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De L'équipe des Nuits d'HPF le 15/10/2023 11:38


Changement de règlement sur la place des avertissements de contenu (TW et CW)


A partir d'aujourd'hui, la place des avertissements de contenu dans une fiction sera au choix de l'auteur·ice. Trois solutions possibles :


1 - Comme ce qui est fait actuellement, vous pourrez continuer à préciser les avertissements de contenu en note du début de chapitre concerné
2 - Ecrire la liste complète des avertissements de contenu dans la note d'histoire du premier chapitre
3 - Ecrire la liste complète des avertissements de contenu dans un premier chapitre à part, à mettre au tout début de votre fic

Dans les cas 2 et 3, nous vous demanderons d'indiquer, au début de chaque chapitre concerné "Contient un avertissement de contenu", avec le lien menant à la liste complète, afin de faciliter le travail de la modération, tout en permettant aux lecteur·ices de ne pas s'y référer s'iels le souhaitent.

Merci à vous et bonne lecture sur nos sites !


De le 06/10/2023 18:34


Lazarrrka par Bloo

[10 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Les personnages appartiennent à J.K. Rowling.
Note de chapitre:

Ce texte a été écrit pour Eanna dans le cadre de l'Échange de Noël 2019.

Eanna voulait lire sur Viktor et Hermione et pourquoi pas ces deux-là en tant que couple alors j'ai écrit pour la première fois sur ce pairing et j'espère que le résultat vous plaira.

Un grand merci à Chalusse et Caroliloonette pour leur correction expresse au matin de Noël ♥ .

Bonne lecture !

La première fois qu’elle avait senti l’Amortentia, Hermione avait reconnu le parfum de l’herbe fraîchement coupée, l’odeur chaleureuse du parchemin neuf et les cheveux de Ron Weasley.

C’était une senteur qui l’enivrait encore, qu’elle cherchait dans son oreiller le soir et lorsqu’elle se réveillait de bonne heure, mais une senteur qui s’estompait pourtant, et avec elle les fils de son ancienne vie. Elle les avait d’abord coupés elle-même en s’effaçant de la mémoire de ses propres parents, et les arracher à l’Australie n’avait pas suffi à les recoudre, il restait une certaine distance entre eux, impossible à franchir, comme un océan. La guerre avait tué tous les autres, Sirius, Albus, Fred, Colin, Remus, Tonks, son innocence, son optimisme, et il n’était resté que Ron. Pendant trois ans il n’était resté que Ron et leur appartement étroit sur le Chemin de Traverse, les photographies de leurs mille voyages pour habiller les murs, l’odeur des fleurs qu’il ramenait du marché et de la tarte à la mélasse qui cuisait avant chaque visite d’Harry, c’était leur vie à eux. Leur vie à deux. C’était leur revanche sur la peur, sur la faim, sur la colère et les larmes, c’était pour la promenade dominicale au cimetière, c’était pour les mots gravés à jamais dans l’avant-bras, c’était pour les parents qui n’avaient plus confiance, c’était pour la jeunesse envolée et les espoirs fracassés. C’était tout ce pour quoi il fallait vivre mais, au fil du temps, insidieusement, c’était devenu un poids à supporter, ce malgré quoi il fallait vivre, et un jour Hermione n’avait plus supporté.

Sans doute était-ce illusoire que de s’imaginer épouser Ron et faire deux beaux enfants et s’accomplir au Ministère quand on ne pouvait même pas dormir sans cauchemarder, quand le silence était pesant, quand chaque éclat de rire était terni par un fantôme, le fantôme d’un disparu, un proche, un souvenir, une émotion, tout ce que la guerre avait balayé. Les repas de famille étaient devenus crispés, puis étouffants, et avec eux la vie, tout le reste. Alors, quand Ron s’était proposé, Hermione avait dit non, faisant voler en éclats leur bulle de normalité, et elle s’était enfuie en Bulgarie.

