu – parce qu’il n’y avait absolument rien pour les défendre. Ils l’avaient tous pensé un peu différent, un peu particulier, perturbé peut-être, plutôt que de simplement s’admettre qu’ils en attendaient trop, qu’ils étaient ceux avec une vision complètement déformée de ce qu’était la réalité, déformée par la gloire passée des parents, déformée par celle à venir des aînées qui voulaient plus que tout se conformer au modèle parental et même familial.

Ils ne s’étaient pas excusés, parce que c’était trop dur de reconnaître que Louis avait sans aucun doute bien mieux compris la vie qu’eux, et qu’il était peut-être même celui qui avait le plus de chances d’être un jour vraiment heureux.

Elle ne s’était pas excusée de l’avoir laissé de côté, de s’être même servi de lui pour se mettre un peu plus en avant, de ne pas l’avoir défendu face à leurs parents.

Elle avait préféré laisser les remords la ronger que de renoncer à une vie si durement bâtie qui n’avait pourtant pas le moindre sens, et cette vie lui avait finalement échappé elle aussi, comme si même l’univers avait compris avant elle que rien n’était normal.

Que Louis était bien le seul à l’être.

- Il va bien, Dom, chuchota Albus à l’oreille de sa cousine. Je te promets qu’il va bien.

Il avait repoussé la table qui le séparait de Dominique pour prendre celle-ci dans ses bras, la laisser enfouir son visage dans son épaule et pleurer toutes les larmes qu’elle devait contenir depuis sa plus tendre enfance. Il l’avait laissée exprimer sa peine, sa culpabilité, sa douleur, sa déception, il avait doucement soufflé dans le creux de son oreille parce qu’il savait que ça l’apaisait et il avait même fredonné l’air d’une vieille comptine que leur chantaient leurs grands-parents lorsqu’ils étaient enfants.

Ça n’avait pas tari les larmes.

- Dom… Dom s’il te plaît, écoute-moi.

Elle ne l’écoutait pas. En fait, elle n’entendait rien d’autre que le bruit de ses propres sanglots. Elle se sentait comme enfermée dans une bulle, et elle ne savait même pas si elle voulait rester dans cette enveloppe protectrice ou s’en extraire. Elle ne savait rien, elle n’avait jamais rien su. Elle avait laissé les autres prendre les décisions à sa place toute sa vie et maintenant que celle-ci se dérobait sans qu’elle ne puisse rien y faire, sans que personne ne puisse rien y faire, elle n’avait plus la moindre idée de ce qu’il convenait de dire, de faire, de penser même.

Comment avait fait Louis, pour trouver la force d’affirmer ses rêves face à toute une famille récalcitrante ?

Comment avaient-ils fait, tous, pour ne pas réaliser que le plus courageux d’entre eux tous, c’était bien le fils cadet ?

Elle n’aurait su dire combien de temps elle était restée ainsi tremblotante sur l’épaule de son cousin. Des heures, sans doute. Toute accaparée par sa douleur, elle n’avait plus la moindre conscience du temps qui s’écoulait. Elle n’aurait même pas été surprise d’avoir pleuré plus d’une semaine tant le poids sur ses épaules l’écrasait. Il lui semblait que rien ne serait plus jamais bien, que ses lèvres ne pourraient plus jamais s’étirer en un sourire et que personne ne parviendrait à sécher ses larmes un jour. Elle serait triste et malheureuse toute sa vie, et c’était ainsi, il n’y avait rien à y faire. Tout était si lourd, si dur, si terrible à porter, à supporter, à endurer. Jamais elle ne s’en sortirait.

