Son sac était prêt. Il était temps de rentrer à la maison. Sven avait atteint, voir dépassé la limite d’un mois, qu’il s‘était fixé. Mais au fond, il prenait un réel plaisir à vivre ici.
Les prêtre-guerriers qui résidaient au palais de la Foudre ne l’estimaient pas encore prêt à suivre complètement leur enseignement. Mais il avait quand même énormément appris. Tout simplement parce qu’il avait eu le droit d’observer. Alors il l‘avait fait. Sven avait passé la plupart de ses journées à les regarder s’entraîner du matin au soir. À apprendre leurs techniques de combat à l’arme blanche ou à la baguette de lui-même, ou encore à améliorer le contrôle de son don . Il avait aussi reçu l’autorisation d’accéder aux archives. Même si ses compétences en matière de compréhension des runes avaient leurs limites, le moins que l’on puisse dire c’est que les cours d’histoire de la magie, qu’il recevait depuis ses onze ans, semblaient depuis bien fades.
Pour ce qui était de la vie quotidienne sur Vangard, elle était parfaite. Les vieux Foudremages le laissaient participer aux tâches quotidiennes qu’il s’agisse de la cuisine ou du ménage. Ou plutôt les lui confiaient sans ressentir la moindre gêne. Comme son grand-oncle Ivo Alstrom – dont il avait appris l’existence l’an passé à Poudlard – disait pour plaisanter, c’était l’occasion de laisser la jeunesse travailler. Les tâches quotidiennes incluaient la chasse. Et la chasse représentait un rite à part entière dans la vie des prêtres. Sven avait ainsi appris à se servir d’un arc. Sans pour autant être particulièrement doué dans son utilisation. Il faut dire que toucher une cible mouvante était bien plus compliqué avec une flèche qu’avec un sort.
Sven se leva de son lit, passa la lanière de son sac sur son épaule, puis se rendit dans le hall principal. Knut, le haut-maître de l’ordre l‘y attendait. C’était un petit homme chauve à la longue barbe blanche, il était malgré tout assez râblé, mais loin d’être comparable physiquement à la quasi-totalité des Foudremages. Sven l’avait vu cependant vu à l’œuvre et s’était juré de ne jamais cherché à lui faire le moindre tort.
- C’est l’heure du départ, mon garçon?
- Oui.
- Je lis une pointe de déception sur ton visage. Serait-ce à cause du fait que l’on t’ait refusé l’apprentissage de la magiefoudre ?
- Je préfère être franc et la réponse est oui, répondit Sven respectueux. Même si je sais que je n’aurais pas pu apprendre grand-chose en si peu de temps. Mais la vie à vos cotés était très enrichissante malgré tout.
- Donc tu as quand-même appris, conclut Knut avec un faible sourire.
Ce fut la première fois que Sven en vit un provenant du vieillard. Knut poursuivit en prenant un ton plus doux qu’à l’accoutumée.
- N’imagine pas que tes entraînements en solitaire sont passés inaperçu, Sven. Disons simplement que tu as obtenu l’autorisation de te former à nos techniques. Tu seras de retour l’été prochain, j’imagine.
- Si tout se passe bien, oui.
- Ah ce sorcier dont tu as parlé. Quel est son nom déjà ?
- Astaroth.
- À quel point est-il dangereux ?
- Et bien, Astaroth ne recherche que le chaos. Pour le peu que j’en sache sur lui, il n’a même pas l’air d’avoir un plan précis.
- N’hésite pas à requérir notre aide, si la situation l’exige.
- Je croyais que les résidents permanents du temple n’avaient pas le droit de quitter l’île.
- Pas si notre monde est réellement menacé.
- Vous avez déjà fait des sorties de ce genre ?
- Oui, la dernière remonte à presque un siècle, d’après les archives. Un sorcier anglais est venu nous voir. Un enseignant, je crois. Il avait besoin de toute l’aide possible pour renverser un tyran. Je doute que le nom de Dumbledore te soit inconnu.
- Vous l’avez aidé à vaincre Grindelwald ?
- Les membres du temple de cette époque, oui. Si ça n’a pas été mentionné par la suite, c’est tout simplement que l’on tenait à avoir la paix, je présume.
- Je vois.
- Tu devrais te dépêcher. Tu vas mettre un certain temps à atteindre la rive.
- Oui.
- À l’été prochain, Sven Alstrom.
Sven avait pris le chemin le plus direct pour atteindre le rivage, mais aussi le plus dangereux. Il avait le pressentiment qu’il devait rentrer au plus vite. Le chemin en question prenait la forme d’une rivière à suivre jusqu’à son embouchure. Rivière où venaient s’abreuver toutes les créatures, magiques ou non qui peuplaient Vangard. Sven dût ainsi foudroyer quelques loups, normaux cette fois-ci. Et surtout planter une flèche dans le doigt d’un géant pour le dissuader de s’approcher davantage. Il avait également eu l’occasion de discuter un long moment avec une bande de nains. Ce qui fut de suite plus agréable. Si bien qu’il atteignit le rivage plus vite que prévu.
Le bateau qui allait le ramener sur le continent s’appelait le Naglfar. Les marins du drakkar l’attendait déjà. Le Naglfar avait pour particularité d’avoir pour marins, des morts. Plus spécifiquement des êtres appelés Draugr. Ils étaient un peu spéciaux. Tout comme leur sens de l’humour. Mais Sven s’était particulièrement bien amusé à l’aller. Leur apprendre des chants avait été une excellente distraction.
