Première année
La petite rousse regardait une fille avec de longs cheveux châtains, qui s'affolait partout dans le couloir du Poudlard express. Elle avait abandonné son cousin Albus dans leur compartiment, pour aller faire un tour. Elle pencha la tête sur le côté, un peu timide, n'osant trop s'approcher. Dès qu'un adolescent traversait le couloir, l’autre fille se collait aux vitres du train pour le laisser passer, devenait immobile, pour s'agiter de nouveau, tout de suite après. Elle murmurait des choses incompréhensibles. Elle était paniquée et ses cheveux s'étaient emmêlés dans les fils de son ipod qui diffusaient toujours de la musique. "Dancing Queen" ABBA... Rose adorait cette chanson ! Elle s'avança finalement, constatant avec un pincement au cœur que la fille était au bord des larmes.
- Est-ce que tu as besoin d'aide ? Murmura-t-elle.
La fille leva précipitamment la tête et ses cheveux couvrirent l'intégralité de son visage. Elle les dégagea, dévoilant ses joues rouges de honte.
- Désolé, bredouilla-t-elle.
- Pourquoi tu t'excuses ? s'étonna Rose.
- Je ne sais pas, bafouilla son interlocutrice.
- Tu as perdu quelque chose ?
- Ma baguette, répondit-elle penaude.
Rose fouilla le couloir des yeux :
- Je vais t'aider à la retrouver !
Elle hocha la tête, sans savoir quoi dire. Elles discutèrent un moment, en continuant de chercher. La brune s'appelait Allénore. Rose se doutait qu'elle était une née-moldue : peu de sorciers possédaient des ipods, même si on avait trouvé une solution pour que ce type d'appareils ne se détériore pas au contact de la magie… La fille avait un petit accent français, des tâches brunes sur le nez et les joues. Elle ouvrait grand les yeux comme si elle découvrait pour la première fois le monde qui l'entourait. Mais plus encore, elle ne connaissait pas encore le nom de Weasley. Rose n'était la fille de personne, la filleule de personne, la nièce de personne, la cousine de personne.
- Comment je vais faire sans baguette ? s'alarma la brune.
- On va la retrouver ! continuait de répéter Rose.
- Je ne connais personne ici et je commence mal. Une sorcière sans baguette ? Tout le monde va se moquer de moi !
- L'un des amis d'enfance de ma mère et de mon père avait perdu son crapaud … Tout n'est pas perdu !
Elles s'esclaffèrent à moitié.
- Comment ça va se passer ? demanda la brune.
- De quoi ?
- Poudlard. Est-ce que ça fait peur ? Bredouilla-t-elle.
Rose secoua la tête. Et elle ressentit ce besoin de l'aider, de la guider et plus encore, de la rassurer. C'était peut-être un peu débile, étrange, mais elle imaginait, voyait sa propre mère en cette fille. Même si sa mère avait lu « L'Histoire de la Magie », elle s'était peut-être posée ce genre de questions, avait eu les mêmes angoisses... Pour les nés-moldus, ce pouvait être effrayant. Ils découvraient tout un autre monde… Rose avait grandi dans l'entre-deux. Elle aimait la technologie moldue, la magie. Même si elle baignait constamment dans cette dernière, elle n'en rejetait pas moins l'autre. Sa mère avait veillé à ce que Rose grandisse avec les contes, les films, les dessins-animés et les musiques moldus. Mais malgré tout, Rose se sentait à l'écart de cette culture, toujours en retard, un peu déphasée. Pour Allénore, tout était nouveau. Rose venait de trouver quelqu'un avec qui échanger, quelqu'un qui pourrait peut-être la comprendre.
- Non. C'est beau Poudlard, affirma finalement Rose.
- Comment est-ce qu'ils nous répartissent ? Est-ce qu'il y a vraiment un calamar géant dans le lac ? Est-ce qu'ils nous demandent pour de vrai de vaincre un troll ?
Rose éclata franchement de rire face au débit de parole impressionnant d’Allénore.
- Je suis en première année moi aussi. Je ne sais pas tout, mais on peut rester ensemble ! Je t'apprendrai tous ce qui ne se trouve pas dans les livres sur le monde sorcier.
- Tu ferais ça ?! s'émerveilla Allénore. Mais je n'ai pas grand-chose à t'offrir en échange.
- Bien sûr que si ! Tu me prêteras ton iPod pour que je puisse écouter moi aussi du ABBA ! proposa Rose. Papa ne veut pas quand j'en ai un. II pense que c'est mauvais pour le cerveau.
Allénore se mît à rougir :
-Tu sais, j'ai des musiques bien plus récentes.
-Tu me les feras partager ? demanda Rose, les yeux agrandis.
Allénore dégagea ses cheveux et se mît à sourire en tendant à Rose l'un de ses écouteurs :
- C'est un échange qui me parait équitable !
Un peu d'aide contre un peu de musique… Elles finirent par trouver la baguette perdue, qui avait été ramassé par un préfet de Serpentard. Ce soir-là, Allénore fût répartie à Serdaigle. Quand vint le tour de Rose, le choixpeau hésita. Personne ne sût pourquoi, ni sur quelles maisons avait hésité le choixpeau. Mais après quelques minutes, Rose rejoignit Allénore à la table des bleus et bronzes, un sourire sur le visage. En fait, Allénore et Rose apprirent avec le temps que l'amitié n'exigeait aucun échange, et qu'aide ou non, musique ou silence, elles seraient toujours présentes l'une pour l'autre.