Je l’ai immédiatement su.
Je ne sais pas si ce sont les rideaux tirés, l’odeur du thé ou le silence assourdissant qui me l’ont fait deviner. Mais je l’ai immédiatement su. Je l’ai ressenti dans ma chair, et dans les soubresauts incontrôlables de mon cœur et dans l’air qui s’est épaissi autour de moi dès que je suis entré dans le hall d’entrée de ma maison. C’était toute ma culpabilité qui se manifestait. Je n’ai même plus réussi à respirer normalement, à bouger ne serait-ce qu’un bras tant l’air était lourd sur l’ensemble de mon corps. Mina s’est plantée devant moi, les yeux étrangement vides, le teint pâle, mais un sourire a étiré ses lèvres si fines.
- C’est George, m’a-t-elle dit d’une toute petite voix.
Aux sanglots de ses mots, j’ai réalisé à ce moment précis que mon ami d’enfance n’était plus en vie. Je l’ai su en entrant dans la maison. Néanmoins, j’ai eu besoin de l’entendre. Mina est tombée dans mes bras en pleurant et Henry est apparu dans l’embrasure de la porte.
- Maman et papa sont dans le salon, a-t-il murmuré. Madame Smith pleure depuis des heures.
J’ai hoché la tête.
- Où est son corps ?
Mina s’est relevée, et a agrippé ma veste de toutes ses forces, les yeux soudainement ranimés de leur ordinaire éclat malicieux.
- C’est vrai ça ! Où est son corps ? Il n’est peut-être pas mort ? Comment le saurions-nous sans corps ? Peut-être qu’il s’agit d’un malentendu ? Que quelqu’un a confondu Georges avec un autre soldat ? C’est possible !
Henry a commencé à pleurer, avalant son poing pour retenir ses larmes et j’ai posé une main sur la joue de Mina. Je n’ai pas réussis à lui dire que je n’y croyais pas et que je n’avais pas besoin de voir le cadavre de Georges pour en faire le deuil. Je voulais simplement qu’il retourne chez lui.
J’ai beau essayer, mais moi, je n’arrive pas à pleurer, parce que je le savais, que ça se terminerait ainsi. Tout le monde sanglote dans le petit salon. Mais mes yeux restent secs.
- Les autorités françaises interdisent le transport des corps, m’apprend Henry juste à mes côtés. Pour des raisons d’hygiène à ce qu’on dit.
Son visage est marqué par la douleur. Je me retiens de soupirer :
- Transporter les corps coûte sûrement trop cher. Ou peut-être qu’ils n’arrivent pas à identifier les dépouilles, parce que les hommes ne ressemblent plus à rien.
- Comment peux-tu dire ça ?
Mina repose sa tasse de thé dans sa soucoupe, agacée, et je l’imite, en regrettant aussitôt mes paroles. Je me perds dans la contemplation des photos accrochées au mur juste en face. Henry a deux ans et ce dernier ébouriffe maldatroitement les cheveux de Mina, qui n'a qu'un an. Ils ont toujours été incroyablement proches. Henry a appris à Mina à lancer ses premiers sorts avec la baguette de notre grand-père, quand il était trop fatigué pour veiller sur nous et qu’il oubliait de la mettre hors de leur portée. Mina ne fait même pas attention à Henry qui emmêle ses cheveux. Elle a le regard rivé sur le bébé qu’elle tient dans ses bras, comme si il était le plus beau de tous les trésors. Je suis le dernier de la fratrie Wallergan, celui qui devait courir derrière ses aînés pour espérer jouer avec eux, celui qu’on gâtait un peu trop, à qui l’on cédait tout. Mes parents adorent cette photo de nous trois.
Mes parents sont des sorciers respectés au sein de la communauté magique. Les Wallergan forment l’une des familles les plus anciennes et les plus nobles de Grande-Bretagne. Mon père a été élevé au sein de l’aristocratie magique et ce qu’elle a de plus immonde : son idéologie de pureté du sang. Il l’a violemment rejetée après avoir rencontré ma mère. Je les admire tellement… Ils ont tout construit eux-même, leur réputation, ce manoir, qu’ils ont construit peu après la naissance de Henry. Mes parents sont des gens biens. J’ai de la chance, d’être né dans cette famille. Une autre, n’aurait sûrement pas eu autant de bienveillance à mon égard..
