« Bonjour grand-mère. Ça fait longtemps que je ne suis pas venue te voir, et j'en suis désolée. Vraiment. Je reviens de Poudlard. C'est les vacances de février. On prépare les A.S.P.I.C.S, mais j'ai réussi à convaincre le professeur McGonagall de me permettre de quitter Poudlard un peu plus tôt. Et vu son regard, je crois que si elle avait pu, elle m'aurait accompagnée. Pour être ici, un 30 janvier, le jour de ton anniversaire, avec toi, grand-mère.
Enfin je ne sais pas si je peux t'appeler comme ça, hein..., puisque on ne se connait pas. Enfin pas vraiment. Personne ne peut me parler de toi. Et personne ne peut te parler de moi. Mais peut-être que toi, tu me regardes. Enfin je ne sais pas. C'est un peu idiot, non ? Je veux dire, s'il existait un ailleurs où tu serais, tu aurais sûrement autre chose à faire que de me regarder. Papa ne parle jamais de toi. Je pense que ça lui fait du mal. Mais à moi aussi. Parce qu'en définitive, je ne sais rien de toi. On est comme deux étrangères, l'une pour l'autre. Je sais juste que j'ai hérité de tes cheveux, de ton humour, de ton intelligence. C'est tout. Et franchement, c'est assez maigre. Porter un nom ne signifie rien. Mais dans mon cas, c'est une fierté, tu peux me croire. Donc, je suis là, j'ai apporté un bouquet de fleurs, avec des amarantes, des aloès, du genévrier, des glaïeuls, un iris et une fleur de lys, comme d'habitude tu me diras. Mais bon. J'ai juste envie de parler, de te parler. Il y a tant de choses que j'ai ratées avec toi. Des choses qu'on aurait pu, qu'on aurait dû faire ensemble.
J'aurais voulu... apprendre à te connaître. J'aurais voulu savoir ce que je ressentirai si tu m'avais prise dans tes bras. J'aurais voulu connaître... ton odeur, ton... sourire, ta chaleur, tes... bras, ton humour... J'aurais voulu te voir autrement que sur des photographies. J'aurais... voulu que tu me fasses rire, toujours, que tu me consoles, parfois, que tu me disputes, rarement, que tu me rassures, souvent... J'aurais voulu que tu puisses m'aider... dans mon... travail, dans ma vie... amoureuse, aussi...
Je veux savoir si tu m'aurais aimée, si tu aurais été fière de moi. Je veux savoir ce qu'on aurait pu faire ensemble. J'aurais voulu que tu me voies telle que je suis maintenant, ce que je suis devenue en grandissant dans ton ombre. J'aurais voulu tellement de choses avec toi.
J'aurais aimé... ne pas avoir... à être là, en train de sangloter, la voix... trem... tremblotante au milieu d'un cimetière... à parler comme une imbécile, devant une pierre tombale enneigée...
J'aurais voulu entendre le son de ta voix, arrêter de me l'imaginer, de me la représenter, d'en rêver. Tu me manques tellement.
Quoiqu'il en soit, Grand-mère, je t'aime. Profondément. Et pour toujours. »