- On peut y aller ? demanda le capitaine du Naglfar. Il est probable qu’on croise une tempête, alors on ferait mieux de partir en avance. Et on a pu exercer un peu notre voix depuis la dernière fois.
----------------
Le ministère de la magie suédois était monstrueusement grand. Rien que le hall d’entrée égalait en taille, l’allée principale du Chemin de Traverse. Jusque-là, Sven avait toujours passé la porte du ministère accompagné d’au moins un de ses parents, ce qui l’avait plus ou moins empêcher de se perdre.
Sven comprit qu’il détestait l’administration suédoise ou plutôt l’administration en général, à l’instant, où un agent d’accueil l’informa, qu’il devait chercher le service des Transports Internationaux, complètement séparé du service général des transports, lui même indépendant du service des permis de Transplanage.
- Personne a envie de simplifier les choses, il faut croire, grommela-t-il.
Il parvint pourtant sans trop de mal à se diriger au bon endroit. Il se présenta devant l’hôtesse d’accueil, une vieille dame, à la permanente blonde et dont l’air pincé semblait éternellement présent sur son visage. Cet air s’en retrouva accentué quand elle aperçut Sven. Celui en comprit immédiatement la raison. Son séjour sur l’île avait occasionné un nombre important de cicatrices. Dont une à l’arcade sourcilière que les prêtres de l’île n’avaient pas pu refermer correctement. Ses cheveux avaient également un peu poussé, tout comme sa barbe. Il ressemblait à un vagabond. Sans oublier qu’il portait toujours sa bure du temple. Ses autres vêtements avaient rendu l’âme sur Vangard. Gerdi avait proposé qu’on lui achète de nouvelle affaires quand il était passé chez les Forkus, à son retour de Vangard, mais il ne voulait pas trop déranger les meilleurs amis de ses parents.
- Bonjour, j’ai réservé un portoloin aller-retour entre Londres et Stockholm le 28 juin, sans date précise pour le retour. Du coup, il est temps pour moi de rentrer.
- À quel nom ? Il me faudra également votre billet.
- Sven Alstrom. Quant au billet, bougez pas, ça risque d’être un peu long.
Sven parvint à le trouver dans son sac, après un court moment de recherche. Mais il avait entre temps sorti une pile de livres, une carte de la Scandinavie, son arc et ses flèches et également Hjarta. Le fait de voir une hache naine sur son bureau avait un peu surpris l’hôtesse.
- Entendu, je vous enregistre immédiatement, toutefois il faudra patienter au moins une heure, le temps que tout soit prêt. Vous avez une salle d’attente juste à coté de l’office.
- Pas de soucis, merci.
La salle d’attente était vide, il faut dire qu’il était près de dix-huit heures, et ce n’était pas le meilleur moment pour entreprendre un voyage. Et tout pressé qu’il était, Sven avait tout de même pris un peu son temps quand il était chez les Forkus. Surtout, parce qu’il n’avait pas eu l’occasion de dormir dans un vrai lit, depuis près d’un mois. Ni de prendre une douche.
Mais maintenant il lui fallait prendre son mal en patience.
Il trouva justement des journaux posés sur la table devant lui, ce qui tombait à point nommé. Il n’avait aucune nouvelle du monde, depuis son départ pour Vangard.
Mais après avoir lu le premier journal le plus vieux de la pile, il songea qu’il aurait sans doute dû attendre. Parce que Astaroth avait frappé un grand coup.
À priori, les journaux ne parlaient depuis un mois que du nombre effarant d’établissements pénitenciers touchés par des évasions de masse. Il y en avait dans le monde entier. Mais Azkaban y figurait en première ligne, tout comme le Monolithe, la prison scandinave. Celle où était enfermé son fou-furieux d’oncle, qu’il supposait désormais en cavale. Elrik ne représentait maintenant aucune vraie menace pour les Alstrom, depuis que Sven l’avait rencontré la première fois. Mais son oncle était à prendre au sérieux, car il était totalement imprévisible.
Après avoir lu tous les journaux, il paraissait évident que c’était un coup d’Astaroth. Il avait finalement réussi à avoir son armée. Contrairement aux derniers actes du Premier Né, son nom était cette fois cité régulièrement dans les articles.
Mais c’était la situation au Royaume-uni qui préoccupait surtout le Foudremage. Avec tous les anciens Mangemorts enfermés à Azkaban, désormais libre, la situation ne pouvait être que chaotique. Et l’idée que les Aurors et le ministère combattaient deux menaces potentielles en même temps, était assez déplaisante. Harry, Ron et les autres Aurors devaient avoir une importante charge de travail.
- Mr Alstrom ?
Un petit homme barbu venait de pénétrer dans la salle d’attente. Sven avait déjà croisé Thror Oskard un an plus tôt, alors que les Alstrom rentraient de leur séjour en Suède. Et il se souvenait que leur rencontre s’était plutôt mal déroulée. À cause d’une remarque déplacée du Nain sur Emily, que Sven avait très mal accepté.
- Votre portoloin est prêt, veuillez me suivre, dit-il froidement.
Il n’avait pas oublié non plus, évidemment, songea Sven.
Il le suivit dans le hall et le guide et son client pénétrèrent dans une cage d'ascenseur. Ils descendirent deux étages puis la cage de bronze s'ouvrit, les laissant devant un dédale de couloirs. Sven se souvenait que c’était un véritable labyrinthe. Et le Nain pouvait aisément le distancer.
Car c’était bien connu, les nains étaient très rancuniers. Même si leur vengeance devait attendre un long moment, ils allaient forcément vous rendre la monnaie de votre pièce, un jour. Avec un sacré paquet d’intérêts.
