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FRANCE – Montpellier
Jeudi 23 juin 2022
16:03
Martin soupira. La télé affichait une nouvelle fois des catastrophes. Des morceaux de grêle gros comme son poing avaient décimé la région de Roanne, dans la Loire, la veille.
« Depuis 17h00, nous avons reçu 1400 appels, qui ont généré 466 interventions sur Roanne et sa périphérie, dont 360 sur la seule commune du Coteau... »*
Il éteignit la télé et se coucha sur son canapé, dans l’appartement qu’il partageait avec son meilleur ami, Hugo. Lydia, assise sur l’autre canapé, était dans le même état que lui. Les deux étaient amis depuis toujours et se voyaient régulièrement, sans les autres membres du groupe.
« C’est désespérant. » soupira-telle. « Si seulement notre magie servait à autre chose que détruire les autres...
- Je ne comprends pas qu’ils nous aient refusé l’autorisation d’intervenir. » grogna Martin en soufflant bruyamment. « Que les Moldus soient aveugles est un fait, ils n’ont en plus de ça pas les moyens, pour la plupart, de lutter. Mais notre gouvernement sorcier ? Il pourrait très bien combattre le réchauffement climatique !
- Mais le secret magique serait révélé et blablabla... » imita avec exagération Lydia, ce qui fit rire son ami.
Le silence revient. Aucun des deux ne parlaient. Lydia, une femme noire de vingt-cinq ans, médicomage, drôle et intéressante. Martin, un grand brun bien bâti, vingt-quatre ans, brigadier magique, optimiste et souriant. La pluie continuait de marteler, dehors.
« Bon, c’est déprimant, tout ça. Ils arrivent quand ? » râla un bon coup Lydia.
« Ils ne devraient pas tarder. » indiqua le brun en se dirigeant vers son congélo. « Une bière ?
- Avec plaisir ! »
Elle but un grand coup, vite suivi de son ami. Ils attendirent encore quelques minutes, et entendirent enfin le fameux bruit annonçant un transplanage. Huit personnes, quatre filles et quatre garçons, débarquèrent dans le deux-pièces, derrière un des canapés, trempés par la pluie.
« Et voilà ! » s’écria Emma. Emma, une jolie blonde de vingt-trois ans, la plus jeune du groupe, psychomage, marrante et un peu folle. « Excusez notre léger retard !
Lydia s’étouffa avec sa bière.
« Léger ? Tu plaisantes ? Une demie-heure ! C’est léger, tu trouves ?
- Désolée, Ly. Un patient difficile, ce matin ?
- J’te l’fais pas dire… »
Alexandre s’approcha de Lydia et l’embrassa tendrement. Alexandre, grand, brun, musclé, vingt-quatre ans, professeur d’étude citoyenne à Beauxbâtons, moqueur et bon public.
Emma se servit d’une bière et en distribua aux autres. A Hugo d’abord, un grand gaillard brun de vingt-cinq ans, de nombreux tatouages sur le bras droit, joueur de Quidditch professionnel, sportif et dragueur. Noémie ensuite, petite, brune, vingt-cinq ans, un tatouage en forme de lune dans la nuque, musicienne talentueuse, timide et créative. Après Baptiste, grand, blond, maigrichon, vingts-six ans – le plus vieux du groupe, chanteur dans le groupe Farfaday’s, insolent et blagueur. Vint ensuite Vincent, jeune homme noir de vingt-quatre ans, vendeur d’accessoires de Quidditch, intelligent et rusé. Sanae aussi, une grande femme aux cheveux noirs jais, traits asiatiques, vingt-cinq ans, cuisinière à Rouge écarlate, un restaurant de grande réputation chez les sorciers français, calculatrice et séductrice. Et pour finir, Isabelle, jolie rousse recouverte de taches de rousseur, vingt-quatre ans, alchimiste de renommée pour son jeune âge, ambitieuse et courageuse.
« Parait que la demande a été refusé, Tintin ? » commença Isabelle.
« J’te jure, j’ai encore la rage. » marmonna Martin.
Tintin, petit surnom, référence direct aux BD, donné à Martin.
« Il serait peut-être temps de manifester, comme les Moldus. » proposa Noémie. « Je les ai vu faire, c’est facile. Une pancarte, des T-shirts assortis et un slogan, et tous les journaux parlent de nous.
- Ça peut-être une bonne idée… » réfléchit tout haut Hugo.
« Fastoche ! » renchérit Emma avec un clin d’œil.
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FRANCE – Paris
Dimanche 26 juin 2022
10:37
La grande place sorcière de Paris était blindée de monde. Des enfants qui mangeaient des glaces, des hommes qui buvaient, des ados qui embêtaient les passants. Rien d’inhabituel, en somme. Ou presque.
