Mes pas sont aussi légers qu’une plume et je me glisse vers le dortoir des garçons comme une ombre parmi la nuit. Invisible. Mes chaussettes glissent sur les pierres sans émettre le moindre son. Ma respiration est à peine audible car mes poumons ne laissent passer qu’un fin filet d’air. Il n’y a que mon cœur qui est prêt à me trahir. Il cogne si fort contre ma cage thoracique que je sens le tambour qu’il fait résonner à mes oreilles. Dans le silence de la nuit, il me semble être l’écho d’une fanfare sonnant mon arrivée.
La porte de la chambre cinq est fermée et mon souffle disparaît lorsque la main la pousse en douceur. Le bois ne craque pas. Depuis quelques semaines, nous avons tout fait pour limiter les bruits qui auraient pu trahir ma présence. Je me glisse dans le dortoir endormi et referme aussitôt la porte derrière moi pour empêcher le moindre rayon de lumière de réveiller les dormeurs. Mon cœur ralentit automatiquement sa course alors que mes oreilles se tendent, attentives au moindre bruit qui m’aurait poussé à fuir.
Mais comme tous les jeudis soir, il n’y a rien.
Alors je m’élance. Mes pas glissent sur le parquet que je sais dégager et je me dirige droit vers les rideaux fermés du lit le plus proche de la fenêtre. Ceux-ci s’écartent à mon arrivée et un bras en jaillit pour m’accueillir.
L’étreinte est chaude et si bienfaitrice que je sens tous mes sens s’éveiller. Mon corps s’étend sous les couvertures pour retrouver celui ferme et si fort de mon amant. Sa respiration saccadée effleure mon visage et je sens qu’il m’attendait. Un sourire fleurit sur mes lèvres mais je sais qu’il ne peut me voir. Les rideaux se sont totalement refermés derrière moi, nous engloutissant dans cette bulle isolée.
Ses mains cherchent le haut de mon pyjama qu’il fait glisser avec empressement par-dessus ma tête avant de s’attaquer à mon pantalon. Je me retrouve si rapidement nue que je ne le remarque que lorsqu’il pose ses lèvres brûlantes de désir sur ma clavicule avant de descendre plus bas.
Mes émotions se réveillent à son contact et je me sens transporter par ce moment intime et si précieux. Il n’y a qu’à cet endroit qu’il s’autorise à me couver de son regard de braise ; qu’il me tient si fermement entre ses bras comme s’il avait peur de me perdre. Je sens son désir pour moi et tout d’un coup les rôles semblent s’inverser. Je ne suis plus la petite sang-mêlé à qui il accorde à peine un regard quand il me croise. Je suis l’objet de ses désirs les plus inavoués. Lui le Serpentard si distant et inaccessible.
Sa bouche se rapproche dangereusement de mon intimité et mon corps se cambre de lui-même. Une flamme vient dévorer mon être alors qu’un gémissement franchit mes lèvres fermées. Personne ne peut nous entendre mais le silence que nous nous imposons tout de même rajoute une pointe d’excitation à nos aventures nocturnes.
Le désir me consume et les secondes s’étiolent dans mon esprit. Cet instant magique semble arrêter le temps. Je peux le savourer dans toute sa profondeur alors que mes sens aux aguets captent le moindre détail de nos corps unis.
L’émotion est à son comble lorsqu’avec une certaine impatience il me pénètre d’un coup de hanche. Cette légère brutalité m’arrache un cri muet qui reste bloquer dans ma gorge et je m’accroche à lui lorsque je le sens s’étendre au plus profond de moi. Sa passion se ressent dans chacun de ses gestes.
- Helena…
Mon prénom franchit le bord de ses lèvres au moment où je sens mon désir explosé au fond de mon cœur. Mon souffle se bloque et une chaleur brûlante enflamme mon corps.
- Tom…
Puis tout est terminé.