« Etain Swan ! »
Soufflant doucement et avec un calme impressionnant, la concernée s’avança, sans se presser, vers le tabouret à trois pieds. Elle s’y installa avec élégance, face à tous ces élèves qui la fixaient, et la tête haute, un léger sourire flottant sur son visage. La jeune fille n’avait pas réussi à masquer son excitation d’être enfin arrivée à Poudlard. Tandis que le professeur McGonagall posait délicatement le Choixpeau sur sa tête, Etain se mit à frémir, dans quelle maison allait-elle être envoyée ? Une douce voix feutrée se fit entendre dans sa tête, à cet instant, la fillette savait qu’une partie de son destin allait être scellé.
« Et bien, voici la digne fille Swan ! Oui bien sûr, je me souviens de tes parents. Ta mère était à Serdaigle et ton père était à Serpentard. Qu’en est-il de toi ? Je vois que tu es une tête brûlée mais tu as les pieds sur terre, je pense que tu dois aussi apprendre à avoir besoin des autres pour avancer. Bien, je crois, non je suis parfaitement sûr, car je ne me trompe jamais, que tu feras de grandes choses en empruntant le même chemin que ton père. Oui, tu seras à ta place à Serpentard ! »
Un tonnerre d’applaudissement s’éleva depuis la table de la maison des verts et argents. Etain enleva elle-même le Choixpeau de sa tête et le rendit respectueusement à la directrice de la maison Gryffondor, puis d’un geste nonchalant elle secoua légèrement sa chevelure. Ses boucles couleur châtaigne, aux reflets cuivrés, cascadaient librement sur ses épaules. D’un pas aérien elle rejoignit l’immense table et s’installa parmi ceux qui seraient désormais ses camarades pour sept ans. Durant le repas, elle fit la connaissance de celles et ceux qui étaient de la même année qu’elle. Etain discuta particulièrement avec un certain Adrian Pucey, un garçon aux cheveux blonds, et en bataille, qui affichait très souvent un sourire en coin et dont les yeux bruns, scrutateur, semblaient rechercher la moindre information qu’il pouvait récolter. La jeune sorcière se sentait bien, contrairement aux rumeurs, les Serpentards étaient loin d’être des personnes austères, ce qu’elle pouvait voir la contentait parfaitement. Vers la fin du repas, son étrange regard bleu cobalt fut attiré par un garçon à la haute stature qui se faisait secouer par certains de ses camarades plus âgés.
« Alors Flint ? Maintenant que tu es en deuxième année, tu peux enfin tenter ta chance pour rejoindre l’équipe ! Vaisey a terminé sa scolarité, un poste de poursuiveur se libère ! »
Le concerné, haussa les épaules mais ne pu retenir un sourire satisfait, ses yeux verts foncés pétillants de joie, il devait vraiment beaucoup aimer le Quidditch pour éprouver autant de plaisir à l’idée de passer les essais. Soudain, sans qu’Etain ne s’y attende, le dénommé Flint leva brusquement la tête et planta son regard dans le sien. La jeune sorcière ne put s’empêcher de le trouver impressionnant, malgré son jeune âge, il était déjà très grand et ne tarderais certainement pas à se muscler en conséquence s’il intégrait l’équipe de Serpentard. Flint possédait une dentition proéminente qui lui donnait un air agressif et pourtant, le regard qu’il lança à la jeune fille, tout en aplatissant ses cheveux qui avaient été ébouriffés par ses camarades, était simplement curieux. Ne pouvant s’empêcher de rougir, Etain détourna rapidement la tête et recentra son attention sur son assiette, terminant de manger sa part de tarte au citron meringuée. C’est de cette façon qu’Etain Swan rencontra Marcus Flint.