Une pancarte se démarquait des différents groupes. On pouvait lire dessus : « SAUVONS LA PLANÈTE, SINON, CE N’EST PAS QUE LES MOLDUS QUI VONT CREVER ! » en lettres majuscules et colorées. Les dix jeunes portaient une robe sorcière rouge, et légère à cause de la chaleur, du maquillage multicolore recouvrait leurs joues et une des femmes s’était lancée un sonorus pour être sûre de se faire entendre. Les gens dans les rues sorcières se retournaient sur leur passage, surpris, curieux, embêtés, agacés pour ceux qui trébuchaient. Il avait cessé de pleuvoir tôt le matin, mais les routes étaient encore mouillées.
« La Terre surchauffe ! » cria Isabelle, la plus à l’aise à l’oral. « Le 18 juin, il fait 38° à l’ombre contre 26° en 2015. Vous vous rendez compte ? 12° de différence en seulement sept ans ! Il est temps d’agir, sorcières et sorciers, les Moldus ne sont pas en capacités de lutter à cause de leurs conflits et de leur manque de magie. Mais nous, sorcières et sorciers, nous, nous pouvons les aider, nous aider ! Il suffit d’allier nos forces, oui, d’allier notre magie pour sauver la Terre. Nous savons bien que ce sont les Moldus qui ont pollué la planète, mais si nous n’agissons pas vite, il sera trop tard pour la sauver, et les Moldus ne seront pas les seuls à périrent. Oui, sorcières et sorciers, nous aussi, nous allons mourir. Mourir ! Est-ce que vous voulez mourir ? Non ? Alors, venez lutter avec nous ! »
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FRANCE – Montpellier
Lundi 27 juin 2022
07:13
Emma transplana chez Martin et Hugo.
« Les gars ! » cria-t-elle à travers le deux-pièces. « Vous avez lu La Gazette Magique ? Ils parlent de nous ! Hier, à Paris ! »
Hugo stoppa la cuisson des œufs et s’approcha de sa jeune amie. Martin, une serviette autour de la taille et son début de barbe à moitié rasé, fit de même. Ils lurent ensemble :
UN GROUPE D’ACTIVISTE SÉPARE LA COMMUNAUTÉ SORCIÈRE EN DEUX CAMPS BIEN DISTINCT
Hier, aux alentours de 10H30, un groupe de jeunes sorciers, dont l’alchimiste de renommée Isabelle Poulain – celle qui a parlé tout le long de l'intervention -, le chanteur Baptiste Martinez du groupe Farfaday’s ainsi que le joueur professionnel de Quidditch dans l’équipe Griffe du Tigre Hugo Boucher, ont manifesté contre l’inaction du Ministère de la magie français pour lutter contre le réchauffement climatique. Pour reprendre les mots exacts de Poulain : « Ce combat n’est pas que celui des Moldus, il est celui du monde entier ! Si vous ne voulez pas finir vos jour six pieds sous terre, il serait temps de s’activer dès maintenant. »
L’intervention de ces dix sorciers et sorcières a donc pour but de régler les problèmes des Moldus. Mais est-ce la bonne solution ? Que nous cache encore le Ministère de la santé magique ? Y a-t-il véritablement un réchauffement global de la planète ou est-ce une invention de jeunes en manque d’attention ? La célèbre journaliste Gabrielle Delacour est allée directement voir sur le terrain. Et voici ce qu’elle nous a résumé :
« J’ai mené mon enquête chez les Moldus et j’ai découvert des choses stupéfiantes ! En plus de dire la vérité, nos dix jeunes manifestants ont soulevé un des problèmes les plus importants chez les Moldus. Ils appellent ça l’écologie (voir page 3-4) et cela consiste à sauver ce qu’il reste de la planète sur laquelle nous vivons. Il se trouve que des manifestations moldues, beaucoup plus grandes que celle d’hier, ont lieu sur tout le globe pour lutter contre ce réchauffement de masse. Malheureusement pour les Moldus, leurs gouvernements ne semblent pas trop se soucier de l’écologie, qu’ils jugent bien moins importante que l’économie. De ce fait, ils continuent l’exploitation de gaz polluants qui détruisent la Terre. Une pandémie avait réduit, les années précédentes, les gaz à effet de serres, comme les Moldus les appellent, grâce à un confinement général de la population. Mais depuis la reprise de l’économie, plus rien ne va et les Moldus repartent par la mauvaise voie. Le monde est en péril, ça c’est certain. »
Les trois amis se regardèrent avant d’éclater de rire. Ils avaient réussi !