Lily n'avait jamais eu autant de mal à se regarder dans la glace que ce matin là, où, en se brossant les cheveux, elle avait subitement compris qu'elle se détestait plus qu'elle n'avait jamais détesté qui que ce soit.
Le tonnerre grondait au fin fond d'elle même. Les éclairs la transperçaient de part en part sans arrêt depuis la veille au soir, depuis que Gryffondor avait gagné la coupe de Quidditch et qu'elle avait vu Marlène McKinnon se pendre au cou de James Potter et lui offrir un baiser enflammé.
Ce n'était pas la première fois, mais c'était toujours la même sensation, la même impression de se transformer en bête, en créature haineuse et mutilée qui n'arrivait plus à faire fonctionner correctement ses neurones, et elle avait mal, Merlin, qu'est-ce qu'elle avait mal... !
James Potter et Marlène McKinnon étaient parfaits l'un pour l'autre, cela crevait les yeux de tout le monde, et c'était ce qui rendait les choses encore plus insupportables. Il était un prodige du Quidditch, elle était une commentatrice hors pair. Il était majeur de promotion chez les garçons, elle l'était chez les filles. Il était beau à en faire pâlir de jalousie les mannequins de chez Sorcière Hebdo, et l'on disait qu'elle avait du sang de vélane dans les veines.
C'était agaçant. C'était pénible. Il allait si bien avec elle... A un tel point qu'il semblait ne pas être au courant de ce fait. C'était comme s'il faisait exprès de ne pas le voir, mais Merlin, comment pouvait-il ? Ils resplendissaient. Le foutu château tout entier brillait dès que Marlène McKinnon apparaissait à ses côtés, un grand sourire aux lèvres, et se pendait à son bras en rejetant ses cheveux en arrière comme Lily avait vu des filles le faire des milliers de fois dans des pubs moldus, en songeant que personne ne pouvait avoir des cheveux aussi parfaits...
C'était faux. Marlène McKinnon avait des cheveux parfaits, des cheveux blonds cendrés qui ondulaient sur son dos et le long de ses hanches à chaque mouvement qu'elle faisait, comme si tout était calculé. Rien ne l'était pourtant. McKinnon n'était pas du genre à faire des chichis, elle était naturelle, et c'était probablement ce qui énervait le plus Lily. Comment diable était-il possible d'être aussi sublime sans chercher à s'en donner la peine ?!
« Hé, tu en veux à tes cheveux ou quoi ? »
Mary MacDonald venait de pénétrer dans la salle de bain et de jeter un coup d'oeil suspicieux à Lily qui se débattait avec sa brosse depuis près de vingt minutes. Elle ne lui répondit pas, mais fit volte face pour retourner s'asseoir sur son lit, et elle balança négligemment l'arme du crime dans sa valise entrouverte en soupirant lourdement.
« Merlin, echke tu vas un chour me dire che qu'il y a ? L'interrogea Mary à l'entrée de la salle de bain, la brosse à dent dans la bouche et l'air dépité. »
Lily inspira profondément et se retourna vers sa camarade de dortoir. Elle s'apprêtait à lui répondre lorsqu'elle réalisa que si elle le faisait, elle abandonnait son secret, leur secret. Quelque chose lui déplaisait là dedans, dans le fait de laisser quelqu'un d'autre mettre les pieds dans ce qu'ils avaient si bien protégé depuis un an, mais il y avait une telle rage en elle qu'elle ne pouvait que se laisser déborder, et elle se laissa déborder.
« James et Marlène, c'est n'importe quoi.
- Quoi ?
- James Potter et Marlène McKinnon. Ça ne peut pas marcher, reprit Lily.
- Qu'est-ce que tu racontes ? ils ont l'air très bien ensemble, la questionna Mary après avoir retiré la brosse à dent de sa bouche.
- Tu te rappelles comment Potter me courait après en cinquième année ?
- Et en sixième année, ajouta Mary avant de rouler les yeux.
- Et tu te souviens qu'il clamait haut et fort qu'il savait que je ressentais quelque chose pour lui ? continua t-elle en se mordant la lèvre.
- Je me rappelle que tu lui avais répondu que c'était probablement du rejet... Lily, où est-ce que tu veux en venir ?
- Il s'est... En quelques sortes... Passé quelque chose à ta soirée d'anniversaire, l'année dernière. »
Mary MacDonald fixa son amie d'un air perplexe avant de lui tourner le dos, de cracher son dentifrice dans le lavabo, et de revenir vers elle en essuyant rapidement sa bouche avec la manche de son pyjama.