Mais Sven ne fut pas égaré et arriva à la zone de lancement des portoloins. Il y en avait deux différents.
- Le vieil échiquier.
- Merci.
Sven se mit en position et récupéra son portoloin.
- Départ dans cinq secondes.
Le nain ajouta avec un sourire terrible.
- N’hésitez pas à me donner des nouvelles de la France, il paraît que c’est un endroit merveilleux, l’été.
- Quoi ? Espèce d’enfoi…
Mais l’insulte de Sven s’interrompit en même temps que le Foudremage se sentit attiré en l’air. Comme si on l’avait attrapé avec un crochet.
-----------
Sven claqua furieusement la porte de l’antenne de Brocéliande du Ministère de la Magie français. Ces abrutis refusaient de le laisser prendre un portoloin pour Londres, sans preuves du coup fourré qu’il avait subi. Mais peu importe. S’il fallait qu’il rentre illégalement chez lui alors il le ferait. La voie moldue semblait toute indiquée. D’un coté, ce foutu nain aurait pu le larguer dans le sud de la France ou à l’autre bout du monde.
Mais bon il était dix-neuf heures trente, et l’idée de voyager de nuit n’était pas vraiment tentante. Surtout que la ville dans laquelle il avait débarqué méritait toute son intention. Même s’il lui restait un Gallion et une dizaine de mornilles, il avait tout à fait la possibilité de profiter un peu de cette situation imprévue. En tout cas, ce foutu nabot allait vite comprendre qu’il ne fallait pas énerver un Foudremage.
Sven partit donc à la découverte de la ville sorcière de Brocéliande. Il trouva un établissement de Gringotts où il put échanger ses pièces en Dorins, la monnaie sorcière française. Le gobelin à l’entrée lui demanda toutefois de faire vite, car la banque fermait sous peu. Il eut l’impression de repartir avec les poches encore moins pleines qu’à l’arrivée, mais au moins il avait de quoi vivre un jour ou deux avec les sous qu’il avait en poche.
Ce qui bloquait Sven en France était surtout ces maudites lois anti-transplanages signées par nombre de pays, une dizaine d’années plus tôt. Depuis, impossible de passer d’un pays à l’autre sans autorisation. Et Sven n’ayant aucune autorisation, on ne lui avait pas laissé d’autre choix, que de prendre la porte et de rentrer de lui-même.
Il entra dans le premier bar qu’il trouva. L’endroit semblait ni trop malfamé ni trop sélectif. Un bar normal en somme. Sven se dirigea vers la barmaid avec une légère anxiété, il connaissait à peine deux phrases de français. C’était une femme brune d’une quarantaine d’années. Elle était plutôt jolie, mais de l’avis de Sven, elle le serait probablement encore plus, sans la tonne de maquillage qui lui recouvrait le visage.
- Bonjour, vous parlez anglais ?
- Je me débrouille, oui.
Vous pourriez me renseigner ? Je suis dans une situation quelque peu fâcheuse.
- Pas de soucis, à condition que vous commandiez. Ce n’est pas un office de tourisme ici.
- Bien sûr pas de soucis. Une bière, dans ce cas.
Il devait faire plus mature avec sa barbe, car la française ne lui demanda même pas son âge.
Après avoir discuté avec plus ou moins de difficulté pendant une vingtaine de minutes avec elle , il apparut évident pour Sven qu’il allait avoir un peu de mal à rentrer chez lui. Les portoloins étaient bien trop onéreux pour les maigres finances qui lui restait. Et les autres transports sorciers français étaient également bien trop chers. Alors il allait devoir rentrer à pied et prendre un ferry moldu.
- C’est la meilleure solution, si tu manques d’argent, petit, expliqua Anne, la tenancière du bar. Tu ne seras pas le premier à faire cela, crois-moi. J’espère simplement que tu maîtrises le sort de Désillusion. Le port idéal serait celui de Saint-Malo je pense. C’est le plus proche d’ici, bon tu auras quand même la moitié de la région à traverser. Mais une fois que tu seras dans le bateau, tu n’auras plus grand-chose à faire à part attendre.
Sven avait réussi à établir un début de relation et en était plutôt satisfait.
- Oui, je m’en doutais un peu. Je devrais pouvoir me débrouiller à partir de là, merci infiniment.
- Au fait, je me posais la question depuis un moment. T’as quelle âge au juste ?
- dDix-sept ans, pourquoi ?
La française ricana
- Désolé, l’effet de surprise.Tu parais tellement plus vieux. Et je ne connais pas beaucoup de gamins de ton âge avec un look pareil.
- Je reviens d’un voyage assez difficile, expliqua Sven. Pas de douche ou de lit douillet sur lequel dormir. Même si techniquement ce soir, je devrais dormir dans mon lit. Foutu nabot, grommela-t-il. J’ai fait du tort à un nain, il y a un an et je crois qu’il a voulu me faire payer cela. Ils sont très rancuniers vous savez. Mais je pensais pas que c’était à ce point-là
- Dure journée, en effet. Allez, la seconde pinte est offerte. Si tu as besoin d’un endroit où passer la nuit, les banquettes sont assez confortables.
- Merci. Où sont les toilettes ?
- Dans le fond à gauche. J’ai nettoyé cet après-midi alors tâche de pas pisser partout.
