Bailey Faucett, nouvellement Finnigan, était en train de mettre la table quand la sonnette retentit. Elle s'essuya les mains sur son tablier et vérifia l'heure.
« Quoi, il est déjà dix-neuf heures ?! Alabhaois-chéri, tu descends ouvrir la porte ? Faut que je finisse le dîner ! »
On frappait maintenant à la porte de manière insistante.
« Ça m'ouvre oui ou bouse de dragon ? Il fait froid dehors, râla l'invitée mystère.
— J'y vais, j'y vais ! s'écria Alabhaois avant d'ouvrir la porte. Bonsoir, madame... »
Elle le regarda de haut en bas. Ainsi donc, c'était à cela que ressemblait un... Moldu.
« Hum, désolé, Bailey me l'a dit mais j'ai oublié votre nom.
— Bonsoir, monsieur... Finnigan ! Moi c'est Bérangère, Bérangère Bellchant ! »
Il se dandina, particulièrement mal à l'aise devant le regard de leur invitée, sans vraiment comprendre pourquoi.
De son côté, Bailey réalisa son erreur et se précipita vers la porte d'entrée. Hors de question de laisser son mari seul avec son invitée ! Bérangère lui sauta dans les bras, rassurée elle aussi de l'arrivée précipitée de son amie. Serrant sa meilleure amie contre elle, Bailey sentit le parfum habituel de son amie.
« Bailey ma chérie ! Ça me fait tellement plaisir de te voir, ça faisait tellement longtemps.
— Béry, comment vas-tu ? Entre donc... »
Ils rentrèrent tous les trois et s'apprêtèrent à se mettre à table.
« Quelle excellente idée que tu as eu de passer en réponse à mon hib... ma lettre ! »
Bérangère se rapprocha dans un mouvement qu'elle espèrait discret vers l'oreille de son amie et chuchota :
« Pas de gaffe ce soir ma chère ! »
Bailey fronça les sourcils, l'air de dire : « Et c'est toi qui me le dis ? ». Alabhaois s'impatientait de ces retrouvailles et messes-basses à rallonge :
« Asseyez-vous, asseyez-vous, ça va refroidir sinon »
Bailey se retourna vers lui et posa un baiser sur sa joue
« Que voudrais-tu qui refroidisse ? Il n'y a rien de cuit. »
Bérangère haussa les épaules et tendit sa veste à son hôte.
« Où est-ce que je peux ranger ça ? D'habitude il suffit d'un coup de ba...
— De balai.
— Comment ça ? reprit Alabhaois en se tournant vers sa femme. Tu n'étais pas en train de faire le repas ?
— Oui, lâcha Bérangère.
— Si, mais Bérangère maintenant, et... Non.
— Un coup de balai, pour ranger sa veste ? réagit le jeune homme tout bas. Bizarre cette fille ! »
Bérangère hocha vigoureusement la tête tandis que Bailey les entraînait vers le salon.
« Soyez sages pendant que je finis de préparer à manger. »
Elle s'éloigna et se retourna brusquement, devant l'immobilité des deux autres :
« Et non, je ne veux pas d'aide ! », insista-t-elle avant d'aller dans sa cuisine.
« Oh oui, vous savez, c'est bien pratique les balais, reprit Bérangère. On peut se tutoyer ? C'est bizarre de vous vouvoyer.
— Euh, oui, on peut... On peut se tutoyer oui. »
Ils étaient aussi gênés l'un que l'autre.
« Et donc tu... tu es le mari de ma petite Bai. Je suis enchantée d'enfin te rencontrer.
— Oui, c'est ça. Et tu es sa meilleure amie n'est-ce pas ? Mais je croyais que vous vous étiez perdues de vue, vous ne vous téléphonez jamais. Enfin, enchanté quand même évidemment
— C'est vrai... oui. »
Elle tritura ses doigts. Pas de gaffe ce soir, elle l'avait promis.
« Oui, mon... phélétone a toujours un problème de piles, bête histoire. »
Du côté de Bailey, en trois coups de baguette magique, le dîner était désormais prêt à être servi.
« Venez à table, nous pouvons manger. J'espère que tu aimes toujours la tarte au potiron, Béry ? Ca me fait tellement plaisir que tu sois là ! Raconte-moi ce que tu fais maintenant en détail ! Je suis tellement curieuse ! »
Bérangère fut rassurée de voir que la conversation était coupée là. Elle avait failli parler de Poudlard.
« Ah oui, j'adore toujours autant la tarte au potiron ! Comme celle que nous avions l'habitude de manger à P... »
Elle s'étouffa dans sa propre salive. Alabhaois tiquait de plus en plus, cette histoire de téléphone à piles le turlupilait. Euh, le turlupinait.