Viktor lui écrivait moins depuis qu’il avait rencontré Yuliya mais il avait répondu à chacune de ses missives avec patience et bienveillance. Bientôt, il serait son plus vieil ami, fidèle toujours à celle qui ne lui avait offert que des songes. Quand il lui avait ouvert les portes de sa maison de Maglizh, perchée sur une colline qui dominait la vallée de Kazanlak, elle n’avait pas imaginé qu’elle y verrait renaître le printemps.

Mais les arbres avaient bourgeonné, les hirondelles avaient entamé leur ballet, les fleurs avaient éclos partout dans la vallée et Hermione était toujours là, à traiter quelques dossiers dans un vieux café de Kazanlak, à lire la presse sorcière les pieds nus dans la rivière Selchenska. Au fil des jours ses lectures s’étaient estompées, le courrier s’était fait de moins en moins fréquent, et elle passait maintenant la plupart de son temps à arpenter les massifs montagneux de Sredna Gora ou à suivre le cours de la Toundja. Parfois, Viktor plaisantait en disant qu’à ce rythme, Hermione gagnerait bientôt Sofia à pieds, et puis la plaisanterie était devenue réalité. Hermione disparaissait des jours entiers, revenait épuisée à la tombée du jour, se frottait frénétiquement la peau dans la Selchenska comme pour se laver de toute la poussière du monde, et elle repartait souvent sans avoir fermé l’œil de la nuit.

Yuliya l’accompagnait quelques fois et lui apprenait à reconnaître les plantes, les traces des animaux dans le sol, les baies que l’on pouvait manger et celles qu’il fallait laisser sur le bas-côté. Elle lui montrait cette vallée qui l’avait vue naître et qu’elle aimait tant qu’elle ne l’avait jamais quittée. Hermione semblait toujours plus apaisée quand elle rentrait avec Yuliya. Elle avait des fleurs plein les poches qu’elle faisait sécher au soleil avant de les figer sur les piles de parchemins vierges qu’elle avait emmenées avec elle. Elle notait toutes les informations délivrées par Yuliya et, quand le temps n’était pas au beau, elle transplanait derrière la bibliothèque de Kazanlak où elle pouvait passer des heures entières plongée dans un ouvrage d’herbologie.

Mais ce n’est pas Yuliya qui, la première, lui parla des roses.

- Herrrmioneuh, je dois te demander un service, l’alpagua Viktor un bon matin alors qu’elle enfilait ses chaussures de randonnée.

Elle resta silencieuse et il se tut lui aussi, comme s’il était surpris déjà qu’elle daigne l’écouter, surpris qu’elle soit dans le même monde que lui et pas dans un univers qui n’était fait que de fleurs fanées. Il lui fallut un moment pour se rappeler de ce qu’il avait décidé de la veille, un moment pour que le vent défasse le chignon bringuebalant d’Hermione et amène à leurs narines le parfum de la rose de Damas.

- Mes cousines vont venirrr à la maison pour la Saint-Lazarrre et j’aurrrais besoin de ton aide pourrr les surrrveiller.

Hermione fronça les sourcils, elle fouilla dans sa mémoire pour retrouver les lettres que lui avait envoyées Viktor pendant tout un été, entre sa quatrième et sa cinquième année, et elle se souvint. Elle se souvenait toujours même de Mila et Anastasiya que Viktor n’avait mentionné qu’une ou deux fois. Elle se souvint qu’elles pratiquaient le Quidditch à un haut niveau pour leur âge et qu’elles habitaient un village sorcier bulgare où elles étaient libres de s’envoler. Elle se souvint que Viktor y avait vécu lui aussi avant d’atterrir à Maglizh en quête de la sérénité volée par la célébrité.

Elle se souvint qu’elle lui avait dit oui, oui je viendrai en Bulgarie, oui je te rejoindrai un jour, elle se souvint et elle eut honte tout à coup d’être là sans être là, d’être comme un fantôme dans la vie d’un ami qui l’avait attendue si longtemps.

Alors elle lui sourit.

- Bien sûr.

- Il faudrrra les prrréparrrer pourrr la fête.

- Et que célèbre-t-on ?

