Remus respire fort et est secoué de spasmes musculaires qui me font sursauter et me réveillent du demi-sommeil dans lequel je venais tout juste de tomber.
Après notre folle nuit dans la Cabane Hurlante, nous avions porté à bout de bras notre ami bien épuisé de sa douloureuse transformation pour marcher.
James qui avait subi quelques griffures durant un combat avec le loup-garou ne s’était pas senti capable de rester à son chevet jusqu’au petit matin et donc de faire nuit blanche.
Sans rechigner, je m’étais proposé de le faire, en m’accordant quelques petites phases de sommeil.
C’est donc affalé sur mon fauteuil peu confortable, la nuque sans doute brisée par ma position, que j’entends la porte de l’infirmerie s’ouvrir dans un grincement qui me glace le sang. À côté, les hurlements de Remus pourraient passer pour une berceuse.
Instinctivement je passe ma main le long de ma bouche et essuie avec le revers de ma manche la bave qui aurait pu couler durant mon somme.
Je me redresse et passe un coup dans mes cheveux pour les discipliner un peu et me donner de l’allure. Je tire sur mon sweat noir et fais mine d’être frais et dispo.
Je tends l’oreille mais n’entends aucun bruit, personne.
Personne ne sait que Remus est là, personne sauf Dumbledore, alors mon cœur se met à palpiter dans ma poitrine et par réflexe je sors ma baguette, prêt à me défendre et à défendre mon ami vulnérable et endormi
Je secoue la tête et me dis que le manque de sommeil doit me faire halluciner, alors je me rassoie, et pousse un long soupir de soulagement.
— C’était moins une, Lunard ! Heureusement que je suis là pour te défendre ! plaisanté-je en regardant les traits tirés de Remus, allongé sur le lit en train de combattre ses derniers démons.
Je suis prêt à fermer les yeux de nouveau pour m’accorder quelques précieuses minutes de sommeil, lorsque crois voir le lourd rideaux blanc qui isole la couchette de Remus se mettre à onduler.
Je cligne des yeux, et les frotte avec mes poings pour vérifier que je ne suis pas encore en train d’halluciner.
C’est quoi ce bordel ?
C’est à moment précis qu’un chat tigré apparaît de nul part après s’être faufilé sous le rideau en catimini.
— Putain de chat !! Vas t-en sale bête ! pesté-je en le chassant du pied. Allez ! Zou ! Dehors !! Fous le camp !
Mais le félin reste assis sur ses pattes arrière, immobile.
Il penche la tête de côté, comme s’il me jugeait.
— Tu ne veux pas partir ?! Très bien ! Tu l’auras voulu !
Je me lève de mon fauteuil et me tient debout juste à côté du lit de Remus qui ronfle désormais paisiblement.
Je fronce les sourcils pour me concentrer et vient puiser en moi une énergie enfouie. Mon corps se réchauffe, j’ai la sensation que tous mes muscles fourmillent et que mon sang circule plus vite pour irriguer tout mon corps.
J’aime cette sensation.
Ma vue se trouble et les couleurs deviennent moins vives, mon odorat, lui, se développe de manière considérable, si bien que j’arrive à sentir toutes les odeurs des produits enfermés dans les bocaux présents sur l’étagère. Le baume de dictame dont est tartiné Remus me monte au nez, ou plutôt, à la truffe.
Campé sur mes quatre grosses pattes noires, je toise désormais le chat resté impassible devant ma transformation.
— Wouf ! aboyé-je doucement pour le faire fuir.
Mais le félin ne bouge pas, hormis son oreille qui frétille.
Puis, je le vois grandir, d’un coup, très vite. Ses pattes s’allongent et son corps s’humanise, les rayures de sa tête se transforment en traits de visage.
Par Merlin.
— Monsieur Black, bonjour.
En deux secondes, je reprends mon apparence de jeune sorcier séduisant.
— Pro...Professeur McGonagall, bafouillé-je tétanisée par la présence de cette femme devant moi.
— Hmm, je comprends mieux pourquoi mes cours ne vous intéressent pas. Et je présume que vous n’êtes pas déclaré auprès du Ministère.
— En effet, mais…
— Pas de mais, Monsieur Black. Je suis au courant pour Monsieur Lupin, et j’approuve vos prouesses et votre dévouement à son égard.
— Ah, réponds-je un peu sous le choc.
