Le cœur de Pénélope battait à toute vitesse dans sa poitrine, mais elle s'efforça de faire bonne figure. Elle jeta un regard à la jeune fille qui se tenait debout à côté d'elle. Elle restait parfaitement calme malgré l'horreur de la situation et, pourtant, elle n'avait que douze ans, tandis que Pénélope en avait seize. Il fallait qu'elle se ressaisisse !
Elle serrait si fort son miroir dans sa main qu'elle était persuadée d'en garder une marque toute sa vie, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle espérait de tout son être que ce n'était qu'une plaisanterie de mauvais goût. Elle n'avait jamais vraiment cru à ces histoires de monstre de Serpentard et, même si la situation actuelle la faisait douter, elle ne pouvait se résoudre à croire cette fille qui lui assurait qu'un serpent géant rôdait dans les couloirs. Il y avait sûrement une autre explication. N'importe quoi, pourvu que ce ne soit pas un monstre.
Toutefois, elle préférait ne pas prendre de risque, aussi décida-t-elle de lui laisser le bénéfice du doute.
Quand cette fille lui avait foncé dedans en sortant de la bibliothèque, s'était présentée rapidement sans même s'excuser et lui avait montré la page arrachée d'un livre, Pénélope s'était surtout souciée de la réaction de Madame Pince si elle apprenait que l'on avait abîmé l'un de ses précieux ouvrages. Il lui avait fallu un moment pour réaliser que, si ce qu'Hermione lui disait était vrai, elle n'aurait plus jamais à se soucier de Madame Pince, ni de qui que ce soit d'autre. Et, pour cause, elle serait morte.
Enfin, morte... C'était peut-être un peu exagéré. Pénélope n'était pas la cible prioritaire du serpent, étant de Sang-Mêlé, et puis personne n'était mort, pour le moment. Hermione, pour la convaincre, avait affirmé que le monstre s'en prendrait aux Sang-mêlés une fois que tous les nés-Moldus auraient été mis hors d'état de nuire. Elle expliqua aussi qu'il pourrait y avoir un mort à tout moment mais, pour ça, Pénélope n'avait pas vraiment besoin d'être convaincue. Finir pétrifiée sur un lit de l'infirmerie ne faisait pas plus partie de ses projets de vie que de mourir à l'âge de seize ans.
Et, de toute façon, elle était préfète. C'était son devoir de protéger les élèves.
A présent, tremblant de tous ses membres alors qu'elles essayaient d'aller prévenir le professeur Mcgonagall, Pénélope avait perdu tout sens du devoir. C'était plutôt sa fierté qui la gardait auprès d'Hermione. Il n'était pas question qu'une petite deuxième année se montre plus courageuse que la préfète de Serdaigle. En plus, si cela se savait, sa réputation en prendrait un coup. Et, surtout, Percy ne la pardonnerait jamais si elle se défilait.
« Passe-moi le miroir. » lui intima Hermione alors qu'elle arrivait à un croisement.
Pénélope s'exécuta et, malgré son désir de reconnaissance, elle détourna le regard, trop effrayée à l'idée de voir apparaître le reflet d'un immense serpent.
« Hermione ? » appela-t-elle d'une voix plaintive, les yeux clos.
La jeune fille ne réagit pas. Pénélope ouvrit les yeux. Sa camarade était toujours là, mais ne bougeait plus. Pénélope la rattrapa alors qu'elle commençait à tomber en arrière. Comprenant ce qui venait de se passer, la jeune femme voulut s'enfuir pour avertir les professeurs. Peut-être pourraient-ils faire quelque chose, peut-être n'était-il pas trop tard. Si elle était assez rapide, ils pourraient même parvenir à tuer le Basilic avant qu'il ne fasse d'autre victime !
Elle fit de son mieux pour ne pas regarder le miroir. Il n'y avait plus qu'elle, elle était la dernière à savoir ce qu'était le monstre de Serpentard, la dernière à pouvoir sauver les nés-Moldus qui restaient...
Mais elle resta figée sur place, incapable de faire demi-tour alors qu'elle savait parfaitement que le serpent géant arrivait dans sa direction. D'ici quelques minutes, il serait trop tard. Elle tenait toujours Hermione pour l'empêcher de tomber, et dans l'espoir fou qu'elle se réveille soudain pour lui dire que ce n'était qu'une plaisanterie de mauvais goût. Elle n'en fit rien.
L'ombre du Basilic apparut sur le mur, et la Serdaigle réalisa soudain que tout ceci était bien réel. Quelle pouvait bien être la vitesse de cette chose ? Elle n'aurait peut-être pas le temps de s'enfuir à temps... Elle finit par prendre sa décision. Le philtre de mandragore serait bientôt prêt, et elle était plus utile pétrifiée que morte. Alors, espérant de tout coeur qu'elle serait la dernière victime, elle regarda le reflet du serpent droit dans les yeux.