Les premières semaines de cours au sein de l’école de magie ne furent pas aussi belles qu’Etain se l’était imaginé. En effet à part Adrian, la jeune fille avait du mal à se lier avec ceux de sa maison, et la plupart des autres élèves de l’école l’évitaient du fait de son appartenance à la maison Serpentard. Cela alla même plus loin car certains élèves, toutes maisons confondues avaient commencés à vraiment s’en prendre à elle. Cela avait commencé par quelques réflexions sur les boucles de ses cheveux, puis certaines de ses affaires avaient commencées à disparaître et enfin, il n’était pas rare qu’elle se fasse violement rentrer dedans au détour d’un couloir. Certes, elle était vraiment heureuse de participer aux cours et même si elle n’était pas la plus douée, Etain s’en sortait tout de même honorablement mais n’ayant pas d’amis avec qui passer le temps, Adrian étant très vite devenu la coqueluche des Serpentards de première année, lorsque les cours étaient terminés, elle passait énormément de temps à la bibliothèque, ne voulant pas être un fardeau pour son ami qui prenait déjà beaucoup de son temps pour elle. La jeune sorcière savait que dans cet endroit, elle aurait la paix qu’elle espérait. En effet, bien qu’elle ait beaucoup de caractère, Etain avait du mal à faire face aux brimades des autres élèves. Pour autant, elle ne se morfondait pas, elle était bien trop fière pour cela, mais elle devait avouer qu’il aurait été plus plaisant d’avoir, ne serait-ce que, qu’un ou deux amis avec qui passer son temps libre.
Etain fut interrompu dans ses pensées lorsque deux garçons s ‘approchèrent de sa table, croyant qu’on allait, une fois de plus s’en prendre à elle, la Serpentard les fusilla du regard. Le plus petit des deux ne put retenir un éclat de rire, ce qui perturba fortement la jeune fille. A en juger par leurs uniformes, ils appartenaient à la maison Gryffondor, c’est alors qu’elle réussi à mettre un nom sur les visages qui lui faisaient face, car elle avait quelques cours en commun, notamment celui de potion, avec eux. Celui qui s’était permis de rire n’était autre qu’Olivier Dubois, c’était un garçon passablement bruyant et qui semblait adorer, non vénérer serait plus juste, le Quidditch à l’inverse de son condisciple, un grand échalas aux cheveux roux, aux lunettes à monture en écaille et avec un air plus que guindé. Il était bien plus discret que son homologue et Etain ne se souvenait absolument plus de son nom et encore moins de son prénom. Ce fut donc Dubois qui prit la parole, ne semblant pas le moins du monde intimidé par l’hostilité que tentait de dégager la Serpentard.
« Salut Swan ! Percy était persuadé que tu allais nous mordre mais je n’ai jamais vu aucun crochet dans ta bouche, même si il faut avouer que tu ne souris pas souvent, en fait qu’en présence de ce nigaud de Pucey, en fait comme tu peux le constater la bibliothèque est bondée de premières années comme nous à cause de l’énorme devoir que Rogue nous a donné à faire, et malheureusement il ne reste de la place qu’à la table où tu te tiens.
Soupirant, Etain leva les yeux au ciel et commença à ranger ses affaires, à cause des brimades elle était devenue méfiante et généralement les Gryffondors n’étaient pas tendres avec elle.
-Pourquoi tu range tes affaires ? S’étonna le dénommé Percy Weasley, son nom était revenu à la jeune fille quelques secondes plus tôt lorsque Dubois avait évoqué son ami. La réflexion sur Adrian n’avait pas plu du tout à Etain, aussi lorsqu’elle décida de répondre ce fut d’un ton froid et dur.
-Je ne te permets pas d’insulter Adrian car si lui est un nigaud je me demande ce que tu es. Persifla-t-elle avant de poursuivre. Je ne suis pas d’attaque ce soir pour supporter les quolibets de deux Gryffondors alors moquez-vous tant que vous voulez mais je vous serais grée d’attendre mon départ.