Sven fit son affaire tranquillement puis se lava les mains. Un son de cloche lui indiqua que de nouveaux clients venaient d’entrer dans le bar. Sven estima qu’un peu de compagnie supplémentaire ne pouvait pas leur faire de mal. Mais très vite, il entendit une dispute. Il n’y comprenait rien, évidemment, mais peu importe la langue il était facile de savoir si une discussion dégénérait ou non. Alors Sven retourna dans la salle.
Les types étaient au nombre de trois, enfin trois et demi. Un demi-géant armé d’une masse, cela compliquait un peu les choses, si la dispute dégénérait. Mais il étaient là pour mettre le bar en pièces, cela se voyait. Donc la situation allait forcément dégénérer.
- Il y a un problème, Anne ?
- Ne t’en fais pas. Ils n’ont pas vraiment compris le sens du mot « non », quand ils sont venus la première fois pour m’extorquer de l’argent.
Sven s’adressa alors aux trois malfrats.
- Je ne connais pas grand-chose au français. Mais je pense pas me tromper en disant cela : dégagez.
Le type à sa gauche sortit immédiatement sa baguette. Sven se rapprocha de lui, attrapa son poignet de sa main droite et donna un violent uppercut dans le coude du sorcier, qui se brisa net en une magnifique fracture ouverte. Le type hurla à la mort en tenant son bras avant que Sven ne l’assomme d’une droite.
- Mouais, j’aurais sans doute dû y aller plus doucement, dit-il songeur.
Il sortit sa baguette, prêt à affronter la suite.
Le duel avec le second sorcier débuta. Mais le demi-géant venait de lever sa masse. Sven lui lança un maléfice d’entrave, qui ne fit aucun effet. La masse s’abattit dans un grand fracas sur le parquet du bar. Sven sauta sur le coté puis se servit du manche comme appui pour bondir sur le colosse et lui donna un violent coup de pied en plein visage.
Ce qui le fit reculer d’à peine deux pas. Ce qui en soi, était une petite victoire.
Ses deux adversaires passèrent alors à l’attaque en même temps. Sven n’avait pas d’autres choix que d’employer les grands moyens. Il pointa sa baguette sur son sac.
- Accio Hjarta !
La hache de guerre sortit alors du sac. Sven la récupéra, puis agrippa fermement le manche. Le demi-géant tenta de lui porter un coup et son acolyte lança un maléfice qui ressemblait férocement à un sortilège de mort.
Sven découpa le manche du lourd marteau, d’une taille nette et dans le même temps pointa sa baguette sur le sorcier.
- Fulguris
La foudre tonna. Elle absorba l’Avada Kedavra puis transperça l’épaule du sorcier, avant de finir sa course dans le mur. La masse se brisa nettement en deux, son bout sectionné tombant lourdement sur le pied du titan, qui hurla de douleur.
Sven se mit en position de combat, sa baguette et sa hache se croisèrent, et des deux objets se dégagea alors une énergie particulièrement puissante. Anne jeta un œil à la scène, par dessus le comptoir sous lequel elle avait pris soin de se cacher quand le combat s’était intensifié. La hache de guerre était un ouvrage magnifique. Anne se demandait dans quel métal, on l’avait forgé car ça ne ressemblait à rien de connu. Le manche était entouré d’un cuir sombre qui formait des sortes d’écailles. La lame brillait et sa couleur oscillait entre l’or et l’argent.
- Amène-toi ! lança Sven.
Au même moment, l’agent de la police magique Bernard Plainpied et son collègue patrouillaient dans le village quand une passante leur signifia que le bar que tenait Anne semblait bien trop animé pour que ce soit normal. Les deux officiers s’y rendirent immédiatement.
Il y avait sans aucun doute du grabuge à l’intérieur du Reine Anne. Du sacré grabuge même puisque les murs tremblaient. L’agent Plainpied ordonna à son collègue de se plaquer contre le pan de mur qui soutenait la porte du bar à sa gauche, tandis que lui-même se plaça à droite. Il envoya également un patronus pour appeler du renfort.
C’est alors que la porte vola en éclats sous le poids d’un être particulièrement massif. Ce dernier s’écrasa un peu plus loin sur le pavé, groggy mais en vie. L’agent Plainpied reconnut le demi-géant qui se faisait appeler le Fracasseur. Lui et sa bande semaient le chaos depuis quelques temps.
Un jeune homme se tenait sur le palier, sa baguette et ce qui s’avéra être une hache dans les mains. Il n’avait pas la moindre égratignure. Mais le plus étonnant était probablement qu’il était à peine essoufflé.
Les trois malfrats furent embarqués manu militari. Après la déposition de la barmaid et de Sven et un petit sermon de la part des deux agents sur l’auto-justice, Sven put retourner à ses occupations. I Et remarqua alors le regard insistant de la française sur lui.
- Désolé pour le bazar, Anne. Je répare tout sur le champ.
- Allons, tu ne vas certainement pas faire ça tout seul. Je m’interroge simplement sur ton cas. J’ai déjà croisé de drôles de personnages ici. Mais toi, tu es vraiment au-dessus du lot.
- Pour mon plus grand malheur, avoua Sven.
J’imagine que je ne peux que te remercier, de m’avoir sorti du pétrin, répondit la française. Alors merci.
--------------
Au moins sa maison tenait toujours debout, pensa Sven, alors qu’il s’apprêtait à franchir la porte de son domicile. Il y avait de la musique dans le salon, quelque chose d’assez calme que Sven ne connaissait pas. Mais sa mère et Emily semblaient savourer leur après-midi dans une tranquillité toute communicative. Un calme dont avait bien besoin Sven. Et puis il avait terriblement faim.
