Tout était prêt.
Helga s’était levée à l’aube ; les papillons faisaient la fête dans son estomac, l’empêchant de se rendormir. Elle était montée voir le soleil se lever depuis la plus haute tour du château, celle qui accueillerait un jour des cours d’astronomie, espérait-elle. Elle baissa les yeux en sentant quelque chose se presser contre sa jambe – un des nombreux chats de Rowena qui l’avait suivie, sans doute dans l’espoir d’un bol de lait.
— Tu sais, bientôt tu vas avoir de la compagnie dans le château, dit-elle. Plus que nous. Il va falloir que tu apprennes à protéger ton territoire. Mais gentiment, hein !
Le chat grimpa lestement sur la rambarde, étirant le cou pour qu’Helga lui grattouille le menton.
— Tu viendras te promener dans le coin de la maison Poufsouffle, je suis sûre que tu trouveras des amis pour te câliner. Et pour te donner des gâteries. Après tout, c’est pas pour rien que je me suis installée à côté de la cuisine, ajouta-t-elle avec un clin d’œil.
Helga lissa d’une main sa robe, qui commençait déjà à être trop serrée. Godric avait eu une idée de génie quand il avait fait venir une demi-douzaine d’elfes de maison pour s’occuper de la cuisine du château. Jamais elle n’avait aussi bien mangé de sa vie. Une chose était certaine, les futurs élèves de Poudlard auraient l’estomac aussi bien nourri que le cerveau !
Ils n’auraient que dix-sept étudiants pour commencer ; à peine plus de dix familles avaient décidé de faire confiance à quatre étrangers se disant professeurs de magie. À la grande déception de Salazar, seules deux de celles-ci étaient de sang pur, les grandes familles préférant encore garder l’enseignement des leurs chez eux.
— Tu verras, après un an ou deux, notre réputation aura grandi et les Sang-purs se presseront aux grilles du château, avait-elle tenté de le rassurer.
Mais Rowena et elle avaient du mal à cacher leurs expressions triomphantes ; douze de leurs élèves seraient des nés-Moldus, des jeunes sorciers dont les parents ne savaient pas que faire, qui avaient presque sauté de joie à l’idée d’un endroit pour instruire leurs enfants.
— J’apprendrai à traire des vaches avec de la magie ? avait demandé un jeune garçon de douze ans avec excitation.
Godric, assis à la fenêtre de la maisonnette, avait froncé le nez, mais Helga avait répondu tout de suite avec un sourire, reconnaissant un futur Poufsouffle :
— Et plein d’autres choses encore !
Dix-sept. C’était loin des centaines de petits sorciers qu’elle voyait dans ses rêves les plus fous, pour explorer tous les recoins du château, occuper tous les bancs de toutes les salles de classe, porter sur leurs épaules la réputation de la grande école de magie de Poudlard. Mais dix-sept, c’était mieux qu’aucun élève du tout, se dit-elle.
— Ce n’est que le début, murmura-t-elle au chat qui ronronnait contre sa main. Tu verras, dans un an ou deux, notre réputation aura grandi.
Les mots qui avaient servi à rassurer Salazar lui étaient aussi utiles.
— Et tous les sorciers du royaume se presseront aux grilles du château.
Le chat descendit de son perchoir et, la queue droite dans les airs, partit vers les escaliers, probablement en quête de son premier repas de la journée. Le ventre d’Helga émit un borborygme, lui rappelant de ne pas oublier de déjeuner, mais avant de suivre le félin, elle s’appuya à la fenêtre et ferma les yeux.
Elle voyait une rentrée où des centaines d’étudiants venaient suivre des cours. Leurs rires se faisaient entendre dans tous les corridors, leur présence était palpable partout, leur magie n’attendait que d’être éduquée. Helga sentait venir ce rêve dans son futur, aussi certainement qu’elle sentait venir les orages bien avant d’entendre gronder leur tonnerre. Elle finirait par voir l’école de ses rêves.
Quand elle ouvrit les yeux, ce fut pour voir le soleil se montrer à l’horizon. Elle resta au sommet de la tour quelques minutes de plus, le sourire aux lèvres, pour admirer cet endroit qu’ils avaient construit s’illuminer petit à petit, avant de faire demi-tour pour descendre à la cuisine demander un des excellents croissants des elfes de maison.
Il fallait qu’elle fasse le plein d’énergie en ce premier septembre, la première rentrée de Poudlard.