Les deux garçons se regardèrent avec un air scandalisé, ce fut finalement Dubois qui attrapa le poignet de la Serpentard pour l’arrêter. Celle-ci se dégagea rapidement, avec toutes les bousculades et les croches pattes qu’elle avait subit ces dernières semaines, elle ne supportait plus d’être touchée. Le garçon aux cheveux bruns eut un regard d’excuse avant de fixer son camarade avec un air entendu.
-Je parle parfois, même souvent, sans réfléchir excuse moi, je n’ai rien contre Pucey rassure toi. Simple imbécilité de ma part. La table est quand même assez grande pour qu’on se supporte, et crois moi ce n’est pas notre genre d’enfoncer les gens, et puis regarde Percy, il ne ferait pas de mal à une mouche. »
Tandis que Weasley fit semblant de s’offusquer, Etain finit par se détendre pour finalement ressortir ses affaires alors que les deux garçons s’installèrent en face d’elle.
Bien que leurs maisons soient, selon la coutume, naturellement ennemies, la jeune fille apprécia le moment qu’elle passa en compagnie des Gryffondors. Ces deux là formaient un drôle de duo, contrairement à Dubois, qui était un véritable moulin à paroles, Weasley était quelqu’un de pondéré qui semblait très assidu dans son travail, il n’hésita pas à aider Etain dans sa rédaction sur le sortilège de lévitation et elle fut finalement heureuse de pouvoir aider Dubois sur sa dissertation de potion, que la Serpentard avait terminé depuis un moment. Elle fut presque déçue de voir Adrian arriver dans la bibliothèque, il venait toujours la chercher pour manger avec elle. Il parut stupéfait de voir deux rouge et or en compagnie de son amie, il observait la scène avec son éternel sourire en coin mais ne dit rien. Rougissant légèrement et se sentant gênée d’avoir été prise en flagrant délit de fraternisation avec l’ennemi, Etain rangea hâtivement ses affaires puis souhaita une bonne soirée aux deux garçons avant d’emboîter le pas de son condisciple.
Durant leur trajet jusqu’à la Grande Salle, Adrian ne souffla pas un mot, attendant que son amie fasse le premier pas, depuis qu’il la côtoyait, il avait appris à ne pas la brusquer. Le jeune sorcier se sentait toujours honteux de ne pas réussir à la protéger des brimades, il savait que même si Etain abhorrait un masque hautain, elle était très touchée par tout cela. C’était elle-même qui lui avait demandé de ne pas intervenir, lorsqu’elle se faisait chahuter, pour ne pas que cela lui retombe dessus. Bien entendu Adrian ne lui avait pas obéit et s’était retrouvé en mauvaise posture plus d’une fois lorsqu’il avait voulu empêcher qu’on violente son amie aux yeux cobalt. Celle-ci s’arrêta dans un couloir, juste avant qu’ils n’arrivent à la Grande Salle, et planta son regard dans celui du garçon blond. Etain se mordait la lèvre, ne sachant par où commencer, elle avait un peu honte d’avouer que les quelques heures passées en compagnie des Gryffondors ne lui avaient pas déplus, au contraire elle avait même apprécié, mais si cela venait à se savoir, les Serpentards plus âgés le lui feraient payer. Sentant son malaise, Adrian se permit de prendre les devants, il ne supportait pas de la voir rongée comme ça juste parce qu’elle avait aimé passer du temps en compagnie de deux personnes qui ne lui voulaient aucun mal.
« Arrête de me faire ses yeux là Etain. Je pensais que tu commençais à me connaître assez pour savoir que je n’en parlerais à personne. Même si, ne te méprends pas, la bibliothèque était bondée donc ça finira sûrement par revenir aux oreilles de certains Serpentards mais je commence à te connaître moi aussi et tu finiras bien par trouver une façon de te dégager de tout ça.
Il fut heureux de constater que les yeux de son amie pétillaient de reconnaissance, depuis le premier jour, ou plutôt le premier soir, où son regard avait croisé celui d’Etain Swan, Adrian Pucey était fasciné par ses orbes bleus qui en disaient tellement long sur les humeurs de la jeune fille.
