« Comment c’est Poudlard, Teddy ? »

Ils s’étaient arrêtés de jouer dans la neige. Leurs cousins s’amusaient plus loin, emplissant le calme serein de la campagne environnante de rire, de cris et de pleurs, mais Teddy et Victoire s’étaient éloignés, savourant les quelques instants de retrouvailles dont ils pouvaient profiter après de longs mois d’automne.

« C’est merveilleux, il y a tellement à découvrir dans le château ! des pièces abandonnées, des passages secrets, … Et les fantômes ! Tu sais, il y en a un qui n’arrête pas de faire des blagues aux élèves ! Et on se fait des copains, et… »

Il se redressa et plongea son regard dans celui brillant d’émerveillement de Vic. Cette petite fille qui, avec ses treize mois de moins que lui et avec qui il avait passé son enfance, était plus une sœur qu’une amie. Elle lui avait tant manqué… pouvait-il lui cacher ça ?

« Je me suis fait des copains tu sais. Mais ils ne se comporte pas très bien avec moi.

-          Tu devrais en parler à Harry. Maman dit toujours que les enfants qui embêtent les autres méritent d’être punis !

-          Non, ils ne m’embêtent pas, ce n’est pas ça… Mais…. Ils ne me regardent pas comme dans le train en septembre, quand il ne savait pas que… qui étaient mes parents.

-          Tes parents sont morts comme Tonton Fred. Papa dit que ce sont des héros. Tu ne devrais pas avoir honte d’eux Teddy !

-          Je n’ai pas honte de mes parents ! »

L’enfant s’était redressé d’indignation, ses cheveux châtains se teintant de mèches rouges.

« Mon père était un loup-garou…, lui rappela-t-il en baissant le ton.

-          Et alors ! tu n’en es pas un toi !

-          Ça n’a pas l’air de convaincre tout le monde… »

Victoire s’était redressée. Elle croisa les bras sur sa poitrine, et une moue de réflexion teinta ses traits parsemés de taches de rousseur.

« Tu sais ce que tu devrais faire ? finit-elle par s’exclamer. Prouve-leur qu’ils ont tords de te sous-estimer ! Maman dit toujours que lorsqu’on se moque de toi, tu dois tout faire pour qu’ils te voient tel que tu es et leur mettre un gros coup de pied aux fesses. Tu devrais beaucoup étudier et avoir des meilleures notes qu’eux ! ce n’est pas parce que tu es à Poufsouffle que tu n’es pas suffisamment intelligent pour être le meilleur.

-          Moui… souffla l’enfant peu convaincu. Ce n’est pas en écrasant tout le monde avec des notes que je me ferais des amis.

-          En même temps regarde toi, Teddy ! Tu es moche ! Moi, je te préfère avec tes cheveux bleus, comme avant ! Quand tu as les cheveux bleus, tu es rigolo, mais depuis que tu es revenu de Poudlard, c’est moche tes cheveux ternes là !

-          Mais tout le monde me regarde bizarrement avec mes cheveux bleus !

-          Ça, c’est parce qu’ils sont jaloux ! »

Il se concentra et en quelques instants, il arborait une touffe de cheveux turquoise à la coupe semblable à celle de son parrain Harry. Victoire se jeta sur lui en riant, passant une main entre ses mèches folles.

« Voilà ! je retrouve enfin mon Teddy ! »

Il rit un instant avec elle, puis se rallongeant dans la neige à côté d’elle, il lui prit la main.

« Il n’empêche que Poudlard, ce serait bien mieux avec toi.

-          Maman veut toujours que j’aille à Beauxbâtons, souffla la fillette. Elle dit que l’enseignement y est plus diversifié… »  « Tu as qu’à venir avec moi l’année prochain ! conclut-elle, pleins d’espoir. 

-          Mais je ne parle même pas français !

-          Alors apprends !

-          Tu sais bien que ce ne sera pas assez, Vic ! »

Elle se rembrunit.