« Quand tu dis qu'il s'est passé quelque chose, tu veux dire qu'il s'est passé quelque chose avec James Potter ? »
Lily déglutit et hocha lentement la tête. Sa camarade de dortoir se rapprocha rapidement d'elle et s'assit en tailleur sur son lit, la dévisageant sans avoir l'air de tout comprendre.
« Mais... Entre lui et Marlène ?
- Entre lui et moi, corrigea Lily. »
Son regard avait dévié sur la fenêtre. Elle avait un peu honte, elle devait l'admettre. Marlène McKinnon était quelqu'un que tout le monde appréciait, et même si théoriquement, James ne l'avait pas trompée, leur mensonge avait pris des proportions si énormes qu'elle commençait à en payer le prix, et elle sentait qu'elle ne serait bientôt plus la seule.
« C'était avant qu'ils ne commencent à sortir ensemble, c'était... Ca n'a vraiment commencé qu'à ton anniversaire, expliqua t-elle. »
Elle venait d'arriver chez les MacDonald. « Soirée déguisée », Potter lui avait dit. Elle détestait cela, alors elle ne se demanda pas pourquoi Mary ne l'avait pas mentionné dans son invitation. Son amie savait probablement qu'elle serait venue à reculons si elle avait eu toutes les informations. James Potter l'avait convaincue en lui confiant qu'il aurait détesté la voir se ridiculiser en arrivant dans des vêtements parfaitement normaux quand tous les invités autour d'elle auraient porté des costumes plus extravagants les uns que les autres, et elle l'avait remercié.
Merlin, elle l'avait remercié, et elle le regrettait amèrement. Dès que Mary avait ouvert la porte, tout le monde avait posé les yeux sur Lily, et Lily avait posé les yeux sur tout le monde en se demandant pourquoi elle était la seule à porter un énorme costume dans lequel elle mourrait de chaud et qui la démangeait.
Une seconde plus tard, tous ses camarades de classe éclataient de rire, James Potter le premier, suivit de près par Sirius Black qui lui frappa dans la main et elle put nettement lire un « bien joué ! » sur ses lèvres, ce qui la rendit rouge de fureur. Merlin, cela faisait des lustres qu'ils ne s'étaient pas payés sa tête, et le fait qu'ils soient devenus de bons camarades lui avaient laissé à penser qu'elle ne serait plus l'une de leur victime. Grossière erreur. Elle ne le réalisa que trop tard.
« Lily ? Qu'est-ce que c'est que ça ?! l'interrogea Mary entre deux rires pendant que son amie déposait une bise sur chacune de ses joues.
- Est-ce que tes parents tiennent à leur tapis ? Je pense que le sang de James Potter est du genre persistant. Il faudra sûrement le brûler une fois que je l'aurais éviscéré, répondit-elle en lui calant un lourd cadeau dans les bras, Et je parle de Potter, pas du tapis, enchaîna t-elle en se frayant un chemin à l'intérieur de la maison. »
Elle nageait dans un immense costume de licorne rose et blanc, et elle manqua de se prendre les pieds dans sa queue lorsqu'elle voulut se diriger vers les maraudeurs qui commencèrent à se disperser aux quatre coins de la pièce. Elle réussit cependant à mettre la main sur Peter Pettigrow.
« Tu sais que ton meilleur ami va souffrir pour ça, lui dit-elle en brandissant un index menaçant vers lui.
- Je ne... Je ne vois pas de quoi tu parles, je ne sais même pas de qui tu parles, je... Bafouilla t-il en rougissant.
- Oh tu sais très bien de qui je parle, Peter, et quand tu le verras, tu lui diras bien que la vengeance est un plat qui se mange froid. »
Elle était en train de piocher allègrement dans un bol de carottes crues lorsque quelqu'un se mit à hennir à côté d'elle, et elle fusilla du regard Frank Londubat qui avait l'air particulièrement fier de sa performance.
Quand elle se retourna pour continuer de proférer des menaces à l'égard de James auprès de Peter, elle réalisa que ce dernier s'était volatilisé. Elle soupira bruyamment et reporta son attention sur la décoration. Mary avait vraiment un don sur les sortilèges d'embellissement. Sa maison ressemblait à un palais. Enfin, avec des guirlandes en plus, des torches qui flottaient dans l'air en côtoyant une cinquantaine de vifs d'or sur lesquels elle avait probablement jeté un simple sort de duplication, et des ballons de baudruche qui changeaient de forme en fonction de la personne la plus proche d'eux. Celui qui voletait juste au dessus de sa tête ressemblait dangereusement à un poney, mais elle préféra ne pas y prêter attention.
