— Des pluies d’étoiles, je vous affirme mon cher, c’est absolument délirant pour la saison !
— Que vous dire ? Il n’y a plus de saisons !
— Cher téléspectateur restez avec nous pour décrypter cet étrange phénomène, des hiboux et des étoiles, non vous ne rêvez pas, c’est au programme du jour ! Vous êtes bien sur Sky News, la chaîne numéro un de l’information à Londres, bonne soirée à vous…
Narcissa baissa le son du poste de télévision, elle ne voulait pas que Lucius la surprenne à regarder cet objet moldu. Heureusement pour elle, ils habitaient le grand Manoir Black où elle a grandi, c’était si vaste qu’il ne s’aventure jamais au-delà d’une vingtaine de pièces. Alors que elle, elle le connaissait comme sa poche.
Elle avait choisi une des chambres de bonne reculée et placée sous les combes. Il faisait froid en ce 1er novembre, mais qu’importe, elle devait être seule. Il ne comprendrait pas. Dans cette pièce, il y avait un vieux lit inutilisable, une table simple et une armoire vide. C’était vétuste, un vestige d’une époque où des elfes de maison et moldus servaient la très noble famille des Black.
Un temps révolu.
Elle s’assit derrière la table, déposa les feuilles, la plume et l’encre qu’elle avait apportées puis s’adossa contre la chaise, perdue dans ses pensées, les yeux dans le vague. Alors elle sortit de l’unique tiroir de la table un paquet de cigarettes, en prit une qu’elle plaça entre ses lèvres et l’alluma.
Une bouffée, un nuage de fumée, l’apaisement immédiat.
01 novembre 1981
Cher moi,
Est-ce le début de la folie, comment pourrais-je savoir ? Quoi qu’il en soit, je ne peux plus tenir de cette façon.
Alors voilà.
Cher moi,
En ce moment, les temps sont difficiles. Je me perds et j’ai besoin de trouver quelque chose de solide. Solidité, confort.
J’écris dans l’espoir de mettre de l’ordre dans mes pensées. À Poudlard plein de filles faisaient ça, écrire dans un journal intime où elles se lamentent que Sirius ne leur accorde pas un regard.
Ce qu’elles pouvaient être sottes.
Trop réfléchir, trop penser, trop espérer, trop TOUT.
HALLOWEEN DE L’HORREUR OU DU BONHEUR
par Eldric Frisemenhune.
En cette nuit du 31 octobre 1981, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom a été déchu par un enfant. Harry Potter alors âgé de un an n’a pas été touché par le sortilège de mort lancé par le mage noir.
Depuis plus d’un an, ses parents James et Lily Potter se cachaient dans le village de Godric’s Hollow dans l’espoir de protéger leur fils de la guerre. Cependant, cela n’a pas suffi puisqu’ils ont été retrouvés et tués par le mage noir, venu seul pour tuer l’enfant qui pourrait le détrôner.
Les Aurors et les agents du Ministère n’expliquent pas comment cet exploit a pu se réaliser. Cependant, notre reporteur dépêché sur place confirme que Vous-Savez-Qui est décédé, le sort a rebondi sur lui provoquant une explosion détruisant une partie de la maison au passage.
Le coupable de cette tragédie ?
Sirius Black, un ami du couple, était le gardien du secret, il aurait rejoint les rangs du Seigneur des Ténèbres dévoilant ainsi la localisation de la cachette de la famille Potter. Celui-ci a voulu s’échapper et a tué 13 moldus et un sorcier, un ami d’enfance du groupe, Peter Pettigrow. Il n’en restait qu’un doigt affirme Emeline Vance, une Auror interrogée sur place.
Découvrez l’enquête exclusive en page 3 de cette édition spéciale.
Cet article, elle l’avait trouvé dans la Gazette du Sorcier arrivée en pleine nuit, ils n’avaient pas attendu le matin pour délivrer cette édition, la communauté sorcière devait se réjouir de cette nouvelle.
