Image libre de droits, montage canva
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L’encre gicla dans les airs et s’écrasa sur le parchemin sous les yeux horrifiés de Percy Weasley qui poussa un hurlement de rage teinté de désespoir. Pour la première fois de sa vie, il était en retard pour quelque chose et la pire chose de son existence, un traité que le Ministre de la Magie lui-même lui avait commandé il y a de cela trois semaines. Il allait déshonorer sa famille, son nom et même son ancienne maison s’il ne rendait pas le document en temps et en heure. Comment pouvait-il même prétendre à une carrière au sein du ministère s’il n’était pas capable de la plus petite des rigueurs ?
Plusieurs coups de baguette ne changèrent absolument rien au désastre qui venait de se produire et Percy se vit contraint de recommencer son ouvrage, pour la centième fois depuis le début de sa mission. À chaque fois la même rengaine, il parvenait presque à poser le point final et son encrier se renversait sur les mots fraîchement tracés sur le papier. À chaque nouvelle tentative, la voix déçue de son employeur retentissait un peu plus fortement dans les oreilles de l’ancien préfet.
« Vous êtes en retard Weasley. Cela ne va pas, absolument pas. C’est indigne d’un employé de mon bureau. »
Et à chaque fois Percy s’activait de plus belle, grattant de sa plume le parchemin plus vite qu’il ne l’avait jamais fait. Mais à mesure que le retard s’accumulait, le désespoir le gagnait.
« Je vous en prie Monsieur le Ministre ! pépiait-il en s’arrachant les cheveux. C’est la première fois ! Je vous jure que cela ne se reproduira plus!
- Trop tard Weasley ! L’échéance est dépassée, Miss Deauclaire a été beaucoup plus efficace que vous. »
Le cri qui s’échappa des lèvres de Percy n’avait d’égal que la lamentation d’un phénix. Et ce fut sur cette atroce pensée de ne pas avoir été à la hauteur qu’il s’éveilla, secoué par la Poufsouffle la plus inquiète de Poudlard.
Maisie l’observait avec crainte, les cheveux emmêlés et les yeux gonflés de celle que l’on venait de tirer d’un profond sommeil. Elle se tenait redressée sur un coude, une de ses mains posée sur son épaule et un vieux pull de Quidditch en guise de pyjama. La mémoire revint à cet instant au septième année. Il était à Poudlard, dans la Salle de travail des préfets, et rien de tout ce qu’il venait de vivre n’était réel puisqu’ils effectuaient simplement leur première garde de l’année en tant que préfet et préfète-en-chef. Il soupira de soulagement et se laissa mollement retomber dans les coussins de la mezzanine dans lesquels ils s’étaient assoupis après avoir longuement discuté de leur proche avenir professionnel.
« Ton cauchemar avait l’air véritablement affreux, commenta Maisie en lui frictionnant le bras.
- Tu n’as pas idée, maugréa-t-il. Heureusement qu’il ne pouvait pas être réel.
- Comme tous les rêves, répondit-elle laconiquement. »
Il hocha la tête avec satisfaction, puis retira délicatement la main de Maisie de son épaule, sur laquelle elle s’était arrêtée.
« Merci.
- Pas de quoi. De toute façon, tu m’empêchais de dormir, indiqua-t-elle avec un petit sourire moqueur. J’ai juste une question. »
Percy lui lança un regard intrigué, méfiant vis-à-vis de son air satisfait.
« Tu es certain que c’était véritablement un cauchemar ?
- Bien sur pourquoi ?
- Parce que tu n’as pas cessé de crier « Oh, Pénélope !» et « Je serai ce que vous voulez Monsieur le Ministre » entre deux gémissements. »
Percy devint plus rouge que la plus écarlate des tomates du potager de Hagrid.
« Bien sûr ! Qu’est-ce-que tu t’imagines ?! s’étouffa-t-il, gêné qu’elle ait pu se méprendre.
- Oh, beaucoup de choses au vu de ce que tu m’as raconté toute à l’heure. »
Le jeune-homme souhaita ardemment être foudroyé sur place. Il devenait beaucoup trop proche de Maisie qui appréciait beaucoup trop le taquiner. Pourquoi s’était-il choisi une telle amie ?
« Je suis certain que tu mets du veritaserum dans tes cookies.
- Nul besoin avec toi Perce’, tu es un vrai livre ouvert.
- C’est injuste ! se renfrogna-t-il. Tu profites de la situation car tu sais que jamais je ne te demanderai de détails sur ta propre relation.
- L’avantage de sortir avec un dragonologiste, s’amusa-t-elle.
- L’avantage de sortir avec le seul dragonologiste qui soit aussi mon frère, plutôt, bougonna-t-il. »
Percy fit mine de bouder tandis que Maisie, après avoir laissé échapper un petit rire et quelques éclats gênés, s’allongeait à nouveau dans le but de trouver un peu de repos afin d’affronter le lendemain. Puis soudain alors que la jeune-fille retombait dans les bras de Morphée, un éclair de génie traversa le cerveau embrumé du Gryffondor.
« Oh mais j’y pense...
- Tu touches à Ellie et je te prouve que je peux être aussi hargneuse que le sujet d’étude de Charlie.
- Intéressant Andrews, ricana l’adolescent satisfait avant de se tourner à son tour et de faire semblant de somnoler.
- Je ne sais pas ce que tu t’imagines Weasley, mais cesse immédiatement, grogna-t-elle en l’assommant d’un polochon en entendant ses éclats de rire.
- Trop tard Maiz’. Je viens tout d’un coup de comprendre ce qui plait tant à mon frère chez toi. Dis-moi, est-ce qu’il lustre souvent tes belles écailles lorsque tu fulmines ? »
La Poufsouffle piqua un fard tout en saluant la performance. Après tout, elle lui avait tendu la perche et il avait remis les compteurs à égalité. Cependant, Percy ne payait rien pour attendre.
« La prochaine fois je te laisse rendre ton document en retard, maugréa-t-elle. »
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