Fleur caressa longuement son ventre rond. Elle donnerait naissance à son troisième enfant d'ici environ deux mois. Les paris se faisaient nombreux dans sa famille pour savoir le sexe de ce nouvel arrivant. Fleur, elle, s'en fichait. Ce bébé serait aimé et choyé. Peu importe ce qu'il était et ce qu'il déciderait de devenir.

Son aînée, Victoire, était une grande sœur modèle. A bientôt six ans, des petites tâches de rousseur parsemant ses pommettes étaient la seule caractéristique qui la distinguait de Fleur, dont elle était le portrait craché. Et comme sa mère avant elle, la jolie fillette blonde adorait sa petite sœur.

La petite Dominique fêterait ses deux ans dans tout juste un mois et demi. Elle tournoyait joyeusement autour de sa sœur, dans sa robe verte bouteille aux jolis motifs fleuris. Avec ses petites boucles rousses, son appartenance à la famille Weasley n'était un doute pour personne. Dominique était un véritable tourbillon de joie. Fleur pensait à Gabrielle en la voyant.

La sœur de Fleur était confortablement installée dans le rocking-chair du salon. Elle l'avait récupéré dans l'ancienne maison de leur grand-mère récemment décédée. Gabrielle se laissait balancer nonchalamment, son fils emmitouflé dans une couverture molletonnée grise, posé sur la poitrine de sa mère.

Simon était né il y a tout juste une semaine. Lui et Gabrielle avaient quitté l'hôpital trois jours plus tôt pour rejoindre leur domicile. Fleur avait été là dès les premières contractions. Elle avait pris quelques jours de congés à Gringotts pour pouvoir être là dans les premiers instants de maman de sa petite sœur et elle n'avait jamais été aussi attendrie.

«Là mon bébé, calme-toi. Papa va ramener le berceur, chuchota Gabrielle à son petit Simon qui commençait à chouiner.»

Paul, le mari de Gabrielle, amena en effet le berceur à la jeune maman. C'était un objet blanc à l'apparence d'un babyphone moldu. Le berceur commença à jouer une douce musique aux paroles enchanteresses et magiques. Des vagues de lumières d'un bleu pâle apaisant formèrent une brume aux vertus calmantes et le petit garçon se tût, se rendormant tout contre sa mère.

«-Tu te débrouille à merveille ma puce, sourit Apolline, la nouvelle grand-mère, à sa fille.

-Tu es sûre ?, demanda-t-elle d'une voix penaude. J'ai parfois l'impression de ne pas comprendre ce dont il a vraiment besoin...

-C'est normal, lui assura sa sœur. Mais je te promets que tu te débrouilles à merveille.»

Voulant que son épouse se repose un peu avant que leur fils ne doive téter à nouveau, Paul apporta un grand verre de soda de branchiflore à sa femme et prit le petit Simon dans ses bras. Gabrielle lui sourit. Elle commença à boire tout en observant les deux hommes de sa vie. Paul tenait Simon avec la plus grande délicatesse. On remarquait aisément qu'il avait peur de faire mal au bébé. Ce dernier commençait à s'agiter dans les bras de son père, défaisant la couverture qui l'enveloppait. Le jeune père essaya de bercer doucement son nouveau-né, mais rien n'y faisait. Doucement, Simon commença à chouiner, puis à pleurer à pleins poumons, déclenchant la panique de son père.

Au bout de quelques longues secondes à voir son mari tout tenter pour calmer le nourrisson, Gabrielle reposa son verre désormais vide et alla reprendre le petit dans ses bras, sous un soupir de soulagement de Paul. Elle lui chantonna une comptine racontant les vélanes et les sorciers et aussitôt, les pleurs de Simon cessèrent et le bébé se lova dans le creux des bras de sa jeune mère.

«-Je ne sais pas comment tu fais ça, argumenta Paul, à la fois râleur et admirateur. Dans mes bras, il finit toujours par pleurer et il n'y a que toi pour le calmer.

-C'est le pouvoir des mamans, rit Fleur. Du moins, c'est celui de Gabrielle.

-C'est le lien magique qui existe entre une maman et son enfant, déclara Apolline.

-Mais ne t'en fais pas, Paul. Ça ne veut pas dire que tu es exclu, le rassura Édouard, son beau-père. Il y a bien sûr un lien entre toi et ton fils. Il peut paraître moins important que celui qui existe entre le bébé et sa mère pour l'instant, mais il ne cessera de grandir.

-Et évidemment, Simon a autant besoin de toi que de sa maman, ajouta Fleur.

-C'est vrai ça, rit Victoire, qui venait d'entendre la conversation des grands. Dis à tonton Paul que papa et maman sont tous les deux très importants Dom' !

-Ah ça oui alors, s'exclama la petite rousse tout en tirant son aînée vers le salon pour retourner jouer.»

Plus tard dans l'après-midi, Apolline et Édouard étaient rentrés chez eux. La petite Dominique faisait une sieste, tout comme Simon, installé dans un petit berceau dans la bibliothèque. Paul avait quant à lui décidé d'emmener Victoire faire une balade dans les forêts environnantes.

Gabrielle et Fleur savouraient une tasse de chocolat chaud, assises dans les grands fauteuils du salon. Alors que l'aînée racontait à sa cadette des anecdotes de sa vie quotidienne, celle-ci ne put retenir un long bâillement.

«-Fatiguant les premiers jours d'une vie de maman n'est-ce pas ?, rit Fleur.

-Je ne sais pas comment tu vas faire à la naissance de ce bébé-là, répondit-elle simplement en touchant le ventre rond de sa sœur.

-Tu prendras tes marques avec Simon. Tout va devenir de plus en plus simple et de plus en plus naturel. Et un jour, peut-être, tu auras envie qu'il grandisse avec quelqu'un à ses côtés, comme j'ai eu la chance de t'avoir.

-Doucement, la calma Gabrielle. Simon vient à peine de naître. Je crois que Paul comme moi, on ne pense pas encore une seconde à agrandir la famille.»

Fleur lui sourit pour seule réponse. A la naissance de Victoire, elle était épuisée et elle s'était longuement demandée comment sa belle-mère, Molly Weasley, avait pu élevé sept enfants tout en conservant autant d'énergie. Mais la vie avec Victoire était magique, et elle s'était souvenue de son enfance adorée en compagnie de Gabrielle. Et c'est ainsi que Dominique avait finalement vu le jour près de quatre ans plus tard.

Elle connaissait Gabrielle. Elle ne doutait pas un instant que sa sœur ne pensait pas encore à un autre bébé. Elle savait aussi très bien que Simon comblait ses parents. Mais il ne lui faisait aucun doute qu'un jour, Simon serait grand frère.