Xenophilius est dans son jardin, en train de s'occuper de son buisson de prunes dirigeables, quand son regard est attiré par le chêne creux. D'un œil inquiet, il observe le gui qui décore l'arbre mort. C'est bientôt Noël, et Luna et lui vont le fêter tous les deux, comme tous les ans, depuis la disparition de Pandora. Xenophilius soupire, se demande un instant s'il va tenter d'éliminer le gui avec un sort, mais cela risque d'éparpiller les joncheruines, ou s'il le fait à la Moldue. Si seulement il portait la réplique du diadème Serdaigle avec les siphons pour aspirer les joncheruines, mais il n'en a fait que les croquis et ne l'a pas du tout fabriqué. Et bien, ce sera l'échelle et les cisailles...
Xenophilius se rend donc dans la remise où il garde ses outils, dont certains, à l'usage inconnu, lui ont été offerts par son voisin Arthur, qui lui a dit en haussant les épaules, que ça pourrait peut-être bien servir un jour. Il fait léviter l'échelle, attrape les cisailles, et sort de la remise. Luna est dans le jardin, assise dans le transat et sous une couverture, sa peau laiteuse prenant le soleil. Xenophilius sourit devant ce spectacle qui fait fondre son cœur, si seulement Pandora vivait encore pour voir quelle belle fille ils ont fait tous les deux... Il installe l'échelle contre le tronc du vieux chêne, la stabilise, et entreprend l'ascension avec peu d'agilité, marche après marche. Les cisailles dans les mains, il commence à couper avec précaution.
Retenant sa respiration, Xenophilius est juché sur l'échelle dans un équilibre instable. Les travaux, ça n'a jamais été son fort. Mais il faut qu'il se débarrasse de ce gui probablement infesté de joncheruines, sinon Luna va en attraper, et elle se fera encore moquer à son retour à Poudlard. Parce qu'elle n'en dit rien, mais il est sûr qu'elle est la cible de plaisanteries à l'école, comme cela a été le cas pour Pandora et lui, il y a bien longtemps. De coups secs, il sectionne plusieurs branches de gui, qui en plus sont plein de ces boules blanches, tout en gardant le plus possible ses pieds sur les marches. Il ne manquerait plus qu'il tombe, et qu'un de ces parasites lui rentre dans une oreille.
Mais la voix de Luna déconcentre Xenophilius, qui, dans de grands mouvements saccadés réussit à pousser l'échelle d'un côté, alors qu'il tombe de l'autre. Il atterrit lourdement sur le sol, les cisailles toujours dans les mains, et grimace quand une douleur vive pulse à l'arrière de son crâne. Le pire, c'est quand le gui qu'il essayait d'éradiquer de son arbre lui tombe en plein visage. Il l'écarte, puis balaie l'air de mouvements rapides, parce que c'est ce qu'il faut faire en cas d'infestation de joncheruines, c'est bien connu. Mais Luna est déjà là, ses grands yeux bleus agrandis par l'inquiétude. Elle repousse délicatement les branches de gui, époussète la robe de son père, et vérifie ses oreilles, avant de sourire.
Puis elle fronce les sourcils, ses yeux se dirigeant vers l'oreille droite de Xenophilius, où elle a cru apercevoir de petits filaments gris disparaître, et qui ne sont pas du tout de la même couleur que les cheveux blonds de son père. Elle met sa main devant sa bouche, avant de se coucher par terre et de regarder de nouveau l'oreille droite de Xenophilius qui commence à en avoir des sueurs froides. Luna chantonne doucement, et fouille avec délicatesse sa poche de laquelle elle sort une toupie de bois à mouvement perpétuel. Elle regarde son père et place son index sur sa bouche. Luna ouvre ensuite en grand sa main qu'elle pose devant l'oreille de son père. Puis de l'autre main, elle lance la toupie multicolore, tout en chantonnant encore.
Attirés par les couleurs et par la voix de Luna qui chantonne, ce qui est dans l'oreille de Xenophilius tâtonne à l'extérieur du pavillon. Soudain, un des filaments se prend dans l'axe de la toupie qui est si proche de l'oreille, et la créature filandreuse se fait aspirer par la rotation du jouet et s'enroule autour des doigts de Luna. Xenophilius respire un grand coup, rassuré de ne plus avoir ça dans son oreille. Luna, entre ses doigts délicats, démêle les filaments gris du joncheruine enroulé autour de l'axe de la toupie. Elle continue de chantonner, tout en se levant et en se dirigeant vers le chêne mort. Luna se met sur la pointe des pieds, étire son bras vers le haut, et libère le joncheruine de ses doigts.
La créature se laisse porter par Luna qui souffle et par l'agitation des mains de la jeune fille au-dessus de sa tête. Comme une méduse dans l'air, elle flotte un moment, avant de s'élever, ses filaments tâtonnant autour d'elle, son corps mou se gonflant au moindre souffle de vent. Une fois arrivée sur une feuille de gui, elle se glisse entre ses branches et disparaît. Luna sourit alors et se retourne vers son père qui frotte la bosse qu'il a attrapé à l'arrière de sa tête. Xenophilius se relève avec raideur et cligne des yeux, la main ébouriffant ses cheveux, puis il ouvre grand ses bras et sa fille vient s'y réfugier. Ils se font un long câlin, chacun se perdant dans les bras de l'autre.
Le lendemain matin, Luna aide son père à construire une grande pancarte en bois. Elle met la dernière touche de peinture sur ce panneau qu'ils vont fixer au chêne mort. Xenophilis a la caisse à outils que lui a donné Arthur. Elle contient plein de trucs moldus : marteaux, clous, vis, tournevis, clés, pinces de toutes les formes et de toutes les tailles. Avec de la peinture grise, Luna a peint un énorme joncheruine, qui ressemble vaguement à une méduse avec un chapeau, et tous ces filaments en-dessous, mais plein d'yeux comme ceux des araignées sur le dessus. En lettres capitales et rouges, il y a l'avertissement suivant : « ALLEZ CUEILLIR VOTRE GUI AILLEURS ! » ; Xenophilius et Luna espèrent ainsi que les voisins seront bien prévenus et n'en retrouveront pas dans leurs oreilles.