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News

Les Podiums en automne !


Bonsoir à toustes !

Félicitations à Tiiki et Juliette54 qui remportent respectivement le coup de coeur des lecteurices avec "Le Jeu de la Bruine" et le coup des Podiums avec "Et cincta ferro Bella", pour la sélection "Poésie" !

Nous nous retrouvons dans un mois avec notre sélection de texte sur le thème qui a remporté le vote pour l'hiver 2024 : la résistance !

 


De Equipe des Podiums le 01/11/2024 23:10


Nuit du vendredi 25 octobre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 148e édition des Nuits d'HPF, placée sous le signe de l’épouvante, se déroulera le Vendredi 25 octobre à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'Équipe des Nuits le 09/10/2024 12:52


Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


Historiae Amoris par Juliette54

[161 Reviews]
Imprimante Chapitre ou Histoire
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

J'ai passé une bonne partie du premier confinement (puis un peu des vacances) à réécrire cette fanfic, la toute première que j'ai écrite il y a cinq ans. Et donc j'avais dans l'idée de la développer un peu, d'approfondir un peu le personnage de Dorea, celui de Charlus et même changer l'histoire pour qu'elle corresponde un peu plus à la vision que j'ai aujourd'hui d'eux, blablabla. Et finalement, de cinq chapitres, je suis passée à dix, puis à quinze... à vingt avec le pdv de Charlus... vingt-cinq... et puis j'ai arrêté de compter pour en être finalement à trente-cinq déjà tous écrits... Ce qui veut dire que la publication sera régulière ! Un chapitre le lundi, un le mercredi et un le samedi, ça passe pas mal pour un second confinement, non ? :D Mais je n'oublie pas Miss Elizabeth ! pour autant hein, qui est en cours d'écriture celle-ci !

 

Ah encore une chose : il y a cinq ans, on ne savait pas encore que les parents de James s'appelaient Fleamont et Euphémia donc, dans ma tête, Dorea et Charlus étaient les parents de James... En soit, ça ne change pas grand-chose dans cette partie de leur histoire puisque James n'est pas encore né, mais ça permet de parler de la très noble et très vieille Maison des Black (ce qui me plait bien et qui a sa petite importance dans la fic) !

 

Bref, bonne lecture !

Note de chapitre:

Edit : j'ai un peu repris le chapitre depuis la première publication sous l'impulsion d'une remarque de Winter. Merci à elle ^^ 

HISTORIAE AMORIS

 

PREMIÈRE PARTIE : ELLE AIME SON IMPERTINENCE

 

Chapitre 1 : Miss Dorea Black

 .

Mercredi 29 septembre 1943,

.

Si on avait dit une minute plus tôt à Dorea Black qu’elle épouserait un jour un joueur de Quidditch, elle en aurait sauté de joie et se serait mise à rire comme une idiote en disant que son plus grand fantasme secret se réalisait.

Ne croyez pas qu’elle était stupide ou simplette. Elle excellait en Défense Contre les Forces du Mal, c’était son dada (Defense Against Dark Arts), elle s’y intéressait vraiment, et s’essayait parfois à diverses expériences de pensée et même à des expériences pratiques sur elle-même. Elle lisait les essais et les ouvrages des plus grands, dont Leonard Goldstein qu’elle espérait rencontrer un jour. En bref, elle était passionnée et promise à un brillant avenir dans ce domaine et dans celui des Arts Noirs, qu’elle ne pouvait pour l’instant pas dissocier. La Magie Noire ne lui paraissait en ce temps-là qu’une magie un peu cruelle mais pas aussi terrible que certains peureux le disaient.

Elle était spirituelle, comme on disait alors.

Et puis elle savait se tenir en société, se faire discrète quand il le fallait et parler quand on le lui demandait.

Et même si elle avait toujours bénéficié de toute l’attention de sa mère, elle n’avait pas été gâtée outre mesure, et n’avait jamais été sujette aux caprices.

Le seul hic résidait pourtant dans l’éducation que sa mère lui avait inculquée… Éducation concernant l’amour et le mariage. Sa mère avait pris soin de différencier l’amour et le mariage dès le plus jeune âge de sa fille préférée, de sa petite dernière. Parce que sa mère, Violetta Black, née Bulstrode, n’avait pas ce qu’on pourrait appeler un mariage des plus paisibles. Mais ceci est une autre histoire.

Dorea avait donc très tôt appris à différencier l’amour et le mariage. Elle avait eu des amourettes à Poudlard avec quelques garçons dont le physique et la prestance lui avaient plus. Elle s’était contentée de leur cour gracieuse, parfois insistante, avait accordé quelques baisers et reçu quelques caresses, mais jamais elle n’aurait même songé à se compromettre avec l’un d’eux. L’amour, selon sa mère, était une belle chose, mais une chose prompte à vous faire commettre les pires folies s’il se portait sur un homme. Il fallait s’en méfier, et même en douter car il n’était souvent qu’illusion. Dorea comprenait. À cette époque, on peut même affirmer qu’elle était d’accord avec ce que sa mère lui enseignait.

Elle ne croyait pas en l’amour dans le mariage. Les amourettes étaient propres à l’adolescence, et l’amour pour un conjoint n’était qu’une illusion.

Alors elle s’était noyée dans les amourettes à Poudlard. Son amie Sylvestra Selwyn avait beaucoup moins de retenue et de scrupule que Dorea pour flirter. Et rapidement, elle s’était rendu compte que ce qui l’importait le plus chez un homme était le physique… d’un joueur de Quidditch. Cet ultime critère la faisait rêver : un joueur, grand, avec un beau sourire, des épaules bien développées et une certaine discussion. Si en plus il était dans la Maison Serpentard, il avait toutes ses chances. Les quelques garçons qu’elle avait laissé s’approcher d’elle avait été dans l’équipe de Quidditch de leur maison. Elle se plaisait à penser que leurs victoires, chaque but qu’ils marquaient l’étaient un peu pour elle. Elle prenait soin de glisser son mouchoir dans la poche de son ami comme au temps des tournois, pour que son courtisan portât sa couleur.

Puis elle avait quitté Poudlard, et elle avait enfoui tous ses fantasmes dans un coffre fermé à double tour. À présent, il n’était plus temps de chercher un joueur de Quidditch pour la faire se sentir toute chose et puissante, il fallait qu’elle se trouve un mari avec assez d’argent et de pouvoir pour qu’elle puisse tenir son rang – cet homme aurait bien sûr un patrimoine tout à fait sorcier, comme s’il était utile de le préciser. Le pouvoir, si ce n’était qu’elle, elle aurait pu s’en passer. Si elle trouvait quelqu’un d’aussi passionné qu’elle par la Magie Noire et les moyens de la contrer, elle serait à peu près satisfaite. Son père n’était pas vraiment de cet avis. Les quelques hommes qu’il lui avait présentés ces dernières années avaient tous été des enfants d’amis à lui qui travaillaient au Ministère à des postes haut-placés, ou qui vivaient de leur rentes. Il avait dû en conclure qu’elle n’avait pas envie de quitter le 12, Square Grimmaurd face au peu d’intérêt qu’elle avait manifesté en leur présence. Mais il attendait, depuis plus de cinq ans – un peu avant qu’elle eut quitté Poudlard – qu’un homme lui fasse la cour et vienne demander sa main.

