Ginny,
Qui eu cru que l’on puisse en arriver là, que cela nous arrive à nous ?
Qui aurait pu empêcher cela, m’empêcher de te faire ça ? Cela avait pourtant bien commencé, non ? Ca coulait de source, naturel, prévisible, inévitable ? Tellement évident… le couple idéal, déjà ancré dans l’imaginaire collectif, piège insidieux comme une toile d’araignée dont on ne peut s’échapper.
Qui peut raconter toutes les belles histoires
Les récits, les contes, les moments de gloire
Le bonheur à durée indéterminée ?
Je me suis trompé
Tout aurait dû être parfait, nos amours adolescentes, si lumineuses, si pures, dans ce contexte troublé, signe d’espoir, espoir d’éternité, promesse implicite, preuve irréfutable de notre supériorité, que l’Amour triomphe toujours de tout. Le Mal avait reculé, écrasé comme un cafard, repoussé dans la fange dont il n’aurait jamais dû sortir.
Mais…
Vivre intensément les instants de grâce
Les plus belles naissances qui laissent des traces
Aucun regret, comme si le temps s'arrêtait
Je me suis trompé {x2}
Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerais ? Je t’aimais, oui, non, je ne sais plus… je suis malade, ce n’était pas de l’amour, alors qu’est ce que c’était ? Une illusion ? Un déni ? Un mensonge… tout ça me ronge, me détruit petit à petit, je n’en peux plus. Je m’en veux d’avoir joué ce jeu de dupe cruel et imbécile, d’avoir été hypocrite, couard, d’avoir voulu être « comme il faut », lisse, bien dans la norme. D’avoir, encore une fois, fait ce que l’on attendait de moi, le héros sans peur et sans reproche. Le saint Potty…
Qui peut raconter tous les beaux départs
Les voyages heureux, les avions, les gares ?
Et quand les habitudes ressemblent à l'ennui
Je me suis menti
C’était «notre» choix, «notre» vie rêvée, à la vie à la mort, et pourtant…
Un mariage de contes de fées, plein d’enfants, une grande famille, de l’amour, nous (tu ?) avons fait de notre mieux, vraiment ? J’ai essayé, je la voulais si fort cette vie rêvée, la famille que je n’ai jamais eu. Alors pourquoi je n’y arrive plus ? Je n’en ai plus la force… le rêve s’est écroulé ? Même pas, je n’arrive juste plus à faire semblant. Il est temps que je regarde la vérité en face.
Quand la moitié devient le contraire
Quand chaque seconde a un goût de terre
Le jour où le futur devient le passé
Je me suis trompé {x4}
15 ans… une éternité pour nous ? Oui. Où est l’erreur, le vice caché, la trahison ? Elle est là, ne la vois-tu pas, devant toi chaque jour…
Tu as voulu y croire encore, malgré tout, malgré moi, tu t’es trompé. Je t’ai trompé, Ginny. Tout ça est de ma faute, uniquement de ma faute, j’ai refusé d’assumer ma «différence», je n’ai pas eu ce courage là, j’ai fuis. Je me suis renié, j’ai lâchement cru que «ça me passerait», que ce n’était pas réel -une erreur de jeunesse- que le seul choix possible, c’était toi et moi… choisir c’est renoncer. Mais je n’ai pas fait le bon choix…
Qui peut raconter toutes les belles histoires ?
Plusieurs dans une vie, je veux bien y croire
Aujourd'hui, je sais enfin la vérité
Et je laisse aller
Je me suis trompé
Pourtant, je l’aimais, je l’aime et je l’aimerais, jamais la blessure ne se refermera, elle est toujours là. Je n’en peux plus de cette vie là, mon cœur n’est pas à toi, ni à moi, d’ailleurs il ne m’appartient plus depuis longtemps. Je n’espère pas que tu comprennes ni que tu me pardonnes, je ne le mérite pas. Ce soir je te quitte, j’abandonne, il est plus que temps pour moi de m’en aller, mais je n’arriverais pas à te le dire, les yeux dans les yeux. Je m’esquive encore, pour changer…
Je t’ai volé ta vie, ta jeunesse, ton innocence, la mienne et la sienne et j’espère qu’il m’attend encore… car cette fois je le rejoins, je ne veux plus me battre contre moi-même, je n’en ai plus la force.
Parce que je l’aime et que je lui dois.
Parce que malgré toi, malgré moi, il n’y a jamais eu que lui, lui...