Quand les soubresauts de sa poitrine s’espacèrent, il ne s’était pourtant guère écoulé plus d’une heure. Elle était allongée sur le canapé, sans aucun souvenir de la façon dont elle était passée de l’étreinte d’Albus à celle des coussins jaunes contre lesquels elle était blottie. Elle ne pleurait plus mais ses yeux lui faisaient un peu mal, et elle imaginait sans trop de peine le visage ravagé que lui montrerait le miroir si seulement elle parvenait à se lever – et si seulement elle était capable de s’affronter. Albus n’était plus là, et elle n’entendait pas le moindre bruit provenant de la cuisine ou de la chambre qu’il partageait avec Scorpius. Elle crut qu’elle allait se remettre à pleurer en constatant son absence : se retrouver seule même une minute lui paraissait être au-dessus de ses forces et elle avait besoin de la présence rassurante de son cousin. Elle parvint toutefois à calmer sa respiration en contemplant les photographies qui ornaient les murs, Albus et son sourire, la famille Potter en vacances, Scorpius inaugurant sa galerie d’art et première du genre dans le Royaume-Uni sorcier, la fille de James dont Louis avait d’ailleurs été désigné comme le parrain – James avait été le pire des idiots toute son adolescence durant, et pourtant même lui avait su apporter plus de reconnaissance à Louis que ses propres parents.

Elle se demanda ce que faisait Louis en ce moment. Elle se souvenait vaguement avoir entendu Albus lui dire qu’il allait bien sans vraiment savoir si c’était simplement ce qu’elle avait eu envie d’imaginer. À la fin de ses études à Poudlard, il avait décidé de s’inscrire dans une école d’arts moldue. Bien entendu, cela avait fait beaucoup jaser dans la famille – sauf grand-père Arthur qui semblait alors être au comble du bonheur. Avec l’aide de Dean Thomas et de Scorpius, il avait exposé ses premières toiles dans la galerie de ce dernier le mois passé. Si les retours avaient été plutôt positifs, ils n’avaient pas été suffisamment nombreux pour convaincre sa famille que le métier d’artiste était un métier rassurant et convenable. Sans doute cela avait-il précipité le départ de Louis et le simple « au revoir » laissé dans la Chaumière aux coquillages.

Le souvenir de cette amère trouvaille lui était à peine revenu à l’esprit que Dominique se précipita dans la salle de bain pour y rendre le maigre déjeuner qu’elle avait avalé avant de s’enfuir de l’hôpital. Elle se sentit à nouveau très mal, mais la douleur était cette fois-ci physique et elle se rappela alors qu’on lui donnait toujours des médicaments à Sainte-Mangouste – mais il était hors de question d’y retourner avant de savoir précisément comment allait Louis. Elle puisa en elle les ressources nécessaires pour se relever et prit même la peine de s’appliquer un peu d’eau sur le visage. En croisant son reflet dans le miroir, elle eut cependant un haut-le-cœur. Ses yeux étaient rouges, ses traits tirés, et toute sa joue droite était encore complètement tuméfiée – ça, plus la terrible cicatrice qui la traversait désormais et ne s’en irait jamais. Sa peau était incroyablement pâle et ses cernes si gros qu’on aurait dit qu’ils allaient lui dévorer les yeux.

Elle n’était plus rien : plus une duelliste, plus un modèle, plus une figure respectée, plus la fierté de ses parents, et même plus une jolie fille. Elle n’était rien et il ne lui restait rien, rien pour forcer l’admiration de ses proches, rien d’autre qu’une habileté pour le duel qui ne lui servirait jamais plus – même l’imagination débordante qu’elle avait étant enfant s’en était allée depuis longtemps à force d’être bridée.

Elle était Dominique sans passé, sans avenir, Dominique sans visage et même Dominique sans petit frère.

De rage, elle renversa tous les produits qui tenaient précairement sur le minuscule lavabo de la pièce avant de se rappeler qu’elle n’était pas chez elle. Elle entreprit alors de les ramasser, de remettre de l’ordre dans cette salle de bain qu’elle aurait pourtant voulu ravagée comme sa vie, peut-être plus encore, même – mais elle n’y parvint pas. Une brosse à cheveux dans une main, un savon dans l’autre qui glissait entre ses doigts, elle se laissa choir au sol et y éclata une nouvelle fois en sanglots, sans personne pour la consoler cette fois. De grosses larmes dévalèrent ses joues pâles et la cavité qui barrait désormais l’une d’entre elles, dégoulinèrent dans son cou et échouèrent sur la vieille chemise blanche qu’on lui avait donné à Sainte-Mangouste. Elle voulut crier mais n’en avait même plus la force, elle tenta de se redresser mais ne réussit qu’à pleurer davantage et elle serait restée longtemps ainsi si deux bras n’étaient pas venus s’enrouler au-dessus de sa poitrine.

