Chapitre 1
Mei Linh passa sa main blafarde sur le bois du vieux meuble à tiroir. Une épaisse couche de poussière s’y était déposée au fil des ans, créant une croûte minéralogique imperturbable. Autour d’elle, un silence feutré s’était glissé entre les lattes de bois brut, avait pris d’assaut les rideaux aux couleurs passées, s’était caché derrière les plis de ces couvertures figées depuis l’éternité. En vérité, ce silence semblait venir d’un autre temps, d’une autre époque. Comme s’il avait traversé les années en même temps que le mobilier vétuste et qu’il renfermait le plus incroyable des secrets.
Le parquet craqua lorsque la sorcière fit quelques pas méticuleux jusqu’au milieu de la pièce. Elle avait l’impression qu’au moindre mouvement trop brusque, la tapisserie fleurie de la petite chambre décollerait ses pans jaunis et que les hautes armoires s’effriteraient sans un bruit. Tas de poussière à l’odeur capiteuse de cire et de parfum débouché. Vite balayée par des mains avides d’oublier leur existence désormais inutile.
-J’espère que ça vous va, parce que je n’en ai pas d’autre.
La voix grinçante du propriétaire brisa l’instant et la jeune femme étira un sourire sans conviction vers lui. Elle savait pertinemment que le haut manoir de quatre étages possédait une ribambelle de pièces plus ou moins fastueuses et réservées aux invités. Elle se doutait néanmoins que l’homme sec en face d’elle avait été trop paresseux pour en décrasser une plus grande. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle-même était d’une fainéantise crasse lorsqu’il s’agissait de travailler pour les autres.
Du moins elle l’était. Dans sa vie d’avant, celle qui avait été la sienne jusqu’à ses dix-sept ans. Avant qu’un homme n’emporte sa joie et ses rires. Avant qu’il ne fasse taire la grosse voix faussement sévère de son père et les éclats cristallins de son petit frère. Avant que le despotisme d’un seul ne condamne le destin des autres et ne mène sa mère et sa sœur à l’exil.
-Ça sera très bien, lui répondit-elle en affectant une certaine reconnaissance.
M. Burke ne s’y leurra pas, mais hocha tout de même sèchement sa tête cireuse aux bajoues ridées, lui donnant l’allure d’un grand oiseau de proie. Il boitilla ensuite jusqu’à la porte en faisant claquer sa canne et disparut dans les escaliers. Mei Linh entendit ses pas faire grincer les marches. Le bois sec accueillit son propriétaire comme un vieil ami, taisant son écho dans le plâtre écaillé des plafonds décrépis. Le silence revint.
Les particules déposées sur la courtepointe du lit volèrent lorsque la jeune femme prit place. Elles s’égaillèrent autour d’elle, dernier sursaut de vie avant le retour à l’oubli. Elle les laissa faire, elle récurerait cela plus tard. Une autre fois, quand elle aurait de nouveau la force de faire semblant. Quand le trou béant dans sa poitrine ne serait plus aussi lourd à porter.
Son sac glissa à terre et elle entreprit de retirer un premier bracelet habillant son poignet gauche. Il tinta doucement, comme un dernier adieu, avant de disparaître dans les replis de sa cape. Un second suivit, puis un troisième. Peu à peu, le rose et le turquoise coulèrent de ses mains, laissèrent sa peau à nue. Son grain immaculé trancha avec celui de son poignet droit, dont le tatouage représentant un renard sous un arbre lui semblait comme irréel.
Au loin, une vieille horloge sonna vingt-heures. L’heure de la nuit, l’heure des morts et de ceux qui la dispensent. L’heure où les nés moldus, comme elle, avaient appris à se terrer dans leur trou pour leur échapper. Elle le savait pour l’avoir éprouvé, mais également pour avoir croisé ces âmes terrifiées au détour d’un abri provisoire ; durant ces longues soirées de cette Année de Ténèbres. Ils geignaient, priaient, maudissaient et regrettaient. Personne n’entendait jamais leurs appels au secours. Aucun ne voulait finalement le faire.