Aussi, s’étant affranchi de son éducation, mon père ne nous a jamais interdit de jouer avec Georges, le fils de nos voisins quand nous étions petits. En grandissant, comme tous les enfants, nous avons changé. Georges avait le même âge qu’Henry et quand mon frère est parti à Poudlard, il est venu de moins en moins souvent à la maison pour jouer, si bien que nous ne le voyions plus qu’en coup de vent tous les jours de l’an quand il rentrait chez sa mère pour les fêtes. Georges n’était plus qu’un souvenir d’enfance pour moi. Pourtant, sa mort me broie le cœur. C’est si injuste…
Le lendemain, je me réveille, me lave, mange comme je l’ai toujours fait, comme si rien n’avait changé, comme si le fils de mes voisins moldu n’était pas mort, comme si son corps n’était pas perdu quelque part en France. Je referme la porte et descends les escaliers. Un hibou attend patiemment derrière la fenêtre de la cuisine, apportant le dernier numéro de la Gazette du Sorcier. Henry me le prend des mains, pour y lire les dernières nouvelles alors que je me sers un verre de jus de citrouille.
- Archer Evermonde ne veut pas retirer sa loi, marmonne-t-il.
Le ministère de la magie avait été très clair sur la question. Archer Evermonde, le premier ministre de la magie, avait promulgué une loi d'urgence, interdisant aux sorciers de se mêler à cette guerre... Pourtant, beaucoup n'avait pas écouté, et tous les jours, des centaines de sorciers enfreignaient le code international du secret magique. J’aurais du faire comme eux, et sauver la vie de mon voisin, de mon ami d’enfance.
- C’est ridicule, je lâche enfin. Cette guerre nous concerne autant que les moldus.
Si seulement j’avais le courage de m’engager …
- Je sais à quoi tu penses, grogne Henry.
Je serre mon verre au point que mes phalanges en deviennent blanches. Henry plante ses yeux noirs dans les miens :
- Enlève cette idée de ton crâne immédiatement.
Henry, en bon Serdaigle, est le plus réfléchi et le plus intelligent de nous trois. Mina exécutait de bon cœur toutes les farces que notre frère inventait. Elle est la plus douce, la plus gentille. Dans tout ce mélange, moi, j’ai souvent eu l’impression de ne pas avoir ma place, et qu’il ne me restait que de maigres miettes, à peine de quoi nourrir un oisillon. J’ai toujours écouté mon frère et ma sœur. Mais cette fois-ci, je n’en ai pas envie.
- Enlève cette idée de ton crâne ! répète-t-il.
Pourtant, cela fait longtemps que je l’ai cette idée. Quand les moldus ont commencé cette guerre il y a deux ans, qu’ils ont placardé des affiches dans tous les boulevards, les avenues et les ruelles du pays, j’en ai prise une en main que j’ai ramenée à la maison. Ma mère a tout de suite pâli et mon père a désapprouvé.
- C’est trop dangereux, ajoute Henry. Je refuse de te perdre.
J’ai envie de lui répondre que j’ai déjà la sensation d’être perdu. Après tout, quand on ne sait pas où aller, c’est bien ce qu’on est, non ? Je me lève tous les matins sans but, aucun, en me demandant comment rompre la monotonie, comment devenir autre chose qu’un poids et une charge pour mes parents qui s’inquiètent pour moi, qu’une source de problèmes pour Henry, qui n’ose même pas parler de moi à ses collègues au Ministère, ou même à Mina, qui me regarde toujours comme un pauvre petit être fragile. Ce que je suis.
Je voudrais avoir le même courage que Georges. Sauf qu’on m’a tellement répété que c’était trop dangereux pour moi, que j’étais bien trop faible, trop vulnérable, que j’avais déjà énormément de chance d’être né dans une famille de sorciers et de pouvoir échapper à cette boucherie… Je suis quelqu’un de bien. Je veux sauver des vies. J’ai du courage et je voudrais le leur montrer à tous.
