Vernon plisse les yeux pour déchiffrer l’écriture de la lettre. Il revient de la boite aux lettres avec un tas de courrier, mais c’est cette enveloppe qui a attiré son attention. Peut-être parce qu’elle vient tout droit de la mairie de Little Whinging.
Il entre dans le salon. Pétunia nettoie la table, Dudley est sur le canapé, toujours dans un état déplorable depuis l'histoire des détraqueurs, et Harry est toujours enfermé dans sa chambre. Ayant du mal à lire avec ses vieux yeux, Vernon demande à son épouse de le faire pour lui.
- Alors, entame Pétunia en prenant la lettre. Chers Dursley, félicitations ! Vous avez remporté la première place du concours national de la plus belle pelouse de banlieue. C’est super ça ! Je ne savais pas que tu nous avais inscrits Vernon.
- Moi non plus, grommelle-t-il.
- Nous vous invitons à rejoindre la mairie de Little Whinging pour la cérémonie de la remise des prix à 20 heures. Mais c’est bientôt l’heure ! Il faut partir tout de suite. Prépare-toi, Dudlynouchet, on va y aller.
Dudley ne sort pas de sa léthargie. Vernon demande à toute la petite famille de se changer, lui-même enfile son plus beau costume.
Une fois prêt, il entre sans frapper dans la chambre de son neveu, Harry.
- Nous sortons.
- Pardon ?
- Nous sortons. Nous, c'est-à-dire ta tante, Dudley et moi.
- Parfait.
- Et il t'est interdit de quitter ta chambre pendant notre absence.
- D'accord.
- Interdiction également de toucher à la télévision, à la chaine stéréo ou à quoi que ce soit qui nous appartienne.
- Très bien.
- Interdiction de voler de la nourriture dans le frigo.
- O.K.
- Je vais fermer ta porte à clé.
- Vas-y.
Les trois Dursley se dirigent vers la voiture. Vernon prend le volant, Pétunia s’installe à sa gauche, Dudley à l’arrière. Vernon conduit une bonne dizaine de minutes avant de se garer dans le parking de la mairie. Les trois sont surpris de voir le peu de voitures présentes.
- Peut-être n’ont-ils convié que les finalistes, suppose Pétunia. Quelle heure est-il Diddy ?
- Moins cinq, répond Dudley. On peut rentrer maintenant ?
- Ils doivent être à l’intérieur, décide Vernon sans prêter attention à son fils.
Ils avancent à la lumière des lampadaires vers l’entrée de la mairie. Ils se retrouvent porte-close. Vernon s’énerve contre la porte et pousse des jurons très insultant envers l’accueil. Son épouse opte pour une méthode plus calme et sonne. Un grésillement se fait entendre et la porte se déverrouille.
Vernon stoppe ses mouvements et suit sa famille.
- Tu vois, ils sont là, sourit Pétunia.
Mais bientôt les Dursley se retrouvent seuls dans l’entrée de la mairie.
- Vous cherchez quelque chose ? demande une dame à l’accueil, l’air ennuyée, un gros livre sur la mythologie en main.
Elle a la cinquantaine, les cheveux bruns grisonnant, assez jolie, la peau basanée. D’après l’étiquette sur son haut, elle s’appelle Emma.
- Oui, c’est pour la remise des prix, répond Pétunia, pour les meilleures pelouses. Vous savez où ça se déroule ?
- Oh, je ne suis pas au courant, je vais regarder mon agenda.
La femme les quitte un instant. Les minutes passent. Pétunia s’inquiète, Vernon s’énerve, Dudley s’ennuie. Quand Emma revient enfin, elle dit :
- Je n’ai rien de tel d’inscrit. Je vais appeler là-haut pour voir s’ils sont au courant. Je vous en informe après.
Elle repart dans son bureau. Les Dursley entendent sa voix moqueuse au téléphone.
- Ne me dite pas qu’elle fait les blagues au lieu de se renseigner…, grogne Vernon.
- Chut, l’interrompt son épouse. Elle revient.
En effet, Emma a raccroché et s’approche d’eux, l’air embarrassé.
- Je suis désolée, mais rien de tel se déroule ici. Peut-être est-ce ailleurs ?
- Mais enfin, on a la lettre ! s’exclame le gros et vieux Dursley en tendant le papier.
La femme de l’accueil la lit et leur rend, désolée.
- Je ne peux vraiment rien faire. Peut-être était-ce l’année dernière ? En tout cas, ce n’est pas ici. Vous pourrez demander au maire demain si vous voulez, mais en attendant, je vous conseille de rentrer. C’est tard et il n’y a pas de prix.
Fâchés de s’être laissés avoir par un imbécile, les Dursley repartent. Quand ils arrivent chez eux, Pétunia crie avec colère :
- Harry, ce n’est pas toi qui a fait ça ?
Personne ne répond. Pétunia craint le pire. Dudley le confirme après un tour rapide de la maison.
- Il s’est barré. Avec ses affaires.
- Le fou ! suffoque Vernon. Il nous a eu, avec ses tarés !