Il entendait leurs voix, et surtout celle d’Emily qui semblait en pleine forme. Voilà qui était rassurant. Surtout après tout ce qu’elle avait vécu, depuis le début de l’été.
-Maman, Emily, c’est Sven ! lança ce dernier, en rentrant sans frapper
Helen, sa mère, posa son livre, l’air surprise mais aussi soulagée. Elle se jeta sur lui pour couvrir ses joues de baisers. Puis elle l’observa sous toutes ses coutures,l’air inquiète.
- Tu as maigri, je trouve. J’espère que tu as eu assez à manger, là-bas. Et ces cheveux et cette barbe, on dirait un vrai ermite. Et t’as plein de nouvelles cicatrices, en plus.
- Allons, maman, laisse-moi arriver, s’esclaffa Sven.
- Tu laisseras tout de même Anya t’examiner, d’accord ?
- Si tu veux, soupira Sven.
Il était au fond tellement heureux de voir sa mère et son jolie visage lumineux, que son euphorie à l’idée d’avoir dû voyager seul pendant un mois, retomba immédiatement. Elle l’embrassa une dernière fois sur la joue, et pris son sac de jutes pour le vider. Helen broncha à peine en voyant l’arc et les flèches, mais soupira en reconnaissant Hjarta.
- Evidemment, Jorgen te l’a transmise.
- Juste avant que je parte sur Vangard. Elle m’a été très utile, figure-toi
- Je m’en doute, mais interdiction de l’emmener à Poudlard avec toi, prévint-t-elle.
- Pas de soucis. Millie est dans le coin ?
- AH TE REVOILÀ TOI !
Sven vit d’abord une masse de cheveux blonds assez semblables aux siens, puis les mêmes yeux verts que lui, bien qu’un peu plus ronds. Même si pour l’instant, Emily fronçait tellement les sourcils qu’elle semblait prête à atomiser son grand frère.
Il s’était imaginé un accueil rugueux de sa part pour son retour. Mais à une droite féroce de sa chétive petite sœur dans son bras, peut-être pas. Il allait très vite apprendre à connaître le nouveau caractère de feu d’Emily. Le plus étonnant pour Sven, c’est qu’elle lui avait fait plus mal, que beaucoup de choses qu’il avait affronté sur Vangard.
- Millie ! s’exclama Helen, furieuse.
- Désolé maman, ça me démangeait. Ça, c’est pour avoir mis autant de temps à revenir, idiot !
Elle jeta de nouveau sur lui, mais cette fois-ci pour l’enlacer.
- Mais bon j’avoue que je suis très contente de te revoir, quand même.
----------
Deux jours plus tard
De façon générale, tous les Aurors étaient concernés par la situation compliquée dans laquelle se retrouvait le pays. Y compris les aspirants. Les anciens Mangemorts n’étaient heureusement pas organisés comme avant. Et leur priorité était de fuir le pays. Mais cela les rendait tout de même très dangereux.
James Sirius Potter pensait à sa sortie de Poudlard, que ces trois années en tant qu’apprenti Auror seraient paisibles mais difficiles. Mais il avait fait l’ amère expérience de devenir lui même un fugitif, alors qu’il était encore à l’académie. Plus aucun sorcier ne serait tranquille, tant qu’Astaroth vivrait. Son évasion forcée de l’académie quelques mois plus tôt l’avait prouvé. Le Ministre de la Magie du moment travaillait main dans la main avec Astaroth, notamment pour piéger son père. Ce qui avait forcé ce dernier à préparer un coup d’état avec tous ses alliés disponibles. James, quant à lui, avait rejoint la France, où sa petite amie Lina faisait ses études d’Enchantements. Il était devenu une cible et son père avait estimé préférable de le mettre à l’abri. Ces quelques semaines de fuite avaient fini de l’endurcir.
Mais depuis, l’ancien Ministre, Manfredus Kern était mort et la situation politique du pays avait retrouvé une certaine tranquillité. Même si l’évasion de masse d’Azkaban compliquait les choses.
Lina aussi était rentrée au pays, sitôt ses études terminées. Ils envisageaient à présent de s’installer dans leur propre appartement. La belle avait trouvé un poste important au ministère et lui-même allait avoir un salaire relativement conséquent, maintenant qu’il avait fini ses études à l’académie. Lina avait dû reporter son rêve d’être professeur de sortilèges. Mais comme elle l’avait elle-même dit, c’était encore trop tôt pour cela. Ils n’avaient même pas vingt ans tous les deux, après tout.
James était bien sûr toujours aspirant, mais son père avait jugé bon de le placer dans le feu de l’action dès le début. Et son fils le remerciait vraiment pour cela. Sans oublier qu’avec un mentor comme Karen Fergus, il avait toutes les chances de devenir un chasseur de mages noirs brillant.
- James, concentre-toi un peu, s’il plaît, ordonna d’ailleurs celle-ci. C’est une mission de protection, et j’ai besoin que tu sois sur le qui-vive en permanence, tu comprends ?
James croisa le regard de Karen, et hocha la tête. Quand on lui avait dit qu’il serait avec cette jolie blonde, d’une dizaine d’années seulement son aînée, James avait un peu fait la moue. Si on lui avait laissé le choix, il aurait préféré son oncle Ron et même Jonah Pinkerton. Parce qu’ils étaient exceptionnels. Mais en vérité, il s’était vite rendu compte que Karen était le meilleur mentor qui soit.