Quand je sors du Manoir des Wallergan, je me sens libéré de la mort qui plane au-dessus de nous depuis hier. En passant devant le grand chêne et la balançoire que Henry avait construite pour moi quand nous étions enfants, mon cœur se remet à faire des soubresauts incontrôlables et je détourne les yeux. Henry m’a toujours traité comme si j’étais normal, comme eux. Il voulait que je puisse voler moi aussi, que mes pieds arrêtent de toucher le sol, même un bref instant. Ma mère refusait de me voir sur un balai, de peur que je me blesse. Alors, Henry avait eu l’idée de me fabriquer une balançoire. J’adorais en faire avec Mina. Georges et Henry nous poussaient tous les deux, jusqu’à ce que nous ayons l’impression de pouvoir toucher le ciel en tendant les mains….
En ville, l’ambiance n’est pas moins morose qu’au Manoir. Dans le quartier moldu de Londres, personne ne parle, personne ne se regarde. Je crois que nous ne sommes pas les seuls à pleurer la perte d’un être cher. Je me demande si l’air est aussi dense sur le Chemin de Traverse. Pour l’heure, je serre ma besace contre moi. Pour ma famille, je poursuis des études de médecine moldue, mais cela fait plus de huit mois que je n’y ai pas mis les pieds. Depuis qu’ils m’ont tous fait comprendre que je n’étais capable de rien. Je passe mon temps au parc, à écrire dans mon cahier toutes les choses que je n’arrive pas à exprimer.
Je m’arrête devant une énième affiche au fond bleu, avec une main tenant des pièces qui se transforme en munitions à mesure qu’elles glissent entre les doigts de celui qui les tient.
- De la merde, ronchonne une voix derrière moi.
Je me retourne et découvre un visage mutilé devant moi, munit de deux yeux bleus, perçants et presque trop malheureux pour être vrais.
- Qu’est-ce que tu fais ici ? Je murmure en prenant mon meilleur ami dans mes bras.
John me serre fort contre lui, à m’en étouffer et me traîne à sa suite.
- Tu es rentré depuis longtemps ? Je lui demande.
- Deux jours. J’ai envie d’un whisky pur-feu et d’une femme …
- Je peux peut-être faire quelque chose pour le whisky, je commence en riant.
Quand nous arrivons au Chaudron Baveur et que la serveuse glisse deux verres de whisky pur-feu jusqu’à nous, John les boit en trois gorgées, et en recommande aussitôt. Il m’en laisse cette fois un et avale l’autre. Il triture son verre sans trop savoir quoi en faire une fois qu’il est vide et ferme les yeux. Il renifle péniblement.
- Je suis désolé pour ton voisin. Pour Georges.
Son prénom semble lui arracher la bouche.
- Tu sais ce qui lui est arrivé ?
- Ouais. J’ai veillé sur lui, comme tu me l’as demandé.
J’avale le contenu de mon verre. Mon œsophage me brûle et ce n’est vraiment pas à cause de l’alcool.
- Je l’ai vu mourir, ajoute John. J’aurais voulu ramener son corps mais dans la panique…
Il baisse sa tête coupable.
- Je me suis tiré et je l’ai abandonné derrière moi. Mais il est mort, Evan. Je voulais présenter mes condoléances à sa mère ce matin. Je n’en ai pas eu le courage.
- Tu comptes repartir ?
- Oui. Je voulais juste…
Il ne termine pas sa phrase et relève la tête. Plusieurs cicatrices barrent son menton et ses joues. Il n’est pas rasé et ses cheveux blonds ont poussé.
- J’y ai échappé de peu. J’ai transplané juste avant de me prendre un obus en pleine face. J’ai essayé de prendre deux moldus avec moi. Quand je suis arrivé sur la ligne de défense, il ne me restait que deux bras dans les mains et des éclats de leurs deux cervelles dans les cheveux, murmure-t-il.
- C’est ce qui est arrivé à Georges ?
John se tourne vers moi, comme un fantôme et c’est comme si je rencontrais une autre personne. John et moi, avons toujours été amis. Nos familles se fréquentent depuis la nuit des temps et John m’a toujours défendu contre tous, me poussant à faire ce que j’avais envie de faire. Nous voulions nous engager ensemble… Je le regarde poser sa baguette à côté de son verre, comme si c’était un vulgaire bout de bois. Il pose un doigt sur ma poitrine, au niveau de mon sternum et appuie de toutes ses forces.
