Une porte qui se ferme, une rue éclairée où des citrouilles se cachent dans les encoignures. Des devantures qui doucement se ferment sur leurs vitrines décorées où de vraies chauves-souris dorment pendues aux plafonds, des citrouilles ricanent et des araignées filent des toiles d’araignées au fil d’argent. Le chemin de traverse est plongé dans une atmosphère crépusculaire tandis que des champignons phosphorescents poussent entre les pavés disjoints pour éclairer les quelques rares passants.
Doucement Parvati ferme d’un coup de baguette les volets de son salon de thé Pumpkin and Tea en faisant bien attention à éteindre toutes les bougies parsemées dans la boutique.
L’air est frais. Elle resserre les pans de sa cape autour d’elle. Il commence à faire nuit tôt en cette fin de mois d’octobre. Et pourtant, Parvati sourit. Elle respire à pleins poumons pour emplir ses narines de l’air automnal, rendu légèrement douceâtre par des feuilles en décomposition et l’humidité de l’air anglais. Octobre est vraiment le plus beau mois de l’année, chaque soir, la propriétaire du salon de thé prenait son temps pour rentrer à son appartement non loin de là afin de profiter de l’instant présent. Ses amis avaient l’habitude de la taquiner sur toutes ses petites manies propres à cette saison, mais il n'y avait rien à faire, elle était une autumn girl. Alors entre deux taquineries, Lavande envahissait son appartement de citrouilles en laine et feutre quand ce n’était pas Neville qui lui offrait de vraies citrouilles. Sa passion pour ce légume d’automne, ou pour n’importe quoi d’automnal en vérité, était bien aidante pour ses amis quand il s’agissait de lui offrir un cadeau pour son anniversaire.
Mais aujourd’hui pas de longue balade. D’un crac simple elle transplana, direction l’allée sorcière de York. Ici aussi, les citrouilles étaient de sortie, à la différence qu’elles jouaient à cache-cache avec les arbres. Parvati rabattit sa cape sur sa tête, il pleuvait dans ce coin de l’Angleterre.
Elle préférait l’allée sorcière de York. Beaucoup plus petite, celle-ci en était que plus intime, et surtout moins encombrée. Mais ce que Parvati aimait par-dessus tout, c’est que contrairement au chemin de traverse il y avait des arbres qui rendaient l’endroit moins monotone, surtout par cette saison où le feuillage se parait de pourpre et d’ocre. Elle enjamba un tas de feuilles qui venait de se former devant une boutique avant de s’enflammer soudainement. C’est que le vent soufflait fort dans le Yorkshire et les feuilles s’amassaient dans la rue, les commerçants avaient trouvé la parade en ensorcelant le devant de leur boutique pour que chaque feuille qui arrivait sur leur coin de trottoir s’entasse dans un coin avant de disparaître dans une combustion spontanée lorsque le tas avait atteint une taille suffisante. Si au départ, c’était surprenant, on s’y faisait vite, une fois qu’on avait failli prendre feu. Autant dire qu’aujourd’hui le trajet était plus que chaotique, car en plus de tas de feuilles, il fallait prendre garde aux flaques d’eau.
Pourtant, ce n’était pas du côté sorcier qu’elle se rendait ce soir, mais du côté moldu.
Apercevant la devanture verte du restaurant Parvati hâta le pas, c’est qu’il commençait vraiment à faire froid en cette nuit d’Halloween. Et sorciers comme moldus savaient que par cette nuit hors du temps et du monde, il se passait des choses bien étrange.
Les fantômes de Poudlard n’étaient pas en reste pour raconter des histoires effarantes s’étant passé au cours d’une de ces nuits. Nick quasi sans tête lui avait ainsi raconté qu’en 2003 lors de la nuit de Samhain il avait vu des botrucs incendiés un arbre pour en faire un feu de joie en pleine forêt Galloise. Il avait aussi ajouté que ça lui avait glacé le sang, qu’il n’avait plus au demeurant.
Coincé entre une pharmacie et un magasin de prêt-à-porter, l’établissement avait peint sur ses grandes fenêtres des fantômes, chat noir, lutins de Cornouailles et trolls. Des citrouilles faisaient danser leurs chandelles dans l’obscurité invitant à entrer. Parvati tapa la porte, non s’en prendre le temps d’essuyer ses pieds sur le paillasson, elle détestait quand un de ses clients ne le faisait pas alors autant le faire chez une confrère. Bien que tenue situé dans une rue moldu le restaurant avait tout d’un endroit sorcier. Il s’étalait sur trois étages et était tout biscornu. Du jus de citrouille était à la carte et un chat roux qui ressemblait trop à un fléreur pour être une coïncidence traînait au coin de la cheminée. En habituée des lieux, Parvati grimpa l’escalier pour monter au dernier étage ou seulement trois tables étaient disposées.