Alors, pour ne pas perdre définitivement une chance de se marier – même si à vingt-trois ans elle perdait espoir – elle avait assisté à des bals, des cérémonies, des mariages, des fêtes, mais à chaque fois, son regard s’était lassé en quelques secondes de ce qu’elle voyait. Pire, si son cousin Theophilius Beurk était présent, elle passait son temps à chercher à le fuir par tous les moyens possibles et imaginables tant il la répugnait. Elle aurait épousé n’importe qui d’autre plutôt que son cousin qui semblait vouloir la dévorer lorsqu’il la regardait. Finalement, elle ne trouvait de l’intérêt aux hommes que lorsqu’elle assistait à un match de Quidditch et qu’elle voyait les joueurs sur leurs balais. Là, elle devenait une véritable supporter, et elle retrouvait cette sensation qui la prenait au creux du ventre.

Alors, elle tâchait de ne plus rêver depuis sa sortie de Poudlard et de ne plus écouter avec envie les récits pleins de péripéties des amours de Sylvestra. Son amie n’avait jamais gardé un homme de toute façon. C’était bel et bien une preuve que l’amour conjugal n’était pas fiable, non ? Elle avait retrouvé à plusieurs reprises les amants éconduits de Sylvestra en larmes et s’en était dépêtrée tant bien que mal. Elle était peut-être la meilleure amie de Sylvestra, mais Miss Selwyn n’obéissait qu’à elle seule et adorait sa vie digne des plus grands romans…

Non comme ce genre de roman que sa mère lui avait donné à lire. Non comme ce roman de cette vieille teigne de Maleficia Nott qui racontait le grandiose mariage d’une jeune fille Sang-Pur de bonne famille avec un homme au sang tout aussi pur et immensément riche. La demoiselle, épouse depuis la quinzième page suite à un formidable arrangement des parents, tenait la maison de son époux d’une main de maître et avait immédiatement su gagner son affection avec son esprit et son dévouement. Dorea était certaine que dans vingt pages Madame Parfaite serait enceinte, et dans vingt autres pages accoucherai d’un fils en parfaite santé. Sans parler de tous ces bals qu’elle commençait déjà à organiser et qui faisaient déjà la fierté de Monsieur Parfait à Londres. Il la couvrait déjà de cadeaux de toute façon. Bijoux, robes de manufacture française, fleurs exotiques et poissons tropicaux, tout y passerait, de la même manière que dans les autres romans de Maleficia Nott qu’elle avait dû lire.

À chaque roman, la jeune sorcière avait la vie auxquelles toutes les jeunes filles aspiraient.

Et c’est vrai que c’était beau, que c’était tout ce qu’il y avait de mieux, de plus honorable et respectable, mais c’était… monotone et plat. Pas de fantaisie, pas de surprise, pas de joueurs de Quidditch ! Pas une seule description de baiser ou de caresse, rien ! Alors que c’était plus ou moins ce que Dorea s’attendait à trouver dans un mariage...

Elle ne pouvait décidément pas le dire à sa mère. Si Violetta Bulstrode-Black ne faisait pas une syncope, Dorea serait tenue de lui faire la lecture de ce livre de bout en bout afin que sa mère s’assurât qu’elle l’eût lu jusqu’au bout.

Elle tourna la trente-et-unième page en priant Merlin et Morgane que quelque chose se passe, qu’un signe du destin lui affirme que cette lecture était inutile, stupide et toute à fait obsolète, la tire de sa lecture, et lui confirme de ce fait que ce livre ne valait pas son admiration pour une Noise.

« Dorea, voudrais-tu venir dans mon bureau ? »

Elle releva aussitôt la tête de son livre en entendant la voix magiquement amplifiée de son père résonner depuis le couloir. Après un instant de surprise, elle pensa que le dernier mensuel de Défense Contre les Arts Noirs était enfin arrivé et claqua son livre avec satisfaction. Elle ne finirait pas le livre de Maléficia Nott, quoi que puisse en dire sa mère. Une bien meilleure lecture l’attendait et le signe du destin était plutôt clair.

Elle lissa sa robe une fois relevée du fauteuil de la chambre qu’elle partageait avec sa petite-cousine Lucretia et traversa le couloir pour entrer dans le bureau de son père dont la porte était entrouverte.

« Père, vous m’avez appelée ? demanda-t-elle aussitôt avec impatience en pensant au mensuel. »

Elle fit un pas ou deux dans la pièce pour s’approcher du bureau. Son père était assis et la regardait avec un éclat nouveau dans le regard et quelque chose comme un sourire sur les lèvres.

« Dorea, reprit aussitôt son père en quittant son regard pour prendre un mouchoir en tissu dans sa manche et le passer sur son front luisant de sueur. Mr Potter ici présent a une demande à te faire, continua-t-il en faisant un signe de tête vers la droite. Bien sûr, je voudrai en discuter avec toi après. »

Elle tourna légèrement la tête vers la droite et sursauta en remarquant effectivement un sorcier en face du bureau de son père. Mais… Elle le fixa avec attention, certaine d’avoir déjà vu quelque part son visage sans pour autant pouvoir se souvenir de son prénom. Il y avait quelque chose de familier chez lui, et en même temps, elle ne parvenait pas à…

Il fit ce geste négligent. Il passa la main dans ses cheveux d’un noir de jais un peu longs et très désordonnés.

Charlus Potter. Mais oui. L’Attrapeur de l’équipe de Quidditch de Flaquemare. Et d’Angleterre. Vingt-cinq ans. Élégant. Sang-Pur. Assez riche. Sûr de lui. Impertinent. Meilleur de sa…

« Voilà Miss Black, commença-t-il d’une voix grave et agréable qui se mariait admirablement bien avec son visage aux traits francs. J’aimerais vous épouser. Aussi (il mit un genou à terre, sous l’œil stupéfait de la jeune fille), Miss Dorea Black, voulez-vous m’épouser ? »

Sa première réaction, outre la surprise, fut de rougir comme une adolescence. Elle ne sut que dire. Elle cru même rêver de l’entendre s’adresser à elle pendant qu’elle cherchait à savoir si c’était vraiment lui ou bien…

« Euh je… bafouilla-t-elle sous le coup de la surprise.

— Oui, Dorea, nous savons que tu veux réfléchir, la coupa son père en se levant de son fauteuil pour venir derrière elle et poser une main sur son épaule. Aussi Mr Charlus Potter a proposé de revenir demain pour connaître ta réponse. C’est très aimable de sa part ! »

C’était bel et bien lui. Charlus Potter. Et il venait de la demander en… en mariage ? Et son père semblait approuver ?? Mais elle disait oui tout de suite ! L’Attrapeur de Flaquemare ! Et même d’Angleterre ! Un joueur de Quidditch ! Son fantasme d’adolescente ! Elle pourrait en faire la réalité !

Elle resta, elle en fut sûre, la bouche entrouverte à le contempler comme la véritable adolescente qu’elle redevenait. Les mots restaient coincés dans sa gorge comme s’ils avaient gelé sous le coup de la stupéfaction. Elle lui laissa sa main qu’il embrassa en lui souriant avec tant d’assurance qu’elle crut tomber en pâmoison. Il salua son père d’une poignée de main ferme, et elle en profita pour le détailler des pieds à la tête. Il était grand, un peu plus qu’elle, avec un visage avenant, une moustache brune qui rebiquait joyeusement, des gestes assurés, les épaules plutôt carrées malgré son poste d’Attrapeur et ses cheveux… Bon sang, elle mourrait d’envie d’y passer la main pour les ébouriffer. Rien à voir avec cet imbécile de Dardus Chotter qui l’avait suivie comme son ombre aux dernières réceptions où elle l’avait rencontré même si…

Son mal de crâne reprit d’un coup et elle ferma les yeux le plus fort qu’elle put pour le chasser. Depuis plusieurs jours, sans raison, un élancement la prenait aux tempes et lui moulinait le cerveau. C’était insupportable. Elle en avait parlé à sa mère, mais celle-ci avait commencé à s’affoler et à vouloir l’emmener à Ste-Mangouste. Comme Dorea avait Ste-Mangouste en horreur avec toutes ces maladies qui traînaient, elle avait affirmé que cela lui était passé.