                « Promets-moi de m’écrire plus à la rentrée…

-          J’essaierai, même si plus d’une lettre par semaine, ça va être compliqué ! ça te dit d’aller voler en balais ? J’ai appris à Poudlard, et il y a le vieux d’oncle Percy dans la réserve… »

Ils échangèrent le regard d’enfants sur le point de faire une grosse bêtise, et profitant que les adultes se détournaient vers les plus petits, ils s’éloignèrent en sifflotant vers de nouvelles aventures.

<>

« Cher Ted,

Je suis tellement déçue que le Tournois des Trois Sorciers ait lieu à Poudlard et de ne pouvoir m’y rendre parce que je suis trop jeune… Tu te rends compte ? on aurait pu passer toute l’année ensemble ! Mais dans 5 ans, ce sera peut-être à Beauxbatôns et tu auras l’âge de venir !

Oh Teddy, si tu savais comme c’est dur de me dire que, après 2 mois à se voir pratiquement tous les jours, il faut attendre Noel… Pourquoi Poudlard ne vous laisse-t-il pas rentrer tous les week-end ?!

N’oublie pas de me répondre avant la prochaine lune !

Je t’embrasse fort, tu me manques frérot !

Ta petite française. »

<>

                « Victoire ! un coup de cheminette pour toi ! » appela la voix stridente de Dominique du rez-de-chaussé.

Grommelant d’être arrachée à ses révisions (elle avait le Brevet des Banquets cette année, ça ne rigolait plus !), elle descendit d’un pas trainant les escaliers. Mais en voyant le nez en trompette de Teddy et son grand sourire des beaux jours pointant au milieu des cendres rougeoyantes, tout son ressentiment s’envola.

« Devine quoi ! Devine quoi ! hurlait-il.

-          Tu as réussi ? Tu es Préfet ? »

Devant son air satisfait qui en disait long, Victoire poussa un long cri de joie, ignorant les grimaces amusées de ses parents derrière elle. Teddy s’était battu toute l’année dernière pour avoir les meilleures notes possibles et décrocher le titre cette année, au point qu’ils avaient réduits leur correspondance de mauvais cœur. Cette victoire, elle savait qu’il la méritait.

« Je vais faire mes courses de la rentrée avec Grand-Mère et Harry cet après-midi, tu veux venir ? »

<>

« Chère Victoire,

Ce type n’est qu’un enfoiré. Je ne lui souhaite pas de croiser ma route un jour, je t’assure !! Pierre Dujardin, tu m’as dit ? Il est noté dans un coin de ma tête ! Je te vengerais, c’est promis !

Ne te laisse pas abattre par un co***** comme lui… Que j’aimerais être avec toi pour te prendre dans mes bras ! Mais les vacances de Pâques sont dans deux semaines, j’espère que tu seras là pour venir me chercher… Peut-être qu’on pourra s’échapper chez Adrian Fantarôme un après-midi ! Enfin, uniquement si tu me trouves une place dans ton planning de révision ! ;)

Le match contre Serpentard est samedi, je ne rêve plus que d’éclater à coup de cognard ce petit Franck Davies pour éviter qu’il nous vole le vif…

Je t’embrasse très fort, et n’oublie pas que tu es la plus belle et la plus intelligente de toutes les françaises et que ces pauvres types ne savent pas ce qu’ils perdent !

Teddy, futur capitaine de Poufsouffle, qui te manque très, très fort (je le sais !). »

<>

« Mon Teddy,

Je te souhaite un très joyeux anniversaire. Tu as 17 ans, et c’est merveilleux à quel point tu as grandi depuis ton entrée à Poudlard. J’espère que ce cadeau te plaira…

Je regrette de ne pas pouvoir être présente pour toi aujourd’hui.

Tu me manques, embrasse Hanna (que j’espère rencontrer cet été !) de ma part,

Victoire, la seule femme de ta vie ! (Je rigole !) »