Cela fait maintenant 3 ans que le bien a triomphé. Voldemort n’est plus, ses partisans ont été en grande partie neutralisés, tués ou emprisonnés. La bataille finale a fait coulée beaucoup de sang. Trop de sang. Les pertes ont été nombreuses Lupin, Tonks, Fred…et Hermione.
Au-delà de la perte des êtres chers la disparition d’Hermione restait une énigme. Ron et Harry l’avait vu bataillée comme une lionne à leurs côtés, usant de sortilèges les plus puissants les uns des autres et neutralisant ainsi de nombreux ennemis tel que Macnair et Malfoy sénior. Mais voilà qu’à l’heure de compter les pertes et les blessés, une personne manquait à l’appel. Hermione.
Severus Rogue, miraculé, s’était réveillé 6 mois après la bataille finale d’un coma profond. La Morsure infligée par Nagini l’avait laissé agonisant, et mourant à petit feu sur le plancher en bois poussiéreux de la cabane hurlante. La sensation du poison cheminant dans l’ensemble de ses veines et brulant tout sur son passage était une douleur incomparable et inoubliable. Des réminiscences de ce poison se faisait encore sentir 3 ans après. Elles se manifestaient par des crises aussi rapides que soudaines. Severus se disait parfois que la mort aurait été préférable. Il avait fallu qu’une personne viennent le retrouver et le sauver d’une mort qui semblait l’emporter et à la fois le délivrer de ces nombreuses années de servitude. De servitude pour l’ombre comme pour la lumière.
Il n’avait aucun souvenir de l’identité de son sauveur mise à part la certitude qu’il s’agissait d’une femme. La douceur de ses mains lorsqu’elle avait maintenu ses paumes pour comprimer l’ouverture béante de sa blessure et la manière dont elle avait relevé sa tête en passant une main sous sa nuque pour lui faire boire ce puissant antipoison. Le cheminement de sa fine baguette le long de sa gorge pour refermer et arrêter du mieux qu’elle le pouvait le flot continu de sang provoqué par les crocs du serpent. Puis le trou noir
Son réveil à Sainte Mangouste ne s’était en revanche pas fait dans la douceur. Comme sorti d’un long cauchemar. Severus s’était réveillé en sueur le cœur battant a un rythme effréné avec la sensation d’étouffer. Des quintes de toux lui arrachant une grimace de douleur. Ses longs doigts s’agrippant au drap immaculé de son lit. Ce fût sa toute première crise.
La nouvelle de son réveil ayant vite été ébruitée, Severus avait eu le droit a un véritable défilé dans sa chambre, pour son plus grand déplaisir : certains rescapés de l’Ordre du Phénix, des journalistes voulant faire les choux gras de son histoire, et des nouveaux admirateurs/trices. Ecœurant.
Minerva fut la première à venir à son chevet accompagné du Survivant. Leurs regards dégoulinant de pitié et de remords mêlés lui rappelèrent immédiatement les souvenirs transmis à Potter lorsqu’il pensait ses derniers instants arrivés... Il se sentait à ce moment nu et en colère. Minerva lui appris qu’il avait été affranchi de tout soupçon grâce au témoignage de Harry. Il devrait à partir d’aujourd’hui vivre avec ses secrets percés à jour et cette pensée l’insupportait.
Ses cordes vocales étant en phase de reconstruction, il ne put qu’écouter impassiblement le récit de Minerva et Potter. La bataille, la victoire, les pertes, la reconstruction en cours de Poudlard et leur recherche de la moindre trace d’Hermione Granger. C’est à ce moment que le regard impassible de Severus fit place à l’interrogation. Hermione Granger ne faisait pas partie des blessées ni des victimes elle avait tout simplement disparue de la circulation.
Les recherches s’étaient étendues de l’Angleterre jusqu’en Australie, destination où les parents d’Hermione avaient déménagés suite au sortilège d’oubliette auquel elle les avait soumis. Aucune trace n’avait été localisée ces 6 derniers mois.