C’est dans la table du coin que l’attendait comme à leur habitude Luna, Lavande et sa sœur. Elle était contente de retrouver sa sœur qui était de retour en Angleterre après presque trois ans en Inde. Le sourire enjoué de Parvati se transforma en grimace en voyant que Pansy Parkinson était aussi assise à la table. Elle ne comprenait vraiment pas pourquoi Lavande s’était entichée d’elle. Pourtant, au départ, la cohabitation entre les deux n’était pas gagnée.
Quand Pansy s’était pointé à l’auberge des gens brisés. Un endroit étrange qui accueillait tous les rescapés de la seconde guerre sorcière. Un endroit où peu importe votre camp, on vous donne une seconde chance. C’était une ferme à la sortie d’un minuscule village de la Lande des Moors, dont lui avait parlé Théodore Nott. Elle y était allée afin de rattraper les morceaux de puzzles qu’était devenue sa vie et ce fut Dean Thomas qui lui avait ouvert. Le propriétaire de l’auberge avait été bien surpris de trouver une Pansy dégoulinante sur son perron. Mais fidèle au but qu’il s’était fixé en créant ce lieu, il avait accepté qu’elle s’installe à l’auberge pour un temps indéterminé. À vrai dire autant de temps qu’elle le souhaitait, du moment qu’elle participait aux taches et aux dépenses la serpentarde était libre de rester.
Autant dire qu’ils avaient été plusieurs à faire la grimace de ses amis et condisciples en voyant son hôte. Curieusement, ce n’était pas le trio d’or, de passage à l’auberge, qui avait fait le plus grise mine. Luna, qui vivait ici, entre deux missions et faisait partie du quatuor de fondateur de l’auberge, n’avait rien dit. Seamus et Neville non plu, c’était Dean qui gérait vraiment l’auberge. Quand Pansy était arrivée, c’était une ombre, lui avait dit Luna. Et puis un jour Dean lui avait tendu la main et depuis, il ne semblait pas la lâcher. Devant son appareil photo, elle semblait s’animer, reprendre vie, comme une marionnette sous ses doigts. Il avait passé presque un an, à essayer de capturer son essence, à réveiller une étincelle dans ses yeux noirs. Tout ça, elle le savait principalement par Lavande et Luna qui habitait à l’auberge. Et puis bizarrement, surprenamment, Lavande avait commencé à lui parler un peu plus de Pansy. Au départ, c’était juste un « Pansy fait ça de la décoration florale, j’aimerais bien apprendre » au détour d’une conversation. Et de fil en aiguille, c’était devenu « Pansy adore les vide greniers comme nous, c’est chouette, du coup, je lui ai dit de venir ce week-end ».
Pour Parvati, cette amitié l’a dépassée complétement. Elle ne sait pas vraiment ce qui la gênait. Elle ne s’était jamais attachée aux principes des maisons. Sa sœur était à Serdaigle et elle s’en moquait éperdument. Elle n’avait jamais compris le principe de Poudlard de mettre des gens dans des cases, elle détestait déjà qu’on la mette dans une case concernant ses préférences amoureuses alors de là à dire toi tu seras courageux, toi érudit etc pour elle c’était un non-sens complet. Non ce qu’elle ne comprenait pas, c’est ce que Lavande trouvait à Pansy. Elle était totalement différente d’elles, elle aimait l’art floral bon sang, l’art floral, ça faisait tellement snob. Elles les avaient hués autrefois, et même si elle savait bien qu’il fallait pardonner aux ennemis d’autrefois, elle ne pourrait jamais pardonner à Pansy d’avoir taché à vie sa robe favorite, celle qui la faisait se sentir badass les jours d’acnés. Et puis qu’es ce que la si vivante Lavande pouvait trouver à une ombre ? Certes, elle en avait aussi été une autrefois, lorsque ses cicatrices lui bouffaient la vie, et l’empêchaient de se regarder dans un miroir, mais c’était derrière elles tout ça. Elles avaient guéri, grandis. Alors pourquoi Pansy collait autant Lavande ?