« Jolie corne. »
Elle croqua doucement dans le nouveau morceau de carotte qu'elle avait entreprit de manger discrètement sans que qui que ce soit ne puisse souligner une nouvelle fois qu'elle ressemblait à un canasson, puis elle se retourna et jeta un regard perfide à James Potter qui se tenait devant elle, mains dans les poches, arborant un sourire malin qui semblait inébranlable. Il était plus beau que jamais.
Quand elle le regardait, elle avait toujours la même sensation que quand elle se penchait à sa fenêtre et que le ciel était dégagé et plein d'étoiles. C'était stupide. Elle avait le vertige pendant un instant, et puis elle se laissait avaler par l'obscurité, l'immensité du néant qui ressemblait pourtant vraiment à un tout. Elle aimait cette sensation d'insouciance et de liberté que James Potter lui procurait, et ce, même quand elle ressentait l'irrépressible envie de lui donner un coup de genou dans les testicules.
« Evans n'a pas l'air réceptive, mais c'est le genre de compliment qui aurait vraiment marché sur moi, Cornedrue. Enfin... Si j'avais eu une corne... commenta Sirius Black qui venait de surgir de nulle part tout en caressant pensivement la crinière arc-en-ciel de Lily avant de disparaître aussi rapidement qu'il était apparu. »
La jeune femme se retourna de nouveau vers le buffet, et entreprit de se venger sur la nourriture le temps d'échafauder un plan pour châtier la bonne personne. Elle attrapa la choppe de bièraubeurre qui flottait devant elle et donna un coup de pied dans le ballon en forme de poney qui percuta Rémus Lupin et se changea en louveteau. Puis elle se retourna de nouveau vers James lorsqu'elle sentit sa main au dessus de sa tête.
« Est-ce que tu peux arrêter de me tripoter la corne, s'il te plaît ?
- Tu ne vas même pas me crier dessus ? D'après Peter, tu étais effrayante cinq minutes plus tôt, répondit-il en s'appuyant d'un air désinvolte sur la table pour se trouver dans son champ de vision.
- Ce n'est pas l'envie qui manque, crois-moi, mais c'est l'anniversaire de Mary, alors je vais juste ruminer tous les moyens de t'assassiner qui me viennent en tête, commenta t-elle sur un ton neutre.
- Là je te reconnais, répondit-il en lâchant un rire. »
Il était toujours en train de la dévisager lorsqu'elle troqua sa bièraubeurre contre un whisky-pur-feu, et elle se détesta un peu d'aimer cela, la façon qu'il avait de la regarder, toujours comme s'il ne voyait qu'elle, et elle redoutait qu'il puisse s’apercevoir qu'elle le regardait probablement de la même manière.
« Tu ne peux pas t'en empêcher hein ? Il faut toujours que tu me cherches, reprit-elle en se retournant pour pouvoir regarder les autres sautiller dans tous les sens au rythme de la musique dont le volume commençait à sérieusement augmenter.
- C'est ma manière de me venger de toutes les fois où tu m'as brisé le coeur, répondit-il avec un sourire narquois.
- Eh bien ce soir, c'est une victoire. Une humiliation pour Lily Evans, et tout le monde rigole parce que la blague vient de James Potter, qu'il tient sa revanche parce que la méchante préfète refuse d'aller à Pré-au-Lard avec lui depuis plus d'un an, et que c'est vraiment jouissif de la voir passer pour une idiote. »
Elle n'avait pas exactement prononcé les mots qu'elle aurait voulu, elle n'avait pas exactement utilisé le ton qu'elle aurait voulu, mais quelque part, son intervention était criante de vérité. Tout le monde l'aimait, et tout le monde aimait James, mais personne ne comprenait pourquoi il fallait systématiquement qu'elle lui claque des portes à la figure.
Elle non plus, ne comprenait pas trop à vrai dire. Enfin, elle savait pourquoi elle l'avait fait en cinquième année. Il était insupportable à ce moment là, à jeter des sorts au monde entier juste pour montrer qu'il était doué en sortilèges, à s'en prendre à Severus Rogue simplement à cause d'une stupide rivalité d'adolescents, mais il avait bien changé depuis.
Il n'était pas devenu un modèle, mais il s'était assagi et elle avait petit à petit appris à l'apprécier pour la personne qu'il était vraiment. Elle avait continué à lui refuser une sortie les quelques fois où il le lui avait demandé simplement parce que cela semblait être la chose rassurante à faire, surtout lorsqu'il mettait un point d'honneur à ce que tout le monde soit témoin de leurs échanges. Elle ne voulait pas de ça. Elle ne voulait pas être observée, entendre le chuchotement des autres élèves autour d'elle, elle détestait cela. Merlin, elle savait que James était démonstratif et extravagant, mais un peu de discrétion ne pouvait pas faire de mal une fois de temps en temps.
