PROLOGUE
« Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore... et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit... Celui qui détient le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres sera né lorsque mourra le septième mois... »
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Il y avait dans l’air du matin une douce odeur de pin. La rosée ne s’était pas encore évaporée, et les voitures reluisaient sous le soleil levant. Le silence était total dans la rue, et était à peine troublé par le grésillement des lampadaires. Deux tourterelles se serraient sur une ligne téléphonique, un chat passait silencieusement entre les voitures, et disparaissait derrière la porte d’un jardin. Le facteur était déjà passé, le laitier passerait dans quelque temps, mais pour l’instant, il n’y avait pas l’ombre d’un mouvement dans la rue.
Le vent soufflait doucement dans les feuilles des arbres qui longeaient le trottoir, et glissait doucement sur les murs des maisons, sur les escaliers, sur les porches, sur les fenêtres.
Il y avait cette maison, au bout de la rue, avec une boite aux lettres blanche. Cette maison jouxtait un parc de jeux, où les tourniquets ne tournaient plus. Cette maison était en briques rouges, et elle avait une boite aux lettres blanche. L’allée aboutissait sur trois marches blanches, elles aussi, qu’il fallait grimper pour arriver à la porte d’entrée blanche. De part et d’autre de l’allée, des chemins herbeux menaient au jardin derrière cette maison de briques rouges. Cette maison avait de grandes fenêtres, qui depuis le jardin donnaient accès à la bibliothèque, et à une chambre.
Dans ce jardin, quelques jouets étaient éparpillés dans le gazon, laissés comme reliques d’un amusement passé.
Le vent glissait doucement sur les parois de bois qui encerclaient le jardin, sur l’herbe, sur les jouets, sur les murs et sur les fenêtres. Le vent se glissait aussi entre les éclats de verre qui étaient toujours suspendus au cadre de cette fenêtre. Il se glissait dans cette chambre, glissait contre les murs, contre les meubles, contre le lit et le tapis couverts de sang.