- Salut Domi, lui souffla une voix à l’oreille.

Elle perçut à peine la différence entre cette voix et celle d’Albus un peu plus tôt, de nouveau toute entière concentrée sur sa douleur, mais il n’y avait qu’une seule personne au monde pour l’appeler Domi plutôt que Dom.

C’était Louis.

- Albus est passé me chercher. Je suis désolé tu sais, je m’étais toujours dit… je me demandais quand tu enverrais tout valser pour te consacrer à ce qui est vraiment important. J’aurais dû venir plus tôt.

Tendre Louis qui s’excusait alors qu’elle était celle qui aurait dû se faire pardonner jusqu’à la fin de sa vie. Louis si gentil qu’aucun d’eux ne méritait, Louis qui à sa manière était plus grand qu’eux tous réunis.

- Je suis tellement désolé pour ce qui t’est arrivé, Domi, répéta-t-il en attrapant le visage de sa sœur entre ses doigts pour qu’enfin celle-ci lui fasse face.

Elle était la seule de la fratrie à avoir hérité des cheveux roux des Weasley. Tous en revanche avaient les yeux bleus de leur mère même si ceux de Louis étaient un peu plus foncés que les siens. Elle aimait bien cette couleur qui lui rappelait celle de la mer les jours de pluie, ces jours préférés autrement dit. Quand ils n’étaient encore que des enfants, ils attendaient toujours avec impatience que la pluie ne se mette à tomber pour pouvoir sortir leurs parapluies multicolores et leurs grosses bottes en caoutchouc qui leur permettaient de sauter dans n’importe quelle flaque. Cela faisait d’ailleurs partie des rares souvenirs qu’avait Dominique d’elle, Victoire et Louis, tous les trois réunis dans leur amour des jours de pluie.

Mais en plus d’avoir les mêmes cheveux que son père, Dominique avait désormais le même visage. Et si les cicatrices de Bill étaient associées à son courage, la sienne n’était que le retour de bâton de sa lâcheté. Alors quand le regard de Louis se planta dans le sien, Dominique récupéra suffisamment ses esprits pour se dégager de ses bras et rabattre ses cheveux contre son visage.

C’était du moins ce qu’elle prévoyait de faire avant que Louis ne lui attrape délicatement le poignet et ne remette en place ses cheveux derrière ses oreilles.

- Je me suis trouvé un petit atelier dans le Londres moldu. Ce n’est pas loin d’ici, c’est ça qui est bien. J’ai besoin de toi aujourd’hui.

- Tu as…

- J’ai besoin de toi, répéta-t-il. Et de ta magie. Sans vouloir te vexer, cette chemise, ce n’est pas possible. Il va falloir que tu me changes tout ça.

Elle le regarda interdite, ironiquement persuadée qu’il était fou, elle qui avait pourtant compris depuis longtemps que si folie il y avait eu dans l’histoire, elle n’était pas du côté de Louis. Mais pourquoi celui-ci aurait-il besoin d’elle, au juste ? Pour inverser les rôles ? Pour à son tour être celui qui nargue, celui qui étale sa réussite face à l’autre ? Et en même temps, c’était Louis. Tendre Louis.

- Tiens, dit-il en attrapant sa propre baguette. Change-moi cette tenue.

- Ce n’est pas ma baguette, protesta-t-elle.

- Comme si tu avais besoin de ça pour être talentueuse en métamorphose.

Voyant le regard incrédule de son aînée, il répéta avec douceur :

- Change-la. Ne me dis pas que tu ne peux pas faire ça, je ne te croirai pas, j’ai vu assez de tes duels à Poudlard.