« Lily...
- Laisse tomber, le coupa t-elle. »
Elle le quitta et se faufila entre les danseurs, ne s'arrêtant qu'au milieu du groupe. Elle avala le contenu de son verre d'une traite et se mit à sourire légèrement lorsqu'elle sentit comme un flot de courage se répandre en elle. Mary lui attrapa la main à ce moment là, et la fit tourner sur elle-même, lui provoquant un rire sonore que la musique parvint à peine à couvrir.
« J'ai trop chaud ! s'écria Lily en tirant sur son costume de licorne.
- Vas dans ma chambre. Change toi, prends mes vêtements, lui répondit Mary sur le même ton pour essayer de couvrir la musique. »
Lily acquiesça, et s'empressa de s'extirper de la foule d'élèves agités. Tout ce qui lui importait à ce moment précis, c'était d'enlever ce fichu déguisement et de pouvoir se fondre dans la masse sans entendre des bruits de cheval à chaque pas qu'elle faisait.
Elle déambula dans de longs couloirs pendant quelques secondes avant de monter un escalier et de se retrouver dans la chambre de Mary. Elle connaissait bien la maison. Ce n'était pas la première fois qu'elle y venait. Elle y avait passé quelques vacances pendant leur cinquième année. Quant aux vêtements de sa camarade de dortoir, elle les connaissait aussi. Elles avaient la chance d'être à peu près de la même corpulence, si bien qu'elles s'échangeaient régulièrement leurs affaires.
Elle connaissait aussi très bien la neuvième marche de l'escalier, celle qui grinçait dès que l'on posait le pied dessus, alors elle se retourna vers la porte quand elle l'entendit et brandit deux robes, chacune dans une main, pensant se retrouver devant Mary.
« J'hésite entre la noire et la beige, dit-elle alors que la porte s'ouvrait.
- Oh non, la licorne te va si bien, répondit James. »
Elle leva subitement les yeux vers le jeune homme, sur le seuil de la chambre, et poussa un léger soupir avant de déplier les deux robes pour pouvoir mieux les regarder, et surtout, pour éviter de le regarder lui.
« Je suis désolé. C'était vraiment une mauvaise blague, avoua t-il en faisant quelques pas à l'intérieur de la pièce. »
Lily savait qu'il y était déjà venu, lui aussi. Quand ils avaient quatorze ans, les parents de Mary l'avaient laissée organiser sa première soirée. Elle avait invité un paquet de monde, dont les maraudeurs, et ces derniers avaient transformé sa chambre en patinoire à l'aide de sortilèges givrants. L'étroitesse de la pièce avait rendu le patinage difficile, et ils avaient fini par casser la plupart des meubles dans un fracas monumental qui avait fait hurler d'effroi la mère de Mary.
Lily n'était pas là ce jour là, elle avait dû rester chez elle car ses parents avaient insisté pour dîner en famille. C'était leur seizième tentative pour rétablir le dialogue entre Pétunia et elle. Elle se révéla infructueuse, comme les quinze précédentes.
« Tu n'as pas l'air d'une idiote, si c'est ce que tu penses, ajouta t-il très sérieusement.
- Je porte une combinaison licorne au milieu de gens tous mieux habillés les uns que les autres, je ne sais pas ce qu'il te faut, répliqua t-elle en continuant à jauger les robes devant elle.
- Je trouve ça mignon.
- Oh oui, c'est très mignon, effectivement, ironisa t-elle avant de remettre la robe beige dans l'armoire de Mary.
- Tu es vraiment en colère contre moi, n'est-ce pas ?
- Retourne toi, lui intima t-elle en essayant de tirer sur la fermeture de son costume. »
Il s'exécuta tout en répétant la question qu'il venait de poser, et elle marmonna quelques jurons tout en s'extirpant de son déguisement avant de lui répondre.
« Je suis en colère contre moi parce que je t'ai fait confiance. Je te fais toujours confiance, peu importe les imbécillités que tu peux avoir dans le crâne, et Merlin, parfois, c'est éprouvant ! »
Il pivota pour répondre, ayant visiblement oublié qu'il avait fixé la porte pendant cinq secondes consécutives pour une raison bien précise, et elle se hâta de couvrir son corps avec ses mains.
« MERLIN ! RETOURNE TOI ! s'exclama t-elle.
- Lily tu peux me faire confiance !