- C’est le derrrnier dimanche avant Pâques, les filles qui sont en âge d’êtrrre dans une rrrelation amoureuse dansent et chantent dans le village, avec les fleurrrs dans les cheveux, et elles deviennent des Lazarrrka. Il faut avoirrr été Lazarrrka pourrr pouvoirrr se marrrier.

Hermione se garda bien de dire ce qu’elle pensait de ce genre de traditions, mais son regard devait parler pour elle parce que Viktor jugea bon de préciser :

- Tu sais, ça ne se prrratique plus vrrraiment aujourrrd’hui, et encorrre moins chez les sorrrciers, mais les filles en ont trrrès envie et elles n’ont pas beaucoup l’occasion de s’amuser.

- Dans ce cas, on leur tressera les plus belles couronnes.

- Elles voulaient les parrrer avec la Trigintipetala mais ce n’est pas encore la saison pour les rrramasser, il faudrrra celles de l'an passé.

- Trigintipetala ?

- C’est la varrriété de roses qui poussent dans la vallée et qui lui ont donné son nom.

- À Kazalank ?

- À la vallée elle-même.

- La vallée des roses, souffla Hermione.

Tout lui revenait en mémoire, les mots mais aussi les maux, la jalousie de Ron ce soir-là quand elle avait dansé dans les bras de Viktor, Viktor qui lui parlait de sa vallée et qu’elle n’écoutait que d’une oreille distraite, son tiraillement entre le Bulgare, le premier garçon à s’être vraiment intéressé à elle, et Ron dont elle réalisait déjà qu’elle ne l’aimait ni comme elle aimait Harry, ni certainement pas comme elle aimait Viktor.

Elle avait aimé le regard que posait Viktor sur elle, elle avait aimé l’embrasser et enfin savoir ce que cela faisait, elle avait aimé se sentir désirée malgré les attaques de Rita Skeeter et de Pansy Parkinson, elle avait aimé la simplicité de cette relation. C’était simple de parler avec Viktor, c’était simple parce que ça n’engageait à rien, ça n’était qu’une parenthèse colorée dans un monde déjà bien terne. C’était sans doute la dernière fois qu’Hermione avait eu le sentiment de vivre sa jeunesse. Peut-être aurait-elle plus volontiers dansé et chanté avec une couronne dans les cheveux à l’époque. Mais elle n’avait plus quinze ans, elle en avait vingt, et c’était cinq ans qui étaient passés comme dix, cinq années pour désapprendre à aimer.

Voilà, c’était ça le problème. Elle ne pouvait pas épouser Ron alors qu’elle ne savait même plus aimer la fille qui lui faisait face dans le miroir. Elle n’avait jamais été narcissique, mais peut-être arrogante, sûre de ce qu’elle valait en tout cas. C’était presque une nécessité pour survivre dans un univers qui lui était si hostile. Hermione était consciente de sa force, de son intelligence, de ses atouts, elle était prête à gravir un à un les échelons du Ministère, résolue à changer le monde, mais quelque chose s’était brisé un 2 mai, et elle n’avait jamais pris le temps de le réparer. Avec Ron ils s’étaient reconstruits comme un couple, un binôme, ils s’étaient accrochés l’un à l’autre pour ne pas sombrer, et les cauchemars n’étaient pas si graves s’il y avait quelqu’un pour les atténuer, la peine était moins lourde à deux. Mais Hermione ne s’était pas reconstruite comme femme. Elle n’avait pas réappris à aimer son corps martyrisé, à croire en cette fille qu’on avait voulu exterminer, à faire confiance. Elle ne s’était aimée qu’à travers le regard de Ron. Et si elle était certaine de ne jamais chérir quelqu’un comme elle le chérissait, elle savait aussi que Ron avait ses propres démons à combattre, et qu’elle ne pouvait pas attendre de lui qu’il répare l’irréparable.

