Clinique Sainte Mangouste, Londres, Angleterre – Janvier 2005
- Elle a des petites réactions depuis trois jours.
- Elle va se réveiller tu penses ?
- J’en suis sûre, elle ne va pas nous laisser tomber.
On parlait d’elle ? Hermione Granger ouvrit les yeux et les referma aussitôt, aveuglée par la lumière de la pièce. Elle avait mal à la tête et se sentait lasse. Elle avait fait un rêve vraiment très étrange.
- Hermione ? Hermione ! Tu te réveilles ? Infirmière ! Infirmière !
C’était la voix de son amie Ginny qui tremblait d’émotion.
- Moui …
Quand elle rouvrit les yeux elle se retrouva nez à nez avec un jeune homme blond au visage anguleux. Elle eut un vif mouvement de recul. La seconde suivante deux infirmières entrèrent dans la chambre. Une s’adressa aux deux visiteurs, posa ses mains sur leurs épaules et les dirigea vers la porte. L’autre le visage grave se pencha sur elle.
- Pouvez-vous me dire votre nom ?
- Hermione Granger.
- Savez-vous où vous êtes ?
- Je suis à l’hôpital de toute évidence.
- Savez-vous pourquoi vous y êtes ?
- Absolument pas.
La fenêtre de la chambre donnait sur un ciel gris et des arbres nus.
Des arbres nus en plein été ?
Quand une demi-heure plus tard l’infirmière sortit de la chambre de la sorcière, quatre personnes se précipitèrent vers elle. La femme considéra le groupe. Sauf le grand Roux, elle les avait tous vu chaque jour ces cinq dernières semaines au chevet de la jeune femme, la jolie femme rousse qui venait parfois avec son petit garçon, le jeune homme élégant qu’elle croisait parfois prostré dans le couloir sur une chaise et le sorcier à lunettes rondes, en uniforme. Elle décida de s’adresser à l’Auror.
- M Potter, votre amie est hors de danger. Je dois cependant vous dire que Miss Granger a quelques séquelles de l’attaque.
Drago Malefoy réussit à articuler : quelles séquelles ?
- La plus importante est la perte de mémoire. Miss Granger pense que nous sommes en juillet 2003. M Weasley, Miss Granger souhaite vous parler.
Conversation avec Ron
Hermione croquait sans conviction dans un morceau de chocolat quand Ron entra dans la chambre. Son visage au milieu de sa folle chevelure brune semblait amaigri. A la voir le regarder avec des yeux si brillants son cœur se serra.
- Salut toi ! Tu te réveilles enfin ?
Ron s’assit sur une chaise à son chevet.
- Ron, on m’a expliqué que j’étais restée inconsciente plusieurs semaines.
- Tu as été attaquée, le type qui t’a fait ça, on l’a eu, il est à Azkaban.
- J’étais en mission il paraît.
- Exact, une mission complexe et dangereuse, tu as été brillante, comme toujours.
- L’infirmière m’a dit que nous étions le 19 janvier 2005.
Ron lui tapota la main.
- Tu as perdu dix-huit mois de mémoire.
- Le dernier souvenir que j’ai, c’est moi faisant nos valises pour un week-end à la Chaumière aux Coquillages. On allait rejoindre ton frère Bill, Harry et Ginny allaient venir aussi.
Elle ajouta avec un petit sanglot dans la voix :
- Je venais d’apprendre que j’étais enceinte.
Ron hocha la tête.
- Ron, le bébé ...c’est un garçon ou une fille ? C’est un petit roux, non ?
Le sorcier serra sa main, bouleversé.
- Hermione, tu as perdu le bébé.
Elles me laissent lui annoncer ça…
Hermione pâlit et demanda d’une voix qui tremblait :
- A quel moment ?
- A quatre mois de grossesse.
- Et depuis ?
Ron aurait donné beaucoup pour être ailleurs.
- Hermione, il s’est passé beaucoup de chose depuis ce mois de juillet. Nos vies ont beaucoup changé.
- Et Ginny, elle a eu son bébé ?
- Oui, c’est un petit James, il est né le 1er septembre …2003.
- Ah, c’est bien. Molly et Arthur vont venir ?
- Si tu veux, bien sûr.
- Comment ça si tu veux ? Ce sont tes parents, non ?
- Hermione …
- Ron, tu es bizarre, tu me fais peur, il s’est passé quelque chose de grave ? Il est arrivé quelque chose à ton père ? À un de tes frères ?
- Il nous est arrivé quelque chose, à nous. Nous sommes séparés depuis plus d’un an.
- Ron, ce n’est pas drôle.
- C’est la vérité. Nous avons rompu pendant que tu étais en mission.
- Mais pourquoi ? Tu as rencontré quelqu’un c’est ça ?
- Cela faisait un moment que cela n’allait plus entre nous.
- Tous les couples passent par des hauts et des bas.
- Je sais, mais les derniers mois, il n’y avait plus vraiment de hauts. Tu ne pensais qu’au bébé qui ne venait pas. Tu as été tellement heureuse quand tu as appris que tu étais enceinte. Et puis, il y a eu cette fausse couche tardive.
- Ron, tu m’expliques juste que nous avons traversé des moments difficiles. Mais la vérité c’est que je t’aime et que toi aussi tu m’aimes. Alors on va faire comme toujours, on va gérer, ensemble.
- Hermione, je vis avec quelqu’un depuis six mois.
Hermione rougit, visiblement choquée.