« Alors Dorea ? Qu’en dis-tu ? retentit la voix grave et fébrile de son père. »

Zut, elle avait manqué le départ de Charlus. Charlus Potter, oups.

« Je... commença-t-elle mais son père la coupa avec un geste de la main.

— Tu ne sais pas ? Voyons Dorea, tu es sortie de Poudlard depuis plus de cinq ans ! Il serait temps de penser sérieusement au mariage ! lui dit-il avec une moue agacée.

— Mais je... »

veux accepter sa demande ! voulut-elle dire mais son père la coupa encore une fois.

« Sauf si tu veux garder le nom de Black et ne pas te marier, ce que je comprends parfaitement, mais dis-le mois clairement une bonne fois pour toutes, je te prie.

— Non non c’est que... »

… c’est bon, je lui dis oui !

« Eh bien, même si tu as vingt-trois ans, je ne doute pas que d’autres hommes viendront. Tu es tout de même une Black.

— Ce n’est pas ça, mais... »

… Mais je n’en veux pas d’autre ! Bougre de Pitiponk, laissez-moi parler je vous en prie !

« Je sais que le frère de Mr Potter n’est pas un modèle de Sang-Pur, lui concéda son père en la poussant vers la sortie, mais lui m’a paru très bien. Et puis les Potter sont une famille assez puissante et influente au ministère. Ils sont assez riches pour te permettre d’être à ton aise également. 

— Père... s’exclama-t-elle inutilement.

— Je te laisse y penser un peu. Tu me diras ce soir si tu es enfin décidée ; il revient pour dix heures ! »

Sans qu’elle ait pu dire une seule phrase complète, son père la poussa hors de son bureau. Bon sang, son père voulait tout faire capoter ou quoi ? Une demande d’un joueur de Quidditch, il fallait qu’elle l’accepte tout de suite avant qu’elle ne lui passe sous le nez ! Bougre de Pitiponk, son père avait tout gâché ! Jamais Charlus Potter ne reviendrait demain, sûr qu’elle refuserait puisqu’elle n’avait pas répondu immédiatement par l’affirmative !

Elle fila jusqu’à sa chambre rageusement. Ce n’était pas juste ! La première demande intéressante et en règle qu’on lui faisait était tout à fait gâchée par son père qui ne semblait même pas s’en rendre compte !

Elle se laissa tomber sur son lit et fixa le plafond avec une profonde contrariété.

Il fallait qu’elle se calme. Charlus Potter était un stupide Gryffondor, se rappela-t-elle. Il n’avait sûrement qu’une parole. Il était encore fortement possible qu’il revienne demain. La raison pour laquelle il l’avait choisie elle lui effleura l’esprit. C’était vrai, cela, pourquoi avait-il arrêté son choix sur elle ? Elle ne savait pas d’où il la connaissait. Elle ne se souvenait pas lui avoir parlé depuis… depuis… son mal de crâne pointa à nouveau le bout de son nez, et elle soupira de rage. Il revenait toujours au pire moment !

Elle expira puis inspira à fond plusieurs fois jusqu’à retrouver l’esprit clair.

Où en était-elle ? Ah oui. Charlus Potter. Elle avait forcément été à Poudlard avec lui puisqu’il avait vingt-cinq ans, et elle vingt-trois, même si elle n’en avait aucun souvenir. Il était à Gryffondor, c’était pour cela. Elle avait fait en sorte de les éviter comme la peste. Bien trop indécents pour leur propre bien, les garçons de Gryffondor à Poudlard. Aujourd’hui, ce n’était plus pareil. Ils avaient tous un peu grandi, et puis ils n’étaient plus à Poudlard. Les Maisons avaient moins d’importance. Un peu moins. Allez essayer de négocier avec un Gryffondor, de vrais têtes de troll ceux-là.

Pour en revenir à Charlus (Elle pouvait l’appeler par son prénom maintenant qu’ils étaient… qu’ils seraient fiancés ? Sauf s’il avait pris son absence de réponse pour un refus…), elle avait aussi vu un match assez récemment où il avait attrapé le vif d’or presque sous son nez. C’était là qu’il avait dû la voir. Il n’y avait pas d’autre explication. Et puis il avait dû avoir un coup de foudre. Elle lui demanderait plus tard. Enfin, si elle osait. Mais cela faisait si longtemps qu’un homme ne lui avait pas fait la cour et qu’elle ait été intéressée aussi ! Elle se sentait toute chose rien qu’à l’idée de le revoir !

Et si ce n’était pas à ce match, alors il devait la connaître par amis ou par connaissances interposés. Elle était une Black après tout, tout le monde voulait s’associer aux Black. Oui, ce devait être cela. La renommée de sa famille avait dû le convaincre qu’elle serait une bonne épouse.

Nooon… C’était un Gryffondor et un Potter… Il était forcément comme tous ces peureux à ne pas comprendre que la Magie qu’ils appelaient Noire était seulement une magie très puissante. Elle allait devoir se cacher de lui pour en faire.

Par Merlin, elle parlait de lui comme s’ils étaient déjà fiancés ! S’il ne revenait pas le lendemain, elle en pleurerait toutes les larmes de son corps jusqu’à devenir sèche et vieille. Et puis elle en tiendrait son père pour responsable pour tout le reste de sa vie !

La porte de sa chambre s’ouvrit dans un grincement. Elle sauta à bas de son lit pour prendre une position plus décente si jamais sa mère entrait. Mais ce n’était que Lucretia, sa cousine de cinq ans sa cadette avec qui elle partageait tout, même sa chambre, sur qui elle se jeta aussitôt. 

« Lucretia, Lucretia, il faut que je partage avec toi le bonheur qui vient de me tomber dessus ! s’exclama-t-elle aussitôt en attirant sa cousine à elle pour l’asseoir sur leur lit. »

Dorea resta devant elle pour piétiner d’impatience.

« Dorea, que te prend-il ? s’étonna sa cousine. Je ne t’ai pas vue si enthousiaste depuis que j’ai reçu les résultats de mes ASPIC deux mois plus tôt.

— Demain dix heures, je serai fiancée, souffla Dorea en guettant l’expression de sa cousine. »

Ses grands yeux interdits menacèrent de la faire rire comme une idiote.

« Mais… Avec qui ? bafouilla Lucretia.

— Avec un homme dont tu as forcément déjà entendu parler, lui assura Dorea.

— Mais personne ne te courtise officiellement, réfuta Lucretia avec inquiétude. Je t’en prie, ne me dis pas que ton père te marie contre de l’argent.

— Quoi ? s’offusqua Dorea. Mais non, tu n’y es pas. C’est lui qui est venu trouver mon père ce matin pour lui demander ma main. Alors, cherche ! Un indice : il est beau comme un dieu, souffla Dorea en se sentant rougir.

— Attends, je ne comprends plus rien, la coupa Lucretia.

