Maman, je t’aime et tu me manques.
J’ai toujours aimé les plafonds. Il y en a qui disent que je suis toquée à toujours regarder là-haut. Mais je m’en moque, je sais que tu es toujours quelque part, assise dans un coin, à veiller sur moi.
Sur le plafond de ma chambre à la maison, j’ai mis les portraits de mes amis ou de personnes que je considère comme telles même si elles ne le savent pas toujours. Ginny, la fidèle qui m’a prise telle que je suis. Neville, moqué même au sein de sa propre Maison, comme moi, mais ce n’est pas grave car on est là l’un pour l’autre aussi. Ron, parce qu’être l’ami de Harry Potter en passant au-dessus des rumeurs, c’est être l’ami du monde. Harry donc évidemment, Maman, tu me manques, mais lui il ne peut même pas en pleurer dans les bras de son père. Et enfin Hermione, une fille qui juge peut-être un peu vite mais une chouette fille qui tient à ses idées et qui donnerait sa vie pour que j’aie toujours le droit de raconter ce que les autres appellent des ramassis de bêtises.
A Poudlard, j’ai attaché en haut de mon lit des guirlandes et des fleurs et des boutons et des fils en laine, j’ai tissé mon univers intérieur, mes couleurs et ma poésie, personne ne me comprend et c’est parfois tant mieux.
Toi, je t’ai partout avec moi, et je te sens encore plus lorsque je suis étendue, comme maintenant, sur l’herbe humide et froide de la nuit, au bord du Lac Noir, pas assez noir pour ne pas refléter le ciel. La nuit est claire et douce et fraîche et lumineuse et il y a des étoiles dans le ciel.
Dis-moi que c’est toi Maman, tes multiples potions, tes multiples équations, des multiples équations, parce que tu cherchais à donner un sens à tout, à toute chose existante, même aux choses loin de nous, aux étoiles par exemple. Et dans chaque étoile quand je perçois un scintillement, je crois voir un battement de ton cœur, un clin d’œil, une attention de toi à moi. Je ne crois pas être égoïste car je suis seule dehors ce soir, je n’ai pas à partager la beauté du ciel avec d’autres, et je me sens enveloppée et protégée, bien plus que si j’étais quelque part sous un toit.
C’est aussi pour ça que je décore mes plafonds. Je ne veux pas que mon esprit soit enfermé. Si mon esprit croise des images de mes amis ou sa propre image, alors il peut s’évader ailleurs, quelque part dans l’informe universel. Je ne veux pas être enfermée, Maman, je veux que mon esprit puisse toujours courir après le tien, qu’on puisse cavaler ensemble à la recherche de l’inconnu et de l’étrange.
Quand je regarde les étoiles, quand je suis seule dans la nuit, je n’ai pas peur Maman, et je sais de mieux en mieux qui je veux être. Plus tard, je serai magizoologiste. On ira ensemble par-delà les montagnes par-delà les forêts par-delà les lacs et on ira s’installer à observer des êtres qui vivent en complète et totale liberté.
Maman, je t’aime, et plus je t’aime, plus j’arrive à me dire que tu me manques de moins en moins car je sais que tu seras toujours avec moi en esprit, et il n’y a plus que ça qui compte.