-Merci Adrian, je ne sais pas ce que je ferais sans toi. »
Le jeune homme apprécia d’autant plus le compliment qu’Etain était plutôt réservée lorsqu’il s’agissait de ses sentiments. Aussi lui fit-il un large et franc sourire. Pour autant, il ne s’était pas trompé, à peine assise sur l’un des bancs de la table des Serpentards, son amie se fit accoster par un cinquième année. C’était un garçon plutôt rondouillard, aux cheveux bruns et gras, et sûr de lui qui répondait au nom de Perkins, il s’adressa d’une voix faussement mielleuse à Etain, qui avait commencé à se servir.
« Swan ! Alors, il paraît que tu pactise avec l’ennemi dans la bibliothèque ? Je peux comprendre que tu recherche la compagnie étant donné que personne ne veut de toi à part Pucey parce qu’il a clairement pitié, mais de là à aller t’épandre dans les bras de deux Gryffondors ! C’est de la haute trahison.
Adrian allait l’envoyer paître d’une manière fort peu élégante quand Etain lui fit un discret signe de la main signifiant clairement qu’elle ne souhaitait pas qu’il intervienne. Elle soupira puis termina de se servir en pomme de terre avant de se tourner vers Perkins, affichant un air des plus méprisants.
-Et bien écoute, tu n’auras qu’à aller demander toi-même à Pince d’agrandir sa précieuse bibliothèque. Ce n’est pas moi qui me suis installé près d’eux ce sont eux qui sont venu me casser les pieds. Maintenant fais moi plaisir et va terminer ton repas que je puisse, enfin, commencer le mien. Adrian tu peux me passer le sel s’il te plait ? »
Perkins, rouge de honte à cause des ricanements qui s’étaient élevés autour de lui, voulu répliquer quelque chose mais le préfet des Serpentards intervint et lui demanda fermement de retourner à sa place. Adrian soupira tout en répondant à la demande de la jeune fille, il admirait Etain de tant d’audace mais il savait que son amie paierait cet affront au centuple dès qu’elle serait hors de portée de lui ou d’un préfet. Elle était vraiment téméraire parfois, surtout pour une première année. Le repas se termina sans autre altercation et Adrian fut appelé par Loria Clayton, une de leur camarade de la même année, pour disputer une partie d’échec dans la Salle Commune. Inquiet, il jeta un œil à Etain qui le congédia en levant les yeux au ciel, après tout Perkins et sa bande étaient repartis, elle ne craignait donc rien. Le Serpentard suivit donc Loria en direction des cachots alors que son amie terminait son repas.
Elle quitta la Grande Salle presque guillerette pensant que la journée allait bientôt se terminée. Pourtant lorsqu’elle atteignit le couloir menant aux cachots son cœur loupa un battement. En effet, une bande de trois élèves de cinquième année semblaient l’attendre dont Perkins évidemment. Etain se figea, elle ne pouvait pas rebrousser chemin, d’une parce qu’ils l’avaient vus et qu’ils ne mettraient pas longtemps à la rattraper et de deux parce qu’elle n’était pas lâche. Serrant les dents, elle s’avança la tête haute, en sachant très bien qu’elle allait passer un sale quart d’heure. Son cœur battait à tout rompre, faisant mine d’ignorer ses condisciples, la jeune fille se dirigea vers le mur qui cachait la Salle Commune, évidemment elle fut bien vite attraper par Perkins qui lui avait saisit le poignet sans douceur. Un frémissement de dégout la parcouru et elle essaya de dégager sa main, mais le cinquième année la lui tenait fermement. Il projeta brutalement Etain contre un mur, celle-ci serra les dents en sentant la douleur se propager dans son dos. Les trois élèves ricanèrent en voyant qu’elle souffrait mais elle ne voulait pas leur faire le plaisir de geindre ou de pleurer.