— Oh bougre de Pitiponk ! jura Dorea en levant les bras au ciel. »

Elle se laissa tomber sur leur lit, ferma les yeux, et s’imagina au bras de Charlus dans quelques mois pour leur mariage.

« Le grand Attrapeur du Club de Flaquemare et de l’équipe d’Angleterre vient de me demander en mariage. Je vais épouser un joueur de Quidditch, souffla-t-elle avec extase.

— PARDON ? hurla Lucretia. »

Dorea releva un coup d’œil étonné vers sa cousine.

« Qu’y a-t-il ?

— Mais… Tu ne le connais pas ! s’exclama Lucretia avec un mine si horrifiée que Dorea prit sur elle pour s’expliquer.

— Si, il s’appelle Charlus Potter, souffla-t-elle en savourant ce nom dans sa bouche. Dorea Potter, qu’est-ce que ça sonne bien, soupira-t-elle avec envie. »

La gifle que lui administra Lucretia lui fit perdre l’équilibre précaire qu’elle avait trouvé sur son bras.

« Mais qu’est-ce qui te prend ? s’étonna-t-elle en relevant la tête.

— Ne commence pas à fantasmer à nouveau sur les joueurs de Quidditch ! se mit à crier Lucretia avec hystérie. Tu… Tu ne le connais pas ! Lui il arrive, il te demande ta main et hop, tu dis oui ? Mais pour qui se prend-il ? Ce n’est pas parce qu’il est joueur de Quidditch que tout lui est dû…

— Un peu quand même, commenta Dorea à mi-voix.

— … et en particulier les femmes ! Tu ne le connais ni d’Ève, ni d’Adam ! Et ne me dis pas qu’il était avec toi à Poudlard, il y avait des centaines de personnes avec toi à Poudlard, et si tu te rappelle de dix personnes parmi celles-là, c’est le bout du monde ! continua Lucretia en faisant les cent pas devant elle.

— Lucretiaaa, la coupa Dorea en frottant distraitement sa joue. Un jour, je me marierai, je le sais, j’en ai envie parce que je veux des enfants, posa-t-elle d’abord. Je suis sortie il y a cinq ans de Poudlard, et pas un homme n’a accroché mon attention. Pas un digne de moi n’a tenté de me courtiser non plus. Je ne suis pas comme toi, je ne cherche pas le grand amour car il n’existe pas. Il n’existe pas, pour moi, d’accord. Je veux un mari dont le physique me plaît, qui ait un peu d’argent, un peu de conversation, et que je puisse respecter sans avoir besoin de me forcer. Si en plus il me laisse lire des grimoires de Défense, je suis heureuse. Si en plus il aime jouer au Quidditch, je m’extasie. Mais s’il est joueur de Quidditch professionnel, je suis comblée ! conclut-elle en s’étalant en étoile sur son lit. »

Le silence de Lucretia surprit plus encore Dorea que si sa cousine s’était remise à vociférer.

« Dorea, reprit Lucretia lorsqu’elle eut relevé la tête vers elle. Comment peux-tu savoir que sa qualité de joueur de Quidditch te donnera envie de le respecter toute une vie ?

— C’est mon rêve et mon fantasme d’adolescente d’épouser un joueur de Quidditch, confia-t-elle à sa cousine en se sentant à nouveau rougir.

— Tu parierais ta vie entière sur un fantasme ? s’exclama sa cousine.

— Il faut bien que je la parie sur quelque chose, et Charlus Potter semble prometteur, insista Dorea. Qu’est-ce que ce doit être de l’embrasser… rêva-t-elle. Oui, je pourrai… Je pourrai le laisser faire ce qu’il veut de moi. Il ne me dégoûtera jamais. »

Elle pensait à la nuit de noces et à ce que Sylvestra appelait avec amusement le devoir conjugal.

« En parlant de ça, tu sais bien que Sorcière Hebdo ne parle que de ses déboires amoureux et du tapage nocturne qu’il fait sur le chemin de Traverse avec son équipe lorsqu’il a bu ? lui rappela Lucretia l’air de rien et Dorea grimaça enfin.

— Certes.

— Il a dû en connaître un grand nombre, de filles.

— Cela ne me regarde pas, tenta de se convaincre Dorea.

— Et qu’il doit toujours connaître, appuya Lucretia.

— Lorsqu’il m’épousera, il me jurera fidélité, lui rappela Dorea.

— Tu sais bien que les hommes, comme les femmes d’ailleurs, n’ont que faire de ce serment, fit négligemment Lucretia. Oncle Arcturus…

— A une femme insupportable, rappela Dorea.

— Tu le défends toujours de toute façon, s’agaça Lucretia.

— C’est mon parrain, lui dit-elle avec défensive.

— Soit. Mais dans tous les cas, tu ne connais pas Charlus Potter. Imagine qu’il refuse que tu lises tes livres de Défense et de Magie Noire. Imagine qu’il soit tyrannique et qu’il refuse de te laisser sortir de chez lui sans t’accompagner ? Imagine qu’il n’ait aucune conversation ?

— Mais non, protesta faiblement Dorea en prenant peur.

— Tu n’en sais rien, martela Lucretia. Toi qui es si brillante pour monter des raisonnements ahurissants sur la magie, dès qu’on parle de joueurs de Quidditch tu deviens complètement idiote ! s’emporta Lucretia. »

La honte gonfla lentement dans son cœur jusqu’à ce qu’elle enfonce son visage dans ses mains pour en cacher les rougeurs.

« Mais il pourrait me plaire, bredouilla-t-elle au bout d’un silence interminable.

— Je n’ai pas dit le contraire, soupira Lucretia en retournant s’asseoir sur le lit. »

Dorea posa sa tête sur ses genoux, et Lucretia lui caressa les cheveux.

« Je dis juste qu’il ne faut pas que tu t’emportes comme cela, et que tu lui demandes plutôt de te courtiser publiquement pour que vous puissiez apprendre à vous connaître. Ou alors, demande-lui de longues fiançailles pour ce faire. Mais discutes-en bien avec lui auparavant. Nous sommes dans les années 40, on n’épouse plus un homme sans amour ni…

— Je t’ai déjà dit que l’amour dans le mariage n’existait pas, la coupa Dorea avec agacement.

— On n’épouse pas quelqu’un sans le connaître un minimum alors, s’agaça Lucretia à son tour. »

Dorea dut le reconnaître et hocha la tête en pinçant les lèvres. Elle lui demanderait de la courtiser, oui, ce serait une très bonne idée. Elle pourrait rapidement se faire une idée du personnage de toute façon.

Le son d’une démarche qu’elle connaissait bien la sortie de sa réflexion. Oh non, ne lui dites pas que…

Elle se leva de son lit en faisant signe à Lucretia de se taire et en évitant la latte de parquet grinçante. Elle appuya prudemment sur la poignée et pria pour que les gonds ne grincent pas. Par miracle, elle put sortir dans le couloir sans aucun bruit.

« Beurk… souffla-elle avec dégoût. »

Beurk, c’était Beurk, Theophilius, de son prénom. Corps squelettique, robe usée et démodée. Son maudit cousin ne pouvait s’empêcher de lui tourner autour comme le vautour qu’il était. Mais comme c’était le filleul de son père, qui l’adorait et chantait ses louanges constamment alors que ce n’était qu’un petit asticot répugnant, elle ne pouvait pas vraiment dire du mal de lui sans se prendre une soufflante de son père. 