Au yeux de l’Auror, il n’était pas le fils aîné du Survivant, ni même le fils de son chef. Elle le traitait comme elle traitait n’importe lequel de ses collègues et tous ses conseils étaient bons à prendre. Elle n’avait jamais eu à élever la voix jusque-là. Et puis de son coté, James devait s’avouer que Karen Fergus était l’une des rares personnes qu’il ne voulait pas décevoir.
- Désolé, j’ai mal dormi cette nuit.
- T’as fait trop de galipettes avec ta chérie, hier soir ? demanda la jeune femme d’un ton espiègle.
- Joker.
Ce qui fit ricaner l’Auror.
- Ah les Gryffondors. Aucun second degré.
- Pierce a bien dégagé le terrain pour nous on dirait, ça a l’air tranquille.
- Reste alerte quand même, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer.
- D’ailleurs, c’est quoi le secret pour les métamorphoses de Pierce ? Papa n’a jamais voulu en parler.
- Je pense que Nate jugera bon de t’en parler de lui-même. Mais ce n’est pas un Métamorphomage classique, ça tu l’as compris.
Nate Pierce était l’un de leur collègues Auror. L’un des plus puissants mais aussi sans aucun doute le plus barré. Loin d’être un Métamorphomage classique, celui-ci pouvait complètement changé sa physionomie, pouvant ainsi passer de la taille d’un enfant à celui d’un colosse en un clin d’œil.
James redoubla de vigilance. Il sentait que cette mission pouvait effectivement très mal se passer. Déjà parce que la personne à protéger n’en faisait qu’à sa tête. Mais bon c’était la fille unique du ministre russe de la magie. Et la jeune Alena Mirkova avait brusquement décidé de faire du shopping, à Pré-au-Lard. Son ministre de père participait à une convention sur la suite à donner au cas d’Astaroth et aux évasions de criminels qui secouaient le monde entier. Même si James supposait que ça n’allait pas mener à grand-chose. Les communautés magiques des différents endroits du monde se débrouillaient très souvent par elles-même, depuis la fin du vingtième siècle. Bien que la Confédération Internationale des Mages et Sorciers existait toujours, le règne de Voldemort avait fragilisé son pouvoir, et ce, bien après sa mort.
Certains pays avaient pu remplir à nouveau leurs prisons assez rapidement. Mais dans l’ensemble, il restait encore beaucoup de détenus en fuite. Ces derniers avaient sans aucun doute rejoint en grande partie le Forgeron. On estimait à près de mille le nombre d’individus au service d’Astaroth.
En tant que commandant des Aurors, le père de James participait évidemment à ce rassemblement. Et lui, le débutant, on lui confiait la protection d’une pimbêche qui n’en faisait qu’à sa tête. Ses propres gardes du corps ne paraissaient pas capables de lui dicter la conduite qu’elle devait avoir, pour être en sécurité. Sans oublier qu’elle avait essayé de le draguer, sans grande subtilité. Heureusement que Karen l’avait aidé à mettre un peu de distance avec sa finesse d’esprit habituelle.
La jeune fille visita ainsi Honeydukes et tous les grands magasins qui parsemaient Pré-au-Lard. James s’ennuyait un peu. Bien sûr, cela ne l’empêchait pas d’être vigilant, mais il fallait avouer que sa mission n’avait rien de palpitante. Mais revoir Pré-au-Lard lui faisait du bien, après cette année difficile. Il profita de leur passage dans la filiale de Pré-au-Lard de l’entreprise de son oncle, pour se relâcher un peu et discuter avec sa cousine Roxanne. La jeune femme avait décidé de travailler avec son père, pour l’été, avant de rejoindre une formation pour être briseuse de sortilèges chez Gringotts.
- Mission chiante, cousin ?
- Oh ça oui, t’as qu’à voir comment est la demoiselle, grommela James.
- T’en as que pour quelques heures, non ?
- J’en sais rien, d’après papa, ce genre de réunion à échelle internationale peut prendre plusieurs jours. Et vu la situation actuelle, c’est bien parti pour.
La sorcière russe fouillait les rayons, en oubliant de ranger correctement les produits qu’elle observait. Mais ce qui exaspérait Roxanne, et James la comprenait, c’est que les gardes du corps de celle-ci repoussaient nonchalamment les personnes sur le chemin de la fille du ministre. Ce qui n’améliorait pas la réussite de la mission. Il suffisait qu’un sorcier énervé par la situation le fasse comprendre pour que tout se passe beaucoup moins bien. Sans oublier que cela troublait réellement l’ambiance bonne enfant du magasin de farces et attrapes.
- Si elle continue à déranger les clients comme ça, je risque de perdre patience, fit remarquer la vendeuse.
Et James savait que sa cousine était du genre à tenir parole, ce qui n’allait pas arranger grand-chose.
Mais Karen avait pris la décision d’intervenir. Et pas comme James aurait pu l’imaginer. L’un des deux gardes du corps d’Alena avait brusquement repoussé un enfant, que l’Auror avait rattrapé avant qu’il ne tombe, sous l’air scandalisé de la mère du garçon.
- Jeune fille, votre rang et votre situation ne vous permettent en aucun cas, de traiter les clients ainsi, lança Karen sans hausser le ton. Que votre service de protection se calme sur le champ. Et que celui-là, en particulier, s’excuse auprès du petit.
Son intervention était sans nul doute due au fait que Karen était elle-même mère de famille. James commençait à la connaître, après trois semaines sous ses ordres, et il savait qu’intérieurement son mentor bouillonnait de rage.