« Je vais t’apprendre Swan qu’on ne se moque pas impunément de moi et tu va aussi prendre ta leçon pour avoir trainer avec Weasley, ce traitre à son sang, et Dubois. Des Gryffondors qui ne méritent pas leur place à Poudlard.
-Oh, et depuis quand la famille Perkins est devenue une famille de Sang Pur ? J’ai beau chercher je ne vois pas. »
Avec cette phrase, Etain savait qu’elle allait recevoir une sacrée correction et elle regrettait presque ses paroles, presque car elle avait décidé dès le départ de ne pas se laisser faire. La sorcière ferma les yeux dans l’attente des coups qu’elle allait recevoir, ce n’était pas la première fois que Perkins et sa bande en venait aux mains avec elle. Cependant l’intensité de leur regard lui laissait penser que cette fois elle allait souffrir bien plus que d’habitude. La Serpentard attendit de ressentir une douleur quelque part, mais celle-ci ne vint pas.
Soudain un bruit métallique retentit non loin d’elle, ce qui lui fit brusquement ouvrir les yeux. Etain fut surprise de constater qu’un des acolytes de Perkins se tordait de douleur en pressant son nez qui était en sang. Par terre, juste à côté, le heaume d’une armure roulait en direction du deuxième gorille qui accompagnait Perkins. Celui-ci, médusé, lançait des regards meurtriers vers le mur qui cachait la Salle Commune des vert et argent. Ce mur était entouré de deux armures, mais l’une d’elle n’avait plus de heaume, et à côté de ladite armure se tenait un élève de deuxième année de haute stature, aux yeux verts et aux dents proéminentes. Marcus Flint commençait à récupérer le heaume de la deuxième armure, il lançait un regard noir aux cinquièmes années. Etain ne pu s’empêcher de remarquer qu’il avait pris du muscle depuis son entrée dans l’équipe de Quidditch, en cet instant il était vraiment terrifiant. Elle comprenait pourquoi les élèves des autres maisons le craignaient. Néanmoins Perkins se reprit et décida d’ignorer l’aura menaçante qui émanait du poursuiveur.
« Dégage Flint ! Depuis quand tu joue au chevalier servant ? Surtout pour elle.
Il avait presque craché la fin de sa phrase, regardant Etain avec dégout. Pour autant, le concerné se contenta de hausser un sourcil méprisant avant de répliquer. Sa voix, déjà grave, raisonnait, menaçante, dans le long couloir sombre et humide.
-Je m’en irais quand tu seras parti en emmenant tes deux chiens avec toi, je te jure que le prochain lancé est pour ta tête et comme tu as pu le constater, je vise plutôt bien. Lui répondit Marcus avec un sourire narquois, dévoilant ses dents irrégulières. Tout en parlant, son poing s’était serré sur le heaume et Etain pu voir le métal s’affaisser, la force du poursuiveur était impressionnante.
-Apprends à choisir tes combats Flint, cette fille est une cause perdue ! Poursuivit Perkins même si le ton de sa voix perdait de sa superbe devant la démonstration de force du deuxième année.
-Il vaut mieux pour toi que tu n’insiste pas, crois moi je ne plaisante pas. »
Avec un haussement d’épaule Perkins ramena ses cheveux bruns en arrière puis fit signe à ses acolytes de le suivre, ils partirent tous trois en direction de la Salle Commune, aucun d’eux n’osa effleurer Marcus qui s’était dirigé vers Etain lorsqu’ils eurent disparus.
La Serpentard n’avait pas bougée, stupéfaite, cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas croisé Flint, même dans la Salle Commune, car il passait beaucoup de temps à s’entrainer au terrain de Quidditch. Jamais elle n’aurait pensé qu’il prendrait un jour sa défense, lui qui semblait si détaché de tout. Lorsque le jeune homme arriva devant elle, Etain se rendit compte qu’elle tremblait. Durant la confrontation elle avait tout fait pour se contenir, mais elle devait avouer qu’elle avait eu peur devant la violence que Perkins avait dégagé. Certes la jeune fille n’avait pas un caractère facile et elle ne mâchait pas ses mots mais méritait-elle toute cette animosité ?
