« Il a l’air très corsé, ton chocolat.
— Oui, en fait je fais fondre des carrés de chocolat de cuisine, je rajoute une ou deux cuillérées de lait, je touille, je rajoute une épice – cumin, cannelle, poivre, et voilà.
— C’est scandaleux !
— Comment ça, c’est scandaleux ? Comment tu fais, toi, Môssieur le chef étoilé Remus Lupin, grand manitou ès chocolaterie, hein ?
— Et bien je fais réchauffer d’abord un volume d’une tasse de lait, puis je mets deux cuillères de chocolat en poudre, Mary, tu m’entends, en poudre, et je touille jusqu’à obtenir un mélange onctueux. »
Mary haussa les épaules.
« C’est commun, ordinaire, usuel, vulgaire même.
— Le problème, Mary, c’est que le chocolat en poudre sert à être touillé dans des boissons, comme moi-même j’en fais le bon usage, tandis que le chocolat à pâtisserie, comme son nom l’indique, ne sert exclusivement qu’à la pâtisserie.
— Mais ce n’est que le résultat d’une norme, et à quoi sert une norme ?
— A répartir correctement les productions de produits chocolatés primaires et les consommations de produits chocolatés secondaires réalisés grâce aux produits chocolatés primaires susmentionnés.
— A être dépassée, Remus.
— Si une norme doit être systématiquement dépassé, est-ce que tu ne viens pas de définir une norme sur l’arbitrage d’une norme ?
— Regardez-le, s’écria Mary, en pointant du doigt Remus, regardez-le, ce garçon professe la mauvaise foi et a l’outrecuidance de me contredire sur la façon de préparer un chocolat chaud ! »
James et Peter assistaient, absolument hilares, à cette scène entre les deux amateurs de chocolat. Ils riaient à gorge déployée, des larmes aux yeux, les abdominaux douloureux, à en perdre haleine. Sur la table à laquelle ils étaient installés, quatre tasses, fumantes il y avait encore quelques minutes, narguaient leurs narines.
La porte du dortoir s’ouvrit sur Sirius et Marlene.
« Marlene, défends-moi ! Je suis ta petite amie !
— Contre quoi ou qui ?
— Remus Lupin ici présent ! Il prétend que son chocolat chaud est meilleur que le mien.
— Oh Remus, nous allons nous fâcher alors, prévint Marlene en mimant un air extrêmement grave. Pour que notre Mary nationale, si timide, crie aussi fort sans que Lily ou moi ne soit dans la même pièce qu’elle pour lui donner du courage, c’est que le tort est grand, et le dommage, conséquent.
— Excusez-moi de déranger vos palabres, fit Sirius, mais vos boissons refroidissent, ce qui faussera grandement les résultats de l’enquête gustative.
— On n’a qu’à les réchauffer, proposa James en sortant sa baguette.
— SURTOUT PAS ! s’écrièrent Mary et Remus d’une même voix.
— Oula, pardon, fit James avec des gros yeux et en levant les mains en signe de défaite.
— Il n’existe en effet qu’une et une seule façon de réchauffer un chocolat refroidi, expliqua doctement Remus.
— Je suis d’accord, approuva vigoureusement Mary.
— Trois minutes sur feu doux en touillant légèrement.
— Mais ce n’est pas possible Remus ! Comment tu peux dire ça ? Il faut le faire sur feu vif puis doux, dans cet ordre.
— Et les voilà repartis, marmonna Sirius, en se passant la main sur le front. »