En les regardant chuchoter avant de lui sourire lorsqu’elle prit place autour de la table elle devait bien se l’avouer à elle-même. Elle était jalouse. Voilà, c’était dit. Elle n’aimait pas cette complicité qu’elles avaient. Sans compter qu’elles vivaient sous le même toi. Pourtant, Parvati n’avait jamais été gêné par le fait que Luna vivait elle aussi à l’auberge. Mais c’était différent. Il n’y avait pas de sourires mutins, des regards qui suffisaient pour se comprendre. Ça avait toujours été leur truc. C’était à elles. Mais maintenant il y avait cette vipère qui se glissait entre elles. Les chuchotements de Lavande ne lui étaient plus réservés. Et elle devait la partager avec une autre, elle avait l’impression de revenir à Poudlard quand elle avait dû apprendre à laisser Padma voler de ses propres ailes. Mais avec Lavande elle s’était fait une promesse, « nous contre le monde ». Elle avait envie de rappeler cette promesse à sa meilleure amie, de lui lancer à la figure. Une boule serrée sa gorge, mais elle se retint de laisser éclater la bulle. Au lieu de ça, après avoir salué la tablée, elle laissa ses yeux errer sur la peinture qui courait sur les murs de la pièce. Elle représentait une forêt inconnue avec des créatures surnaturelles tapies dans les fourrés. Luna c’était fait un plaisir de peindre cette fresque que lui avait commandée Myrcella en déclarant qu’elle avait toujours voulu qu’un artiste laisse sa trace dans son café.
En parlant du loup, voici qu’une femme d’une quarantaine d’années s’avançait vers elles avec un plateau déjà chargé de victuailles.
- Tenez les filles, je vous ai à toutes mis un verre de jus de citrouille chaud et une part de Yorkshire pudding, ça vous réchauffera avec cette pluie. Vous voulez autre chose ?
Une fois, les commandes passées la patronne entrepris de descendre les escaliers pour leur ramener tout ça. Point de magie ici, c’est que Myrcella était une cracmol. Elle s’était prise d’amitié avec les habitants de l’auberge des gens brisés, et depuis que Dean avait acheté l’auberge, le 8 mai 2000 pour être précis, son établissement était devenu leur QG. Surtout pour Luna qui s’était prise d’affection pour cet endroit et sa patronne.
- Alors, Parvati, Lavande m’a dit que tu étais une autumn girl tu as prévu quoi pour Halloween ?
C’est avec suspicion que Parvati accueillit cette question. Pansy avait-elle l’intention de persifler sur l’amour qu’elle portait à cette saison ? Elle avait l’habitude que certaines personnes se montre perplexe, voire même carrément moqueuse lorsqu’elle expliquait avec enthousiasme pourquoi cette saison était géniale. C’est donc avec frilosité qu’elle entreprit d’expliquer ce qu’elles avaient l’habitude de faire pour Halloween avec ses amies.
- Ce week-end, on va aller choisir parmi les citrouilles que fait pousser Neville. On va prendre les plus belles pour les creuser.
- Tu peux venir avec nous si tu veux, la coupas avec enthousiasme Lavande.
Parvati retint avec peine sa grimace. Mais pourquoi diable Pansy devait être de toutes les réjouissances ?
- Je ne sais pas, ça pourrait être amusant, mais qu’à condition que ça ne gêne pas Parvati. Après tout, c’est sa saison.
Un bon point pour Pansy Parkinson. C’était SA saison. Mais voilà que Lavande lui faisait ses yeux de chat malheureux. La traitre ! Elle savait qu’elle ne pouvait jamais lui dire non quand elle utilisait cette ruse. Soit elle s’accommodera encore de Pansy. Mais il allait vraiment falloir qu’elle trouve une solution à son problème. Un jour, elle arrivera à se débarrasser de cette fille pire qu’un maléfice de glue perpetuelle. Même si elle savait bien qu’elle était de mauvaise foi en disant cela, elle voyait bien que ce n’était pas Pansy qui s’imposait, mais Lavande qui semblait vouloir tout faire pour qu’elles deviennent amies elle aussi.
Brrr, il pleuvait encore aujourd’hui. Autant dire que ça leur rendait la tâche plus difficile. Mission du jour : trouver les plus belles citrouilles. Pourtant, Lavande avait prévenu tout le monde que même si ça semblait être simple avec Parvati c’était tout de suite plus ardu. Il était rare qu’une citrouille trouve grâce à ses yeux. Lavande c’était aussitôt lancé dans une imitation qui avait fait ronchonné la concerné «trop petite ou au contraire trop grosse», « pas assez orange », «difforme » etc.
