Dans le coin de la chambre, la créature observait la jeune femme d'un œil curieux. Elle n'avait pas le droit d'être ici. Il avait bien senti sa présence les autres soirs et si, une sourde colère l'avait gagné au départ à la vue de la Sang de Bourbe qui souillait le lit de Regulus, une idée avait commencé à germer dans son esprit. Claquant des doigts, il eut un moue de satisfaction en voyant une grimace se former sur le visage de la jeune femme.
"Kreattur va obéir à votre ordre, Maître." murmura l'elfe, le regard inhabituellement brillant, avant de disparaître dans un autre "Plop".
Après ce qu'il lui sembla seulement quelques minutes, la jeune lionne fut tirée de son sommeil par une sensation d'inconfort. Papillonnant des yeux et poussant un grognement, elle se demanda ce qui la dérangeait au niveau de la nuque. A tâtons, elle enfonça son bras sous l'épais coussin pensant y trouver quelque chose, toutefois rien ne semblait y être caché. Ouvrant cette fois les yeux, elle se retourna sur le dos pour fixer le plafond quelques instants, perplexe. C'est alors qu'elle le sentit à nouveau, il y avait bien quelque chose de dur au niveau de sa tête.
"Si ce n'était pas sous l'oreiller, alors cela vient de l'intérieur" pensa-t-elle à voix haute.
Elle se redressa sur le lit et saisit sa baguette, qu'elle avait laissé sur la console de bois noire qui se trouvait sur sa gauche. Pointant le coussin de sa baguette, elle murmura : "Diffindo" tranchant ce dernier en deux, elle enfonça alors sa main dans le trou béant de l'oreiller, ses doigts rencontrant une surface dure et froide. En saisissant la chose, Hermione tira d'un coup sec afin de l'extirper du tas de plume et, examinant l'objet, elle réalisa avec surprise qu'il s'agissait d'un carnet.
Le carnet était de couleur noire, la couverture faite de cuir était recouverte de gravures qui, selon Hermione, semblait former une constellation. Intriguée, la jeune femme desserra le lacet qui entourait l'ouvrage et l'ouvrit à la première page. Celle-ci accueillait quelques phrases écrites à l'encre noire, l'auteur de ces lignes semblait être agile de sa plume, puisque l'écriture ressemblait presque à de la calligraphie.
Ce journal est la propriété de Regulus Arcturus Black. Ne pas ouvrir sans son accord explicite.
La jeune femme ouvrit de grands yeux. Tenait-elle le journal intime de Regulus entre ses mains ? L'idée même qu'un Mangemort puisse tenir un journal intime parut si incongrue à Hermione, qu'elle ne put retenir un petit ricanement. Mais après tout, se dit-elle en y réfléchissant un peu plus, Regulus avait disparu vers l'âge de dix-huit ans. Il n'était donc pas si étonnant qu'un adolescent de cet âge puisse posséder un tel objet. Pendant quelques instants, la jeune femme ne sut que faire du carnet. Caressant distraitement la page avec son pouce, elle fut tirée de ses réflexions lorsqu'un rayon de soleil réchauffa son visage.
Poussant un hoquet de surprise, elle se leva du lit et consulta la pendule.
Sept heures quarante.
Elle avait dormi bien plus qu'elle ne le pensait ! Molly était sûrement en train de préparer le petit déjeuner, et cela relèverait d'un miracle si Sirius n'était pas déjà réveillé. Avec précipitation, elle enfouit le journal dans la poche de sa robe de chambre, et se saisissant de sa baguette, murmura "Istos Reparo" en direction de l'oreiller en charpie, redonnant à celui-ci sa forme initiale. Elle se dirigea vers la porte et, respirant un grand coup, elle tourna doucement le bouton de la poignée, priant pour que Sirius ne l'entende pas. Elle sortit en silence, prenant garde à bien refermer derrière elle.
"Eh bien, on a trouvé quelque chose d'intéressant ?" La surprit une voix grave.
Elle se retourna dans un sursaut. Sirius, geignit-elle intérieurement en voyant le Maraudeur dans le couloir. Ce dernier avait les bras croisés sur sa poitrine et la considérait, les sourcils haussés. Elle se sentit pâlir sous le regard du parrain de son meilleur ami. Elle ouvrit la bouche plusieurs fois, sans savoir quoi dire pour justifier sa présence ici.