« Idiote ! »
Le mot claqua dans le couloir sombre et fit sursauter Etain, qui n’avait pas remarqué que le poursuiveur se tenait si près. Elle releva la tête pour croiser le regard de Flint, ne comprenant pas sa réaction, celui-ci semblait furieux et la sorcière eu l’impression de se prendre un seau d’eau froide sur la tête. Une colère sourde monta en elle et elle tenta, de toutes ses forces de repousser le Serpentard qui se tenait face à elle. Marcus ne pu s’empêcher de sourire, en effet Etain n’avait pas réussi à le faire bouger d’un centimètre. Ce qui eut pour effet de déchaîner la colère de la jeune fille.
« Si je suis une idiote Flint, tu n’aurais pas due te donner la peine de venir à mon secours. Cracha-t-elle. D’ailleurs je ne comprends pas que tu sois intervenu, nous ne sommes pas de la même année, on ne se voit jamais, je ne vois pas en quoi mon bien-être t’inquiètes !
Sa voix tremblait, à son grand désarroi mais elle avait besoin d’évacuer tout le stress qu’elle avait accumulé depuis plusieurs semaines. La jeune fille pensait que ses mots mettraient Flint en colère mais elle découvrit, avec stupeur, que celui-ci souriait de plus belle, son regard semblait même s’être adoucit. Il éclata même franchement de rire avant de lui répondre.
-Adrian a raison sur ton compte, tu es vraiment une tête brûlée ! Je t’ai traité d’idiote parce que j’ai entendu votre confrontation à travers le mur de la Salle Commune, tu aurais fais profil bas ils n’auraient pas été aussi violents ! Perkins a une grande bouche mais pas le moindre toupet et ses ‘’amis’’ en ont encore moins.
-Facile à dire pour toi Flint ! Je refuse de m’écraser ! Siffla Etain, il avait réussi à la mettre hors d’elle et elle vidait son sac. Je ne leur ferais pas ce plaisir ! Ma vie à Poudlard n’est déjà pas rose au quotidien à cause d’eux je ne céderais pas ! J’ai déjà tellement honte. »
Etaint avait lâchée la dernière phrase sans s’en rendre compte, elle était à bout. Tout en parlant, elle n’avait pu retenir une larme, une seule et sa voix s’était brisée. Sans s’en rendre compte, elle glissa contre le mur et se retrouva au pied d’un Marcus Flint démuni. Habituellement il ne prenait jamais part dans les altercations. Il s’entendait bien avec Adrian Pucey, bien qu’il ait un an de moins que lui, et celui-ci lui parlait souvent d’Etain Swan. Ce soir là, après l’entraînement, alors qu’il avait regagné la Salle Commune après sa douche, il avait entendu son condisciple s’inquiéter à haute voix de ne pas voir son amie rentrer du repas. Marcus n’avait pu s’empêcher de lui lancer une remarque cinglante sur le fait qu’Etain n’avait nul besoin d’un baby-sitter attentionné mais ce dernier lui avait répliqué, avec aplomb, en lui évoquant ce qui c’était passé durant le dîner. Connaissant les manières de faire de Perkins, le poursuiveur n’avait pas eut à réfléchir longtemps avant de s’élancer vers le couloir.