Elle ne savait toujours pas où il voulait en venir, mais pour Louis elle pouvait bien faire tout ce qui lui ferait plaisir – ce serait ses excuses à elle. Alors elle ferma les yeux et expira, inspira, souffla, expira, inspira, et cette fois cela marcha. La main de Louis dans la sienne, son regard qu’elle devinait sur sa tenue plutôt que sur sa cicatrice, Dominique transforma sa pauvre chemise d’hôpital en une splendide robe rouge qui ferait pâlir d’envie Victoire – même elle n’était pas capable d’en produire au bustier aussi réussi.

- Tu es jolie, lui dit Louis quand elle ouvre les yeux.

Elle ne le crut pas, mais elle sourit pour le remercier.

- Est-ce que tu peux transplaner ? s’enquit-il.

- Je crois.

Elle avait à peine fini sa phrase qu’elle se sentit brusquement arrachée à la salle de bain d’Albus et la seconde d’après, elle était dans une pièce très lumineuse qui semblait être faite de bric et de broc, avec des paravents de toutes les couleurs et de toutes les matières disposés un peu partout et des dessins partout sur les murs. Il y avait une fille, aussi, que Dominique reconnut aisément : avec ses épais cheveux bruns et ses jambes maigres, Milly était facilement identifiable pour qui l’avait vue plus d’une fois. Et comme Louis avait passé toute sa scolarité en sa compagnie, Dominique avait eu l’occasion de la croiser.

- Milly m’apprend à faire de belles photos, et en échange je fais des peintures pour son magasine. On devait avoir un modèle aujourd’hui mais elle a eu un empêchement, ce serait formidable que tu la remplaces !

Mais Dominique eut aussitôt un mouvement de recul. Elle sentit le regard de Milly braqué sur elle et elle se demanda si la jeune fille savait par Louis à quel point elle et sa famille avaient été horribles avec leur cadet. Sans doute la dévisageait-t-elle aussi à cause de sa blessure et à cette pensée, Dominique ne put que tourner la tête et ne laisser apparaître son visage que de profil, celui qui n’avait pas été ravagé par un sortilège.

- Je ne peux pas, dit-elle en appuyant chaque mot. Je suis désolée Louis, j’aurais aimé t’aider, vraiment, mais je ne peux pas. Je ne peux vraiment pas.

- C’est dommage, répliqua alors Milly avant que Louis n’ait pu ouvrir la bouche. On pourrait faire quelque chose de superbe avec ta robe, et tu n’es pas obligée de montrer tout ton visage si tu n’en as pas envie pour l’instant.

- Ou tu peux aussi le montrer parce que cette cicatrice n’a absolument rien de choquant et montre simplement celle que tu es, ajouta Louis en attrapant la main de sa sœur.

- Celle que je suis ? rétorqua cette dernière. Celle que je suis ? Tu veux dire, celle qui a laissé tomber tous ses rêves, qui s’est précipitée dans ceux que l’on a esquissés pour elle sans jamais se questionner, celle qui a choisi la facilité, qui a préféré te laisser de côté plutôt que d’assumer que je t’enviais, et que je t’admirais ? Cette cicatrice est laide. Elle est laide, et moi aussi je suis laide. Elle est laide comme moi.

La tirade de sa sœur laissa Louis interdit un instant. Milly, elle, dut sentir que l’instant ne pouvait être que familial parce qu’elle s’éclipsa discrètement derrière l’un des paravents. Quant à Dominique, elle luttait à nouveau contre les larmes, et elle se sentait faible en plus d’être lâche – ce qui ne lui donnait que plus envie de pleurer.

- Tu crois que moi je vaux mieux que toi parce que je suis parti ? s’enquit Louis avant qu’elle ne craque à nouveau.

- J’aurais aimé m’en rendre compte plus tôt.