"Je vois que Miss Je-sais-Tout ne sait pas quoi répondre. T'en fais pas, Hermione. Je sais que tu viens ici, je t'entends te promener dans le couloir tous les soirs." Déclara Sirius, les yeux malicieux.
Elle sentit son corps se détendre en remarquant la façon dont il la regardait. Il ne semblait pas contrarié pour le moins du monde, au contraire, il semblait trouver cela plutôt amusant, semblait-il.
"Je suis désolée, Sirius. J'aurais dû te demander la permission avant." Dit-elle en regardant par terre.
Sirius éclata de rire en voyant son air de chien battu. Elle savait pertinemment qu'il ne pouvait pas y résister, et que la moindre petite contrariété qu'il pouvait ressentir fondait dès qu'elle arborait ce regard.
"Honnêtement Hermione, je ne vois pas de problème à ce que tu rentres dans cette chambre. La seule chose, c'est que je ne suis pas certain de comprendre pourquoi ?"
Elle s'apprêtait à répondre lorsqu'il leva la main pour l'interrompre.
"Tu n'as pas besoin de me donner une raison, ma belle. Cette maison n'est même pas la mienne, je la considère comme celle de l'Ordre maintenant." dit-il en haussant les épaules, désinvolte, avant de continuer d'un ton sombre : "cela n'a jamais été ma maison de toute façon."
Hermione eut un sourire désolé face à cette réflexion, mais ne dit rien d'autre.
"Allez petite sorcière, tu ferais bien d'aller te changer avant que les garçons ne te voient dans cette tenue. Mon filleul est peut-être ton meilleur ami, mais il n'en reste pas moins un homme." Conseilla-t-il avec un clin d'œil en désignant la nuisette blanche que portait la jeune lionne sous sa robe de chambre ouverte.
Considérant sa tenue rapidement, la jeune fille se sentit rougir furieusement et s'enfuit sous les yeux hilares du vieux Maraudeur. Descendant les escaliers rapidement, elle sentit son cœur battre la chamade alors qu'elle pressait la poche contenant le journal, et ne put s'empêcher d'esquisser un sourire, fière de sa découverte.
Elle regagna rapidement sa chambre et s'empressa de cacher le carnet dans sa malle, qu'elle ferma à l'aide de puissants sorts de protection. Aussitôt après, elle enfila un jean bleu foncé et un chemisier crème, elle noua ses cheveux en un chignon lâche et se dépêcha de descendre afin d'aider Molly et Ginny. Elle déciderait que faire du journal, un peu plus tard, se dit-elle.
Entrant dans la cuisine de la maison Black, Hermione trouva Molly, Ginny et Georges occupés à faire frire une quantité colossale d'œufs et de saucisses. Adressant un "bonjour" à la petite assemblée, la jeune femme s'occupa de dresser la table pour les douze personnes logeant au 12 Grimmauld Place.
"Bonjour ma chérie, je vois que tu as enfin pu dormir ce matin." lança Madame Weasley, d'un air ravi. "Bien, les enfants, je vous laisse quelques minutes, il est temps de réveiller tous ses lèves-tard."
" 'Jour Mione" la salua Georges en retournant les œufs dans une poêle, à l'aide de sa baguette.
"Hermione, enfin! Par Merlin, où étais-tu ce matin ? Je suis venue te chercher, mais tu n'étais pas dans ta chambre." s'exclama Ginny d'un air intrigué, profitant que Molly soit partie réveiller les autres.
Entendant cela, Georges renversa quelques œufs frits sur le sol et, ne prenant même pas le soin de regarder les dégâts, contempla la jeune brune d'un air choqué et hilare.
"Non! Est-ce que j'ai bien entendu? La sérieuse Hermione Granger n'a pas dormi dans son lit cette nuit ?"
Les regards des deux Weasley posés sur elle, la jeune fille ne sut que répondre. Mais alors qu'elle fouillait tous les recoins de son cerveau à la recherche d'une réponse qui ne lui vaudrait pas de railleries, la porte de la cuisine s'ouvrit sur un Sirius boitillant.
Celui-ci, ignorant le sujet de conversation entre les trois jeunes Gryffondors, mit les pieds dans le plat.
"Je vois que tu as eu le temps de te changer, princesse." Commenta-t-il un sourire en coin en observant Hermione.
Un bruit de poêle heurtant lourdement le sol résonna alors dans la cuisine de la maison Black.