Il n’était pas du genre à secourir les demoiselles en détresse, mais Adrian semblait réellement sans faire pour la jeune fille, et connaissant le franc parlé de celle-ci, Marcus avait décidé d’en avoir le cœur net en partant à sa recherche. Il n’eut guère besoin d’aller bien loin. En effet, il fit discrètement coulisser le mur qui lui permettait de quitter la Salle Commune et tomba quasiment nez à nez avec les trois benêts. Voyant la scène qui se déroulait devant ses yeux, et surtout la douleur dans le regard cobalt d’Etain, son sang n’avait fait qu’un tour. Il avait beau être à Serpentard, il n’était pas un lâche pour autant, aussi avait-il saisi la première chose qui lui était tombé sous la main, à savoir le heaume d’une armure, et l’avait lancé de toutes ses forces sur l’un des agresseurs. Evidemment il avait fait mouche mais maintenant il se retrouvait devant une sorcière complètement démunie et à deux doigts de craquer. Comble du comble celle-ci était assise à ses pieds et le Serpentard voyait bien qu’elle faisait un effort surhumain pour ne pas éclater en sanglot. Avec un soupir gêné, il finit par s’assoir à côté d’elle, calant son dos contre le mur.
« Je n’aurais pas due te traiter d’idiote, je suis désolé mais bon sang ne les provoque pas comme ça ! Et cette idée de traîner avec les Gryffondors, surtout ce marteau de Dubois, mais ce que je ne comprends pas c’est pourquoi tu as si honte ?
Il s’interrompit dans sa réflexion, troublé par le regard perçant d’Etain. Elle ne semblait plus en colère mais profondément lasse et surtout très triste et cela le mettait mal à l’aise.
-Ici le moindre de mes faits et gestes semble épié. Tu semble toi-même être au courant de l’agréable moment que j’ai passé dans la bibliothèque. Devant l’air horrifié de Flint, la jeune fille ne pu retenir un sourire. Mais oui ! Tu ne supporte peut-être pas Dubois mais personnellement il fait parti des rares personne à ne pas m’en vouloir alors je me dis que je n’ai rien à perdre à le côtoyer un peu. Je n’ai pas honte de mon comportement non, mais j’ai honte de ce que je suis et de ce que je deviens. Je me demande souvent pourquoi c’est contre moi que tout cela arrive et j’ai l’impression d’étouffer, de mourir à petit feu. »
Inconsciemment, sa main vint se serrer au niveau de son cœur, elle se sentait presque suffoquer. Jamais jusqu’à présent la sorcière ne s’était sentie aussi mal. Marcus semblait mal à l’aise face à cette confession qui résonnait de désespoir. Il ne savait pas pourquoi, mais il sut à cet instant qu’il ne pourrait plus rester indifférent à la détresse que sa condisciple dégageait. Depuis quelques temps déjà, il avait interdit à son entourage de participer aux brimades contre Etain Swan, ils avaient beau être à Serpentard, il ne fallait pas exagérer surtout que la jeune fille était l’une des leurs. En observant l’altercation ce soir-là il avait enfin compris que ne rien faire c’était être aussi coupable que d’agresser, voilà pourquoi il était intervenu avec tant de violence. Au fond il se sentait coupable et la fille qui se tenait, assise, près de lui semblait si mal dans sa peau. Sans savoir pourquoi, il passa son bras autour des épaules d’Etain. Il espérait que sa condisciple comprenne le geste car lui était incapable de plus, le poursuiveur n’avait jamais été très doué pour ça. D’ailleurs Etain sursauta lorsqu’elle senti le bras de Flint sur son épaule, elle pensa une seconde à se dégager mais se rendit compte, finalement, que ce contact ne lui était pas désagréable. La jeune fille soupira et se laissa aller, sa tête penchant vers l’arrière. Pour la première fois depuis les premières brimades, elle se sentait rassurée, c’était tout ce dont elle avait besoin.