Charlotte Dubois. C’est ainsi qu’elle s'était présentée à son hôte lorsqu’elle avait répondu à son annonce. Service et entretien. C’était ce qu’il y avait d’indiqué dans un coin de la Gazette du Sorcier. Elle n’avait pas eu besoin de plus pour tenter sa chance, espérer obtenir un abri sûr cette fois.
Elle avait gardé le sourire tout au long de l’échange. Les yeux inquisiteurs de son interlocuteur l’avaient examiné des pieds à la tête et elle avait fait de même. Bien sûr qu’elle était une sorcière née de deux parents tout à fait respectables, que s’imaginait-il ? Non non, elle n’avait pas fui Poudlard, elle avait bien dix-neuf ans révolus, même si elle ne les faisait pas. Ses yeux bridés et sa chevelure noire de jais ? Hérités d’une ancienne grand-mère venant du Sud du Vietnam. La xénophobie ? Elle comprenait, mais elle était née sur le sol Anglais, oui Monsieur.
Les mensonges avaient coulés, libres de s’envoler vers ces oreilles avides d’obtenir les réponses adéquates. Rien n’avait été plus facile, car rien ne comptait plus. À part cette fausse identité qui allait lui sauver la vie quelques mois supplémentaires.
Le sommeil la prit. Dans un bruissement de draps secoués et d’édredon tapé, elle se coucha. L’ours en peluche de son frère et le vieux briquet tempête de son père coincés entre ses mains, dernières reliques sauvés des flammes. Ils la sauvaient maintenant à leur tour.
OoOoOoOo
Mei Linh renversa son réveil matin d’un geste vif et manqua de le précipiter contre le mur d’en face. Un pâle soleil entrait depuis peu dans sa petite chambre, jouant avec le lourd rideau et glissant sur les fleurs ternes des murs. L’odeur lourde du bois sec et des herbes séchées ramena la jeune femme du fond de ses songes vaporeux. Lui rappelant une énième fois où elle se trouvait et quel était son rôle en cette bâtisse antique.
Celui-ci n’avait pas varié d’un iota depuis qu’elle avait commencé à travailler en ces murs. Servante, cuisinière mais aussi femme de ménage, lavandière et lectrice. Aurait-elle pu imaginer un jour sa vie ainsi ? Éternel recommencement d’une journée que seule la tisane que prenait M. Burke faisait varier.
Mensonges que voilà. Elle le savait. En vérité, les jours se ressemblaient, mais aucunement les invités. Ceux-ci se présentaient invariablement à la même heure. Dix-sept heures trente, pour être précise. Ils apportaient leur lot de costumes parfumés et de capes chaudement doublées qui rappelaient à chaque seconde leur statut. Riches marchands, politiciens désormais subordonnés au Seigneur des Ténèbres, fils de grandes familles ou encore pilleurs de maisons. Ces lieux où la vie avait été prise et les objets de valeurs laissés à l’abandon.
Ceux-là, Mei Linh les évitaient. Elle se connaissait, elle aurait hurlé, accusé et n’aurait su garder son masque de sorcière de bonne famille. Son père disait qu’elle ne connaissait que la franchise. Elle l’avait longtemps accusé de lui avoir légué son sale caractère. Elle le portait désormais comme un bijou chéri, dissimulé sous la soie crème de ses manières apprêtées.
Étendu sur le parquet desséché, son réveil sonna de nouveau. Une vieille horloge de bureau au laiton oxydé qu’elle avait enchanté. La jeune femme grogna après lui, mais n’eut d’autre choix que de quitter ses couvertures rêches pour le faire taire.
La porcelaine ébréchée de son lavabo accueilli sa toilette du matin. D’un geste devenu machinal, elle noua ses cheveux noirs et lisses sur le haut de son crâne en tâchant d’y cacher ses mèches bleues. Ces derniers jours, elle avait envisagé de faire disparaître ces traces de couleur. Le ciseau était resté immobile en l’air, éclair argenté attendant sa minute de vie assassine. Elle l’avait vite reposé et pensait maintenant les teindre. Tout comme son tatouage qu’elle dissimulait, ils annonçaient à la face du monde sorcier ses origines moldues. Tout comme son passé, ils creusaient profondément dans ses défenses en lui rappelant ce qu’elle avait perdu. Elle devait les teindre, c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Un jour, oui un jour.
