La première fois que Parvati utilise la Salle sur Demande, elle ne sait pas encore qu'il s'agit de la Salle sur Demande. Elle est en quatrième année, elle sort d'un cours de potions, et elle est en colère. Rogue s'est encore acharné sur Neville pendant la classe, et Malefoy et sa clique n'arrêtaient pas de se moquer de Harry, et par extension des Gryffondor, ce qui l'a mise en rogne. Et puis Pansy Parkinson - cette horrible gamine, comment a-t-elle pu être amie avec elle ? - a fait exprès de lui renverser une partie de sa potion dessus quand Parvati lui a dit de la fermer.
Brûlante, la potion, car tout droit sortie du chaudron. Une cloque se forme déjà sur la peau brune de Parvati, et elle sait qu'elle devrait aller à l'infirmerie, mais elle n'a pas envie, elle est juste tellement en colère, si seulement elle pouvait taper dans un truc, n'importe quoi…
"Attends, Pati !"
Lavande la rattrape au 7e étage. Elle ne s'est même pas aperçu qu'elle était autant monté - encore un coup des escaliers.
"Pansy est vraiment une horrible personne, siffle Parvati, ralentissant devant une drôle de tapisserie avec des gobelins en tutu.
- Ah ça c'est clair, cet horrible bouledogue…
- Franchement, c'est méchant pour les bouledogues… Non, pour tous les chiens ! De les comparer à elle, précise Parvati sur un ton féroce.
- Y'a des pitbulls plus gentils que Pansy, ça c'est sûr…" renchérit Lavande.
Parvati soupire, se calme un peu. Lavande a le don pour dédramatiser une situation, même si ça ne lui suffit pas en cet instant.
"De quoi tu as besoin, Pati ?
- Honnêtement ? De taper dans un truc. Très fort. Longtemps, de préférence."
Quand Harry les emmène dans la Salle sur Demande, l'année suivante, Parvati se souvient soudain de cette petite pièce avec des punching balls et des coussins qu'elle avait trouvée ce jour-là. Elle ne l'a pas retrouvée, elle a cru avoir rêvé. Mais c'est bien la même salle : il lui semble même reconnaître certains des coussins.
Cette salle lui est souvent utile par la suite. Pour se réfugier, face à ses tracas d'adolescente ; puis plus tard, pendant la lutte contre les Carrows. Elle y vient souvent pour taper sur des trucs, en début d'année, elle fait ça avec Lavande, Padma, Mandy et Giunny. Ensuite elle leur sert de refuge, après leurs actions clandestines. C'est là que Padma et Anthony amène Michael, le jour où il est salement torturé par les Carrows.
Personne n'est surpris quand Neville s'y réfugie après avoir pris la tangente.
Seamus le rejoint deux jours plus tard, et puis Lavande et Parvati le suivent le lendemain.
"Franchement les gars… ça fait TROIS jours que vous ne vous lavez pas ?
- Eh ! Moi je suis arrivé hier…
- Oui, eh bien tu pues déjà, Seamus Finnigan, remarque Lavande. C'est pourtant pas bien compliqué, un endroit pour se laver, même pas besoin d'une baignoire, au moins une douche…"
Une porte se matérialise alors qu'elle parle. Parvati va l'ouvrir - la salle ne déçoit pas. Cette salle de bain est encore plus belle que celle du dortoir.
***
"Susaaaan…
- Oui, Hannah, répond la jeune fille sans ouvrir les yeux.
- Susie-su-su-susaaaan…
- Je suis là, Hannah.
- Je m'ennuie, Susan.
- Je sais, Hannah. Moi aussi.
- Mais comment tu fais ? Tu n'as pas l'air de t'ennuyer !
- Eh bien, je dors. Enfin, j'essaye.
- Mais dormir, ça empêche de s'ennuyer ?
- En tout cas, ça empêche de penser à l'ennui. Je dors pour ne pas savoir que je fais rien.
- Et moi, j'aimerais bien dormir mais vous m'en empêchez", leur parvient la voix de Lavande Brown en contrebas.
Les Poufsouffle ont rejoint les Gryffondor dans la Salle sur Demande deux jours après Brown et Patil. Une sombre histoire de mission de libération des petits en retenue, qui a mal tourné. Seules les filles étaient impliquées, mais Ernie a préféré les suivre, son temps était compté aussi.