Mais que faisait-il ici ? Il venait sûrement voir Cygnus Black, son père à elle et parrain de cet imbécile. Il avait deux ans de plus qu’elle, et il avait scellé son destin auprès d’elle dès qu’il était entré en cinquième année à Poudlard. Elle était, pour sa part, en troisième année à ce moment-là, et mis à part le fait qu’il avait sans cesse essayé de l’inviter à Pré-au-Lard cette année là, il avait fait perdre des dizaines de points à Serpentard parce qu’il se prenait constamment la baguette avec les Gryffondors et surtout, parce qu’il prenait les professeurs de haut et ne faisait pas un effort pour obtenir ses BUSEs, qu’il avait d’ailleurs bien manquées, tout à fait fier de reprendre la boutique de son paternel.

Elle fit signe à Lucretia de ne pas bouger et le suivit à pas de loup, curieuse de connaître la teneur de leur discussion. Il était déjà venu la veille, et avait parlé à son père toute l’après-midi. C’était étrange. Très étrange. Trop étrange.

Il était entré dans le bureau de son père après avoir frappé, et Dorea s’empressa de coller son oreille à la porte du bureau.

« Donc tu veux enfin épouser Dorea ? s’exclama la voix de son père. Eh bien il était temps que tu te décides, Theophilius ! Je ne sais plus ce que Dorea en dira à présent que Charlus Potter vient de partir avec la même attente… »

Pardon ? Theophilius était venu pour… Comment pouvait-il oser venir alors qu’il savait qu’elle le détestait et qu’elle préférait se parjurer avec le premier venu plutôt que de ne lui céder qu’un baiser ?

« Ne fais pas cette tête, reprit la voix moqueuse de son père. Si elle refuse la demande de Mr Potter, elle ne refusera pas la tienne, je peux te l’assurer. Elle est dans sa chambre, oui… Je te connais, tu peux aller frapper toi-même pour lui parler. Juste en face, la porte avec…

— Non, non, non, bafouilla-t-elle en voulant reculer. »

Ce rat d’égout ne méritait même pas de réponse tant il était…

La porte s’ouvrit violemment et elle sursauta en tombant nez à nez avec Face-de-rat. Son visage maigre aux yeux jaunes et remplis de mauvaises intentions lui parvint avec tant de dégoût qu’elle cru qu’elle allait vomir tripe et boyaux.

« Tiens, Dorea ! Comme je suis content de te voir ! siffla-t-il en essayant de s’emparer de sa main pour l’embrasser mais elle l’évita habilement. Ton père m’a justement dit que tu réfléchissais à la demande en mariage de Potter ! dit-il avec un sourire carnassier. Tu as enfin réalisé que ce n’était qu’un sale petit... »

D’abord, il la dégoûtait. Ensuite, à cet instant, il l’effrayait. Ses yeux injectés de sang et son visage blafard à rendre jaloux un mort lui donnaient envie de crier au Diable. Enfin, elle avait Charlus Potter qui lui avait fait une demande qui n’attendait qu’un oui pour être officielle. Même si elle ne le connaissait pas du tout, Lucretia avait raison sur ce point, elle savait qu’elle pourrait au moins le regarder avec autre chose que du dégoût et se sentir fière d’être sa femme. Oui mais si…

Les yeux de Beurk la fixaient toujours avec une rage démente et elle crut même le voir saliver de rage lorsqu’il resserra sa prise sur son poignet qu’elle ne parvint pas à éviter.

« Et je vais accepter sa demande, bafouilla-t-elle en tirant sur son bras. »

Bon sang, mais pourquoi avait-elle dit ça ? Elle avait promis à Lucretia qu’elle discuterait d’abord avec lui pour lui demander les raisons de ce choix, et même lui demander de lui faire une cour en bonne et due forme. Ou au moins lui demander des fiançailles assez longues pour pouvoir apprendre à le connaître. Et voilà que ce puant de Beurk arrivait, souhaitait mettre la main sur elle, la mettait littéralement puisqu’elle sentait des fourmis envahir la main dont il serrait le poignet si fort qu’elle craignait de voir un hématome y apparaître, et que pour la première fois, elle prenait peur devant lui.

« Ah Dorea ! s’exclama son père apparemment ravi. Enfin ! Mais tu sais que Theophilius, ajouta-t-il avec cérémonie, héritera de la boutique de magie Noire de son père. Toi qui aimes tant les Arts Noirs, tu devrais y réfléch... 

— Non, non. Ce n’est pas la peine. Je vais épouser Charlus Potter. »

Mais que lui prenait-il ? Sûr qu’elle voulait qu’il parte au plus vite ! Mais elle ne voulait pas épouser un inconnu ! Quoique, si elle refusait la demande de Charlus, même si c’était pour l’accepter plus tard, elle n’était pas sûre que son père la laisse faire. Il accepterait pour elle celle de Beurk, et comme il était son filleul adoré, il refuserait obstinément qu’elle rompe ses fiançailles et mette son cousin dans une position désobligeante. Autant dire que le choix était vite fait.

« Très bien. Très bien, répéta son père avec crispation. » 

Et c’est ainsi que Beurk s’en alla à son plus grand soulagement. On voyait bien à sa démarche qu’il était furieux, même s’il essayait de le cacher. Le dernier regard qu’il lui lança lui fit froid dans le dos mais elle se rassura rapidement en se sentant définitivement libérée de lui.

Puis elle se rappela qu’elle ne connaissait pas Charlus Potter et retourna dans sa chambre comme un automate. Le regard curieux de Lucretia lui serra la gorge. Elle se prit la tête entre les mains en bredouillant à Lucretia ce qu’elle avait fait. Sa petite cousine, pour une fois, n’osa pas lui poser de questions : par sa bêtise, en une poignée de minutes, son avenir avait été décidé.

À force de regarder dans le vide, sous les caresses que sa cousine appliquait doucement à ses cheveux, elle oublia la situation et s’endormit.

.

« Dorea ! Lucretia ! Réveillez-vous, nom de nom ! C’est l’heure du dîner ! s’exclamait sa sœur, Cassiopeia en les secouant sans ménagement. »

Dorea se redressa brusquement en ouvrant violemment les yeux. Elle les frotta avec ses poings en baillant.

« Bon sang, ne te frotte pas les yeux comme une enfant, Dorea ! la rabroua sa sœur. Maman chante sans cesse tes louanges, mais tu n’as aucune tenue ! Ce n’est pas étonnant que tu fasses fuir tous les prétendants ! piqua sa sœur en la tirant du lit pour remettre sa tenue en ordre.

— Ce n’est pas toi qui…

— Moi, je veux garder le nom de Black, c’est tout à fait différent ! la coupa méchamment sa sœur. Je travaille au ministère aux côtés de Regulus. Je ne suis pas comme toi à rêver d’un mari riche et mondain et à soupirer comme une fille en mal d’amour.

— Cass’, calme-toi, bredouilla Lucretia en les poussant vers les escaliers.

— Oh toi, Lucretia, tu es pareille, même pire ! Walburga m’a raconté quelles personnes tu fréquentais à Poudlard, et ce n’est pas beau à entendre ! Je me ferais toute petite quelques temps si j’étais toi à moins que tu ne veuilles que ton père l’apprenne ! »

Dorea regarda Lucretia serrer les poings. Elle savait que Lucretia était comme elle, et reconnaissait parfois le mérite de certains sorciers au sang un peu moins pur que le leur, sans pour autant en faire ses amis et ou les inclure dans sa famille. Mais Cassiopeia ne pouvait pas comprendre. Elle n’aimait pas autant étudier les secrets de la magie que Lucretia et elle.