- Il s’est pris une balle ici. Il n’a même pas eu le temps de se rendre compte de ce qu’il se passait. J’ai versé tout le contenu d’un flacon d’essence de dictame, l’un de ceux que tu m’as refilé avant que je parte, et la plaie s’est arrêtée de saigner, mais il était déjà mort.
Il parle avec une telle froideur… C’est la première fois que j’entends ce ton morne, presque sans âme, dans sa bouche.
- Si seulement je pouvais m’engager moi aussi…
- Qu’est-ce qui t’en empêche ?
- Henry m’a jeté un petrificus totalus pour m’empêcher de partir la dernière fois que j’ai essayé.
- Il t’a vraiment fait ça ? s’étonne John.
- Un peu qu’il l’a fait, je ronchonne.
- Quel connard, rit-il.
- Il pense que je ne suis pas assez fort pour partir sur le front moldu.
- Crois-moi, personne ne l’est. Sorciers, moldus… Même un troll ne serait pas prêt pour une telle boucherie. Mais au moins, on est utiles et on sauve des vies. On aurait besoin de gens comme toi avec nous.
- Et tu veux y retourner ? Sur le front je veux dire ?
- Ouais. Si on était plus nombreux, on pourrait en sauver plus…
Pourtant, quand je l’écoute, j’entends juste son envie de fuir et de prendre ses jambes à son cou.
- Je repars ce soir, avant que le Ministère ne me tombe dessus et me jette à Azkaban pour violation du secret magique. J’ai un portoloin qui m’attend pour dans quatre heures… Je suis juste passé en coup de vent, pour vérifier que ma famille allait bien, que toi…
- Moi ?
- Je voulais voir si tu allais mieux.
Je frôle sa baguette du bout des doigts. Comment pourrais-je aller mieux ? Est-ce qu’un jour dans ma vie j’irais mieux ? J’en doute. J’ai été condamné dès la naissance à vivre une demi-vie.
- Je n’ai toujours aucune raison de me lever le matin. Henry, Mina, mon père, ma mère… Ils me croient incapable en tout, bon à rien.
- Pourquoi tu les écoutes autant ? T’es pas un bon à rien… T’es un petit génie !
J’ai un certain don pour les potions. Je connais par cœur des recettes entières, sais parfaitement les préparer. J’aurais pu distribuer des essences de forces, de vivacité, de l’essence de dictame, en faire par centaines et sauver des vies moi aussi.
- Le plus important, Evan, c’est ce que toi, tu penses.
- Comment ça ?
- Tu crois en être capable ? Tu crois être prêt à affronter tout ça ? Tu veux partir au front ?
- Je n’en sais rien.
- Alors tais-toi pour de bon, ou fais-le. Prend une décision définitive et arrête de pleurnicher parce que maman et papa ne sont pas d’accord.
J’aimerais être aussi sûr que j’en ai l’air. Sauf que je tremble de peur. Je ne suis pas un Gryffondor, si tant est que le courage leur soit exclusivement réservé. Après tout, John était un Serpentard quand il était à Poudlard et il s’est engagé sans la moindre hésitation.
- Y’a un moldu qui m’a dit un truc intéressant l’autre jour, continue John.
- Quoi donc ?
- La vie est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre. Et toi Evan, tu pédales dans le vide depuis toujours que c’est presque un miracle de constater que tu ne t’es pas pété la gueule une seule fois. Il serait temps que tu prennes ton élan et que tu prennes enfin ta vie en mains.
- Et si je tombe ?
- Tu te relèves.
- Je ne suis pas comme toi, comme vous.
John éclate d’un rire mauvais et fait signe à la serveuse de nous resservir. Finalement, quand elle penche la bouteille pour verser du whisky pur-feu dans nos verres il la lui arrache des mains et lui ordonne de partir après lui avoir donné de l’argent pour payer celle-ci.