- En voilà une sacrée preuve ! RETOURNE TOI BON SANG ! »
Il lui obéit pendant qu'elle essayait tant bien que mal d'enfiler la robe qu'elle avait choisi et qui était probablement vieille de plusieurs années puisqu'elle coinça nettement quand elle tenta de la fermer.
« C'est bon ?
- Non. Elle ne me va pas. J'en cherche une autre. Si tu te tournes je te coupe la tête.
- Je suis désolé. Je t'ai regardée dans les yeux, je promets, je n'ai pas du tout regardé autre part. J'espérais que tu l'avais remarqué.
- Tu veux une médaille ?
- Tu sais quoi ? Tu devrais remettre la licorne.
- Il en est absolument hors de question.
- Pourquoi ? Je t'assure qu'elle était parfaitement m...
- Qu'est-ce que tu as avec les licornes ? Le coupa t-elle. Un fétichisme ?
- Ce n'est pas les licornes en général, c'est la personne qu'il y a dedans. Enfin... Ça peut paraître bizarre... Tu m'as compris ?
- … Tu es vraiment particulier. »
Elle l'entendit rire un peu, et elle ne put s'empêcher de sourire aussi. Ses yeux verts dévièrent vers le déguisement, laissé à l'abandon sur le sol, puis de nouveau sur lui, elle secoua la tête, leva les yeux au plafond, et attrapa la seconde robe qu'elle enfila rapidement.
« C'est bon, tu peux te retourner. Si tu veux la licorne, je te la donne.
- Ce n'est pas la licorne que je veux, affirma t-il. »
Il posa les yeux sur elle, et elle soutint son regard. Le coin de sa bouche s'étirait très légèrement en un sourire que Lily connaissait bien. C'était celui qu'il arborait dès qu'il savait qu'il maîtrisait la situation, et Merlin, il avait raison. Il la maîtrisait entièrement. Elle n'était jamais plus consciente de l'alliage de sentiments qu'elle ressentait, plus contradictoires les uns que les autres, que lorsqu'il la fixait de cette manière.
« Si je te le demandes maintenant, tu vas encore me dire non ? l'interrogea t-il en se rapprochant.
- Je dis toujours n'importe quoi. »
Il s'arrêta net, incertain, mais lorsqu'il vit ses joues prendre des couleurs et qu'elle lui lança un regard implorant un peu malgré elle, il comprit. Un pas fut suffisant, et ses mains glissèrent sur son corps, et sa bouche s'écrasa sur la sienne, et Lily sentit comme une couverture bien chaude l'envelopper.
Elle fut la première à essayer de lui retirer son t-shirt. Elle le sentit sourire contre sa bouche, cet idiot devait vraiment être content de lui. Il aurait eu raison de l'être. Il avait réussi, et Merlin, elle avait réussi aussi. Personne ne l'avait jamais embrassée comme ça, personne ne lui avait jamais autant donné envie de ne pas reprendre sa respiration, mais à quoi bon ? La situation était désespérée.
La robe qu'elle venait d'enfiler était en train de glisser le long de ses cuisses, et elle s'en fichait éperdument. Oh elle n'avait pas oublié qu'il fallait qu'elle se venge, mais il y avait un temps pour tout et ce soir là, elle avait juste envie de voir ce que cela faisait, de ne pas céder à l'envie de rentrer dans leurs chamailleries mesquines. Elle voulait juste voir de quoi il était capable quand elle le laissait être ce qu'il voulait être.
« Lily, il faut que je te dise, je... Ce n'est pas un jeu. Tout le monde pense que c'est un jeu, mais ce n'est pas un jeu. Je...
- Je sais, le coupa t-elle alors qu'il la fixait comme s'il allait la demander en mariage. Ne dis rien. Marlène McKinnon est amoureuse de toi. Elle nous en a parlé. Toutes les filles sont au courant. Je ne suis pas censée faire ça. Pas quand je sais ce que je sais. Alors ne dis pas ce que tu ressens, s'il te plaît, je ne veux pas compliquer les choses.
- Qu'est-ce que...
- Juste... Embrasse moi. »
Elle crut lire une pointe de douleur dans son regard et elle s'en voulut plus qu'elle ne s'en était jamais voulue pour quoi que ce soit. Finalement, peut-être qu'elle tenait sa revanche sans même l'avoir préparée. Elle passa sa main derrière sa nuque et l'attira de nouveau contre elle, l'entraîna dans sa chute sur le lit de Mary, et tout ce qu'il se passa cette nuit là demeura un secret entre eux jusqu'à ce que Lily ne puisse plus le tenir.