- Qui est-ce ?
- Renée.
- Renée la Fée ? Tu ne m’aimes plus ?
Hermione retenait ses larmes avec difficulté. Il ne fallait pas qu’elle pleure, sinon il allait pleurer avec elle.
- Si je t’aime toujours. Évidemment.
- Et bien tu vas lui dire de dégager vite fait, à ta fée !
Ron soupira.
- Tu as pris des engagements de ton côté, tu es fiancée à un autre.
- Moi ? Fiancée ? C’est qui, ce fiancé ?
Ron ouvrit la bouche, la referma puis dit :
- Il attend dans le couloir.
- Tu sais quoi ? Tu vas lui expliquer que c’est fini et que toi et moi on se remet ensemble. Et s’il pouvait faire passer le message à ta mijaurée à ailes translucides, il serait bien mignon.
- Hermione, j’ai rêvé pendant des semaines, des mois de t’entendre me dire ça mais…
La porte de la chambre s’ouvrit. C’était Malefoy, en costume vert sombre et chemise noire.
- Ron, il faut que je lui parle.
Hermione tira la manche de Ron et dit entre ses dents mais il fait quoi lui ici ?
Ron et Drago échangèrent un long regard.
- Hermione, je vais y aller. Prends soin de toi.
Et il partit sans l’embrasser.
Conversation avec Drago
Drago Malefoy était à peu près la dernière personne qu’elle avait envie de voir à ce moment. La dernière fois qu’elle l’avait croisé, ils avaient dix-huit ans. Avec une familiarité révoltante il s’assit sur son lit.
- Tu es restée inconsciente cinq semaines.
- Tu fais quoi ici Malefoy ? Finir le travail ? Depuis le temps que tu espères ma mort !
Drago prit un air peiné assez convaincant.
- J’étais avec toi quand c’est arrivé.
- C’est toi qui m’as lancé le sort et tu as fait accuser quelqu’un d’autre ?
- Hermione, nous étions tous les deux sur la mission.
- Tu m’appelles Hermione maintenant ?
- C’est ton prénom. Je me suis tellement inquiété pour toi.
- Il ne fallait pas !
Drago la regarda un moment avant de répondre.
- On m’a prévenu, l’agressivité est une réaction post-traumatique classique.
Le jeune homme lui prit la main et Hermione eut envie de lui tordre le nez.
- J’espère que tu vas retrouver la mémoire.
- C’était quoi cette mission ?
- Nous avons infiltré un réseau de mages noirs pour connaître la source des financements de leur organisation, ils ont tous été bouclés en juin dernier, sauf un, Antoine Delamare.
- Celui qui s’en est pris à moi ?
- C’est ça. Nous avons fait du sacré bon boulot, le Ministère nous a proposé de devenir Aurors, tu as décliné, et moi aussi.
Hermione le regarda et tenta de se rappeler ce qu’elle savait de lui. Il était associé dans une société d’Import-Export. Malgré la barbe de trois jours et les cernes, il ressemblait à ce qu’il était, un aristocrate privilégié.
- Combien de temps la mission ?
- Une petite année.
- Nous avons travaillé ensemble pendant un an sans nous entre-tuer ?
Drago planta ses yeux gris dans les siens.
- Nous avons appris à nous connaître et à nous apprécier.
- Nous sommes amis maintenant ? C’est pour ça que tu peux toucher ma main sans vomir ? Ou tu as oublié que j’étais une Sang-de-Bourbe ?
- Je préfère dire Née-Moldue.
- Tu es devenu politiquement correct avec les années ?
Drago se troubla.
- Il y a des Sangs-Mêlés et des Nés-Moldus parmi nos salariés.
- Tu parles de tes domestiques ?
- Non, je parle de la société dans laquelle je travaille.
- Tu t’es enfin rendu compte qu’ils n’étaient pas moins compétents que les Sangs Purs ?
- Comment je pourrais penser ça alors que la meilleure élève de Poudlard pendant ma scolarité était une Née-Moldue ?
Hermione chercha une réplique cinglante mais ne la trouva pas. Drago avait par le passé tenu des propos désobligeants sur son physique, son statut de sang ou son amitié avec Potter mais jamais sur son intelligence. Le sorcier bougea ses doigts et Hermione baissa les yeux.
- Tu as quoi sur la main ?
- Souvenir de ma dernière rencontre avec Delamare. Il s’en est d’abord pris physiquement à moi.
L’infirmière entra dans la chambre.
- M Malefoy, votre fiancée doit se reposer maintenant. Le temps des visites est passé.
- Bien. Je passerai la chercher demain soir comme convenu.
- QUOI ?
- Oui demain soir. J’aurais aimé aujourd’hui ou demain matin mais ils veulent te garder encore en observation.
- Pourquoi l’infirmière dit que je suis ta fiancée ?
Drago, qui tenait toujours sa main, toucha une bague ornée d’une pierre rouge qu’elle n’avait pas remarqué. En la regardant de plus près Hermione remarqua qu’un serpent formait l’anneau. Elle se sentit se glacer.
- Ne me dis pas que …
- Je viendrai te chercher demain soir. Je te raconterai. J’ai hâte de me retrouver seul avec toi !
L’infirmière intervint.
- M Malefoy, votre amie se fatiguera plus vite que d’habitude. Il conviendra de modérer votre enthousiasme.
Drago acquiesça hypocritement, baisa la main d’Hermione, salua et partit.