« ...au collège, haha.... Et puis, comme je te l'ai dit dans notre dernière... lettre, j'ai récemment ouvert mon propre restaurant sur le Chemin de Traverse.
— Où ça ? Le Chemin de Travers ? C'est à Londres ? »
Bérangère se rendit compte de la gaffe, portant ses mains à sa bouche.
« Oui, oui, mon chéri, le rassura immédiatement Bailey.
— Oui, oui, mon... commence Bérangère. non tu n'es pas mon chéri.
— Béry !
— On y est déjà allés ? Ça ne me dit rien ce nom.
— C'est comme ça qu'on a pris l'habitude d'appeler une des grandes rues commerçantes londoniennes. C'est quoi son nom, Bai... euh... son vrai nom, à la vraie rue, car nous ne sommes pas du tout en train d'inventer ?
— Euh... euh... Regent street.
— Ah oui, quand même, ça doit être un sacré restaurant ! » acquiesça Alabhaois.
Il tiquait VRAIMENT, depuis quand on oubliait l'adresse de son propre restaurant ?
« Eh oui, Béry a toujours été une très bonne cuisinière !
— Oui, je vous inviterai un jour ! lança Bérangère en se tournant vers lui. »
Bailey avait l'impression que ce dîner tournait vraiment à la catastrophe. Bérangère reçut un violent coup de pied sous la table.
« Enfin, ce jour n'est pas encore venu !
— Le jour de quoi ???
— D'aller à son resto, mon cœur. Suis donc un peu !
— Le jour de rien. Cessez de m'importuner ou je vais gaffer.»
Bailey lui redonna un coup de pied à retardement.
« Ah oui, pardon ! s'exclama Alabhaois.
— Oui, il est vrai que je suis un vrai cordon bleu », continua l'invitée.
Le coup de pied à retardement arriva à destination.
« Ouille !
— Comment voulez-vous gaffer, ma chère ? demanda enfin Alabhaois, qui semblait lui aussi avoir des réactions à retardement.
— Premièrement, je déteste quand tu te vantes, Béry ! Deuxièmement, gaufrer, elle veut dire gaufrer. »
Devant l'air suspicieux de son époux, elle surenchérit :
« Faire des gaufres, quoi.
— Oui, et je fais de très bonnes gaufres.
— Les meilleures !
— Mon secret ? Un soupçon de magie ! lâcha Bérangère sur le ton de la confidence, en faisant un clin d'œil qu'elle espèrait discret à son amie.
— Surtout celles avec la confitures de framboises de lune ! continua avec enthousiasme Bailey.
— Des framboises de lune ? Une nouvelle variété ?
— De framboises et de prunes, rattrapa Bérangère. »
Bailey se passa une main nerveuse dans les cheveux, elle avait gaffé elle-même. Elle avait tendance à s'emmêler un peu dans ses baguettes quand elle était enthousiasmée.
« Vous pourriez nous en faire ? Il me semble qu'on a tout ce qu'il faut, ma chérie, non ?
— Mais je crains que nous n’ayons plus d’œufs...
— Tu as déjà été les récupérer, ce soir ? Sinon je peux aller voir au poulailler, il me semble en avoir vu ce midi...
— Ne te fatigue pas, Alab ! Il suffit de les atti...
— ...attraper !
— Oui ! Allons en attraper !
— Vas-y s'il te plait, chéri. »
Bailey lança un regard noir à Béry. Béry lança un regard noir à Bailey. Alabhaois sortit chercher les œufs, essayant de comprendre ce qu'il loupait depuis le début.
« Non, mais tu ne peux pas te taire parfois ?!
— Tu sais à quel point c'est dur pour moi, lui glissa-t-elle d'un air désolé. Est-ce qu'il ne serait pas plus simple de... de lui dire la vérité ? Toute la vérité ? Rien que la vérité ?
— Oui, oui... NON ! Il aura peur ! Il va m'abandonner !
— Il a déjà l'air effrayé par la situation, le pauvre. Et puis vous êtes mariés !
— NON ! Plutôt me jeter un Avada ! »
Bérangère roula des yeux.
« Oh toi alors, tu vois toujours la chope de Biéraubeurre à moitié vide.
— Et toi tu ne vois pas que tu as renversé le reste sur un boursouf !
— La chope de quoi ? demanda Alabhaois, revenu silencieusement dans la semi-obscurité. La bourre de soif ? Excusez-moi les filles, mais plus ça va et moins je vous comprends.