— Vous paraissez étonné ? Je crois bien ne vous avoir jamais vu si… silencieux ! plaisante-t-elle
— Je m’attendais à recevoir une nuée de sermons de votre part.
— Me pensez-vous si dénuée de coeur, Monsieur Black ? Et force est de constater que vous parvenez à réaliser votre Animagus sans le moindre problème, c’est un don exceptionnel que vous avez là.
— Des années de travail, confessé-je.
— Je n’en doute pas, et j’imagine que Monsieur Potter et Monsieur Pettigrew en font de même ? me questionne-t-elle en plantant ses iris vertes dans les miennes, m’obligeant ainsi à ne pas détourner le regard pour lui mentir.
— Cela se pourrait, oui, joué-je en étirant un sourire.
Minerva McGonagall lève alors les yeux au ciel et me laisse apercevoir une chose rare sur son visage toujours si stricte : un sourire.
Intérieurement, je fonds.
Parce que ma plaisanterie avec James lors de son cours, la semaine passée, avait fait son bout de chemin dans ma tête. Après tout, Minerva est une femme d’une quarantaine d’années, tout au plus, elle est athlétique, sans doute sportive dans sa jeunesse.
Peut-être a-t-elle gardé de la souplesse ? Ou de la force ? Hmmm…
— Monsieur Black, vous vous sentez bien ? m'interrompt-elle en posant sa main sur mon épaule.
— Euh oui oui, bafouillé-je en appréciant son contact à travers le tissu de mon sweat.
— Vous aviez l’air, tout à coup... parti ailleurs. Vous ne voulez pas vous asseoir ? Vous avez dormi ? m’interroge-t-elle en sortant rapidement sa baguette de la poche avant de sa longue cape et en me pointant un faisceau lumineux dans les yeux.
Ébloui par la lumière, je cligne des yeux et me recule, aveuglé.
— Vous n’avez pas dormi depuis quand Monsieur Black ? me sermonne-t-elle.
— Euh… hier ? avoué-je avec un sourire crispé.
— Allez vous coucher immédiatement ! m’ordonne-t-elle sèchement en pointant son index vers la sortie.
Je ne peux m’empêcher de faire longer mon regard le long de sa main, de son poignet découvert, puis de son long bras fin, son épaule et enfin le creux de son cou.
— Non ! protesté-je en secouant la tête pour me sortir de mes pensées, puis en regardant Remus, toujours endormi, mais dont le visage était heureusement, plus décontracté qu’à son arrivée.
— Monsieur Black, vous ne seriez pas en train de tenter de faire perdre des points à votre propre Maison tout de même ?! me menace-t-elle.
— Et vous ?! Ce n’est pas comme ça que nous allons gagner la Coupe, si vous retirez des points à chaque phrase que je prononce !
— Vous parlez trop Sirius ! me coupe-t-elle alors.
Sirius ? C’est la première fois qu’elle m'appelle autrement que par mon nom, duquel je ne serai bien passé d’ailleurs. J’avais tenté de demander aux Potter de m’adopter, mais à quelques mois de mes 17 ans, le père de James avait refusé. Prétextant que la famille était trop importante pour vouloir se débarrasser de son nom… Monsieur Potter n’avait jamais eu le plaisir de rencontrer ma très chère mère, évidemment.
— Je ne laisserai pas Remus seul, donc non. Je proteste ! dis-je en tapant du pied et en croisant mes bras sur mon torse.
— Allez dormir quelques heures, je veillerai sur lui. Et j’ai un déguisement imparable pour qu’il ne me repère pas, me confie-t-elle dans un clin d'œil.
Je dois admettre que je tombe de sommeil et que je lutte pour ne pas bailler aux corneilles devant elle.
— Vous êtes sûre ?
— Filez Sirius !
— Sûre ?
— Sirius !! rage-t-elle.
— Ok, je file ! lancé-je en fuyant de la chambrée, tout en accordant quand même un dernier regard sur mon ami endormi.
Je sors de l’infirmerie, le sourire étendu et fier.
Fier d’avoir réussi à lui faire répéter mon prénom !
Aaaah…. Minerva !
Vous pensiez que j'allais vous laisser là dessus !
C'est mal me connaître !!!
Bonne lecture :)
Et voilà ! les 2k sont publiés !
Mais, ne vous inquiétez pas, la suite arrive !!