Le garde désigné insulta alors copieusement Karen, dans sa langue natale. James avait presque tout compris et avait instinctivement saisi sa baguette. Il y avait de quoi perdre tout contrôle de soi. Il avait appris quelques mots de russe auprès d’une jeune fille de Drumstrang, quand le Tournoi des Trois Sorciers s’était déroulé à Poudlard lors de sa cinquième année. Et bien sûr, la chose qui rentrait le plus facilement quand on apprenait une langue était les insultes et les gros mots.
Au grand étonnement de tous le monde, Karen répondit dans un russe bien trop compliqué pour que James le comprenne. En tout cas, cela sembla choquer la peste qu’ils devaient protéger. Miss Mirkova leva le menton d’un air dédaigneux et le trio quitta le magasin subitement.
- Tu as dit quoi ?
- Que c’était une petite garce et que ses deux gorilles allaient finir la sortie, transformés en dindonneaux, répondit Karen, d’un air détendue. Et surtout que la demoiselle finirait la visite sans protection de notre part. Ton père était très direct, on est certainement pas là pour les chouchouter. Et ne doute pas de moi, jeune homme, j’étais sur le point de le faire. À vrai dire, ce serait d’une facilité déconcertante, ils n’ont pas l’air très aérés spirituellement.
- N’empêche, c’était très Serpentard comme réaction, asséna James, avec un rictus.
Cette fois, l’Auror affirmée perdit tout contrôle et son rire éclata dans l’allée.
James vit alors le visage de Karen reprendre tout son sérieux. Elle se jeta sur son élève et ils transplanèrent dans les airs, ce qui leur permit d’éviter de peu la pluie de sortilèges qui leur était destinée. Les gardes du corps d’Alena se mirent alors devant elle et commencèrent à dévier les sorts que les assaillants lançaient sur eux. Puis dès qu’il purent, ils transplanèrent avec leur protégée. Karen avait choisi pour destination une ruelle adjacente, à l’allée principale de Pré-au-Lard. Dans le chaos ambiant, James put néanmoins apercevoir une demi douzaine d’assaillants.
- Et merde, hurla l’un des sorciers.
- Trouvez les deux Aurors qui les accompagnaient et butez-les, ce sera toujours ça de gagner. La Cavalière est rendue où ?
- Sans doute à fureter dans le coin, elle m’a l’air assez dispersée.
- Bon, au moins, les deux idiots ont fait un bon boulot à ce niveau-là, soupira Karen.
- On y va ? demanda James en sortant sa baguette
- Désolé, mais tu vas devoir te battre seul, ce coup-ci, James.
Il vit alors avec horreur, qui lui manquait sa main droite.
- Ton idiote de mentor a réussi à se désartibuler. Ne t’en fais pas pour moi, je vais me soigner. Et aussi appeler du renfort. Contente-toi de les éloigner. Si ce qu’ils ont dit est vrai, l’un des membres de la garde rapprochée d’Astaroth est avec eux, alors méfie-toi. Mais à les entendre, ça ne peut être que Death ou Famine.
James se releva, et se mit à inspirer puis à expirer. C’était le bon moment pour les utiliser.
- Je peux y aller à fond, dans ce cas ?
- Evidemment. Et essaye de retrouver ma main, s’il te plaît.
- Requête acceptée.
Il passa la main dans la poche de sa robe de sorcier, et en tira une seconde baguette. Maintenant il était temps de répliquer.
Les Baguettes Jumelles était une expérience récente de Julian Ollivander, en coopération avec le département des Mystères, qui avait pris la place de son grand-père à son décès, Ces derniers avaient sélectionné des Aurors, sans tenir compte de leur expérience. James s’était révélé être le seul du lot à être suffisamment puissant et apte à les manier. Même si le jeune homme se demandait réellement si c’était une question de puissance. Il n’était clairement pas forcément exceptionnel, juste quelqu’un de relativement normal pour un sorcier, malgré son ascendance. Et puis, Les Jumelles n’étaient pas aussi différentes que les baguettes communes. Elles avaient sans doute choisi leur propriétaire, comme les autres.
Les baguettes marchaient aussi bien seules que à deux, mais elles n’apportaient pas seulement un avantage tactique dans le cadre des duels. Une fois les deux artefacts en mains, James avait l’impression que son pouvoir doublait. Un simple sort de Désarmement avait un effet assez remarquable. Pour son premier test, la baguette de son adversaire était tout simplement partie comme une fusée en direction de sa main. Le seul souci était que l’utilisation de ces artefacts ensemble, l’épuisait très rapidement.
James s’avança discrètement jusqu’aux ennemis les plus proches. Il put aisément stupéfixer les deux tueurs devant lui. Il avait l’effet de surprise de son coté après tout.
Mais celui-ci ne dura pas longtemps. James eut tout juste le temps de lancer un double sortilège du bouclier. Mais la puissance de l’explosion magique le souffla et l’envoya valdinguer un peu plus loin.
James se releva rapidement. Il contra un premier sort puis un second et parvint à lancer un sortilège d’aveuglement sur ses adversaires, avant d’en assommer deux d’entre eux. Le mur qu’il venait de viser s’était écroulé sur eux.
Il entendit un simple souffle d’air, et James sentit alors une soudaine douleur, au niveau de ses épaules. Il y vit avec stupeur deux poignards. La douleur n’était pas très importante, mais ses muscles semblaient si tétanisés qu’il en lâcha ses baguettes. Les lames étaient manifestement ensorcelées.
- Et bien, c’était assez surprenant. Mais le combat est fini pour toi.