Ce n’était pas la peur qui l’avait conduite en Bulgarie, ou peut-être un peu en toute honnêteté, même les Gryffondor avaient leurs faiblesses, mais il ne tenait qu’à elle d’outrepasser cette peur. Elle pouvait continuer à se cacher, disparaître toujours un peu plus dans la vallée, inquiéter Viktor et Yuliya et bientôt Mila et Anastasiya, ou alors elle pouvait s’autoriser ces quelques semaines hors du temps, à l’autre bout du continent, elle pouvait assumer en avoir besoin, elle pouvait dire Je suis venue me reconstruire.

- Quel âge ont les filles ?

- Elles ont eu quinze ans au début de l’année.

Comme autant d’années qui avaient séparé Hermione Granger et Viktor Krum avant leur rencontre au vieux château écossais. Comme autant d’années qui semblaient s’être écoulées depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus, depuis la première fois qu’il l’avait embrassée.

Mila et Anastasiya arrivèrent dans les heures qui suivirent la requête de Viktor, et Hermione tint sa promesse comme elle l’avait toujours fait. Elle les emmena se promener chaque matin, cueillir les fleurs de la vallée, et elle leur apprit tout le savoir que lui avait transmis Yuliya. Ensemble, elles fabriquèrent de splendides couronnes sans même utiliser leurs baguettes, puis elles apprirent des sortilèges de couture pour broder elles-mêmes les chemises traditionnelles que porteraient bientôt les filles.

L’après-midi, l’oncle de Viktor venait chercher ses enfants pour les emmener au terrain de Quidditch, et Viktor rentrait alors de l’entraînement pour rester avec Hermione. Elle avait pris l’habitude de préparer des banitsa qu’elle fourrait avec les fruits que ramenait Yuliya du marché.

C’était comme si, tout à coup, Hermione était revenue dans la Grande salle de Poudlard décorée pour les fêtes, pour ce bal des trois sorciers qui avait tant signifié, c’était comme si rien n’avait changé et qu’elle était toujours la même jeune fille qui écoutait fascinée Viktor lui parler de son école.

- J’ai un peu levé le pied sur l’entrrraînement à cause des blessurrres rrrécurrrentes, lui expliqua-t-il une fin après-midi qu’elle l’interrogeait sur son avenir. J’aimerrrais aller jusqu’à la Coupe du Monde de 2002 mais je ne sais pas si mon corrrps me le perrrmettrrra.

- Tu n’as jamais pensé à ce qu’aurait pu être ta vie s’il n’y avait pas eu le Quidditch ? lui demanda Hermione en retirant ses sandales.

Il faisait particulièrement chaud en cette douce journée de printemps et ils avaient marché jusqu’à la Selchenska pour y tremper les pieds, à l’ombre des marronniers. Hermione portait une épaisse chemise blanche qui lui donnait la sensation d’étouffer. Elle la noua grossièrement à la taille et posa sa main trempée de l’eau de la rivière sur son ventre nu. Ensuite seulement elle se retourna vers Viktor et planta ses grands yeux bruns dans les siens.

- Je ne me pose pas ce genrrre de questions, avoua Viktor. Je vole où le vent me porrrte parrrce que j’ai toujours été heurrreux comme ça. S’il n’y avait pas eu le Quidditch je n’aurrrais jamais parrrcourru le monde et rrrencontrré Yuliya et encorrre moins toi.

- Tu n’as jamais eu envie de faire ta vie ailleurs qu’en Bulgarie ?

- J’ai toujourrrs était content de rrrentrrrer à la maison, aprrrès la saison interrrnationale, alorrrs je suppose que ça veut dirrre que je suis bien chez moi. Toi, ça ne te manque pas ?

Si, bien sûr. Sa vie à Londres lui manquait terriblement. Ses amis, sa famille, même ses collègues au Ministère. Et Ron. Ils étaient dans chacun de ses regards, un miroir de la vie qu’elle avait fuie, ils étaient dans les larmes qui lui échappaient la nuit et derrière la beauté de la vallée. Son pays l’avait vomie, son pays l’avait haïe, mais son pays l’avait vue naître, grandir, il avait engendré les quelques fils qui la reliaient encore à la vie, son pays était celui de ses amis, une île, un port, un parti.