Le problème de la vie clandestine, c'est que sans cours, et sans mission, on s'ennuie vite.
Or, Hannah Abott gère très mal l'ennui. Ce que ses camarades de maison savent depuis des années, mais que les autres sont en train de découvrir. Rien que ce matin, pendant que chacun dormait autant que possible, elle a déjà fait trois aller-retours avec Seamus à la Tête de Sanglier, elle a entraîné les garçons dans une bataille explosive avec des règles bien à elle - "Je fais ça pour pigmenter le jeu", a-t-elle dit à Neville, et Susan a bien vu que celui-ci n'avait pas le coeur à la corriger - et elle a redécoré une bonne partie de la salle.
Enfin, Susan a réussi à la convaincre de s'allonger dans le hamac à côté du sien après le déjeuner. Hannah n'a tenu que 10 minutes - et pour elle ça veut dire beaucoup.
"Mais ma parole, elle est aussi con qu'une valise sans poignée !"
… Le problème, c'est que Lavande Brown est dans le hamac du dessous, et ne paraît pas avoir beaucoup de tolérance pour une Hannah qui s'ennuie. Susan se redresse - elle va devoir intervenir…
"Eh ! J'te permets pas", répond mollement Hannah, et Susan se rallonge, après tout son amie est assez grande pour gérer ça toute seule. Apparemment, elle est dans la phase "autosatisfaction" de son ennui. "Tout ça parce que je suis une grande blonde et plus jolie que les autres, et désolée, c'est une vérité..."
Susan se tend à nouveau - Brown peut être susceptible, si elle prend les bêtises d'Hannah au premier degré…
Mais Lavande éclate de rire.
"Bon, allez, j'abandonne la sieste. Tu me fais rire, Abbott, je veux bien faire un jeu ou un truc avec toi. Apprends-moi tes règles bizarres de bataille explosive, tiens.
- Aaah ! ça me plaît ça ! Je te pardonne même pour le coup de la maison.
- C'est bien noble de ta part, fait Brown en s'approchant des deux Poufsouffle, un sourire aux lèvres qui fait battre le coeur de Susan un peu plus vite. La noblesse de cœur, c'est bien de chez vous ça, tu serais pas un peu la star des Poufsouffle ?"
Susan ne peut s'empêcher d'éclater de rire à son tour. Hannah lui jette un regard gentiment meurtrier, avant de s'asseoir correctement et de répondre d'un air digne, en tapotant la place à côté d'elle pour Lavande : "Je ne suis pas la star de cette maison mais en tout cas, je suis la star de ma vie, ça c'est sûr..."
**
"Anthony, il a vu que je commençais à bouiller…
- … bouillir, souffle Mandy.
- Oui, et bref, il a essayé de m’empêcher d’intervenir."
Neville hausse un sourcil en direction de Michael.
"‘Essayé’ ?
- Oui, ben, comme vous pouvez vous en douter maintenant qu’on est là… ça n’a pas été très efficace", intervient Anthony.
Tous les Serdaigle échangent un regard éloquent. Depuis que Neville leur a échappé, la férocité Carrow a empiré – si c’était possible – et ils n’ont pas besoin de grand-chose pour se défouler sur les élèves qui les défient.
"Bref, tout ça pour dire, conclut Mandy, parce que si on laisse les rêves à Anthony l'histoire ne sera jamais finie, on était là dans une salle vide, mais on savait qu'ils étaient après nous, et avec tous ceux qui étaient partis, on était moins nombreux, donc on s'est dit autant venir là."
"Vous avez bien fait, conclut Susan Bones, assise en face d'elle. Même si ça veut sans doute dire que vous ne pourrez pas en ressortir avant un moment. Enfin, comme nous tous.
- Bon, et personne vous a suivis jusqu'ici ? vérifie Neville Londubat.
- Un - ou une ? - des Carrow a essayé, mais les escaliers l'ont eu.
- Alecto ou Amycus ?
- Franchement, je sais pas faire la différence…
- C'est vrai qu'ils se ressemblent au niveau de la barbe", pointe Parvati Patil, et tout le monde éclate de rire.
Mandy regarde autour. La salle a l'air quand même sacrément confortable, pas autant que les dortoirs de Serdaigle certes, mais au moins ici tout le monde est en - relative - sécurité. A côté d'elle, Hannah Abott se lève :
"Qui veut faire une bataille explosive ? J'ai des super règles à vous apprendre !"