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Campagne Ulule - Interstices



Vous voulez soutenir l'association HPF ? Vous pouvez participer à la campagne Ulule qui permettra de financer le nouveau recueil Interstices, dont les fonds seront reversés aux auteur-ices, à l'illustratrice, ainsi qu'à l'association HPF. Pour plus d'information, n'hésitez pas à consulter notre article sur le blog


De L'équipe des Editions HPF le 07/06/2023 17:13


Trans HPF Month


Parce que notre communauté est une communauté bienveillante qui condamne les propos transphobes de JK Rowling, les bénévoles d'HPFanfic, du Héron et du forum vous proposent un mois en soutien aux personnes trans : nuits à thèmes sur le forum, prompts de la part des équipes de modération, ateliers d'écriture sur ce sujet, mise en avant de ces textes dans l'encart réservé aux sélections sur la page d'accueil... Cliquez ICI pour en savoir plus et nous rejoindre !

De Les équipes d'HPF le 31/05/2023 19:49


132ème Nuit d'HPF


Chers membres d'HPF,


Nous vous informons que la 132e édition des Nuits d'HPF se déroulera le samedi 10 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les Nuits d'écriture en vous inscrivant ici !


Pour en savoir plus sur les Nuits, on vous explique tout sur ce topic.


A très bientôt !



De L'équipe des Nuits le 29/05/2023 11:41


Ajout de nouveaux personnages


Bonjour à tous et à toutes,

Les modératrices d'HPFanfiction vous informent que la liste de personnages a été étoffée de deux noms :

- Isla Black

- Personnage mystère, si vous voulez maintenir l'identité de votre personnage secrète jusqu'à la fin !

 

 


De L'équipe de modération d'HPFanfiction le 17/05/2023 17:11


131ème Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,


Nous vous informons que la 131e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 19 mai à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !


Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.


A très bientôt !



De L'équipe des Nuits le 02/05/2023 19:01


Sélections du mois


Félicitations à AlbusDumbledore, Amnesie et Samantha Black qui remportent la Sélection CrossOver !

Pour le mois de avril, venez lire la Sélection Concours HPF ! Vous pouvez découvrir onze histoires courtes, écrites dans le cadre des concours du forum, et voter jusqu'au 30 avril ici.

Qui veut lire sur Susan Bones, sur Gwendoline la Fantasque, sur Charlie Weasley, sur la Tante Muriel... ? Qui veut lire sur tous les Personnages secondaires et tertiaires de la saga ? La sélection du mois de mai ! Vous avez jusqu'au 30 avril pour proposer des textes (vos deux fanfictions favorites, ou votre favorite si elle fait plus de 5000 mots) sur ce thème. Pour ce faire, rendez-vous ici ou bien répondez directement à cette news.


De L'équipe des Podiums le 11/04/2023 11:47


When all is said and done par TeddyLunard

[6 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Bonjour à toutes et tous, et merci d'emblée d'avoir poussé la curiosité jusqu'à cliquer sur cette histoire !

Il s'agit en réalité d'une song-fic sur la chanson de ABBA "When all is said and done" (que les plus malins auront reconnu dès le titre eheh) !

Elle s'inscrit dans un cycle que je suis en train de bâtir dans ma petite tête, et qui a commencé avec "Le Murmure des Plaines", qui raconte l'histoire d'Henry Pimmes dans le monde des sorciers, et dont la lecture est recommandée pour lire cette histoire, si vous ne voulez pas être spoilés, et comprendre un minimum ce qui s'y dit ! Il s'agira d'une trilogie, dont je vous livre à présent le deuxième volet.

En effet, cette histoire se fonde sur de multiples échos et reprises du "Murmure", dont vous ne pourrez saisir l'ampleur qu'en ayant lu le premier volet. De plus, ce texte a pour objet la chute du "Murmure", et la revisite, donc, en fait, ce texte, c'est un spoil sur pattes ;)

Mais quand bien même vous ne l'avez pas lu (ou n'avez pas envie de le lire, ce que je comprends !), il vous sera malgré tout possible de comprendre l'histoire, parce qu'il ne s'agit pas d'un tout hermétique ;)

 

Concernant la chanson en elle-même, qui a servi d'inspiration : j'ai eu le droit à une fantastique bêta de la fabuleuse Eejil, qui m'a fait remarqué que cette chanson parlait d'une rupture. Enfer et damnation, ce n'était pas comme cela que je l'avais comprise. Pour moi, il s'agissait d'une chanson mélancolique qui dressait le bilan d'une belle expérience, mais qui touchait à sa fin. Elle ne parlait donc pas spécifiquement  d'un divorce, mais plus généralement de la fin d'un parcours (je suis bien naïf par moments x) )

Puis, en y pensant, et sans vous spoiler plus avant, cette histoire, c'est peut-être également celle d'une rupture. Qu'à cela ne tienne, je garde la chanson.