- Oui, souffla Hermione du bout des lèvres. Oui, ça me manque.

Le bruissement des feuilles étouffait le chant des oiseaux, il couvrait le clapotis de l’eau animé par la brise et, au milieu de la Bulgarie, Hermione n’était soudain plus qu’une fille perdue parmi cent milles roses.

- Yuliya et moi on aimerrrait avoir un bébé, confia Viktor en aspergeant sa nuque des eaux de la Selchenska.

- C’est merveilleux, murmura Hermione.

Elle avait conscience que la naissance de Victoire avait sauvé les Weasley, comme la présence de Teddy avait probablement maintenu Harry en vie. Elle réalisait aussi toute la pression qu’ils mettaient ainsi sur les épaules de ces deux enfants, tous, elle la première qui pensait à Victoire et Teddy pour trouver la force de se battre au Ministère. La fille de Viktor et Yuliya serait une bénédiction avant d’être une consolation et c’était réellement merveilleux.

L’étrange famille à trois qu’il formait depuis quelques mois devrait bientôt s’effacer et Hermione laisser sa place à un foyer plus traditionnel. Elle se demanda brusquement si quelqu’un avait pris la sienne, là-bas, au Royaume-Uni, en attendant qu’elle revienne. Peut-être lui fallait-il renaître elle aussi pour prétendre la récupérer et ses parents avec elle, Harry, Ron, tout son univers en Angleterre.

- J’espèrrre que tu rrreviendrrras carrr notrrre enfant aurrra beaucoup à apprrrendrrre de toi.

- Je ne sais pas. Avant, je savais mais maintenant, ce n’est plus aussi évident.

- J’ai rrremarrrqué ça dès le prrremier jourrr, tu sais, à la bibliothèque, ta passion, cette rage que tu avais de vivrrre et de savoirrr. J’étais fasciné, je me sentais tellement petit à côté de toi.

- Mais c’était toi qui attirais tous les regards, pourtant, dit Hermione en détournant la tête, les joues un peu roses tout à coup.

- Et tu sais aussi bien que moi que la célébrrrité est une mauvaise amie. Tu avais tellement plus de choses à apporrrter au monde que moi, tellement plus de choses que n’imporrrte qui d’autrrre, Herrrmione.

C’était la première fois qu’il prononçait son nom correctement, tout au plus appuyait-il légèrement sur le r, et c’était une mélodie qui résonnait doucement aux oreilles de la jeune femme. Il n’avait pas dit son prénom depuis qu’il l’avait invitée dans sa maison, elle ne lui en avait pas vraiment laissé le temps, toujours fourrée dans la vallée, dans les Balkans. Il avait bien essayé une ou deux fois encore, au mariage de Bill et Fleur, mais il n’avait pas beaucoup progressé depuis la douceur de leur baiser.

Elle se demanda combien de fois Viktor s’était entraîné à dire son nom, l’imaginant face à lui dans sa maison de Bulgarie, et elle sentit une agréable chaleur se répandre dans son corps.

- Je ne suis plus la fille de la bibliothèque, tu le sais bien, marmonna-t-elle en remettant ses cheveux en place.

Il lui paraissait soudain très important d’être aussi bien coiffée qu’elle l’avait été par une pâle soirée de décembre.

- Non, parrrce que cette fille s’est accomplie. Elle combattait les prrréjugés, les injustices, elle voulait la libérrration des elfes de maison, et la femme qui est devant moi aujourrrd’hui, elle a sauvé la vie de centaines d’innocents, elle a aidé Harrry à vaincrrre Voldemorrrt et elle a fait passer les lois les plus prrrogrrressistes de toute l’Europe pour les elfes.

Il exagérait un peu, bien sûr, elle ne le savait que trop bien, et il savait qu’elle savait, mais ce n’était pas ce qui importait ce jour.