Luna c’était contenté de sourire gentiment, clairement elle en avait cure. Padma avait ricané bien au courant de la fascination que portait sa sœur à ce légume.
- Vous devriez me voir avec un sapin, je suis pareille, renchérit Pansy en souriant à Parvati. Pas assez de branches, biscornu, trop petit, et j’en passe.
Interloqué Parvati la regarda prendre sa défense. En la voyant les yeux comme deux ronds de flans Lavande se mit à rigoler en frappant son front de sa main avant de s’exclamer.
- Par Merlin, j’avais oublié qu’on avait une autre fana de saison ici. C’est vrai que tu es une winter’addict. Par Morgane, on aura à peine fini avec Parvati qu’on va enchaîner avec toi, je ne sais pas si je vais m’en remettre.
Trempés, les pieds dans la boue, les cheveux ruisselants, elles se mirent toutes à éclater de rire devant l’air théâtral de Lavande.
- Mais oui, mais oui, Lavande tu vas y arriver. Alors allons trouver ces belles citrouilles pour Parvati, dans un mois ça sera à mon tour de vous faire tourner en bourrique.
C’est avec enthousiasme que Pansy se dirigea vers les allées de citrouilles de toutes les couleurs. Aussitôt suivi par les quatre autres filles.
Finalement, elle n’allait peut être pas si mal se passer que ça cette cueillette. Mais ce n’est pas pour autant que Parvati comprenait comment Lavande en était arrivé à être amie avec Pansy Parkinson. Pour elle, ça restait un mystère.
Même si elle devait l’avouer, Pansy s’était montré pleines de bonnes volontés et avait tout fait pour trouver la parfaite citrouille, et ce, sans souffler quand Parvati trouvait quelque chose à redire à sa cucurbitacée.
C’était une journée comme une autre, le froid et la pluie aidait les clients à rentrer au Pumpkin and Tea. De belles tranches de cakes et tartes à disposer sur des assiettes. Des thés de tous les goûts à servir. Et pourtant, qu’elle ne fut pas sa surprise quand le carillon de la porte fit entendre l’arrivée de Pansy et Lavande. Aussitôt, Parvati se porta à leurs devants. Elle laissa Lavande choisir une table près de la fenêtre comme son habitude et pris leurs commandes.
- Ouah, je ne pensais pas qu’il y aurait autant de choix. Ta carte est très fournie, c’est toi qui fais toutes les pâtisseries ?
L’air ébahi de Pansy la fit se rengorger. Elle en était fière de son salon de thé, même si trop souvent son syndrome de l’imposteur ne faisait pas apprécier son travail, et réussite à sa juste valeur.
- Parvati est très douée, vraiment, tu peux choisir ce que tu veux les yeux fermés ça sera bon assura Lavande avec ferveur.
Elle était comme ça Lavande, toujours prête à encenser ses amis.
- Hmm, je vais prendre alors une part de pecan pie avec un thé russe.
- Très bon choix, je vais prendre aussi une part de pecan pie, par contre ça sera ton fameux chai tea latte pour moi.
Souriant Parvati retourna au comptoir. Elle était dans son antre, et il n’était pas question que la venue de Pansy gâche son humeur. Une fois les thés prêts, elle repartit à leur table pour servir son amie et la serpentarde.
- Reste avec nous Parv.
- Désolé Lav, je travaille, tu sais.
Et elle se dégagea en souriant des petits yeux suppliants de Lavande. Elle se doutait bien que sa meilleure amie avait décidé cette visite pour lui imposer la présence de sa nouvelle amie. Mais il était hors de question pour elle de se faire avoir. Elle travaillait, point.
Une fois leur thé bu, Lavande repartit sans Pansy. Celle-ci toujours assise sur sa chaise, le dos bien droit, la surveillait du regard à travers le fin rideau de ses cheveux noirs. Elle se doutait bien qu’elle n’allait pas pouvoir l’esquiver éternellement. L’heure creuse approchait et elle ne pouvait pas laisser indéfiniment Pansy squatter son café. Et si elle voulait enfin comprendre comme deux êtres aussi opposés que la crépusculaire Pansy et la rayonnante Lavande avaient pu être amies, elle allait bien devoir un jour lui parler sans avoir cette dernière dans les pattes.
C’est avec hésitation, l’impression de monter à l’échafaud qu’elle s’avança vers celle qui lui volait son amie. Bon quand il faut y aller.
