Après des décennies je suis enfin serein ;
Vous dont vie et bonheur me chaut plus que magie
Vous mes enfants, mes élèves, mes protégés,
Vous, amis, êtes autour de moi réunis
- Sans être pour vos familles fols inquiets -
Et vous prenez vos dons en magie de destin.
Enfin, vous êtes joie d’être sorciers. Enfin.
Votre cœur, votre force, ne sont plus maudits,
L’épée et la fourche ne sont plus votre armée,
Vos baguettes se plaisent dans vos mains – vos vies ! –
Vos balais s’envolent quand vous les enchantez,
Car vous êtes joie d’être sorcières. Enfin.
Le secret se construit, se cachent nos chemins,
S’isole notre monde ; s’allument bougies :
Émergent des villages tout entiers sorciers,
Où vous vous épaulez, où la confiance vit,
Où vous n’avez plus peur que flambent les bûchers :
Vous osez dire un sort avecque de l’entrain !
Pour sûr il est fort triste et j’en suis vrai chagrin
De voir vos cœurs de larmes encore envahis
Et de vous voir réduits à cette extrémité :
Pour vivre heureux de vivre cachés, tel le dit
Le philosophe rempli de fatalité,
Mais mon tissu s’épuise à quêter autre fin.
Mes sorcières et mes sorciers, cher chérubins,
Écoutez voir un peu, un être riquiqui,
Un vieux chapeau bossu, parlant et si buté,
Écoutez ce Choixpeau rapiécé et repris
De fils, d’aventures, d’histoires du passé :
Je vous ai harangué à résister en vain.
Je vous disais : « Bats-toi, ne reste pas éteint,
Allume ta vaillance, tes souhaits, tes envies ! »
Je vous disais : « T’es sorcier, non méchanceté !
N’aies cure des moqueries et des vilenies ! »
Je vous disais : « Les moldus sont bêtes, frappés :
Ils ne cherchent que poudre de perlimpinpin ! »
Que ne jure-t-on pas, aux flammes des matins,
Aux rayons du soleil, à la source des pluies,
À la peur de mourir, et aux cœurs enflammés ?
Que ne jure-t-on pas, lorsqu’on veut la survie ?
Toute ma vie j’ai lutté pour la liberté
Des enfants de magie au milieu des humains.
Las ! à rebours je parle, oh oui je le sais bien
Mais je vois maintenant que mon refrain fleuri :
« Moldu mol du bulbe ; et si prompt à juger ;
Sorcier sors un sort donc et bats-toi pour ta vie ! »
N’est qu’harangue nous poussant à perpétuer
De la haine et la peur le cycle du Malin.
Ce n’était que des mots, des vers, un coup de main
Pour vous aider à garder moral et pays
Malgré les brimades, les cris, les quolibets
Que tout Moldu s’entête à charrier aujourd’hui.
Mais je ne suis qu’un fou, un objet aveuglé :
Mes conseils encor nous menèrent au ravin.
Les Moldus vous craignent, vous les magiciens,
Car magie est en vous, cachée et infinie,
Elle ne s’explique pas, fait difficultés
À se maîtriser vite : elle fait fantaisies.
C’est une capricieuse une rude beauté,
Or le fort, beau, et vrai, et toujours si fort craint.
N’est-il pas juste de craindre un monstre marin,
Un dragon, un griffon, et un frappeur esprit ?
Sorciers vous êtes forts !... mais malintentionnés,
Vengeurs ou désespérés, craintifs ou meurtris,
Vous ripostez, vous emportez et explosez
Plus vite et violemment que des moldus bambins.
Mes quatre créateurs, aussi le savaient bien
C’est pourquoi avant moi, cette école naquit.
Poudlard est lieu d’asile pour tous les sorciers ;
Est lieu d’apprentissage ; est un sûr abri ;
Est lieu de vie commune et un peu retirée ;
Mais a donné modèle à ce nouveau chemin :
Les Conseils magiques, les Conseils des Anciens,
De tous les pays se sont moult fois réunis.
Le Secret Magique vient d’être proclamé
Et cette sombre année, calmement s’est finie.
Si les persécutions fusaient de tous côtés
Elles semblent se calmer, perdre leur venin.
Peut-être Rowena, la dame au cœur d’airain
Aurait-elle gémi devant ce choix réduit
Mais sa raison certaine aurait-elle approuvé
Cette solution, tempérée, assagie,
Vertus que la dame Serdaigle défendait.
Et c’est dans sa maison qu’on trouve maints génies.
Peut-être Salazar, le sire un peu mesquin,
Aurait-il tempêté pour partir en furie
Contre des Moldus qu’il ne voulait qu’écraser…
Mais il était rusé, patient et réfléchi,
Lors il aurait compris, voulu et approuvé
La manœuvre de paix des Serpentard malins.
Peut-être dame Helga, l’amie de chacun,
Celle qui compatissait aux malheurs d’autrui,
Aurait-elle pleuré sur ce choix résigné
Mais rassurée de voir le monde enfin béni,
Elle aurait pacifié les Poufsouffle enragés
Afin d’annihiler tout traitement vilain.
Peut-être Sieur Godric, mon maître un peu hautain,
Avecque Salazar se serait enhardi
À défendre le vrai avec témérité !...
Mais si un Gryffondor sait faire force bruit
Fonce tête baissée au nom d’égalité,
La paix est son mantra, le bonheur sa fin.
Vous avez entendu les noms des châtelains
Qui me donnèrent voix pour que je clarifie
Les époques oublieuses et tourmentées ;
Ils me chargèrent de faire aussi répartie
Selon vos attitudes et vos volontés
Afin qu’en leurs maisons vous preniez parchemin.
Lequel vous semble vous, de près ou de lointain ?
Entrez et approchez, je vous entends d’ici
Vous demander quelle maison vous conviendrait
Pour sept années dans cette illustre académie.
Ne songez plus à l’époque que vous vivez
Pour essayer de construire un neuf lendemain.
Les Moldus vous oublient’, ne les oubliez point :
Ne les maudissez pas, ce n’est cachotterie
De vivre retiré pour recouvrer gaieté…
Le réveil viendra : rien ne reste endormi !
Pour l’instant que ne reste en vous que la bonté :
Car mes vers s’enlacent’ et vous enlacent, gredins !