Les Claws descendaient très certainement de Rowena Serdaigle, l’une des fondatrices de Poudlard, reconnue pour sa sagesse et son érudition. C’était pourquoi ils habitaient le domaine des aigles, caché dans la forêt de Reading. Les arbres et la magie leur garantissaient la sécurité dont ils avaient besoin pour conserver leurs secrets et leur vie.
Orphea avait vécu là avec sa tante Anemone et sa servante Rose. Anemone avait beaucoup attendu d’Orphea, seule héritière connue de Rowena Serdaigle. Elle devait être exemplaire. Les choses ne s’étaient pas passées exactement comma la tante l’aurait voulu : la mère d’Orphea était une nymphe et avait transmis à sa fille des pouvoirs merveilleux que beaucoup d’âmes malveillantes enviaient. De tels pouvoirs dans de mauvaises mains auraient eu des conséquences dramatiques pour le monde entier. Pour sa scolarité, Orphea avait été répartie à Gryffondor alors que tout la destinait à intégrer la maison de son ancêtre. Mais Orphea ne s’était pas plainte longtemps, elle avait passé les plus belles années de sa vie dans la salle commune de Gryffondor, son mariage et la naissance de ses enfants mises à part.
Son mari, Phileas Clarke (NDA : dans cette famille, chacun garde son nom de famille mais les enfants héritent du nom de leur mère) lui, avait été envoyé à Serdaigle la même année qu’Orphea. Il venait d’une famille d’alchimistes et avait abandonné ses études dès que les premiers signes de la guerre contre les ténèbres étaient apparus. Il avait appris l’alchimie sur le terrain avec son père et fut, à la fin de la guerre, recruté par le Ministère pour grossir les rangs de la brigade d’intervention du département des accidents et catastrophes magiques.
Arthur passa donc les premières années de sa vie dans un cadre parfaitement calme et sécurisé.
Peu avant leurs quatre ans, leur mère les voyant particulièrement éveillés décida d’envoyer les jumeaux à l’école de préparation Sainte-Barbe-du-Griffon dans le village de Reading. C’était une petite école et sa réputation était excellente. Elle accueillait tous les enfants de sorciers des environs.
Les Claws arrivèrent en même temps qu’une dame et un petit garçon tous deux dotés de cheveux blonds presque blancs. Arthur leur lança un regard légèrement inquiet. C’était la première fois qu’il rencontrait des personnes extérieures à sa famille et il n’était pas très rassuré à l’idée de quitter la maison, à l’opposé de sa sœur jumelle qui regardait ce qui l’entourait avec émerveillement. Une femme sortit sur le perron. Elle avait les cheveux châtains et bouclés et un visage bienveillant. Elle avait un petit nez sur lequel étaient perchées des lunettes étroites. De loin, elle ressemblait vaguement à un hibou.
-Bienvenue ! lança-t-elle. Mrs Claws, Mrs Malefoy. Voici donc Alrescha, Arthur et Drago.
-Oui.
-Exactement.
-Entrez, je vous en prie.
Ils passèrent la porte d’entrée. Arthur sentit aussitôt l’air lui manquer. L’espace s’était réduit. Il jeta un regard en arrière. D’autres personnes entraient, de plus en plus. La porte fut bientôt inatteignable.
Il se rapprocha de sa mère qui pencha son visage vers lui.
-Ca va aller, Arthur. Josepha va t’apprendre des tas de choses, tu verras.
Apprendre n’avait jamais posé problème à Arthur. Au contraire, il était très curieux et pouvait passer des heures à étudier un sujet dans l’atelier de son père ou dans la forêt.
Le bruit des conversations s’amplifiait. Arthur avait mal aux oreilles. La foule se pressait et il sentait son cœur battre fort dans sa poitrine.
-Je vous laisse avec Josepha, dit Orphea à ses jumeaux. Soyez sages. On se revoit ce soir. Al’, je compte sur toi pour veiller sur Arthur.
-Oui, dit la fillette en prenant son frère par la main.
Les jumeaux entrèrent et suivirent les autres dans une salle de classe aux murs violets.
Il n’y avait plus de conversations mais des murmures et chaque murmure ressemblait à un cri pour Arthur. Il se boucha les oreilles, ferma les yeux. Ce n’était pas suffisant. Il se sentait mal. Il voulait pleurer.
La directrice adressa un grand sourire aux enfants, un sourire qui lui parut effrayant. Il détala hors de la salle de classe. Des rires résonnèrent derrière lui. Il passa porte après porte sans savoir où il allait. Il devait trouver l’extérieur. Il poussa une dernière porte et se retrouva dans la cour pavée. Il s’arrêta, à bout de souffle. Il devait partir d’ici. C’était encore un espace clos, partiellement entouré de murs et il n’y avait pas de porte ! Il était pris au piège.
Il ferma un instant les yeux. Il revit la forêt de Reading. Lorsqu’il les rouvrit, il y était. Ses pieds étaient posés sur le sol d’humus et les premières feuilles mortes. Il sentait la légère brise sur son visage, entendait les oiseaux chanter dans les arbres. L’angoisse et le sentiment d’oppression l’avaient quitté. Il était à nouveau en sécurité.
-Arthur ?
Sa mère s’approcha, visiblement surprise de le trouver là mais elle ne lui reprocha pas d’avoir quitté l’école. Ils avaient le temps.