— Et si je suis à Serpentard ?*
La question avait été posée du bout des lèvres. Harry regarda avec tendresse son plus jeune fils trembler comme une feuille sur le quai 9 ¾. Comme toujours, il n’y avait que les provocations de son aîné pour le mettre dans cet état-là. James adorait taquiner son jeune frère mais ce dernier avait toujours été extrêmement sensible à ce genre de moqueries. Ce que pensait le plus âgé importait énormément à son cadet, même s’il avait pourtant l’habitude de rester très secret sur ce qu’il se passait dans sa tête et dans son cœur, et même s’il ne dévoilait finalement que très rarement ses émotions. Mais pas cette fois-ci. Surtout pas cette fois-ci.
Son père se doutait que le petit garçon avait contenu toute son appréhension depuis leur départ du square Grimmaurd quelques heures plus tôt, et ce n’était qu’à l’imminence de la séparation qu’il semblait enfin vouloir s’ouvrir sur ce qui le préoccupait tant. Toute la matinée, ses craintes avaient joué au funambule au bord de ses lèvres, mais elles avaient fini par plonger vers le monde réel. Par basculer dans le monde des mots. Par se déverser sur son père. Bredouillant, il lui demandait maintenant ce qu’il se passerait s’il ne finissait pas dans la bonne maison.
Sa question était un appel à l’aide, un véritable cri du cœur. Y avait-il seulement une bonne maison ? Harry se sentait ému de toute la naïveté qui poignait dans sa voix, de toute la pureté qui transparaissait à travers ses mots. Mais il se devait de clarifier la situation. Il ne pouvait pas le laisser dans cet état d’angoisse permanent. L’Auror s’était agenouillé et passait désormais ses doigts avec amour dans l’épaisse et indomptable chevelure noir de jais qui appartenait à son fils. Aujourd’hui, il partait enfin à Poudlard. À onze ans, son tout petit prenait enfin son envol. Son garçon deviendrait bientôt un homme. Mais si… il allait finalement à Serpentard ?
— Harry Potter, commença-t-il.
Il parlait à voix basse pour que personne, pas même Lily ou Ginny, ne puisse l’entendre. À King’s Cross, il y avait toujours une oreille qui traînait.
— Tu as été nommé en mémoire de l’homme le plus courageux que le monde sorcier ait jamais connu.
Il le regarda avec adoration et continua, plein d’émotion :
— Moi.
Harry Potter Junior hocha la tête, mais son père enchaînait déjà :
— Je suis l’Élu. Le Survivant. Saint Potter. Celui à la cicatrice en forme d’éclair. J’ai tué Voldemort. Mais surtout…
Le petit Harry le regarda avec espoir.
— Surtout, j’étais à Gryffondor, acheva son père d’une voix dure. Si tu vas à Serpentard, je te déshérite, tu entends ?
Bonjour à tous et à toutes !
Ce court texte a été librement inspiré d'une image trouvée sur les réseaux sociaux ces derniers jours (hogwartsxmemories sur Instagram). Un grand merci à mes deux adorables petites sorcières : Fleur (qui m'a même suggéré ce joli titre), et Nighty ! ♥
Bonne lecture !
*Harry Potter et les Reliques de la Mort, Dix-neuf ans plus tard.
Voilà comment, selon moi, tout aurait dû se passer. En espérant vous avoir fait un peu rire ! N'hésitez pas à me faire part de vos impressions.
À très bientôt !