Dorea et Lucretia se glissèrent à leur place le plus discrètement possible. Dorea fit abstraction du rire méprisant de Tante Lysandra, qui la détestait cordialement, et du froncement de sourcil contrarié de sa mère. Elle se contenta de se servir des légumes qui étaient dans le plat le plus proche d’elle et de manger en silence, essayant de se faire oublier. Elle aurait dû se douter que son père ne manquerait pas cette belle occasion de la mettre à l’avant de la scène, de la faire briller. Elle le guettait du coin de l’œil depuis le début du repas. Il souriait bien plus que de coutume et la regardait avec une connivence qui la faisait se tortiller sur sa chaise avec malaise. Ses fiançailles n’étaient encore en rien actées, signées ou même conclues. Elle lui fit un léger signe de tête négatif et craintif, mais ceci ne servit qu’à faire se gonfler un peu plus d’orgueil son père.

« Dorea aimerait prendre la parole pour vous annoncer une excellente nouvelle, fit-il avec une fierté perceptible.

— Père, rien n’est encore certain, souffla-t-elle assez fort pour qu’il l’entende à l’autre bout de la table. »

Elle chercha le regard de sa mère qui était seulement intrigué. Celui de Lucretia était fuyant, mais elle glissa sa main dans la sienne.

« Nous sommes en famille, Dorea, il n’y a rien à craindre, insista son père avec son regard aussi gris pâle que le sien.

— Oncle Arcturus dit toujours qu’il ne faut pas vendre la peau de l’hippogriffe avant de l’avoir tué, fit-elle avec un peu plus d’assurance en cherchant le regard de son oncle. »

Il était étonnement attentif, par rapport à son air absent habituel. Il la fixa avec une impassibilité inhabituelle et inquiétante.

« Dorea, tu n’en as même pas averti ta mère, puisque tu t’es endormie comme une enfant, fit son père avec une voix chargée de menace. Annonce enfin à ta famille la bonne nouvelle, lui ordonna-t-il. »

Elle avala difficilement sa salive. Et si Charlus Potter ne revenait pas demain ? Et si… Elle ne parvint plus à soutenir le regard de son père.

« Charlus Potter m’a demandée en mariage, souffla-t-elle en sentant son cœur faire un bon malgré elle.

— Et elle a accepté, précisa Cygnus Black avec une satisfaction perceptible.

— Toutes mes félicitations, Dorea ! s’empressa de la féliciter sa mère en joignant ses mains devant elle.

— Il doit revenir demain pour que je lui donne ma réponse, s’empressa-t-elle de préciser pour ne pas paraître présomptueuse s’il ne revenait pas parce que son père avait tout fait capoter. Et j’espère qu’il reviendra demain, puisque vous ne m’avez pas permis de lui donner immédiatement une réponse positive, Père, ne put-elle s’empêcher de rapporter avec rancœur à son père malgré elle. »

Lucretia lui administra une petite tape sur la cuisse pour lui rappeler leur discussion à ce sujet, et elle s’empressa de nuancer son propos.

« Mais c’est pour le mieux, il ne faut pas qu’il pense que je lui suis d’ores et déjà dévouée, insista-t-elle.

— Tu as tout à fait compris, Dorea, reprit Cygnus Black avec un regard perçant. Les Potter sont de nature inconstante, je ne pouvais pas te céder à lui sans le faire patienter au moins une nuit.

— Ce sont surtout de stupides Gryffondors aussi têtus que des ânes, critiqua d’emblée Tante Lysandra. »

Vipère, pensa Dorea en lui offrant un immense sourire de façade. Comment son adorable Oncle Arcturus avait-il pu se lier par le mariage avec une femme pareille ?

« Au moins ce n’est pas un Weasley, Lysandra, attaqua sa mère en volant à sa rescousse.

— Qu’insinues-tu, Violetta ? siffla littéralement sa tante entre ses dents. »

Là, ce n’était pas bon. Dorea sentait la querelle de famille approcher à vitesse balai de course. Lucretia se pencha à son oreille.

« Ils vont encore parler de Cedrella et de son Weasley ! Ce n’est pas permis de le rappeler sans cesse alors qu’on fait tout pour qu’elle soit oubliée ! 

— Ce n’est pas ma fille ! Elle ne l’a jamais été ! éructait Lysandra.

— Gryffondor ou Poufsouffle : peu importe. Mes enfants à moi n’épousent pas de Traître-à-leur-Sang, eux ! chargeait à son tour Cygnus Black.

— Mr Cygnus Black est le parfait sorcier ! Mais Mr Cygnus Black a fait un fils Cracmol à son épouse ! contrattaquait Lysandra, faisant grimacer Dorea.

— Ce n’est pas mon fils ! Il ne l’a jamais été ! hurlait Cygnus.

— Donc tu insinues que ta femme est allée fricoter ailleurs ? disait-elle avec un sourire carnassier. »

Violetta dégainait sa baguette pour la pointer sur sa belle-sœur.

« Tu vas trop loin, Lysandra ! s’écriait à son tour Violetta. Ce n’est pas parce que tu as honte de la trahison de ta fille que tu dois dire de pareilles ignominies ! 

— Violetta, range ta baguette, sifflait son mari. 

— J’en ai assez qu’elle parle tout le temps de… cela ! explosait sa mère. Ce n’est pas une femme qui n’a donné que trois filles à son mari qui critiquera mon intégrité ! Au moins, moi, je t’ai offert Pollux, un fils ! Personne ne me dira que je ne suis pas une épouse exemplaire ! »

Personne n’osa en effet rien ajouter à cela. Dorea soupçonnait son Oncle Arcturus d’avoir soumis sa femme à un sortilège de Mutisme au vu du regard chargé de haine que sa tante lançait à son mari mais ne commenta pas.

« Je vous souhaite toutes mes félicitations par avance, Dorea, reprit posément son Oncle Sirius. Ce sera un très beau mariage.

— Je me joins à ton oncle mon époux pour vous souhaiter tous mes vœux de bonheur, continua sa Tante Hesper avec un sourire sincère.

— Moi de même, ma chère sœur, marmonna Cassiopeia en détournant le regard.

— J’espère que tu as songé à la vie qu’est celle d’une épouse de joueur de Quidditch national, rappela son frère Pollux avec inquiétude.

— Je suis toute disposée à m’y plier, s’empressa de répondre Dorea en se sentant rougir. »

La nouvelle claque que Lucretia lui administra sur la cuisse manqua de la faire crier.

« Alors je vous félicite, et Irma aussi, reprit son frère avec un sourire bienveillant.

— Un Potter, vraiment ? fit son cousin Arcturus.

— Il m’a semblé que ce ne pouvait qu’assurer à notre famille une meilleure position au ministère, intervint Cygnus avec importance.

— Ils sont incorruptibles, rappela d’un ton froid son oncle Arcturus.

— Tout un chacun est corruptible, fit son cousin Arcturus sans perdre son inquiétude. Surtout le vieux Priscus Potter. Non, ce qui m’inquiète, ce sont leurs fréquentations.

— Leurs fréquentations ? s’étonna Cygnus.

— Enfin, mon Oncle, reprit son cousin Arcturus, Darius Potter, le frère de Charlus, est lié d’amitié avec ce Sang-de-Bourbe du Magenmagot, Trincket !

— Dorea est fiancée…

— … sera… rappela Dorea dans un souffle.