À l’étage inférieur, M. Burke l’attendait déjà. Son journal touchant presque son grand nez aquilin, reflétant ses images animées sur les lunettes en écailles. La jeune femme le salua poliment comme chaque matin et fila à la cuisine pour préparer le petit déjeuner.
La longue pièce semblait l’attendre. Son odeur de thé noir pénétra ses sens, englouti son odorat et la réveilla enfin entièrement. Ses gestes se firent mécaniques, comme dansant d’eux même entre les poêles et les œufs qui crépitèrent vite sur le feu. La bouilloire siffla, le pain sursauta dans son toasteur et le lard embauma l’atmosphère. La chaleur poisse du gras cuit colla vite aux larges vitres polies donnant sur le jardin, puis s’enfuit par la petite hotte vétuste.
Le repas cuisait tandis que le regard de la jeune femme suivait les volutes s’agitant devant les fenêtres ornementées. Au dehors, les hauts arbres laissaient filtrer une lumière mouvante et verdâtre sur le plan de travail. Ses bras de porcelaine se retrouvaient alors furtivement marbrées d’une lumière encore chiche. Lui donnant l’impression d’être une créature marine évoluant à travers les remous agités d’un lac profond. Peut-être le lac noir. Poudlard lui manquait atrocement.
M. Burke mangea son repas du bout des lèvres, comme à son habitude. Mei Linh lui fit la lecture, maîtrisant son timbre lorsque sa gorge répétait les horreurs inscrites sur le papier craquant. « La chasse aux nés-moldus » disait le titre, en étalant en première page la photo de rafleurs tout juste promus. Ils avaient les lèvres étirées en un sourire satisfait, découvrant des dents carnassières qui lui faisaient froid dans le dos.
Elle connaissait l’avis de son employeur sur la question. Il était de ceux nés du bon côté de la barrière. Se disant neutre, sans avis sur la question, mais radotant des idées vieilles comme le monde à propos de fierté du sang, de légitimité mal placée et de ménage au sein de la communauté. Elle avait chaque fois du mal à se taire, bouillait intérieurement, mais retenait son verbe trop agile. Elle continuait néanmoins la lecture et, jour après jour, il l’écoutait, buvait ses paroles comme un bon vin français. Étirant les lèvres lorsque certains de ses clients étaient mentionnés. Car Monsieur Burke était un commerçant.
Il vendait ce dont les sorciers les plus influents nécessitaient. C’étaient là ses mots et Mei Linh n’avait jamais cherché à le contredire. Pourtant, elle brûlait de savoir. Que cachait-il au fond de sa cave ? Quels objets merveilleux pouvaient bien attirer les plus grands de ce monde, comme le papillon s’aventurant autour de la flamme ?
Chaque jour voyait sa frustration et, chaque jour, elle restait docilement au pas de la porte de la cave. Telle la servante qu’elle était. Le service du thé relevait de ses attribution lors de ces visites, en aucun cas elle ne devait s’en affranchir. Même au nom de cette curiosité maladive qui réveillait souvent son esprit revanchard.
Elle s’était mise à lire. Pour se changer les idées, pour passer le temps entre deux tâches. M. Burke la laissait toucher à ses grimoires à condition qu’elle ne fasse aucune tâche. Elle les prenait entre ses longs doigts à la blancheur fragile et tournait ces pages patinées par l’usage et aux illustrations décolorées. Dans ces moments-là, elle avait l’impression d’avoir vieilli trop vite. Coincée dans cette maison sans âge qui lui renvoyait au visage la propre usure de ses primes années.