Vous êtes donc libres d'interpréter les paroles comme vous le sentez, car cette histoire s'appuie elle-même sur une interprétation assez libre ! ;)

De même, si certaines paroles ne trouvent pas des échos directs dans les paragraphes qui les encadrent, c'est qu'il y en aura dans les paragraphes qui suivent.. je procède beaucoup par écho, parce que j'adore ça, tout simplement :D

Comme le "Murmure des Plaines", cette histoire peut avoir une petite (toute petite) prétention poétique, à laquelle, j'espère, vous serez sensibles !

Sur ces mots, je vous souhaite une bonne lecture !


Tous les personnages sont des OC, exceptions faites de Kingsley Shacklebolt, Antonin Dolohov, Harry Potter, Lord Voldemort, Ginny et Molly Weasley, ainsi que Bellatrix Lestrange, qui font toutes et tous de brèves apparitions, et qui sont la propriété de J.K Rowling.

Cette historie reprend l'univers du "Murmure des Plaines", dont la lecture est conseillée.

Elle avait toujours aimé danser. C'était quelque chose qui l'animait, la danse. Quelque chose qui la remuait, qui donnait vie à chacune des parties de son corps.

Il fallait la voir danser. Lui-même n'osait pas détourner son regard. Il la suivait, médusé, se mouvoir sur la piste, glisser entre les rayons de lumière, ressentir chaque battement de la musique dans son cœur, dans son corps, dans son être.

Quelque chose brillait dans ses yeux quand elle dansait. Un feu qui la consumait irradiait de sa personne, et envahissait la piste en un halo lumineux qui n'en finissait plus de briller. La relative obscurité de la salle s'évanouissait, et il n'y avait plus que la lumière, que sa lumière.

Et lui, son verre à la main, et ses yeux qui ne se détachaient plus de ces cheveux blonds, de ces épaules découvertes, de ces yeux enfin qui le pétrifiaient.

Il aimait sans savoir si son amour était à la juste mesure de celle qu'il aimait.

Et la musique qui résonnait, qui faisait trembler les murs, qui faisait bouger ses pieds, ces pieds qui frappaient contre le sol, qui insufflaient à la piste des vibrations sensationnelles, qui mettaient en branle toute la mécanique de la vie.

Et cet assourdissement, ce bourdonnement qui vrillait ses tympans mais qui ne pouvaient le faire se détourner d'elle.

Elle était la jouissance pleine et entière de l'existence, elle était ce plaisir ininterrompu et cette certitude que la vie n'allait pas finir sur une piste de danse. Elle profitait de chaque instant dans cet espace hors du temps, qui la coupait des horloges, qui la suspendait dans une minute d'extase interminable, dans une plénitude sans fin.

Parfois elle revenait de cet espace magique où elle prenait vie, elle s'adossait au bar et commandait à boire. Après l'avoir embrassé, elle levait son verre et lui disait, le sourire aux lèvres :

— À nous !

 

Here's to us, one more toast, and then we'll pay the bill

Deep inside, both of us can feel the autumn chill

 

Elle rapportait parfois de ses expéditions d'impressionnantes griffures, des balafres qui marquaient sa peau blanche, des points de suture qui lui donnaient une allure effrayante.

Elle rapportait toujours de ses voyages des histoires extraordinaires de course-poursuite, de monstres et de légendes traditionnelles qui le faisaient frissonner. Elle lui racontait comment elle découvrait toujours de nouvelles formes de magie, comment le monde ne finissait pas de la surprendre, et comment elle vivait dans une réalité qui n'en finissait pas de dire sa complexité.

Elle était l'urgence de la découverte. Dans cette conscience aigüe de progresser vers une fin, elle était comme une tornade qui passait et qui emportait avec elle tout ce qu'elle croisait.

Sur le tapis au pied du canapé, elle étalait les reliques qu'elle avait pu rapporter. Il s'agissait tantôt de trésors, tantôt de poussière, tantôt de photographies mouvantes.

Elle avait transformé sa danse en un mouvement plus ample, plus souple. C'était un mouvement rapide, insatiable et infini. Elle emportait le monde dans cette danse, elle rapprochait les continents à mesure qu'elle en parcourait les vastes étendues. Son sac à dos contenait tous les paysages, et son esprit toujours vif volait dans tous les cieux.