Les deux Serpentards ne surent pas combien de temps ils restèrent dans le couloir en silence, heureusement pour eux, aucun préfet ne passa lors d’une ronde. Le bruit du mur de la Salle Commune, qui coulissait, les surpris. Flint retira rapidement son bras et se releva, pensant que Perkins revenait à la charge mais il fut surpris de voir une tête blonde avec les cheveux en bataille apparaître. Adrian, s’inquiétant de ne voir ni Etain ni Marcus, avait finalement mis fin aux nombreuses demande de ses autres camarades pour partir à leur recherche. Ses yeux bruns s’étaient illuminés de soulagement en voyant que son amie était entre de bonnes mains. Au fil des semaines il avait sympathisé avec Marcus Flint et le trouvait plutôt intéressant, quand il parlait d’autre chose que le Quidditch, il savait le mépris que le poursuiveur avait pour les élèves de la trempe de Perkins, Etain ne craignait donc rien en sa compagnie. A son grand étonnement, Adrian constata que la jeune fille avait l’air détendue, il ne l’avait pas vu ainsi depuis le soir de la Répartition, elle semblait bien, un léger sourire flottait même sur son visage, ce qui eu pour effet d’élargir celui d’Adrian. Il lui tendit la main pour l’aider à la relever, habituellement elle l’aurait repoussé mais ce soir là était différent, aussi fut-il surpris qu’elle s’en saisisse sans une once d’hésitation.
Etain, une fois sur pied, se sentit chancelante. Il est vrai qu’elle avait été agenouillée sur le sol durant un moment aussi ses jambes étaient engourdies. La jeune fille se sentit vaciller mais une main ferme la retint par l’épaule alors qu’Adrian lui attrapa les bras. Son ami se mit à rire doucement alors qu’elle se tournait vers Flint, qui la tenait toujours, elle lui lança donc un regard interrogateur, si pénétrant que le poursuiveur finit par la lâcher. Le deuxième année semblait gêné et n’avait pas l’air de savoir où se mettre, Etain en profita pour s’adresser à lui sur un ton léger.
« Je ne suis pas en sucre Flint mais merci.
-J’ai un prénom tu sais, Swan.
Il faisait semblant d’être vexé, aussi lui avait-il répondu, un sourire narquois affiché sur son visage, en accentuant bien le nom de sa condisciple. Celle-ci eut l’air surprise et profondément songeuse. Elle mit un peu de temps à lui répondre alors qu’Adrian se retenait de rire, ses yeux bruns pétillants de malice.
-En fait, j’ai beau chercher, je ne connais pas ton prénom. Tout le monde t’appelle Flint, je savais que c’était ton nom de famille parce que Rogue t’a appelé monsieur Flint dans la Grande Salle quelques jours après la Répartition.
Le poursuiveur baissa les armes et son sourire se fit plus sincère alors qu’Adrian avait clairement éclaté de rire.
-Et bien Etain, mon prénom est Marcus après tu peux m’appeler comme tu le souhaite.
-Troll alors ?
Adrian plaqua ses mains contre sa bouche, la plaisanterie était sortie toute seule, comme souvent, et Flint le fusillait du regard. Etain ne put se retenir de rire ouvertement, décidément cette soirée lui avait réservée beaucoup de surprises, dont certaines très agréable. Devant la joie de la jeune fille, Marcus se dérida et se mit à rire lui aussi.
-Quitte à choisir je préfère Flint à Troll mais si vraiment tu y tiens, je m’y ferais mais ce n’est guère flatteur.
-Je vais réfléchir alors ! Trompeta le Serpentard de premier année avant de leur faire signe et de se diriger vers la Salle Commune en claironnant le mot de passe.
Etain se décida à suivre les garçons, mais Marcus s’arrêta et la laissa passer devant lui avec une révérence amusée. La jeune fille lui rendit son sourire mais lorsque elle ouvrit la bouche, son ton était emplit de reconnaissance.
-Merci Marcus, merci. »
Elle souhaita bonne nuit aux deux garçons et se glissa dans son dortoir pour rejoindre son lit. La sorcière ne savait pas vraiment pourquoi Marcus Flint était venu à son secours ce soir là mais elle en était heureuse. Adrian aussi semblait se réjouir de la voir sourire, en fermant les rideaux émeraude de son lit à baldaquin elle espérait vraiment que le poursuiveur continuerait de la côtoyer. Même si ce n’était qu’un salut de temps à autre elle s’en contenterait. Tandis qu’Etain plongeait dans le sommeil, elle se sentit, enfin apaisée.