- C’était ça, Herrrmione, que j’avais rrremarqué chez toi, au-delà de ton intelligence : tu la mettais au serrrvice des autrrres. Ton trrravail, ton abnégation, tout ça avait un sens bien plus grrrand et surrrtout bien plus noble.

Électrisée, Hermione trouva la force de plonger son regard dans les yeux sombres de Viktor, et elle se sentit bouleversée jusqu’au plus profond de son âme par toute la sincérité, tout l’amour qu’elle y lisait. C’était elle. C’était elle derrière ces pupilles noirs, ce miroir, c’était elle la femme dans les iris foncées, la femme qui passionnait, la femme passionnée.

Personne ne l’avait jamais regardée comme ça, même pas elle, comment aurait-elle pu, elle se trouvait si laide, si terne. Parfois la bienveillance de Harry et Ginny l’arrachait à sa morosité, souvent la tendresse de Ron ravivait ses couleurs et quelques fois même elle riait, mais il y avait tous ces squelettes dans leurs placards à tous qui gâchaient même le quotidien enchanté. La femme que voyait Viktor n’avait pas été torturée. C’était la femme qu’elle aurait pu devenir, celle qui aurait dû éclore au fil des ans pour se dresser un jour fièrement face au vent, comme elle le faisait maintenant.

Viktor aimait une ombre et elle aimait un souvenir. Elle ne le rendrait jamais heureux comme Yuliya, il ne l’aimerait jamais aussi sincèrement que Ron, mais en cet instant il était tout ce dont elle avait besoin.

- Emmène-moi dans la vallée, dans la vallée des roses, lui demanda-t-elle en attrapant ses mains dans les siennes. Je veux voir les rosiers les plus isolés, les mieux protégés du monde entier.

- Ils n’ont pas encorrre fleurrri à cette époque.

- Et c’est pour ça qu’il me faut les plus reculés.

Il connaissait presque chacune des roses protégées par les montagnes, même les roses perdues entre les ombres, alors il accepta. Les sorciers ne s’embarrassaient pas de la récolte des roses eux qui n’avaient qu’à agiter leur baguette pour remplir des paniers infinis. Viktor avait toujours aimé traverser les villages moldus en ébullition sans que personne ne le reconnaisse, faire la cueillette dans les champs, juste un homme parmi des millions de pétales.

Les mains solidement accrochées à celles d’Hermione, il les fit transplaner tous les deux au cœur de la vallée, loin du moindre village, éloignés des bicoques isolées, hors de la portée des hommes. Comme il l’avait prédit, les rosiers n’avaient pas encore fleuri, mais Hermione avait sa baguette en main et il comprit tout à coup pourquoi elle avait voulu les mettre hors de la vue des Moldus. D’un mouvement souple du poignet, d’un sortilège informulé parfaitement exécuté dont elle seule avait le secret, elle fit éclore les milliers de boutons qui les entouraient, et ils devinrent Hermione et Viktor égarés parmi les roses.

- Tu te souviens quand tu m’as invitée à passer l’été chez toi cette année-là ? demanda la jeune femme avec émotion.

- Je me souviens quand tu as accepté avant… juste avant…

Avant la mort de Cédric Diggory. Avant la refonte de l’Ordre du Phénix. Avant la mort, la douleur, la peur, avant la guerre.

- C’est la seule promesse que je n’ai jamais tenue, avoua Hermione.

Puis, n’y tenant plus, mue par un désir féroce qui s’était éveillé dans les eaux de la Selchenska, Hermione prit le visage de Viktor entre ses mains et elle plaqua ses lèvres contre les siennes.

C’était un baiser qui n’avait rien à voir avec celui qu’ils avaient échangé bien des années auparavant. Depuis Viktor avait rencontré Yuliya et Hermione avait embrassé Ron un millier de fois. Ces baisers avaient une tendresse qu’elle ne retrouvait pas dans la vallée de Kazanlak. Mais au moins les lèvres de Viktor n’avaient pas le goût amer des larmes salées.