Consciente de n'être que de passage, elle comptait faire de cette vie une vie de délices.

Elle avait décidé cela malgré les nuages qui s'amoncelaient au-dessus du monde, malgré ce repli dont elle était témoin un peu plus chaque jour. L'air vibrait d'une autre musique. Une musique qui montait progressivement, menaçante et inexorable.

 

Birds of passage you and me, we fly instinctively

When the summer's over and the dark clouds hide the sun

 

Longtemps il avait pensé que tout ce qui était arrivé avait été sa faute, que la fin de son histoire avait été provoquée par son propre entêtement à ne pas quitter Pré-au-Lard.

C'est pour cela qu'il avait fui.

Il avait fait ses bagages la nuit même, ne tolérant plus une seconde de ressentir l'oppression des murs de la maison qu'ils avaient habitée.

Sa propre magie le torturait, et les murs de sa caverne tremblaient d'une force qu'il n'avait jamais ressentie auparavant.

Il était menacé d'éboulement.

Elle avait été la base, et elle avait disparu.

 

Il avait longtemps pensé qu'il avait été l'énigme de trop dans la vie de Marlène. Que la fin de son mystère avait sonné la fin de leur histoire à tous les deux. Qu'il avait été son ultime découverte.

Il avait pensé que ce sortilège qui l'avait touchée ce matin lui était en réalité destiné. Qu'à travers elle, c'était lui qu'on tuait. On sanctionnait l'entorse qu'il avait fait à tout un monde en ôtant la vie à celle qui l'avait vu naître.

On l'avait réduit au mutisme dans un monde qui bourdonnait encore de l'écho de la guerre.

Il n'avait plus rien à dire. Il se jugeait seul responsable.

 

Ce ne fut finalement que lors de cette ultime soirée qu'il avait compris.

Rien ne se terminait pour lui, et rien ne se terminerait jamais.

Il l'avait vue ce soir-là, alors qu'il disparaissait dans le paysage.

Il l'avait vue et il avait compris.

Rien de ce qui s'était passé n'avait été réel. Seules ces ultimes minutes compteraient désormais pour lui.

Il l'avait vue et avait su. Le réel n'attendait que lui pour commencer, et tout ce qu'il avait fait ou dit jusque-là, tout cela s'effaçait dans la conscience de naître de nouveau.

Il entrait dans la danse. Il entrait dans sa danse.

 

Neither you nor I'm to blame when all is said and done

 

Alors qu'il revenait d'une de ses contemplations, et qu'il passait de nouveau par la baie vitrée, il lui arrivait de la trouver allongée sur le canapé, un bras sur ses yeux pour masquer la lumière qui la frappait depuis la fenêtre au-dessus d'elle. Sur le sol, des tas de feuilles et de dossiers s'amoncelaient dans un chaos dont elle seule connaissait l'organisation.

Elle avait posé ses lunettes sur la table basse, et sombrait dans un sommeil léger.

Ces derniers temps, il lui arrivait de s'allonger plus que d'habitude, alors qu'elle sentait sa tête tourner, et le vertige de l'incompréhension la prendre. Il s'agissait de l'enquête la plus difficile de sa carrière. Un chef tribal qui faisait brûler ses adversaires d'un claquement de doigt. Un chef tribal avec un nom amusant.

Comment s'appelait-il déjà ?

Peu importait.

Il s'était un jour doucement approché d'elle, et avait entrepris de ranger tant bien que mal les feuilles gisant au bas du canapé.

— Je suis tellement fatigué, Henry, si tu savais, avait-elle dit en se retournant sur les coussins. Ce chef va me tuer, je ne comprends rien à ses cérémonies, ça m'exaspère. Dès que je crois tenir une piste, elle s'évapore l'instant d'après. Et avec ça l'Institut qui me presse pour avoir mes conclusions...

Elle s'était assise et avait repris ses lunettes :

— Deux questions : pourquoi les autres chefs tribaux se présentent-ils à lui en sachant qu'il a des pouvoirs magiques ? Et pourquoi Ougoudou a-t-il en sa possession trois tribus, alors qu'il a tué six chefs ?

Elle avait mis sa main devant ses yeux en soufflant.

C'était dans ces moments qu'elle se sentait entravée, qu'elle tournait en rond dans le salon, autour de la table basse, en marmonnant et en réfléchissant à haute voix. Parfois elle s'arrêtait, et traçait dans l'air avec ses mains des schémas imaginaires pour rendre ses idées plus claires.

