Sa petite main était agrippée à celle d’Harry Potter. Ils venaient tout juste de quitter le manoir Malfoy. Dobby sentait que quelque chose ne s’était pas passé comme prévu. La douleur à son ventre était intense et pressante. Il serra plus fort la main de son héros.
Quelques minutes auparavant, Aberforth Dumbledore avait appelé Dobby pour voler au secours d’Harry Potter. Il ignorait comment l’humain avait pu être informé, mais il s’était précipité au manoir de ses anciens maîtres sans hésiter.
Pendant qu’il transplanait, l’angoisse avait commencé à s’emparer de l’elfe de maison. Tous les mauvais traitements qu’il avait subis à ce manoir lui étaient revenus à la mémoire. Il avait songé à sa première rencontre avec Harry Potter pour se changer les idées.
Il avait atterri dans la cave du manoir et s’était trouvé un peu désemparé. Comprenant l’urgence de la situation, il était parti avec le premier groupe à l’endroit appelé la Chaumière au Coquillage.
La jeune fille blonde qui venait de secourir avait expliqué leur venue au frère de Mr Whisky et Dobby avait été surpris que celui-ci ne se propose pas pour aider les autres prisonniers, mais il n’avait pas le temps d’attendre après lui. Il était retourné au manoir, seul.
Il venait à nouveau d’arriver sur la plage de la maisonnée, mais cette fois, il était accompagné d’Harry Potter. Il avait réussi sa mission. Ses deux petites mains se posèrent sur son ventre et ses grands yeux verts regardèrent fixement le couteau qui le transperçait.
Dobby comprit soudain d’où provenait la douleur. Il respira une grande bouffée d’air frais et la réalisation le frappa. Il allait mourir. Il en avait la certitude. Dobby ne voulait pas mourir seul.
Difficilement, il pivota vers le groupe avec lequel il était arrivé. Ses yeux se déplacèrent sur Harry Potter. Il fit un petit pas pénible vers lui, mais il sentit son corps entier basculé vers l’avant.
Tandis qu’il tomba, le temps sembla s’arrêter. Il se revit à Poudlard accompagné de Mr. Malfoy, qui l’avait libéré par accident, et il se souvint de la joie immense qui l’avait habité à cet instant précis.
Il revit toutes les démarches qu’il avait faites pour trouver un emploi, mais qu’il n’avait menées à rien, car « un elfe de maison ne doit pas être payé ». Il se remémora Mr. Dumbledore qui l’avait engagé Winky et lui à Poudlard.
Tous les bons souvenirs le submergèrent d’un coup, défilant devant ses yeux aussi rapidement qu’une étoile filante. Il prit conscience qu’on le tenait.
Les yeux verts d’Harry Potter étaient posés sur lui, il parlait, mais aucun son n’atteignit les oreilles de l’elfe. Devant la venue de la mort, Dobby songea à toutes ses années au manoir Malfoy. Il s’était toujours dit qu’il allait mourir dans cet affreux endroit. Le sort pouvait se montrer très ironique.
Il chassa cette idée. Dobby voulait uniquement se remémorer les bons moments de sa vie. Harry Potter, Poudlard, Winky. La pauvre Winky aurait sûrement beaucoup de chagrin quand elle apprendrait la nouvelle de sa mort. Il aurait souhaité lui dire un dernier au revoir. Poudlard qui avait été le meilleur lieu de travail, qui lui avait permis de côtoyer plus Harry Potter. Et lui, son héros, le sorcier qu’il lui avait prouvé qu’il ne méritait pas tous les mauvais traitements des Malfoy. La personne qui l’avait le mieux compris.
Dobby n’éprouvait plus aucune douleur. Il s’était effondré dans les bras d’Harry et il savait qu’il allait bientôt quitter le monde, mais il avait réussi le plus grand exploit de sa vie : sauver Harry Potter et ses amis. Avec difficulté, il ouvrit la bouche et parvint à marmonner uniquement deux mots.
- Harry Potter…
Il aurait aimé en dire plus, mais la vie commença tranquillement à abandonner son corps. Avec une certaine douceur, il se remémora la promesse qu’il avait faite au sorcier de ne plus jamais essayer de lui sauver la vie. Il avait brisé cette promesse. Pourtant, Dobby était persuadé que s’il avait survécu, il n’aurait jamais ressenti le besoin de se punir pour cet acte.