Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....
Athénaïs sourit et ferma le recueil de poèmes Renaissance. Chaque vers était aussi subtil que le parfum des fleurs dont elle s'occupait chaque jour.
Elle aimait les fleurs. Elle aimait les vers. Elle aimait les voyages sensoriels, les effluves végétales, la douceur d'un sonnet, la délicatesse de la patte d'une abeille sur le pourtour dentelé d'une rose bientôt fanée, réciter des haïkus.
Fermer les yeux et voir le monde plus beau qu'elle ne se le construisait déjà. Imaginer que tous les enfants du monde vivraient un jour bercés de pistils odorants et d'alexandrins doux et amoureux.
On disait d'elle qu'elle rêvait.
Pendant ce temps, Grindenwald éteignait les étoiles, coupait les fleurs et censurait la poésie. Et il aurait fallu seulement se contenter de la cantonner à la rêveries ?
Lorsqu'il est interdit de rêver, rêver devient un acte politique.
Alors, Athénaïs suivait doctement la botanique, les potions, l'étude des runes. Elle compléta ses connaissances des propriétés des plantes directement dans les cuisines de Poudlard. Son frère Fleamont était un véritable chenapan, il avait trouvé comment y entrer, et elle profita que c'était à côté de la tour de sa Maison Poufsouffle pour se convaincre qu'elle n'enfreignait qu'à moitié le règlement.
À Grindenwald on opposait déjà les armes, les voix, les manifestations, les sanctions économiques.
Athénaïs essaierait, de toute son âme de poète fleuriste, d'y parvenir aidée de plumes et d'abeilles.