Mais cela ne servait à rien, et elle finissait toujours par effacer ces volutes d'idées d'un geste défaitiste.

— J'ai vu tellement de choses, disait-elle alors qu'ils avançaient dans la nuit, un verre à la main, et quelques livres sur la table. Henry, si tu savais tout ce que j'ai vu en quatre ans. Et je n'ai que vingt-trois ans. Le directeur de l'Institut me place déjà parmi ses chercheurs privilégiés. Parmi eux, il y a Yann et Arthur, tu te rends compte ? Et ils atteignent bientôt la trentaine tous les deux. Je passe mon temps à courir le monde, à tenter de le comprendre. Mais je ne peux pas m'empêcher de me demander : et si le monde n'était pas fait pour être compris ? Et si mes tentatives étaient vaines ? Est-ce qu'Ougoudou en est la preuve irréfutable ?

Elle avait bu une gorgée de vin.

— Et si le monde n'était pas fait pour être compris ? avait-elle répété. Et si la cohérence qu'on y trouve était factice ?

Elle avait réfléchi pendant quelques secondes. Henry avait tenté de la rassurer :

— Tu te poses peut-être trop de questions... Tu fais un métier fabuleux, tu sais. Tu trouves de la cohérence dans un monde qui n'en finit pas de crier son anarchie.

Il avait alors remis son livre sur la table :

— Je suis sûr que tu trouveras le sens de tous ces rituels, avait-il dit. Tu es brillante, et je ne vois pas ce qui t'empêcherait de réussir. Si cette cohérence t'apparaît factice, alors elle n'est peut-être qu'un jalon vers le vrai ordre. Qu'une apparence de cohérence masquant volontairement la vérité. Ce serait tellement plus facile d'abdiquer, de postuler un manque d'ordre pour expliquer le monde, de renoncer finalement à toute tentative d'explication. Et je ne pense pas que les choses soient si simples. La cohérence existe, j'en suis sûr, il te faut juste la trouver.

Elle s'était assise sur le canapé, fixant de ses yeux vides les marches de l'escalier.

Finalement, elle prit une inspiration, et dit d'une voix blanche :

— La cohérence, Henry, c'est quand tout est fini. Elle arrive toujours trop tard. Parfois, les chemins que j'emprunte me font penser ça, que la cohérence du monde n'est qu'une illusion. Ou du moins que si cohérence il y a, elle est cachée, et qu'on ne la trouvera que lors de notre mort.

Henry avait sursauté depuis le bas du canapé :

— Depuis quand as-tu les idées si noires ?

Elle avait soupiré.

— Je suis désolée, Henry, mais ces recherches me rongent. Je n'y arrive pas.

— Tu trouveras forcément, avait-il dit pour la rassurer, il ne te manque qu'un élément, j'en suis sûr...

— Peut-être... peut-être...

Elle avait posé son verre sur la table, et sa tête contre l'accoudoir, alors que Henry se replongeait dans la lecture de ses poèmes.

Dans sa tête, une incertitude chuchotait et ravivait des craintes intenables.

 

Et si le monde n'était pas fait pour être compris ?

Alors pour quoi serait-il fait ?

La cohérence, c'est quand tout est fini.

 

In our lives, we have walked some strange and lonely trecks

Slightly worn, but dignified, and not too old for sex

 

Elle le surprenait parfois alors qu'il était debout dans la plaine, à contempler le paysage. Elle ne savait pas trop ce qu'il pouvait y lire, mais elle savait qu'il s'agissait pour lui d'un besoin impérieux.

Il avait imposé sa condition lorsqu'ils étaient arrivés à Pré-au-Lard. Il avait voulu que leur maison donne sur un paysage. Elle n'avait pas discuté.

Elle le soupçonnait de s'évader dans ces collines, elle le soupçonnait de s'abandonner à un sentiment auquel lui seul pouvait avoir accès.

Elle l'avait toujours connu rêveur. Il lui arrivait de laisser en suspens une conversation et d'être aspiré par le vide du paysage, par les courbes des collines, et alors ses yeux se perdaient dans le bleu du ciel.

A cet instant, il s'immobilisait, et son souffle ralentissait.

La première fois que Marlène avait témoigné d'un tel phénomène, elle avait été surprise par la subite décontraction de ses épaules. Bien plus que par le fait qu'il se désintéresse instantanément de la conversation pour s'enfermer dans le mutisme, elle avait été étonnée de le voir vivre de nouveau.