Lorsque Severus pu sortir de l’hôpital un mois après son réveil il avait refusé de reprendre son poste de professeur de potions et directeur de Serpentard à Poudlard. Minerva avait tenté par tous les moyens de lui faire changer d’avis en lui proposant le poste de défense contre les forces du mal, une augmentation plus que significative, un nouveau laboratoire flambant neuf… Rien ne semblait pouvoir le retenir. Il avait d’autres projets en tête. Le plus important de tous : se faire oublier, ne plus être le « Sombre Héro » comme s’était plu à le nommer Rita Skeeter dans un de ses articles les plus racoleurs dans la Gazette des sorciers. Saleté de Cafard !
Non décidément cette vie n’était pas pour lui, plus pour lui.
Il avait rapidement mis en vente sa maison de l’impasse du Tisseur afin de prendre un nouveau départ et se reconstruire.
C’est ainsi que 3 ans plus tard il s’était installé du coté moldu de Londres dans une ruelle calme mais à deux pas de l’effervescence londonienne. Cet endroit était purement stratégique pour sa nouvelle activité. Severus avait développé sa propre affaire de confection de potions. Il travaillait en grande partie pour l’Hôpital de Sainte Mangouste, l’infirmerie de Poudlard mais également pour des boutiques sur le chemin de Traverse et particuliers. Il était son propre patron et ce luxe n’était pas pour lui déplaire. Il était aujourd’hui Maitre de ses propres décisions, de ses choix.
L’affaire de Severus tournait bien, sa réputation de Maitre des potions le précédait et son carnet de commande ne désemplissait pas. Aucune nécessité d’aller démarcher, le bouche à oreille suffisait amplement. Son laboratoire personnel lui permettait également de réaliser ses travaux de recherche.
La seule ombre au tableau, les crises qui n’avaient pas cessées depuis son réveil à Sainte Mangouste. Il cherchait un moyen d’y remédier mais les résultats n’étaient pas encore au rendez-vous. Il avait réussi à diminuer leur fréquence mais elles arrivaient toujours à le surprendre. La sensation de suffoquer et d’avoir le cœur prêt à exploser le laissait K.O à la fin de chaque crise.
En ce début de soirée d’Aout, Severus fut victime d’une nouvelle crise dans son laboratoire. En tentant de se rattraper au plan de travail il fit tomber un bocal de peau de serpent du Cap et un flacon de larmes de Phenix, deux ingrédients rares et très couteux. Après avoir repris ses esprits et le corps endolori, il rentra dans une colère noire et fit disparaitre d’un Evanesco le désastre. Il fallait qu’il se change les idées. C’est sur ces pensées qu’il attrapa une veste noire dans le vestibule et disparu dans un POP typique de transplannage.
Il fit son apparition dans une ruelle Londonienne semblable à l’allée des embrumes. La population qui déambulait dans cette rue n’inspirait pas la sympathie *comme moi…* pensa Severus. Il s’arrêta devant un Club qu’il fréquentait dés qu’il ressentait le besoin de se mêler à la faune locale mais également d’assouvir ses plus bas instincts. Il n’était pas fait de marbre malgré l’image qu’il renvoyait.
Le club s’appelait le Black Bird. D’extérieur des murs noirs sans fenêtres donnant à l’intérieur. Seul le nom du bar écrit en néon violet dans une typographie victorienne faisait le contraste sur cette façade sombre. Deux videurs bodybuildés en costume noir filtraient l’entrée.
* Ces moldus… ricanna-t-il*
L’entrée était une formalité pour Severus désormais habitué, ses dons de légilimancie aidant à rentrer où il voulait et quand il voulait. Il passa les portes du Club et retrouva l’ambiance sombre qui le caractérisait. Des lumières tamisées rendant le lieu intimiste, de nombreuses tables basses en bois massif sur lesquelles reposaient des chandeliers noirs allumés. Autour de ces tables des canapés ou fauteuils en cuir Chesterfield. En contrebas de cet espace une piste de danse, pas très grande, obligeant une certaine proximité entre les partenaires. Derrière et surplombant la piste, une scène permettant aux artistes de se produire. Chant, effeuillage, les numéros étaient changeants et pas toujours de qualité. Severus n’en avait cure, son but était de se changer les idées et si possible finir la soirée avec ses désirs assouvis.