— … à Charlus Potter, non à son frère ! Il m’a semblé très fier de son sang pur et prêt à défendre nos valeurs ! protesta son père en tapant du poing sur la table.

— Dites-nous à quel montant vous avez poussé la dot de Dorea, demanda son cousin Regulus avec un sourire mesquin.

— Je n’y ai pas touché, assura son père pendant que Dorea retenait son souffle.

— Vous avez refusé de l’augmenter de combien ? insista son cousin Arcturus.

— Arcturus, souffla son épouse, Melania. On ne demande pas ces choses-là.

— Ton épouse a raison, Arcturus, on ne parle pas de ceci devant les femmes. Mais je vais tout de même t’assurer qu’il ne m’en a même pas touché un mot, fit Cygnus avec satisfaction.

— Que t’a-t-il demandé alors ? Protection contre Grindelwald ? demanda son oncle Arcturus avec ce ton froid inhabituel.

— Il le fera sûrement, et je suis tout disposé à la lui accorder, en convint Cygnus en découvrant ses dents dans ce sourire qui faisait toujours froid dans le dos à Dorea car annonciateur des décisions drastiques. Sirius, mon frère, pouvons-nous continuer cette discussion au salon avec un verre de Whiskey-Pur-Feu et des cigares, je te prie ? Dorea n’a pas besoin d’entendre ces détails.

— Soit, accepta son Oncle Sirius, le patriarche de la Noble et Très Ancienne Maison des Black. Je vous souhaite une agréable soirée, mesdames. »

Dorea suivit le mouvement et se leva en même temps que les membres de sa famille. Elle suivit les autres femmes dans le salon d’hiver où elles s’installèrent confortablement pour discuter. Sa mère s’empressa de prendre la place à côté d’elle et de prendre ses mains dans les siennes.

« C’est fabuleux, ma chère petite fille, lui dit-elle d’emblée avec des larmes de joie dans ses yeux verts. Lorsque je l’ai conduit au bureau de ton père, Mr Potter semblait te chercher dans chaque recoin de la maison. Tu aurais dû me prévenir qu’il te faisait la cour, j’aurais fait en sorte de l’inviter à se joindre à nous pour dîner plus tôt. Ou bien j’aurais fait en sorte que la Guérisseur Annabella Potter, sa mère, nous invite à prendre le thé. Quand a-t-il commencé sa cour ? Et dire que je ne l’ai même pas remarqué alors que je veille sans interruption sur toi ! se réjouit sa mère.

— Je… Je ne me souviens pas, mentit-elle à moitié déboussolée.

— Depuis si longtemps ? s’étonna sa mère. Seigneur, tu aurais dû le hâter dans ce cas, la rabroua gentiment sa mère.

— Non, non ce n’est pas ça… »

c’est juste que je n’en sais rien, voulut-elle dire mais sa mère, comme son père plus tôt dans la journée, la coupa.

« Oh mais je sais ! C’est à ce match, au début du mois de juillet, auquel Cygnus nous a emmenées ! C’était bien lui qui jouait dans l’équipe de Flaquemare contre celle des Frelons, c’est cela ? lui demanda sa mère.

— C’est cela, oui, il est Attrapeur du Club de Flaquemare et de l’équipe d’Angleterre, dit Dorea parce qu’elle ne voyait aucune autre occasion de donner un sens à cette demande et que sa mère commençait à la mettre mal à l’aise. »

Enfin je pense qu’il m’a vue là-bas, voulut-elle nuancer mais sa mère reprit la parole.

« Il t’aura vue là-bas lorsqu’il a attrapé le Vif d’or, c’est sûr, il l’a attrapé devant nous. Et puis il y a eu le pot après le match, avec les joueurs et les VIP, parmi lesquels nous étions. Tu as discuté avec lui ce soir-là ? insista sa mère. »

Pourtant, cela ne disait rien à Dorea. Peut-être que…

Sa tête lui fit mal à nouveau et elle se retint de grimacer. À la place, elle se frotta distraitement la tempe et prit de profondes inspirations.

« Je ne crois pas, dit-elle à la place.

— Alors il t’a vu, et ton charme a fait le reste, c’est évident, lui assura sa mère. Il a dû te revoir il y a deux semaines au mariage d’Aristote Parkinson, le meilleur ami de ton frère. Il me semble que la Guérisseur Potter vient de la famille Fortescue. Elle est sûrement la tante d’Ambuela qu’a épousée Aristote, donc Charlus Potter était forcément là.

— Oui, je l’y ai vu, commenta mollement Cassiopeia en passant son doigt sur les étagères. L’elfe a encore oublié de faire la poussière dans cette pièce, c’est un incapable, s’agaça-t-elle en regardant son doigt noirci de poussière. Il me semble même t’avoir vue danser avec lui. »

Dorea fronça les sourcils pour essayer de s’en souvenir, mais seul le regard imbécile de Dardus Chotter lui revint en mémoire avant que son mal de crâne ne reprenne avec violence et elle fut obligée de fermer les yeux et d’appuyer ses paumes sur ses yeux.

« Dorea ? s’inquiéta sa mère.

— Un moment, s’il te plaît, la pria-t-elle en soufflant tout l’air de ses poumons.

— C’est encore ce mal de crâne ? s’inquiéta sa Tante Hesper qui avait été Guérisseuse. Laisse-moi t’examiner. »

Dorea secoua la tête.

« Ce n’est rien, souffla-t-elle en ouvrant les yeux. Trop d’émotion, c’est tout, en convint-elle en souriant difficilement.

— Tu vas aller te coucher alors, lui indiqua sa mère en se levant. Demain, tu mettras ta belle robe vert émeraude…

— La bleu roi plutôt, préféra Dorea, c’est la couleur du Club de Flaquemare, expliqua-t-elle en rougissant sous le regard excédé de Lucretia.

— Oh oui, bien sûr, heureusement que tu t’en es souvenue ! Quel impair ç’aurait été ! Lucretia, veille à ce qu’elle dorme tout de suite, s’il te plaît. Il faut qu’elle soit la plus fraîche possible demain, insista Violetta Black avec sérieux. Je viens vérifier que vous dormez bien dans une demi-heure. »

Lucretia lui attrapa le bras et la tira sans ménagement jusqu’à leur chambre. Elle claqua la porte derrière elle et Dorea eut la mauvaise idée de rougir un peu plus et de ne pas réussir à se retenir de sourire.

« DOREA MILLICENT BLACK ! s’écria Lucretia ce qui la fit sursauter. Arrête de rougir comme une adolescente ! Qu’est-ce que je t’ai dit tout à l’heure ?

— Mais…

— Il ne peut pas mettre la main sur toi comme ça ! rétorqua Lucretia. »

Dorea la regarda sortir un Sorcière Hebdo de sa table de nuit, et l’ouvrir sur un article dédié à Charlus. Lucretia ne se contenta pas du coup d’œil que Dorea y jeta, et se mit à le lire à voix haute.