Ils avaient posé leurs bicyclettes non loin de là, et le vent les caressait doucement.

Il était beau lorsqu'il rêvait.

Et alors il avait commencé à pleurer silencieusement. Des larmes avaient perlé au coin de ses yeux et avaient roulé sur ses joues.

Elle n'avait pas compris.

Sa rêverie l'avait entraîné loin, bien loin de la terre qu'elle foulait. Nouvel Icare, il jouait avec les cieux sans vouloir redescendre et dansait maintenant avec des idées qu'elle ne pouvait saisir.

Il avait commencé à pleurer, et rien sur son visage n'exprimait une quelconque tristesse.

Il avait commencé à pleurer, et elle l'observait.

Ils avaient dix-huit ans, et c'était la première fois que Marlène le voyait se perdre dans les lignes de l'horizon.

 

— Henry, qu'est-ce qu'il y a ? Tout va bien ?

La voix de Marlène l'avait tiré de sa rêverie.

— Je... oui... bien sûr... tout va bien, oui.

— Tu étais ailleurs...

— Oui, je regardais... enfin ça n'a aucune importance.

— Je t'ai laissé rêver, tu sais. J'ai vu ton regard devenir flou, tes épaules se détendre et tes yeux fixer l'horizon. Tu es beau quand tu rêves.

— Alors pourquoi m'as-tu réveillé ? avait demandé Henry avec un sourire gêné.

 

Oui, il se souvenait clairement de cet instant. Cet instant et rien d'autre. Le reste était gris et fade.

Il se souvenait clairement de son regard brillant, de ses yeux qui le fixaient alors qu'il émergeait lentement du monde qu'il venait de visiter. 

Il se souvenait clairement de ce moment, et de sa beauté.

Le reste en cet instant n'était que silence.

 

We're still striving for the sky

No taste for humble pie

 

— Wingardium Leviosa !

Quand Henry avait vu s'élever la pile de boules de neige que Marlène avait formée devant elle, il avait su qu'il perdrait cette bataille.

S'il avait pu éviter les premières en se jetant sur le sol, les quatre suivantes ne l'avaient pas raté.

Marlène riait à gorge déployée en se tenant les côtes, alors qu'il se relevait péniblement, couvert de neige, les sourcils blancs et le bonnet à moitié tombé.

— C'est déloyal ! avait-il dit en souriant.

— Mais qu'est-ce que c'est drôle !

Elle se plia en deux tant ses côtes lui faisaient mal. Son rire ne finissait pas de résonner dans l'espace blanc qui les entourait. Henry ne retint pas le sien très longtemps. A peine se penchait-il sur son pantalon pour en retirer les derniers flocons qu'il fut pris de secousses hilares.

Alors même qu'elle se relevait, elle ne vit pas la boule de neige se diriger directement sur son front. Elle eut une exclamation de surprise et fut pendant un bref instant déséquilibrée :

— Je crois qu'il y a un sort pour cela, non ? Quelque chose comme Stupéfix ! s'était-il exclamé en savourant sa vengeance.

Il relança une autre boule de neige sur Marlène qui n'en pouvait plus de s'étouffer de rire.

— Tiens, en voilà un autre, celui-là c'est un Expelliarmus !

La boule qu'il lança percuta sa main droite, et éjecta sa baguette de ses doigts.

Il se pencha pour reformer quelques munitions lorsqu'il vit deux pieds bottés s'élancer vers lui. À peine s'était-il relevé qu'il était plaqué au sol par un éclat de rire. 

— Tu aurais été très mauvais en Défense contre les Forces du Mal, avait-elle fait remarquer, alors qu'ils s'esclaffaient tous les deux.

— C'est toi que tu appelles « Force du Mal » ? avait-il alors ricané.

— Je suis le Mal incarné ! avait-elle rugi en se jetant sur lui et en le couvrant de neige.

 

Elle retrouva sans difficulté sa baguette perdue dans la neige avant de rentrer.

Henry avait retiré veste et pantalon, et commençait à monter les escaliers.

— Il fait si froid dehors, j'ai besoin d'une douche chaude, avait-il déclaré.

Sa voix avait alors résonné derrière lui, alors qu'elle lui prenait doucement la main pour l'entraîner avec elle. Ce fut un chuchotement, un souffle d'abandon et une mélodie langoureuse :

— Je viens avec toi...

 

Thanks for all your generous love and thanks for all the fun

 

Il avait fui, ce soir-là.

Il avait tout quitté, tout laissé derrière lui. Yann et Arthur n'avaient même pas essayé de le retenir.