- Je vois pas ce qui effraie tes parents. Une veste enchantée d’un protego sera toujours efficace contre les munitions moldus. Tu ne risques rien…
Il porte le goulot à ses lèvres et quand il me la tend, je l’imite. Quand John repart en titubant, complètement saoul, je me demande qui j’ai eu en face de moi. En quittant le bar à mon tour, j’ai pris ma décision.
Cela fait dix-neuf ans que je vis dans un cocon familial étouffant. J’ai besoin de me sentir utile, de me prouver que je vaux mieux que ce qu’ils pensent tous de moi, que je vaux mieux que ce que je pense moi-même, de moi. On m’a répété tellement de fois que j’étais faible et fragile, qu’il valait mieux pour moi rester à l’abri que j’ai commencé à les croire. Peut-être que je le crois toujours. Je ne sais même plus ce dont j’ai envie. Sauver des vies ? Me rendre utile ? Trouver un but à ma vie ? Tout ce dont je suis certain, c’est que ce que je cherche ne se trouve pas ici. John a raison quand il dit que je pédale dans le vide… Et c’est à cause de ça, que je n’ai pas suivi mon voisin Georges au front, comme ça qu’il est mort parce que je n’ai pas eu le courage d’affronter ma famille.
En rentrant au Manoir, je retrouve mon frère et ma sœur, dans le jardin. Ils sont près du chêne, Mina est sur la balançoire et Henry rit légèrement à l’une de ses blagues. Je jette mon sac et les regarde fixement.
- Je veux partir.
Henry arrête de rire.
- Je vais m’engager. Et cette fois, je ne vous écouterai pas me dire encore une fois que j’y risque la vie, et si l’un de vous ose lever sa baguette sur moi, je la lui casse en deux dès le lendemain.
- A raison, parce que tu y risques effectivement ta vie ! s’emporte Mina.
- John vient de me le confirmer. Georges est vraiment mort, il ne reviendra pas. J’aurais pu le sauver.
Des larmes, mes larmes, celles qui refusaient de couler hier, se mettent à dévaler mes joues alors que j’énonce l’effroyable vérité.
- Des hommes risquent leur vie tous les jours quand nous sommes bien plus forts, plus puissants qu’eux, que nous pouvons guérir plus rapidement grâce à notre maîtrise de la magie et des potions et…
- Ton ami John enfreint le code international du secret magique, marmonne Mina.
- Il sauve des vies.
- Mais qu’est-ce que tu crois Evan ? Que ce n’est qu’un jeu ? Que la magie va te protéger de toutes les balles, de tous les obus, des infections, des poux, de la boue et des nuages de gaz toxiques qu’on lâche sur les soldats ? hurle Mina.
- On n’a absolument aucune excuse pour participer à ce massacre, marmonne Henry, un peu plus calme. Les moldus ne savent peut-être pas ce qui se passe, parce que leurs médias le leur cachent bien, mais nous, on sait et on devrait tous…
- Et la paix ? Tu en fais quoi, Mina de la paix ? Je crie à mon tour en ignorant Henry.
- C’est parce que je chéris la paix que je refuse de te voir partir faire la guerre !
- C’est parce que tu es une lâche !
- Mais qu’est-ce que tu crois Evan ? répète Mina. Que tu vas pouvoir sauver des moldus avec tes potions magiques ? Que tu seras utile ?
- Au moins, moi, j’essaie, je siffle entre mes dents.
- Tu vas te faire tuer, vocifère Henry.
- Ça suffit ! souffle Mina. Je ne veux plus entendre un mot.
- En quoi tu leur seras utile ? Hein ? Dis-moi ? continue pourtant Henry, alors que Mina sanglote.
- Je fais des études de médecine ! J’ai des connaissances en potions ! Pourquoi pars-tu du principe que je ne serais pas utile ? Que je vais forcément mourir ? Je lui demande.
- PARCE QUE TU ES UN CRACMOL EVAN !
Mon poing s’écrase sur son visage quand je laisse s’exprimer toute ma rage contre le monde, et le destin qui a fait de moi ce que je suis : une gêne constante pour tous, une honte pour les Wallergan, un être fragile et vulnérable, ni un sorcier, ni un moldu. Un cracmol…