C’était la voix d’une jeune fille. Seulement James ne parvenait pas à la repérer. Elle annula alors ce qui devait être un sort de désillusion particulièrement efficace. C’était une jolie brune, dans ses âges, mais James comprit en soutenant son regard que c’était une tueuse professionnelle. Elle lui fit un petit sourire.
- C’est la première fois que je vois un sorcier se battre avec deux baguettes. Et tu as l’air assez doué. En plus t’es nouveau chez les Aurors, ça se voit. Ton nom ?
- Si tu crois que je vais te le dire…
- Hum… Fierté mal placée j’imagine ou peut-être as-tu quelque chose à cacher en rapport avec ton identité. Bon en tout cas, je suis Death, l’une des quatre Cavaliers de L’Apocalypse.
- Les Aurors ne dévoilent pas leur identité, dans une situation de conflit.
- Mouais, à mon avis, t’es un rookie qui vient tout juste de finir sa formation en centre. Je connais relativement bien le fonctionnement, des unités dans le genre de la tienne. Ça permet de savoir à quoi on pourrait éventuellement faire face, dans le cadre d’un contrat.
Elle se rapprocha tout doucement de lui et posa une main glacée sur sa joue.
- Je pourrais t’arracher toutes les informations que je veux par la torture. Mais ce serait dommage d’abîmer ce joli minois. Faudra que je m’occupe de ta collègue aussi mais la main là-bas, me laisse penser qu’elle est en train de se vider de son sang, quelque part par là.
James n’avait pas vraiment réfléchi en faisant cela, mais il colla un coup de boule magistrale à la jeune sorcière, dont la tête partie violemment en arrière, il en profita pour tenter de s’échapper. En vain.
- Impedimenta
Death le rattrapa, légèrement furieuse. Son nez n’était plus aussi droit qu’avant, et il saignait abondamment.
- Oublie la récolte d’information, dit-elle en sortant, une drôle de lame incurvée. Je vais te tuer lentement.
- Excusez-moi ? Pourquoi vous vous battez ?
Surprise, Death se tourna vers le petit garçon qui l’avait interrogé. Ses cheveux était coupés très courts et il portait des lunettes de quidditch qu tenaient sur son front.
- Tu ferais mieux de rejoindre tes parents, mon grand, ce n’est pas un endroit pour toi, dit-elle sans lui accorder plus d’attention.
L’enfant lui lança un sourire qui n’avait rien de normal. Il grandit alors à une telle vitesse que Death ne vit pas arriver l’uppercut de l’enfant, qui n’avait absolument plus rien d’un gamin. Le coup fut tellement violent et inattendu que la mercenaire tomba sur les fesses, sonnée. Le sort qui empêchait James de bouger s’estompa et il reconnut alors Nate Pierce.
Ce dernier se battait déjà contre les ennemis restants avec d’autres Aurors. Dont Jonah, qui neutralisa son opposant d’un Stupefix très rapide. James fut emmené à l’abri, par une de ses collègues. D’autres Aurors s’occupait déjà d’apporter les premiers secours à Karen.
Il y eut soudain une violente déflagration, qui obligea le novice à se coucher davantage au sol. Mais le combat se termina sur cette explosion.
Les Aurors qui combattaient s’occupaient de récupérer les quelques hommes d’Astaroth, qu’ils avaient capturés. Jonah vint alors aux nouvelles. Une médicomage avait rattaché la main de Karen et la jeune femme allait passer la nuit à Ste Mangouste, en observation. James quant à lui était rétabli mais profondément sonné.
- Death s’est échappée, annonça alors Jonah. Mais c’était à prévoir, elle est du genre insaisissable. Bon boulot, au fait, dit-il en s’adressant à James.
- Bon boulot ? Je faisais pas le poids du tout contre elle.
- Crois-moi pour en avoir fait l’amère expérience, peu d’Aurors de ton niveau auraient pu survivre face à un Cavalier. Certaines personnes sont juste au-dessus du lot. Et elle en fait partie.
Il lui lança alors ses baguettes.
- Surtout évite de les perdre à l’avenir.
Un Auror apparut alors par transplanage. Il avait la mine contrite, comme si quelque chose n’allait pas.
- Grant, un souci ? demanda Jonah.
- Le ministre russe est mort. Un tireur embusqué. Il a utilisé une arme moldue.
- Pardon ? demanda Jonah surpris. Merde, j’ai pourtant dit à Ron et Harry que le terrain dégagé était une très mauvaise idée. Famine a une formation aux armes moldues, vu qu’elle a bossé pour la CIA . Enfin, je suppose que c’est elle.
- Le ministre Wolverton et ses idées de grandeur. Il a absolument voulu que la convention se passe à Stonehenge, fit remarquer Nate, étonnamment sérieux, ce jour-là. Potter et Weasley n’y sont pour rien. Je pense que les cavaliers sont partis en mission avec deux options possibles. Capturer la fille pour faire pression sur Mirkov, ou à défaut tuer ce dernier.
- Mais pourquoi le ministre russe ? demanda James.
- On n’en sait pas assez pour le moment, James, répondit Karen. La seule chose à faire, c’est d’attendre la suite. Mais ça ne présage rien de bon. L’assassinat de Mirkov était clairement stratégique.
- Mrs Fergus, si vous êtes prête, nous partons pour Ste-Mangouste.
La jeune femme se leva et les médicomages la préparèrent pour le transplanage. James ne savait pas trop quoi faire de son coté. Il allait sans doute devoir se coltiner un très long rapport sur sa mission. Même s’il était probable que les Aurors aient d’autres occupations plus importantes dans les jours à venir.