— Tu... tu en as mis du temps ! s'exclama Bailey tandis que Bérangère souriait de toutes ses dents.
— Oui ben les œufs étaient bien cachés, désolé. Vous parliez de...
— De bière au beurre.
— De bourse au souffle.
— C'est très bon, une spécialité de chez nous... en France. »
Il fronça les sourcils tandis que son épouse se tordait les doigts.
« De la bière au beurre, des bouts de soufre, un chemin de travers, un manteau rangé au balai... Vous aviez un langage secret à votre lycée ou quoi ?
— OUI ! s'exclama Bailey, soulagée.
— Nous sommes démasquées ! s'exclama Bérangère, paniquée.
— Non !
— Non ? Ah non !
— C'est juste un langage de code qui... qui... veut dire... qui veut dire qu'on est un peu bizarres...
— Mais on est totalement normales ! Rien de bizarre, promis, juré, stupéfixé !
— Béry !
— Stupéquoi ?
— Stupéfiée, rattrapa Bailey.
— Décidément, votre langage est vraiment incompréhensible pour le commun des mortels ! »
Cette dernière phrase poussa Bérangère Bellchant dans ses derniers retranchements, et, incapable de se retenir davantage, elle explosa :
« ÉCOUTE-MOI JE VAIS TE DIRE UN TRUC MON PETIT FINNIGAN !
— Quoi ?
— NON, BERY, TOUT MAIS PAS ÇA !
— Si, dis-moi !
— Je me suis retenue depuis dix minutes pour pas lâcher de Bombabouse dans la mare...
— JE TE LE PRÊTE MÊME AU LIT !
— Quoi ?? Non !
— Je me suis apprêtée, j'ai été bien gentille et j'ai répondu à toutes tes questions...
— Non, s'il te plait... la supplie son amie.
— ... Résultat : on n'a même pas entamé l'entrée ! Cette première rencontre est un désastre, je crève la dalle, et TA FEMME EST UNE SORCIÈRE ! »
Ils se regardèrent tous, bouche bée.
« Bérénice ! Tu avais promis, pas de gaffe !
— Ah c'est Bérénice mon nom maintenant ?
— UNE QUOI ????
— Ça va chéri, tu supportes la nouvelle.
— Qu'est-ce que tu as fumé Bérétruc ? Tu racontes n'importe quoi...
— Béry n'est qu'une... qu'une... sorcière ! »
Bailey avait viré au rouge, c'était le pire dîner de sa vie. Bérangère croisa les bras et lui jeta un regard amusé :
« Une sorcière qui a appris tout ce qu'elle sait dans le collège de sorcellerie de Poudlard, où j'ai passé toute ma scolarité à tes côtés Baibai.
— Mais ça n'existe pas les sorcières, c'est pas possible !
— Mais promis, ça ne change rien entre nous, Abal. Et tu n'as pas besoin d'y croire. »
Alabhaois commençait à s'interroger. Bien sûr, les sorcières n'existaient pas, mais en fait ça expliquerait pas mal de choses, comme les réactions de Bailey au début de leur relation, ou tous ces mots bizarres qu'elles utilisaient. Bailey se triturait les mains, de plus en plus mal à l'aise face à la réaction si rationnelle de son mari. Ne pourrait-il pas simplement lui assurer qu'il l’aimait quand même ?
« Il faut y croire ou il ne faut pas ? Je ne comprends plus rien ! Tu es comme moi ou pas Bailey ?
— Oui, non, oui !
— Elle est comme toi, amoureuse... » souffla Bérangère.
Ce texte a été écrit en une soirée sur discord, de façon particulière : chacune d'entre nous a incarné un personnage, ses paroles et ses actes. Ça a donné lieu à beaucoup de fou-rires, des paroles décalées (parce que certaines tapent plus vite que d'autres), des oublis de prénoms etc. Si vous trouvez ce texte décousu et parfois sans queue ni tête c'est normal, on a laissé pas mal de la discussion d'origine car c'est ce qui fait tout le sel de ce texte selon nous ;)
Tiiki a fait une première remise en forme et j'ai corrigé et modifié quelques passages pour obtenir cette version.
D'après wikipédia, Alabhaois est un prénom d'origine germanique qui vient de "tout" et "sage", je vous laisse apprécier l'ironie :mrgreen:
J'espère que vous avez passé un bon moment avec nos délire ;)
Vous pouvez aussi retrouver ici la version fournie pour la SAL-AD, raccourcie pour ne pas dépasser la limite de 1000 mots (et donc un peu plus sensée mais tellement moins drôle XD).