Hermione n’était plus la fille qui avait timidement embrassé Viktor Krum. Elle était une femme et une femme qui savait ce qu’elle voulait. Alors, profitant de ce que Viktor avait fermé les yeux, elle prit sa robe blanche entre ses deux mains, la passa par-dessus ses épaules et la laissa choir sur le parterre des roses, un pétale semblable à cent mille autres.

Elle n’avait jamais fait l’amour avec quelqu’un d’autre que Ron et elle aimait l’idée qu’il soit le premier, le dernier, un roc, son pilier. Il le serait toujours. La femme qui se pressait contre le corps de Viktor n’était pas Hermione mais une pâle copie de ce qu’aurait pu être sa vie. S’il n’y avait pas eu la guerre alors Hermione aurait suivi Viktor en Bulgarie et un jour peut-être aurait éclos la femme qui faisait l’amour avec Viktor au milieu des roses enchantées. Ce soir n’était qu’une illusion, un artifice, et le décor qui les entourait était factice, théâtre éphémère de leurs ébats.

Mais, pour un instant d’éternité, une femme et l’enfant qu’elle avait été se reconnectaient, et si tout n’était pas bien tout était si bon au moins.

La nuit était tombée depuis longtemps quand Hermione et Viktor s’éveillèrent, glacés par le froid mordant des soirées de printemps. L’enchantement avait cessé, les roses s’étaient fanées pour mieux renaître dans les semaines qui suivraient, Hermione sourit, Viktor sourit, et ils n’étaient plus que deux amis l’un pour l’autre qui avaient fait la paix avec leurs fantômes.

Yuliya les accueillit avec des banitsa lorsqu’ils rentrèrent et Mila et Anastasiya montrèrent fièrement leurs chemises colorées à Viktor. Hermione ne dormit pas cette nuit-là, mais pour la première fois ce n’était pas les cauchemars qui la maintenaient éveillée, simplement le dur labeur qu’elle s’était infligée. La Saint-Lazare aurait lieu le lendemain et si la jeune femme voulait broder sa propre chemise elle aussi elle ne pouvait plus se permettre de s’assoupir.

Elle laissa Mila et Anastasiya chanter et danser pour tous les voisins de Viktor, les admirant de loin avec Yuliya, mais elle arbora fièrement sa chemise maladroitement cousue. Mila, Anastasiya, elles étaient ce qu’elle aurait pu être, peut-être, elles deviendraient ces femmes qu’Hermione avait vu dans le regard de Viktor, mais elle, elle avait fait son deuil. Elle ne redeviendrait jamais la Hermione que Viktor avait aimé à la bibliothèque, elle n’oublierait jamais la guerre et les marques qu’elle avait laissées sur sa peau, et sans doute continuerait-elle à cauchemarder, à avoir peur, à pleurer trop souvent, mais ce n’était plus important.

L’important était de se battre, comme elle s’était battue pour les elfes, pour les sorciers, pour tous les enfants nés de Moldus comme elle, pour Teddy et Victoire, pour Hermione qui n’avait pas survécu. C’était comme ça qu’Hermione avait toujours vécu : pour les autres.

Elle écrivit à Ron, à Harry, et puis au Ministère, et dans les jours qui suivirent la Saint-Lazare et le départ de Mila et Anastasiya, Hermione annonça son envol à Yuliya et Viktor. Elle avait été remplacée au Département de contrôle et de régulation des créatures magiques mais de nouvelles missions l’attendaient à celui de la justice magique. Il lui faudrait repartir de zéro, gravir un à un les échelons pour démocratiser la justice sorcière et rendre définitivement obsolète les lois discriminatoires qui avaient été adoptées au fil des siècles et plus particulièrement sous le règne de Voldemort. Mais il n’y avait rien qu’Hermione n’était pas capable de faire.

Elle ne savait pas si Viktor avait parlé à Yuliya, si c’était seulement possible tant leur connexion dans la vallée avait été forte, magnétique, irrationnelle, comme une force bien supérieure à eux. Mais, quand vint pour elle l’heure de quitter la Bulgarie, Yuliya la serra longuement dans ses bras avant de la laisser seule avec Viktor sur le perron de la porte.