Il avait passé la journée assis sur un lit de camp, alors qu'on évacuait les derniers blessés de sa maison.

Il avait passé toute la journée à regarder dans le vide, les mains sur les genoux, n'entendant même pas le bruit autour de lui.

Le monde s'était tu.

Il ne ressentait même plus de douleur à la cheville qu'il s'était foulé, quand le sortilège d'un Mangemort l'avait heurté. Il conservait malgré tout des écorchures sur le torse, souvenir de quand Patrick Kershaw l'avait attrapé et tiré vers lui, alors qu'il tentait de fuir les hordes de Rafleurs.

En y repensant, il pouvait encore entendre le cri de Marlène qui se retournait trop tard.

 

Il avait fui, tout simplement.

Il avait fui ses responsabilités. Il avait fui la réalité.

Il s'était réfugié dans le gris, il s'était enfermé dans une prison mentale, confectionnée par lui-même et pour lui-même.

Automutilation préventive et définitive.

Maudite soit la guerre.

Il se le répétait alors que le train le ramenait chez lui.

Maudite soit la guerre.

Il avait lu ça quelque part. Il ne savait plus où.

Mais ça lui faisait l'effet d'un refrain. Une mélodie amère et lancinante.

Quelque chose sur lequel on ne pouvait plus danser.

Quelque chose qu'il ne voulait plus entendre.

 

Neither you nor I'm to blame when all is said and done

 

Il la vit disparaître derrière une colline.

 

Lorsqu'elle était arrivée à Poudlard, elle avait constaté que la cour principale avait été désertée, et que tous les combats se déroulaient à l'intérieur de la Grande Salle.

Il faisait encore sombre, et le soleil n'était pas encore tout à fait levé.

Ils entendaient le fracas des sortilèges et les cris à l'intérieur. La bataille finale avait lieu en cet instant.

Les combattants de Pré-au-Lard se jetèrent dans les combats, en prenant pour cibles toutes les capes noires.

En entrant dans la Grande Salle, Marlène fut prise d'un étrange frisson. Elle revenait sur les lieux de son enfance, mais ils paraissaient défigurés, enlaidis. De grandes traces de brûlures noircissaient les tapisseries, les tables volaient en éclats, les sabliers avait explosé et leurs perles de couleurs étaient dispersées sur le sol.

A la place de la table des professeurs se tenait un combat formidable. Lord Voldemort lui-même faisait face à trois adversaires, deux professeurs et un homme que Marlène connaissait de loin. Horace Slughorn, Minerva McGonagall et Kingsley Shacklebolt. Elle avait déjà eu l'occasion de lui parler, au travers du feu de sa cheminée, alors qu'ils essayaient de planifier la résistance à Pré-au-Lard.

En le regardant, elle eut un nouveau frisson, sans savoir pourquoi. Il se battait avec une force de diable, et le Seigneur des Ténèbres recevait ses sortilèges sans broncher.

Cet instant de suspense fut de trop. Elle entendit une voix horrible hurler « Expulso ! » et l'instant d'après, elle était projetée contre un mur, alors qu'une décharge électrique lui labourait le flanc.

Sa vision fut trouble pendant un instant, mais elle distinguait très bien une paire de chaussures noires s'avancer vers elle.

Elle dut rapidement reprendre ses esprits. « Avada Kedavra ! ». Le sortilège passa tout proche de son oreille, alors qu'elle roulait pour l'éviter. L'instant d'après elle fut sur ses jambes et faisait face à son adversaire.

Derrière lui, elle pouvait voir Bellatrix Lestrange jeter un sort à Ginny Weasley, qui l'évita de peu.

Son attention se reporta sur le Mangemort, mais elle ne put se concentrer sur son visage, car il attaqua. Ce fut un échange formidable d'éclairs et de décharges, de couleurs et de sons. Marlène se défendait en détournant les sortilèges qu'il lui lançait.

Alors qu'elle tentait de l'atteindre avec des chaines, son adversaire dut se jeter sur le côté pour les éviter. Pendant qu'il se relevait, elle fit léviter une table et lui envoyait avec force. Sa réponse fut rapide.

Confringo !

La table éclata sous l'impact du sortilège explosif. Marlène ne connaissait pas ce sort. Mais la lumière qu'il produisit en faisant exploser la table lui montra une vision qui lui retourna le cœur.

 

It's so strange when you're down and lying on the floor

How you rise, shake your head, get up and ask for more

 

C'était lui, toujours lui. Il les pourchassait.