Elle n'était désormais plus la jeune femme de Poudlard que tous avaient connu, rabrouant les garçons et rêvant en secret sur sa voisine de chambre. Elle avait pensé être jalouse de cette jolie fille, comme des vingtaines d’autres auprès desquelles elle ne pouvait s’empêcher de se comparer. Elle s’était trompée. Ses pensées partaient parfois vers la blondeur de sa chevelure et son visage ovale un peu lunaire. Elle espérait de tout son coeur que son univers ne soit pas redevenu poussière à l’instar du sien. Survivant à travers les pages de ces récits historiques, racontés des centaines d’années plus tôt.
Ce jour, venait un acheteur bien particulier puisqu’il avait payé en avance, lui avait dit M. Burke. Elle l’avait vu frotter ses mains parcheminées les unes contre les autres, semblant y prendre du plaisir. Un bon payeur était toujours le meilleur des maux. Elle avait appris cela de lui.
Pour sa part, elle avait préparé la collation habituelle, avait astiqué les vieux lustres d’argent piqués et tapé les coussins. L’homme - car c’en était un - devait revenir plusieurs fois. Bien des choses se dérouleraient au sein de cette cave à la noirceur si attirante, mais la principale aurait lieu dans le petit salon. Mei Linh le savait. Cela aussi elle l’avait appris. Les oreilles grandes ouvertes, elle les avaient écoutés au moment de verser l’eau chaude dans les tasses ou lorsqu’elle déposait l’assiette de biscuits sur la petite table basse aux pieds sculptés. Ses pas s’attardant innocemment pour tenter de décrypter leurs paroles faussement mielleuse ou aussi tranchantes qu’une lame effilée.
Monsieur Burke était un excellent commerçant. De cela elle en était sûre. Il la questionnait parfois, après que le client fut parti. Lui demandait ce qu’elle pensait de l’allure de son récent invité, de sa façon de s’exprimer, la laissait deviner sa personnalité à travers les quelques indices qu’elle glanait. Il voulait savoir si son esprit encore jeune était perspicace ou non. Il l’était, il en avait été agréablement surpris.
-Savez-vous ce qui différencie le bon du mauvais payeur, Mlle Dubois ? lui demanda-t-il, alors qu’elle arrangeait les fauteuils du salon.
Elle prit le temps de refermer la très haute fenêtre. Celle-ci laissait entrer le froid encore prégnant de cette fin d’hiver et elle savait que le vieil homme n’aimait pas ça. La mousseline de coton claire fut tirée devant le verre gravé, enfin elle lui fit face. Il lisait sur son épais canapé, sentant le cuir et la cire d’abeille, ses mains faisant légèrement trembler son journal. Elle ne savait à combien de quotidien il était abonné, mais il les lisait tous avec rigueur, ou se les faisaient lire. Même le Chicaneur.
-L’intérêt qu’il porte au produit, Monsieur ?
Elle le vit déplier ses longues jambes minces, semblables à d’immenses pattes d’araignées rouillées. Ses chaussures noires paraissaient ainsi disproportionnées, à l’instar des enfants enfilant les vêtements de leurs parents pour jouer aux adultes. Il les posa délicatement l’une à côté de l’autre et entreprit de se remettre debout. Tout son corps se déplia pour élever sa haute stature sèche sur la moquette sombre. Il épousseta ensuite son gilet de brocart sans manche et rajusta sa chemise noire d’un geste calculé.
-Oui, et non, Mlle Dubois. Voyez-vous, l'intérêt du client est quotité négligeable, car un habile orateur aura tôt fait de le manipuler pour le faire croître. Non, jeune demoiselle, ce qui amènera un homme à rétribuer chèrement vos services n’est autre que l’urgence.
-L’urgence ? Mais c’est…
-Il me semble vous avoir déjà dit de ne pas m’interrompre, jeune fille.
Ce ton sec et cassant, elle le connaissait bien. Il était à mille lieues de la voix veloutée et maîtrisée qu’il utilisait habituellement pour lui dispenser ce type de “leçons”. Elle lui présenta sa mine contrite et il se radoucit.
