Chapitre 1
Diana Côté
La jeune femme retira ses gants et d’un claquement de doigt, elle les fit brûler. Elle ôta rapidement son sarrau blanc et l’accrocha contre la porte de son bureau. Elle alla s’installer sur sa chaise. Son patron, Daniel Martin lui avait laissé une petite note. Elle la parcourut rapidement et poussa un profond soupir. L’employé chargé d’apporter les potions n’avait pas pu terminer le travail et elle devait le faire. Elle détacha ses cheveux et sortit de son bureau, en claquant la porte.
Elle avait fait tellement d’effort pour devenir potioniste, pas pour transporter les potions. Elle parcourut le long corridor et déposa sa baguette contre le mur.
Le ministre de la magie avait fait installer cette protection afin que seul les personnes autorisées puisent aller chercher les potions. Pour Diana, cela représentait une longue perte de temps. Chaque fois qu’elle finissait son travail, elle devait donner sa baguette et attendre que celle-ci soit reconnue avant d’entrer.
Quelques secondes plus tard, le mur recrachait la pièce d’identification et s’ouvrait pour laisser entrer la fille. Elle avança et récupéra les fioles de Véritaserum. Elle sortit rapidement de la pièce et se dirigea vers les bureaux des Aurors. Elle devait prendre l’ascenseur qui l’amènerait, deux étages plus hauts, et là elle devrait marcher tout au bout du long couloir. Elle devrait attendre que l’imbécile d’Auror l’identifie avant de pouvoir entrer et aller porter les potions à Étienne, le chef du département des Aurors. Si elle le pouvait, elle quitterait le ministère, mais c’était l’une des seules places où il cherchait des potionistes.
Elle venait d’arriver devant l’Auror de garde et lui dicta son nom et la raison de sa visite. Le vieil homme vérifia sur la feuille et lui dit qu’elle pouvait passer. Il essaya de lui dire où se trouvait le bureau d’Étienne, mais elle le coupa. Elle le savait déjà et elle n’avait pas de temps à perdre. Elle toqua à la pièce et entra.
Étienne était assis à son bureau et lisait un dossier. Des feuilles remplissaient son bureau. Il les cacha dans le carnet et le referma. Diana avait l’habitude. C’était encore des secrets nationaux. Elle déposa les fioles de Véritaserum sur le bureau et les compta avec lui. Il signa le parchemin prouvant qu’il les avait bien reçues. Diana le remercia poliment et reprit son chemin.
Lorsqu’elle fut de retour dans la section des potionistes, il n’y avait presque plus d’employés. Daniel était en train de guetter une potion. Elle alla le voir et lui tendit la feuille.
— Merci beaucoup, Diana, tu m’as épargné ce voyage, déclara son supérieur.
Elle hocha la tête et partit sans répondre. Elle arriva devant la cheminée. Elle prit une poignée de poudre de cheminette et elle s’aventura à l’intérieur.
Elle réapparut dans sa maison.
— Salut, je suis rentrée, plaisanta-t-elle.
Elle vivait seule depuis maintenant trois ans. Elle avait quitté le nid familial pour avoir plus de liberté. Elle se plaisait bien chez elle, à faire son ménage, son lavage et la cuisine. Elle s’était installée dans ce petit quartier de Montréal, peu après avoir trouvé son emploi au ministère. Elle avait décidé de vivre en solitaire, car elle tenait absolument à devenir plus indépendante.
Elle ouvrit le réfrigérateur et s’empara d’une lasagne qu’elle avait faite la veille. Elle mangea rapidement son repas, puis fila à la douche. Elle s’habilla en moldu. Elle portait un long chandail jaune et des jeans. Elle transplana chez Maxime, son frère. Chaque vendredi soir, elle allait le voir après le souper.
Elle cogna à la porte et il vint lui ouvrir. Elle le serra dans ses bras, comme à chaque fois.
— Tu arrives plus tôt que ça d’habitude, signala Maxime. Étais-tu avec un garçon ?
— Bien sûr que non, tu sais, bien que je n’aie pas le temps, ricana-t-elle. Daniel m’a encore demandé d’aller porter des fioles aux Aurors.
Elle alla s’asseoir sur le canapé tandis que son frère lui servait une coupe d’hydromel.
— Et toi, ça s’est bien passé au restaurant ?
Maxime s’était acheté un petit restaurant et il passait une grande partie de son temps là-bas. Il avait une seule soirée de congé et c’était le vendredi. Il la passait avec sa sœur.
— Oui, il a encore eu beaucoup de monde et Valérie commence à être compétente.
Valérie était une sorcière de 16 ans. Le mois passé, elle avait passé une journée avec Diana pour voir la réalité du métier de potioniste. Elle avait dit à Diana qu’elle se cherchait un emploi et elle l’avait référé à Maxime.
— Je suis contente de l’apprendre, répondit Diana.
— Elle a juste laissé tomber un plateau aujourd’hui, raconta-t-il. Je lui aurais bien dit de le ramasser par magie, mais la salle était pleine.
— Oui, de ce que je me rappelle, elle était plutôt maladroite, plaisanta Diana.
— Très maladroite, confirma Maxime, mais elle est souriante et les clients l’adorent.
— Oui, elle est gentille, elle m’a fait une bonne impression.
Maxime ouvrit la télévision et ils écoutèrent un film. Diana ne l’aimait guère, mais elle ne dit pas un mot. Elle voulait que son petit frère en profite. Lorsqu’il fut terminé, elle se leva et s’apprêtait à quitter l’appartement, mais son frère l’interrompit.
— Je ne veux pas te déranger avec ça Dia, mais le robinet dans la cuisine ne fonctionne plus. As-tu le temps de le réparer ?
— Aucunement, répondit-elle avec un grand sourire.
Elle lança un reparo et tourna la poignée. L’eau se mit à couler.
— Je ne voulais pas payer un plombier, pour quelque chose que tu pouvais faire, rougit-il.
Elle le serra dans ses bras à nouveau et déposa un baiser sur sa joue. Maxime était gêné de demander à sa grande sœur un service, mais elle était toujours contente de l’aider. Elle savait que si Maxime était sorcièr et elle une cracmole, il l’aiderait. C’était normal qu’elle en fasse autant.
Elle transplana chez elle. Elle se dépêcha de se mettre en pyjama et alla s’étendre dans son lit. Elle s’enveloppa dans ses couvertes avec un immense sourire. Elle n’avait rien de prévu de sa fin de semaine. Elle allait pouvoir faire le ménage et en profiter pour se détendre avant de retourner à l’ouvrage lundi. Elle s’endormit rapidement, sûrement à cause de l’hydromel.
Un drôle de bruit la tira de son sommeil. Instinctivement, elle posa sa main sur sa table de chevet pour ramasser sa baguette. Elle n’était pas là. Elle avait dû la laisser dans ses pantalons. Elle se leva d’un bond et se dirigea dans le salon sans ouvrir de lumière. Lorsqu’elle franchit le cadre de porte, ses jambes cédèrent. Elle s’effondra au sol.
Un long jet froid lui coula dans le dos. Elle se tourna et le reçut en plein visage. Elle perdit conscience aussitôt.