Celui qui était mort sans l'être. Celui qu'ils avaient ensemble vu brûler réapparaissait en plein milieu de la bataille finale, dans la semi pénombre de la Grande Salle. Cet éclair de chair vivante qui les suivait sans relâche.

Et cette cicatrice qui lui barrait le visage, qui le tordait. Son visage qui était une immonde grimace.

Il sembla la reconnaître. Il en eut un sourire cruel.

Ce fut trop pour elle. Une bouffée de rage lui prit l'estomac, et l'adrénaline inonda son cerveau.

Il ne put comprendre ce qui lui arrivait. Il tenta bien de se défendre, mais les sortilèges qu'il recevait étaient à la fois trop puissants et trop nombreux. Il fut touché à l'épaule par un sortilège qui le brûla, au poignet par une énergie qui le coupa, au ventre enfin par un poing qui le souleva et l'envoya s'écraser contre le mur derrière lui.

Marlène était au-dessus de lui, et sa baguette était loin. Il voyait ses yeux brûler.

Elle ne le tua pas, mais le dernier coup qu'elle lui porta avec son poing fut assez violent pour le rendre inconscient.

Derrière elle, Molly Weasley projetait un sortilège qui passait sous le bras de Bellatrix Lestrange. Celle-ci, surprise, perdit son affreux sourire et ses exclamations se noyèrent dans l'obscurité qui l'entourait.

Elle s'abattait sur le sol, sous le regard effaré de son maître.

 

Clear-headed and open-eyed

With nothing left untried

 

Harry Potter sortit de la foule comme on sort du noir.

C'en fut trop pour le Seigneur des Ténèbres. Il eut un cri qui pétrifia tous les combattants dans la Grande Salle.

Il y eut une déflagration et ses trois adversaires s'envolèrent au loin, ballotés comme des linges dans le vent.

Harry Potter était monté sur l'estrade, et regardait Tom Jedusor, sans paraître le moins du monde apeuré. Marlène le voyait au loin, sûr de lui, alors que la lumière commençait à filtrer au travers des grandes fenêtres.

Il narguait Jedusor, lui parlait du défaut de son plan. Et tout le monde les écoutait. Ils se tournaient autour comme des lions en cage, attendant le bon moment pour frapper.

Tous retenaient leurs souffles.

Kingsley Shacklebolt avait atterri à trois mètres d'elle, et se trainait sur le sol, impuissant.

Alors, sur l'estrade, deux voix crièrent en même temps :

— Avada Kedavra !

— Expelliarmus !

Et ce fut comme si ces cris avaient réveillé tous les combattants. De nouvelles détonations se firent entendre dans la Grande Salle. La fin de la bataille approchait, c'était le dernier affrontement.

 

Shacklebolt se trainait sur le sol, le nez en sang. Marlène vit un Mangemort se retourner et le regarder. Elle reconnut Antonin Dolohov.

Il pointait le sorcier de sa baguette, certain de l'avoir à sa merci.

Il commençait son incantation.

Le cœur battant, elle s'élança. Elle n'avait pas le choix. Ce fut un élan spontané qui la prit. Ni plus ni moins. Une force la poussa à courir.

Alors que le sortilège quittait la baguette du Mangemort, elle s'interposa.

 

Standing calmly at the the crossroads, no desire to run

 

Longtemps il avait pensé que tout ce qui était arrivé avait été sa faute, que la fin de son histoire avait été provoquée par son propre entêtement à ne pas quitter Pré-au-Lard.

C'est pour cela qu'il avait fui. Le plus vite possible, le plus loin possible. Chez lui.

Il fallait tout oublier, tout raser de sa mémoire. Tout, sauf elle. Il ne pourrait jamais.

Il l'attendrait. Elle reviendrait, comme elle l'avait promis ce matin-là. Il attendrait son retour.

Alors qu'il remontait la grande rue, il la revoyait avec lui, devant ce lever de soleil, alors qu'elle lui demandait quelle était la beauté de ce phénomène naturel. Il la revoyait sur sa bicyclette, dans cette fusion d'elle et de la nature. Il la revoyait enfin disparaître derrière cette colline.

Sa mémoire courrait pour échapper au fantôme de la mort qui le rongeait. Il marchait rapidement, comme s'il était pourchassé par quelque chose d'obscur et de terrible.

Mais il était seul dans cette rue déserte, et rien ne le pourchassait. Rien ne le pourchasserait plus jamais.

Il était seul dans cette rue déserte, seul avec ses murmures, qui lui répétaient que la vie ne finirait pas sur un trottoir gris.