Le Seigneur des Ténèbres n’est plus. Je devrai être triste, pourtant une part de moi se réjouit. C’est mal, j’en suis consciente. Ces dernières semaines, l’attente et l’angoisse n’ont fait qu’empirer.
Et il y a Drago. Mon fils. Je ne veux pas l’élever seule. Ce combat était le mien, mais depuis Drago tout a changé. Cet amour que je ressens me donne une impression de vivre. C’est un sentiment grisant, je ne l’avais jamais expérimenté auparavant.
Quand le hibou a délivré le journal, je l’ai tout de suite ouvert. Ce titre m’a donné envie de vomir. Cet enfant a perdu sa famille, une mère est morte pour protéger son fils…
Ce qui m’a interpellée surtout était l’évocation de Sirius.
On s’est éloignés depuis longtemps, depuis qu’il a été envoyé à Gryffondor, depuis qu’il a rejoint l’Ordre.
Je le connais peu, il est vrai. Mais je suis certaine d’une chose.
Il ne les aurait jamais trahis.
Jamais.
*****
03 novembre 1981
Je pleure.
Je pleure en écrivant ces lignes.
Aujourd’hui est le jour de son anniversaire.
Je n’ai jamais été proche de Sirius. Plus de Regulus…
J’ai été au Ministère, pour lui parler. Ils vont l’envoyer à Azkaban.
Sans procès.
C’est terrible. Il était livide, lui qui auparavant était si beau…
Quel gâchis.
C’est fini.
*****
8 mars 1982
Walburga est morte.
Oui, je ne fais pas dans la demi-mesure. Pas de « cher moi », c’était ridicule de commencer comme cela d’ailleurs. Je devrai le barrer.
Ou pas. À quoi bon, personne ne doit lire ces lignes. Jamais.
Walburga est morte il y a deux jours. Comme tous les samedis, je lui rends visite et Kreattur a ouvert. Cet elfe a toujours été particulier, il marmonne dans son coin, c’est insupportable. Ça s’est accentué depuis le décès d’Orion et de Regulus. Lui et Walburga étaient seuls ensemble dans cette maison et il faut avouer qu’elle aussi perdait un peu la tête.
Je dois respecter mon aînée, pardon.
Ils tournaient en rond tous les deux, à ressasser le passé. Parfois, c'était limite s’il me manquait de respect ! Il aurait besoin d’une remise à niveau.
Walburga était morte depuis deux jours.
Il n’a rien dit, car il ne voulait pas qu’on lui enlève le corps.
Foutu elfe.
*****
— Nous vous rappelons chers téléspectateurs que si vous voyez cet individu contactez les services de police. Ne l’approchez pas, il est extrêmement dangereux, c’est un…
C’est un assassin.
Nous sommes le 19 juillet 1993, me revoilà dans cette petite chambre, loin des regards indiscrets. Je n’étais pas revenue ici de puis longtemps, pas eu envie, pas eu le besoin surtout.
Les dernières années ont été douces, j’ai profité de chaque instant donné avec mon fils et mon mari que j’aime tant. Chaque jour, je me sens chanceuse de les avoir à mes côtés.
Eux, libres, vivants à côté de moi.
Depuis le début de l’été, la Gazette du Sorcier n’a que le nom de Sirius à la bouche. Il s’est échappé d’Azkaban.
Si on m’avait demandé qui aurait pu déjouer la surveillance des Détraqueurs, j’aurais d’abord pensé à Bella.
Comme quoi.
Elle me manque.
Le Ministère est fou de rage, ils ne comprennent pas comment il a pu faire ce qu’aucun sorcier avant lui a réussi.
Narcissa ouvrit le tiroir devant elle. Le paquet était toujours là. Osera t-elle ? Oh, et puis après tout…
Une bouffée, un nuage de fumée, l’apaisement immédiat. Il y a des choses qui ne changeront pas.
Voilà un secret. Je profite de ces lignes qui ne seront jamais lues pour dire que je suis fière de Sirius. C’est un Black, rien ne nous arrête.
Pas même les créatures de la mort.