Il la contempla longuement, comme on contemple le songe d’une nuit d’été, avec douceur et sérénité. La délicieuse senteur des banitsa embaumait l’atmosphère, à peine concurrencée par celle des roses qui commençaient à s’ouvrir au chaleureux printemps. Hermione avait la même robe blanche qu’elle portait dans la vallée avec Viktor. Elle savait pourtant que le temps n’était pas au beau chez elle en Angleterre, mais elle ne pouvait pas s’imaginer partir autrement.

- Tu n’as pas fabrrriqué de courrronne de fleurrrs, lui fit remarquer Viktor.

- Je n’en ai pas besoin avec mon herbier.

- Mila tenait à te laisser la sienne.

Avec une infime précaution, comme si elle avait été une de ces fragiles poupées que l’on trouvait sur les marchés de la région, Viktor posa la glorieuse couronne de fleurs sur sa chevelure indomptée, et indomptable. Les filles y avaient fixé de longs rubans rouges et verts aux couleurs de leur pays, et Hermione se promit de ne pas l’oublier, même si elle ne devait jamais y retourner.

- Au rrrevoirrr Lazarrrka, dit-il en lui embrassant le front avec tendresse.

Elle n’était pas prête à se marier. Peut-être ne le serait-elle jamais. Mais elle était prête à être femme. Elle était prête à grandir et à tourner la page. Elle était prête à changer le monde, à reconquérir Ron, à sortir Harry de sa morosité et à écrire leur félicité. Elle était prête à gravir des montagnes bien plus élevées que celles de la Sredna Gora. Elle était forte. Elle était femme.

Elle était Hermione.

- Au revoir Viktorrr.

Et elle disparut dans la vallée, sereine et magnifique, sous les dernières lueurs d’un jour nouveau.

Les lettres de Viktor se firent plus régulières pendant quelques temps, puis s’estompèrent à la naissance de son premier enfant. Ekaterina était une jolie petite fille dont Hermione devint naturellement la marraine. Viktor, lui, fut celui de Rose, avec une femme qu’il n’avait jamais rencontrée mais qui avait aussi le nom d’une fleur. Pas le nom de la rose.

Hermione et Ron ne se marièrent jamais, mais ils prirent l’habitude de célébrer chaque année l’anniversaire de leurs retrouvailles, et au fil des ans les enfants furent de plus en plus nombreux à assister aux réjouissances. Parmi eux Fred et Roxanne étaient évidemment les meilleurs ambassadeurs des sorciers facétieux, et ils prirent l’habitude d’amener les produits de leur père à la fête, sous le regard plus mélancolique qu’agacé de Molly. Une fois, alors que Ginny venait d’accrocher des fleurs aux boucles d’Hermione, ils se disputèrent avec James qui leur avait volé un flacon, profitant de l’inattention de sa mère – son père quant à lui était trop occupé à jouer les cavaliers pour Lily et Rose.

Le flacon s’écrasa au sol et son contenu se répandit dans tout le domaine jouxtant le Terrier.

Naturellement, Hermione fut la première à identifier l’Amortentia. L’épaisse poudre rosée qu’il produisait était typique du plus puissant philtre d’amour au monde et elle regarda non sans amusement Arthur courir dans les bras de Molly et Victoire embrasser Teddy pour la première fois dans la confusion générale.

Après, elle n’eut d’yeux que pour Ron, et pour son compagnon de toujours, il semblait ne pas y avoir d’autre femme au monde qu’Hermione.

Ce fut la dernière fois qu’Hermione sentit l’Amortentia, et elle avait reconnu les cheveux de Ron Weasley, l’odeur chaleureuse du parchemin neuf et le parfum des roses de la vallée de Kazanlak.

Note de fin de chapitre :

Merci d'avoir lu !

N'hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire ce que vous avez pensé de cette petite histoire qui m'a replongée tout droit dans les merveilleux souvenirs de mon année en Europe de l'est.

Et de très joyeuses fêtes à toutes et tous ♥ .
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