Il ne sortait dans ce genre d’endroit que du côté moldu, il ne souhaitait rencontrer personne de son ancienne vie et encore moins dans sa quête de plaisir.
Dans ses pensées il s’installa dans un fauteuil au fond de la salle afin d’avoir une vue générale du club, des personnes présentes ainsi que de la scène. En balayant la salle des yeux il vit quelques groupes, en majorité d’hommes, installés à quelques tables de la sienne. Les pensées gravitaient autour de lui dans un tourbillon de lubricité.
Une paire de talons s’avança vers Severus. Une serveuse du club habillée d’une mini jupe noire moulante et d’un chemisier bordeaux laissant que peu de place à l’imagination se dirigea vers lui pour prendre sa commande.
« Bonsoir Monsieur, comme d’habitude ? »
Severus hocha la tête en guise de réponse sans oublier de laisser trainer son regard sur son fessier. Il redirigea son regard vers la scène et croisa les jambes tandis que la lumière baissa, annonçant le début du numéro de la soirée.
Un homme rondouillard en costume trois pièces, le gérant du club, s’avança vers le micro à pied pour introduire la prestation.
« Mesdames et Messieurs, j’ai le plaisir d’accueillir au sein du club un tout nouveau numéro qui je pense ne vous laissera pas de marbre… j’ai le plaisir de vous présenter la délicieuse Amy »
Le présentateur quitta la scène et le rideau en velours bordeaux remonta entièrement. La scène était complétement plongée dans le noir. Enfin les premières notes d’un piano résonnèrent dans le club.
Un projecteur traça soudainement un cercle de lumière en plein milieu de la scène laissant apparaitre une femme de dos. Et quel dos…sculptural. Cette délicieuse créature portait une robe noire en satin tellement prêt du corps qu’elle ne laissait que peu de place à l’imaginaire. Le dos nu de la robe s’arrêtait juste à la naissance du fessier galbé de cette douce tentatrice. Sa peau d’une blancheur immaculée contrastait furieusement avec le foncé de sa robe.
C’est alors que les premières paroles commencèrent à s’élever
« I Put a spell on you
‘Cause you’re mine… »
Severus fit alors un rictus typiquement Roguien. Le choix de la chanson n’aurait pas pu mieux coller. La voix de cette femme était un régal pour les oreilles. Douce et légèrement rauque à la fois, Severus en eu un violent frisson. C’est fou ce que le simple son de sa voix pouvait provoquer.
« …You better stop the things you do
I ain’t lyin’, No I ain’t lyin
You know i can’t stand it
You’re runnin’ around
You know better daddy
I can’t stand it cause you put me down …»
Hypnotisé par la vue postérieure de cette femme, Severus n’avait même pas prêté attention au verre de Bourbon qui lui avait déjà été servi. Cette emprise était somptueuse et dérangeante à la fois.
Au fil des paroles, toujours de dos, elle ondulait du bassin donnant alors une vue toujours plus intéressante de ses courbes que Severus, et le reste de l’assemblée, devinaient délicieuses.
L’atmosphère de la salle devenait électrique au fil des notes. Severus décida de saisir son verre et de le porter à ses fines lèvres.
C’est à ce moment que l’ensorceleuse décida de faire volte-face. Une cascade de boucles brunes suivit son mouvement, rebondissant sur son décolleté ravageur et se mêlant aux fines bretelles de sa robe soyeuse. Son visage de porcelaine contrastait avec ses lèvres pourpre et la noirceur de ses cils interminables. Son regard chocolat avait quelque chose de dérangeant, des reflets rougeoyants semblaient émaner de sa rétine.
« … I put a spell on you
Because you’re mine
You’re mine… »
C’est à ce moment que Severus recrachât sa gorgée de bourbon et hurla intérieurement :
« GRANGER ! »