- Mais Dominique ce n’est pas le cas. J’ai… j’ai presque vingt ans. Et il m’a fallu tout ce temps pour enfin oser dire ce que j’avais sur le cœur à nos parents. Je n’ai pas cherché à correspondre à leurs attentes, mais je n’ai jamais vraiment rien dit non plus. Tu te rends compte que je les ai laissés me traîner chez un psychomage pendant un an parce qu’il pensait que je n’étais pas normal ? Je n’avais rien à lui dire, moi ! Et pourtant, j’y allais quand même. J’y allais parce que moi aussi, je voulais faire plaisir à mes parents. Et je m’en voulais souvent de ne pas pouvoir les satisfaire davantage. J’ai mis du temps à comprendre que je n’en avais pas besoin, et j’ai réussi parce que j’ai eu la chance d’être entouré de gens biens. De gens qui comprenaient, qui… qui ne me poussaient pas à être ce modèle qu’attendait nos parents. Toi tu t’accrochais à Victoire et tous tes amis t’encourageaient à pratiquer le duel, on ne t’a jamais laissé rêver autre chose, on ne t’a jamais laissé croire que c’était possible. Moi, oui. J’ai eu cette chance-là. J’ai su la saisir après des années parce que les bonnes personnes ont croisé ma route. Tu aurais fait pareil si tu avais simplement eu quelqu’un pour croire en toi, pour croire non pas en la Dominique duelliste, mais en la Dominique artiste, ou rêveuse, ou aventurière, ou tout ce que tu veux ! Tu avais juste besoin qu’on croit en toi, mais tu sais comme moi que quand tu t’appelles Weasley, ce n’est pas en la vie d’artiste que l’on croit pour toi.

- Je m’en veux tellement de ne pas avoir été cette personne-là pour toi, que tu n’aies eu personne pour croire en toi dans la famille, Louis, répondit Dominique d’une toute petite voix.

- Crois-le ou non, mais moi je savais que tu me soutenais. Quand on faisait vraiment attention, ça se voyait un peu quand même, que tu rêvais d’autre chose. Quand on n’avait pas ce prisme des Weasley, des héros de guerre, appliqué sur ses yeux, on le voyait. Mais tu sais quoi ? Moi aussi j’ai eu peur, peur de me tromper, de me faire des idées, de te détourner pour rien de ce qui te plaisait vraiment. Si j’avais osé te parler plus tôt…

- Alors rien du tout, le coupa Dominique. Ça n’aurait rien changé. Ou si, peut-être, mais ce n’est pas de ta faute. Ni même de la mienne, d’ailleurs. Tout le monde sait qu’une carrière de duelliste comporte des risques. Je le savais, et j’y suis allée quand même. Ce n’est pas la blessure en elle-même que je regrette. C’est de l’avoir eue pour les mauvaises raisons. Si j’avais vraiment voulu être duelliste, alors peut-être que tout ça aurait eu un peu plus de sens.

- N’empêche que cette cicatrice, elle n’est pas laide. Tu trouves celles de notre père laides ? Les tiennes témoignent aussi de ton courage. Tu as voulu faire plaisir à nos parents et honneur à la famille, tu as fait passer les autres avant toi-même. Ça ne devrait pas, on devrait pas laisser le bonheur des autres affecter le nôtre, mais c’est comme je te disais, on ne t’a jamais présenté les choses comme ça. Tu as fait ce que tu croyais être juste, ce que tu croyais être bien pour tout le monde, et ça reste une noble raison.

- J’ai fait ce que je croyais être le plus facile.

- Le plus facile ? Créer à toi seule un club de duel à Poudlard ? Remporter un à un tous les tournois entre écoles ? Être la plus jeune duelliste à remporter les championnats du monde ? Regarde les choses en face, Domi. Si tu avais voulu faire les choses facilement, tu aurais embrassé une gentille carrière au Ministère, trouvé un gentil mari et fait de gentils enfants. Tu as voulu faire plaisir à nos parents, soit. Mais tu n’as pas choisi la manière la plus simple de le faire ! Honnêtement, Domi, tu… tu es même allée plus loin qu’eux. Vous n’avez pas fait les mêmes choses, mais ton nom… ton nom, je crois qu’on s’en souviendra plus longtemps que du leur. Peut-être pas autant que de celui des Potter, mais quand même.

- Et à quoi il va bien me servir ce nom maintenant ? demanda Dominique d’un ton déchirant.