Mais pour lui, tout était déjà fini.

Alors, à quoi bon se presser ?

 

There's no hurry anymore when all is said and done

 

— ... tout cela donne l'impression d'une vie, une vie insaisissable mais qui pourtant est bien là. Une vie dont on ne pourrait que témoigner, à défaut de pouvoir l'appréhender. Pour l'appréhender, il faudrait pouvoir être capable de passer de l'autre côté. La vie appréhendable vient avec le soleil. Mais pendant son lever, ce sont deux vies opposées qui se mêlent. Un lever de soleil, c'est une contradiction vitale, c'est une anomalie naturelle. Un lever de soleil, c'est un paradoxe.

Il était quatre heures et demi, et ils attendaient que le soleil se lève. Elle avait Henry contre elle, et elle le sentait vivre à mesure qu'ils passaient de la nuit au jour, à mesure qu'ils passaient ensemble de l'autre côté de l'existence.

Elle avait senti la lumière l'inonder, à mesure que le soleil apparaissait à l'horizon. Elle s'était sentie baignée dans une aura surnaturelle, qui l'arrachait à la terre.

Elle avait toujours Henry contre elle, elle le serrait bien fort pour ne pas se perdre.

Alors, elle fut parcourue d'un frisson. Ce n'était ni le chaud, ni le froid. C'était autre chose.

Elle se sentait synchronisée avec quelque chose de nouveau. Elle sentit en elle quelque chose comme une résonnance.

Alors que le soleil se levait, et qu'elle tenait Henry fermement près d'elle, elle se sentit inondée par quelque chose d'indicible et de paradoxal.

Alors que le soleil se levait, elle se sentait inondée par la vie.

 

Standing calmly at the crossroads, no desire to run

 

Le sortilège avait percé son bouclier et l'avait touchée en plein cœur.

Ce fut comme une puissante décharge électrique qui parcourut tout son corps. Sa vision se troubla pour quelques secondes.

Elle lutta de toutes ses forces pour ne pas céder. Elle luttait avec sa propre mort, pour voir la fin de cette guerre.

Elle crut voir Dolohov propulsé par un sortilège qui venait de derrière elle. 

 

Il y eut une explosion de lumière. Le soleil venait de transpercer les grandes fenêtres derrière l'estrade, et emplissait la Grande Salle.

Elle le regardait se lever, luttant de toutes ses forces pour ne pas sombrer.

 

Et alors elle la vit, la fin. Le sortilège de Voldemort revenant à son envoyeur, la baguette de Sureau voletant et Harry la saisissant au vol. Tom Jedusor tombant les bras en croix.

 

La lumière inonda son visage, la chaleur emplit son corps qui cédait à l'oubli. Elle respira une dernière fois. Ses bras ballaient sur ses côtés, et elle vacillait de droite à gauche, dans un mouvement que le sortilège avait insufflé à son corps.

Une dernière danse, presque invisible.

Elle avait toujours aimé danser. C'était quelque chose qui l'animait, la danse. Quelque chose qui la remuait, qui donnait vie à chacune des parties de son corps.

 

Mais maintenant, cette danse l'emportait.

La lumière l'inondait, et elle la laissait faire. Elle se sentait partir, doucement, de l'autre côté. Et à mesure qu'elle s'éloignait d'elle-même dans cette danse répétitive, que ses sensations disparaissaient dans le noir qui la cernait, elle comprit.

 

There's no hurry anymore when all is said and done

 

Il y avait une question lancinante qui se rappelait à elle, et une certitude qui venait d'y répondre.

Et si le monde n'était pas fait pour être compris ?

Alors pour quoi serait-il fait ?

Maintenant elle savait. Elle dansait avec le soleil, et emportait avec elle le monde qui l'entourait.

Si le monde n'est pas fait pour être compris, il est fait pour être senti.

Henry lui avait appris cela.

Et enfin, alors qu'elle accédait à cette vérité, alors qu'elle sombrait dans la mort et qu'elle cédait au feu qui la brûlait, une dernière pensée la prit. La toute dernière qu'elle put former, et qui lui rendit sa tranquillité alors qu'elle s'effondrait dans les bras de Shacklebolt.

 

La cohérence, c'est quand tout est fini.

 

Note de fin de chapitre :

Vous êtes donc arrivés à la fin, félicitations ;)

J'espère que vous aurez apprécié cette histoire, et n'hésitez par à passer par la catégories review, pour partager vos impressions ou vos remarques !

Merci encore d'avoir lu, et à bientôt !

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