-Plus le client sera aux abois et plus le pouvoir que vous exercerez sur lui sera grand. Rappelez-vous en, chère enfant. Il n’est de plus agréable client que celui dans le besoin. Maintenant, il me semble que l’heure approche et vous connaissez la place qui vous est attribuée.
Comme toujours, elle hocha de la tête avec application et disparut dans la cuisine. Ses pas effleurèrent à peine le poil fatigué de la moquette qui bruissa doucement. Au dehors, le soleil froid soufflait son au-revoir sur les hautes cimes des arbres du petit jardin. Il avait déserté le plan de travail depuis une bonne heure et les lanternes crachotantes repoussaient les ombres de la cuisine avec difficulté. Alentour, des doigts à la noirceur ensorcelante prenaient d’assaut les recoins de la pièce, sinuaient entre les casseroles pendues, s’enroulaient autour des pieds de la table. La nuit n'allait pas tarder. Comme toujours, Mei Linh aurait envie de se cacher, de se réfugier sous les couettes. Comme toujours, elle n’en ferait rien.
Première sonnerie. M. Burke laissait rarement une seconde retentir, ça aurait eu le désavantage de faire croire à un manque de professionnalisme. Son timbre chaud se fit entendre et une voix grave lui répondit. Claquement de porte, elle leva le nez vers l’horloge centenaire pendu devant elle. Dix-sept heures trente pile. Sa bouilloire siffla à peine une minute plus tard, mais elle savait ne pas devoir apparaître avant la trente-quatrième minute.
L’heure arriva et son plateau était prêt. Des biscuits achetés chez le meilleur épicier de Londres, à peine une rue plus loin. Du thé noir importé directement des hauts plateaux du Sri Lanka à l’odeur capiteuse. Ne manquait plus que la précieuse théière remplie d’une eau idéalement chauffée, ni trop, ni trop peu. Avec cette pointe de recul qu’elle cultivait indéniablement, Mei Linh prit conscience de cette place qu’elle occupait désormais en ces lieux. La survie ne dépendait-elle finalement que de cela ? Savoir bien préparer le thé ?
Ses réflexions s’égaillèrent lorsqu’elle empoigna le plateau. Elles battirent leurs ailes membraneuses aux milles et unes teintes turquoise pour se terrer chaudement au fond de sa mémoire. Enfin, elle se concentra de nouveau.
Ses pas lui firent traverser le long couloir de parquet craquant pour rallier le salon de discussion. Comme chaque fois, elle poussa la porte du coude et appliqua son masque de porcelaine, actrice de cette pièce aux milles actes dans laquelle elle était passée maître.
Leur invité releva la tête, le masque de nô se fendilla. Mei Linh rétablit de justesse l’horizontalité de son plateau, mais il était trop tard. Première rencontre, première impression. Un véritable sourire séduit habilla le visage de la jeune femme et ses yeux à l'onyx brillant se plissèrent davantage. L’homme le lui rendit, baume bienvenue, balayant la noirceur et la douleur omniprésente. Souffle libérateur sur ses plaies encore à vif.
Une première tasse pour M. Burke. Anse du côté gauche. Toujours la même, tel un rituel ancestral imaginé il y a longtemps par des êtres redevenus poussière. La deuxième pour leur invité. Elle se permit un regard, peut-être n'en avait-elle pas le droit. En vérité elle n’en savait rien. Cependant, il le lui rendit à nouveau, instant volé à ce monde sans âme et sans pitié. Ses joues se colorèrent, elle les cacha en se concentrant de nouveau sur ses gestes. L’assiette de biscuits à mi-chemin entre les deux hommes, le sucrier légèrement tourné vers leur invité. Mei Linh remarqua la chevelure claire de l’homme, elle lui donnait trente-cinq ans pas plus. Ses yeux verts pétillaient, sa carrure reflétait ce charisme incroyable qui transparaissait à travers chacun de ses gestes.
-Je vous remercie Mlle Dubois, lui indiqua son employeur.
Manière polie de lui signifier de cesser de s’attarder. Derniers regards, sourires échangés, rideau.