Louis voulut répondre immédiatement, mais il eut l’impression que sa sœur était encore plus pâle qu’au début de leur conversation et il préféra combler la faible distance qui les séparait pour la serrer dans ses bras plutôt que de lui assener de nouvelles paroles qu’elle ne semblait de toute façon pas assimiler – il espérait bien qu’à force de les lui répéter, elle finirait par les accepter, mais si elle avait hoché la tête à chacune de ses phrases il se rendait bien compte que c’était, pour l’heure, bien plus pour le satisfaire qu’autre chose.

Combien de fois Milly lui avait-il répété que ses rêves étaient légitimes avant qu’il ne les assume face à ses parents ?

- D’abord tu travailles pour ton nom, ensuite ton nom travaille pour toi, murmura Louis en gardant sa sœur contre lui. Ne te demande pas pour l’instant si c’était une bonne chose ou pas, cette carrière de duelliste. Pense plutôt à toutes les possibilités que cela t’offre : tu peux faire ce que tu veux maintenant. Tu as un nom, tu as du poids. Les choses qui te tiennent à cœur, que tu veux défendre, tu peux leur donner une voix. Penses-y. Tu étais toujours triste, petite, quand les gens se moquaient de papa à cause de ces cicatrices. Tu peux tous vous donner une voix maintenant.

Il sentit Dominique se tendre quand il prononça ces derniers mots mais avant qu’il n’ait pu ajouter quoi que ce soit, elle se dégagea doucement de son étreinte pour planter son regard dans le sien. Ses cheveux étaient sagement rabattus derrière ses oreilles et elle ne chercha pas à les en faire bouger. Elle soutint son regard longtemps, assez pour qu’il ne remarque qu’elle avait une autre cicatrice, très fine, presque invisible sur la pommette gauche, et que c’était aussi la première fois depuis des années qu’il la voyait sans maquillage – elle n’en avait jamais beaucoup porté, mais elle adorait le rouge à lèvres et s’en faisait offrir à quasiment tous ses anniversaires.

Il se promit de lui offrir le plus éclatant qu’il trouverait dès qu’il en aurait l’occasion.

- Je ne veux pas que tu photographies ma cicatrice, finit-elle par lui dire lentement.

- Milly l’a dit, tu n’es pas obligée de…

- Pas encore, le coupa-t-elle.

Et, les yeux toujours fixés sur les siens, elle se dirigea lentement vers l’un des paravents en bois, marchant à reculons pour ne perdre le contact visuel avec son frère. Quand elle sentit l’obstacle derrière elle, elle prit une profonde inspiration, inspira, expira, et tourna sa tête sur le côté, ne laissant apparaître qu’un visage certes un peu pâle mais tout du moins intact.

Elle n’avait aucune idée du temps qu’il lui faudrait pour faire complètement face à l’appareil que Louis tenait désormais entre ses mains, ni même si elle serait un jour assez forte pour cela. Mais quand son frère lui montra le résultat de leur travail le lendemain, il lui dit qu’il avait reconnu dans son regard cette lueur qu’elle avait lors de ses duels, cette détermination qui aurait abattu des montagnes et qui, il le lui avait rappelé, n’était pas perdue pour toujours – rien ne l’empêchait de l’employer à d’autres causes. Elle ne savait ni encore lesquelles, ni comment, elle n’avait pas la moindre idée de la façon dont il faudrait l’annoncer à sa famille, elle se demandait si Louis n’était pas un peu trop optimiste en s’imaginant qu’elle pouvait tenir ce genre de rôle et que des gens la suivraient et elle se savait trop choquée encore pour assumer son nouveau visage. Mais lorsqu’elle regagna la Chaumière les photographies de Louis sous le bras pour y trouver ses parents affolés, elle menaça de s’en aller si ces derniers la reconduisaient à Sainte-Mangouste, et quand ils la laissèrent un peu hébétés regagner sa chambre, et qu’elle croisa son regard dans le miroir de l’escalier, elle vit cette lueur à son tour et elle se promit qu’un jour, elle en ferait quelque chose de beau.

Note de fin de chapitre :

Merci d'avoir lu !

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Si vous voulez en savoir plus sur ma vision de Louis et des autres enfants je vous invite à découvrir ma série Les Petits Princes !
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