« Charlus Potter, le grand Attrapeur de l’équipe de Flaquemare a été arrêté hier soir, c’est le Sorcière Hebdo de la première semaine de juillet, sur le Chemin de Traverse, après le match qu’il a fait gagner à son équipe, pour état d’ivresse sur la voie publique. Mais paraît-il qu’il n’était pas seul. La Brigade Magique a fermé les yeux sur la position embarrassante dans laquelle l’Attrapeur a été trouvé. Apparemment, il était occupé avec l’une des… employées de la Cave du Détraqueur entre deux maisons de l’Allée des Embrumes. Il te faut plus de détails ? Comment peux-tu te réjouir…

— Ce ne sont que des élucubrations ! le défendit Dorea. Il a été arrêté pour état d’ivresse sur la voie publique, c’est tout ! C’est un joueur de Quidditch, c’est normal…

— Normal ? NORMAL ? Est-ce que ça te plaira que ton mari passe ses soirées post-match à la Cave du Détraqueur ? Un tripot ? Mais qu’est-ce qui t’arrive ! Je ne te reconnais plus ! »

Dorea secoua la tête et tourna le dos à Lucretia. Elle ne dit rien pendant le temps qui lui fut nécessaire pour se mettre en robe de chambre et se glisser de son côté du lit. Lucretia soupira rageusement avant de l’imiter. Lorsque la lumière fut éteinte, Dorea se tourna vers sa cousine pour lui livrer ses pires pensées.

« Il faut que je me réjouisse parce que je ne peux pas faire demi-tour, commença Dorea à voix basse. Si je n’épouse pas Charlus Potter, mon père me fiancera à Theophilius Beurk. Et je préfère épouser n’importe qui plutôt que Beurk.

— Dorea, soupira Lucretia, si tu parles à ton père…

— Tu ne connais pas mon père, Lulu, souffla-t-elle. Ma dot… Il a divisé le montant de ma dot par deux lorsque je suis sortie de Poudlard, et encore par deux le mois dernier parce que ses finances ne sont pas au beau fixe, rappela-t-elle avec inquiétude. Il me l’a dit comme si ce n’était pas grave pour mon avenir, mais c’est grave, Lucretia. Il a refusé que je tente le concours pour entrer au Service des Langues de Plomb lorsque je suis sortie de Poudlard, et il n’y a que cela que j’aurais pu faire et qui m’aurait permis d’augmenter le montant de ma dot et peut-être même de consacrer ma vie à faire des recherches sans avoir besoin de l’argent d’un époux pour vivre. Je veux faire des recherches et je veux des enfants, Lucretia. Mais surtout, je ne veux pas épouser Beurk. Alors je vais faire en sorte que Charlus Potter soit le mari qui me convienne même si tu crains qu’il fasse de ma vie un enfer, d’accord ? »

Elle vit les sourcils de Lucretia se froncer dans la semi-obscurité de la nuit.

« Là, je te reconnais mieux, souffla Lucretia en retour. Enfin tu penses avec ta tête sans te laisser obnubiler par le Quidditch.

— Oh le Quidditch m’est un peu égal. Ce sont les joueurs qui me grisent, souffla Dorea en pouffant comme une idiote.

— Dorea, la rabroua à mi-voix Lucretia.

— C’est bon, j’arrête d’essayer d’être légère. Il n’empêche que si ce matin on m’avait dit que j’épouserai… Que j’avais l’espoir de me fiancer avec un joueur de Quidditch, j’aurais ri aux éclats, confia-t-elle en riant.

— Tu as ri aux éclats, rappela Lucretia.

— Certes, en convint Dorea. »

La porte de leur chambre s’ouvrit, alors elles firent semblant de dormir.

« Bonne nuit, ma Dorea, souffla la voix de sa mère. »

Dorea sourit au vide lorsque la porte se referma derrière sa mère.

« Je m’inquiète pour toi tout de même, reprit Lucretia.

— À quel propos ? demanda patiemment Dorea.

— Tu as toujours fantasmé sur les joueurs de Quidditch, d’accord, mais tu n’as jamais vécu leur vie.

— C’est-à-dire ? demanda Dorea en fronçant les sourcils.

— Alcool, filles, voyages… Tu n’es pas ce genre de personne, Dorea.

— Ils ne sont pas tous ainsi, tenta de se rassurer Dorea. Il a tellement de charisme et sa voix est si agréable : c’est forcément une personne intéressante. Il me plaît, je te dis, et un idiot ne me plairait pas.

— Tu veux que je te relise l’article de Sorcière Hebdo ? renchérit Lucretia. Et puis, je doute qu’il ait beaucoup de neurones encore valides.

— Il est Attrapeur, pas Batteur ou Poursuiveur, rappela Dorea.

— Eh bien j’attends de te voir en grande discussion métaphysique avec lui, se moqua Lucretia.

— Tu crois qu’il est stupide ? s’inquiéta vraiment Dorea pour la première fois. Pourtant, il est si élégant et si distingué !

— Je n’en sais rien, je croyais que tu avais dansé avec lui, se moqua Lucretia.

— Je ne m’en souviens pas, donc Cassiopeia a dû se tromper, imagina Dorea. »

Elle laissa un petit silence passer avant de penser à autre chose et de soupirer d’impuissance.

« J’ai été tellement stupéfaite de le voir dans le bureau de mon père et de sa demande, que je n’ai même pas réussi à lui adresser un mot, Lulu.

— Tu es sûre que tu n’étais pas muette d’admiration et de contemplation devant lui ? se moqua Lucretia. »

Dorea enfouit son nez dans son oreiller pour étouffer un cri de rage contre elle-même qui fit bien rire Lucretia.

« Je crois que je ne saurais pas quoi faire d’autre que bredouiller devant lui tant il m’impressionne, avoua-t-elle. »

Lucretia se mit à rire compulsivement sous les menaces et les cris outrés de Dorea. Elles se calmèrent aussitôt lorsque la porte de leur chambre s’ouvrit. Le sortilège de Mutisme qui les frappa les obligea à cesser leur discussion et bon gré, mal gré, elles se résolurent à s’endormir.

.

.

Arcturus Black n’avait jamais passé une aussi mauvaise journée. Et pourtant, sa vie était loin d’être un long fleuve tranquille. L’élément auquel il pensait actuellement était sa double vie qui durait depuis vingt-cinq ans. Enfin, double vie, c’était un bien grand mot. Disons qu’il y avait une sorcière qu’il aimait plus que tout depuis vingt-cinq ans, mais que ce n’était pas son épouse.

Mais elle portait son nom, puisque c’était l’épouse de son frère.

Sa douce Violetta.

Sa douce Violetta que son frère traitait comme une vulgaire Sang-de-Bourbe lorsqu’il l’assommait à coups de sortilèges. Sa douce Violetta qui craignait Cygnus et ce qu’il pourrait leur faire. Sa douce Violetta qui ne croyait plus à l’amour lorsqu’il avait compris quelle force et quelle grandeur elle couvait en elle, à supporter un mari pareil pour protéger ses enfants. Sa douce Violetta qu’il avait aussitôt aimée comme aucune autre avant elle vingt-cinq ans plus tôt.

Sa douce Violetta qui croyait si peu en l’amour dans le mariage qu’elle lui avait fait jeter un sortilège de confusion à Cygnus pour qu’il accepte de laisser Dorea se marier avec Potter et non avec Theophilius. Sa douce Violetta qui était persuadée que leur Dorea, leur cadeau de la magie, leur cadeau d’amour, serait protégée pour toujours de Cygnus et de la Magie Noire si elle épousait un Potter.

Comment avait-il pu faire fi de l’opinion de sa fille adorée qu’il ne pouvait pas appeler autrement que « ma petite » sans éveiller les soupçons ? Comment avait-il pu négliger ses sentiments au profit de l’opinion de l’amour de sa vie ? 

Sa douce Violetta. Sa petite Dorea.

 

Note de fin de chapitre :

(J'attends toutes vos remarques avec impatience ! ! Bon courage pour le confinement et à très vite !)

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