Visiblement Pansy angoissé tout autant qu’elle de cette conversation. Un long soupir s’échappa de ses lèvres alors qu’elle la regardait s’approcher. Bon, clairement aucunes d’elles n’avaient envie de crever l’abcès. Mais elle était une Gryffondor à elle de passer à l’attaque, avant de trouver une assiette à nettoyer histoire de fuir avec dignité.
- Je suis désolé.
Hmm, visiblement, les serpents n’étaient pas dénués de courage, ou de mordant, ainsi, ce fut Pansy qui porta le premier coup d’estoc. Interloqué Parvati ne dit rien alors Pansy continua.
- Lavande voulait absolument m’amener voir ton salon. Je n’ai pas pu lui résister, elle m’a fait son regard de chat malheureux. Je suis désolé, je me doutais que ça ne te plairais pas, mais je n’ai pas su dire non.
- Je comprends, moi aussi je n’arrive pas à lui résister quand elle utilise cette ruse.
Sourire mi-complice, mi-gêné, suivit d’un silence pesant.
- Pourquoi tu dis que ça ne me ferait pas plaisir ? Demanda Parvati avec mauvaise foi.
- J’ai vu que Lavande était déçue que tu ne restes pas avec nous, visiblement ce n’est pas courant.
Sur le coup, elle se sentit bête, c’était si évident que ça ? Sans compter qu’elle avait bien peiné Lavande par son refus.
- Écoute, je sais que tu ne m’aimes pas assena Pansy. Mais je sais aussi que tu adores Lavande, votre complicité est tellement évidente. Je ne veux pas briser ce qu’il y a entre vous. Je vais essayer de moins être présente, mais je veux continuer à voir Lavande. Déjà, on habite ensemble ça serait compliqué de s’éviter et vraiment, je l’adore. C’est une fille géniale Lavande. Même si elle a son caractère et qu’elle peut paraître jugeante avec son avis tranché et sa manie des ragots quand elle apprend à connaitre quelqu’un elle donnerait sa baguette pour toi. C’est tellement des filles de Serpentards, là-bas, c’était mielleux devant toi et coup bas par-derrière. Au moins avec Lavande tu sais à quoi te tenir. Après Dean, c’est la première à m’avoir acceptée à l’auberge. Elle voyait bien que je m’ennuyais, que je ne savais pas quoi faire de mon âme et comment oublier mes erreurs d’autrefois. Elle, elle m’a juste souri, m’a dit qu’on était que des gosses et elle m’a emporté dans ses passions en attendant que je trouve les miennes.
La tirade avait été longue, enflammée, et les yeux de Pansy s’étaient mis à briller éclairant au passage son visage en décrivant si bien sa Lavande. Oui sa Lavande, celle qu’elle connaissait, pas la miss ragots, et critique que les autres voyaient à Poudlard. C’est à Lavande qu’elle avait avoué en premier sa bisexualité, même pas à sa sœur. Elle savait que son amie l’accepterait sans soucis. Lorsqu’elle avait fait son coming out Lavande avait juste sourit avant d’enchaîner avec enthousiasme que ça allait lui faire plus d’histoire d’amour possible, ce qui était chouette et qu’en plus ça fera plus de potins pour elle. C’était une chic fille Lavande, toujours là pour vous. Toujours là pour vous mettre en lumière et vous encourager.
- Et tu as trouvé tes passions ? Ne put s’empêcher de questionner avec curiosité Parvati qui avait l’impression de retourner à Poudlard.
Elle aussi avait cherché ses passions avec Lavande. Sa sœur aimait plus que tout dessiner, Lavande aimait créer ses tenues, tricoter ses écharpes ensembles, elles aimaient la divination, mais elle, elle n’avait rien à elle. Alors elle en avait parlé à sa meilleure amie qui avait pris très à cœur cette quête. Elle se doutait qu’elle avait mis autant d’ardeur pour aider Pansy et que ça lui avait sans doute fait oublier un temps ses démons. Même si ils étaient moins présents Parvati ne se leurrait pas et savait que son amie avait toujours peur de dormir seule et que les jours de pleines lunes elle était bien souvent d’humeur massacrante.
- La composition florale. Je sais dit comme ça, ça fait nulle, ou carrément sang pur prétentieux. Mais j’aime faire des bouquets. Neville à des plantes incroyables à l’auberge et je m’amuse bien à imaginer ce que je pourrais en faire. C’est tellement stimulant d’imaginer une composition et de la voir naître petit à petit sous mes doigts. Si tu veux, je pourrai te faire des bouquets pour ton café. Euh, enfin, si tu veux.
C’est vrai qu’elle était jolie Pansy quand elle s’éveillait, quand elle parlait avec passion de ce qu’elle aimait. Elle avait une flamme qui s’allumait dans ses yeux, la même que celle qui habitait Lavande ou elle. Une envie de dévorer la vie, de trouver sa place dans un monde dont elles se sentaient perdues. Un monde qu’elles avaient imaginé conquérir lors de leur adolescence.
Petit à petit, les langues se déliaient, Pansy continua à s’excuser pour son comportement abject du temps de leur scolarité. Parvati pour son air grognon qui ne devait pas être très agréable sans compter que ça blessait Lavande.
- Je comprends, ne t’excuse pas. C’est ta meilleure amie et vous êtes vraiment très proches toutes les deux, ce n’est pas facile d’apprendre à partager dans ce cas. Si jamais j’apprenais que Théodore se livrait plus à Blaise que moi, je crois bien que j’en serais jalouse.
- Théodore, comme Théodore Nott ?
- Lui-même, le grand et antipathique Nott. Je pense que je pourrais dire que c’est mon meilleur ami ? C’est lui qui m’a conseillé de venir à l’auberge. Clairement, après la guerre, j’étais devenue une épave. Je ne pouvais plus me regarder dans un miroir après avoir voulu livrer Potter. Mais en même temps, je comprends pourquoi j’ai fait ça. J’étais qu’une gosse qui crevait de trouille et qui ne voulait pas que ses amis se retrouvent à affronter leurs parents sur le champ de bataille. C’est Lavande qui m’a dit de ne pas avoir honte de moi, c’est derrière moi tout ça, et il ne fallait pas que j’en veuille aux autres de me juger en disant ne pas me comprendre mon acte, car sans doute que ce soir-là d’autres avait pensé la même chose et que j’avais juste été la plus rapide à le dire.
- Elle a raison, je pense la rassura Parvati en tendant un bras vers elle.
Un bras auquel se raccrochait maintenant Pansy qui semblait happée dans ses souvenirs. Les yeux voilés, elle semblait être retournée cette nuit-là. Dehors, la pluie tombait, à l’intérieur les lumières des citrouilles s’étaient allumées alors que la nuit tombait. Une nuit, qui les enveloppaient et les pousser à se parler à cœur ouvert. Peut-être que cette nuit d’automne avait une saveur différente, peut-être que quelque chose dans l’air les poussait à voir au-delà de leur passé. Toujours est-il qu’elles passèrent un moment à parler, de leur passé, de leurs projets et de Lavande surtout. De la forte et fragile Lavande. De cet être plein de contradictions qui n’avait qu’une obsession rendre heureux les gens qu’elle aime, et de tout faire pour maintenir cette constellation d’étoiles disparates autour d’elle dans un halo de positivité.
Lorsqu’on regardait au-delà de la Pansy vipère et reine des serpentards, de l’ombre qui rasait les murs les premiers mois à l’auberge, on découvrait une personnalité entière qui était prête à tout pour ses amis. Elle faisait tout pour épauler Théodore qui cherchait comment se réinventer avec le poids de son nom, elle essayait de maintenir à flot Blaise qui avait trouvé que l’alcool pour oublier leurs passés, et elle tentait d’éviter à la douce Daphné de sombrer dans la détresse.
Le mystère Pansy-Lavande était peut-être plus simple qu’il n’y paraissait. C’étaient juste deux femmes brisées par la guerre, qui voulait se réinventer tout en oubliant ce qu’elles avaient été, ce qu’elles avaient perdus sans se perdre en chemin et sans jeter aux orties leur histoire. Autrefois, Lavande avait été la reine des commères, elle était sûre d’elle et de sa beauté et n’avait pas besoin du prince charmant pour le savoir. Autrefois, Pansy avait été la reine des vipères, elle savait que son franc parler, chose rare au royaume des double jeux, faisait trembler ses condisciples. Autrefois, elles pensaient qu’elles rentreraient dans l’âge adulte les talons claquants et le menton haut, sûr d’elles. Mais la guerre leur avait volé, la jeunesse, la beauté, le mordant et l’envie de vivre. Elles avaient été brisées et ensembles, elles se retrouvaient dans l’autre. Parvati n’avait pas autant perdu que Lavande, elle n’avait pas toujours pu comprendre certaines des épreuves que son amie avait traversées. Et elle ne pouvait qu’en remercier Pansy d’être là pour elle.
- Merci. Merci d’être là pour elle.
- Maintenant, toujours.